8 avril 2006

Les évêques tendent la main aux partisans de la messe en latin
Sophie de Ravinel - le Figaro - 08 avril 2006
A Lourdes, Mgr Ricard a annoncé hier que des recommandations allaient être rédigées pour un meilleur accueil des traditionalistes.

RÉUNIS à Lourdes cette semaine, les évêques ont abordé pour la première fois les dossiers de la liturgie traditionnelle et des lefebvristes séparés de Rome. Dans un message final rendu public hier, le président de leur Conférence, le cardinal Jean-Pierre Ricard, a manifesté une ouverture aux fidèles attachés à la liturgie d'avant le concile, mais restés dans le giron de Rome, tout en rejetant l'idée de les intégrer dans une structure juridique particulière. Quant au dossier, distinct, des lefebvristes, globalement regroupés dans la Fraternité Saint Pie X, l'archevêque de Bordeaux a annoncé que le Pape Benoît XVI s'apprêtait à faire des propositions pour tenter de résoudre la division.

Sur le premier dossier des traditionalistes unis à Rome, les évêques de France estiment ainsi que «la situation a beaucoup évolué» depuis une quinzaine d'années. Mgr Ricard a noté le dynamisme spirituel de ces commu nautés. Le souci actuel des évêques consiste donc à «bien articuler l'accueil de la diversité avec la sauvegarde de l'unité de l'Eglise diocésaine».

«Incontournables»

A Auch, dans la chapelle de la maison diocésaine, une messe Saint Pie V est célébrée chaque dimanche «pour trente à soixante personnes». L'évêque, Mgr Maurice Gardès, estime que «tout se déroule dans la paix grâce au dialogue».

Quitte à faciliter le rite en latin, certains évêques, comme Mgr Perrier à Lourdes, préfèrent privilégier le rite Paul VI qui tient compte des évolutions du Concile. Des recommandations vont être rédigées pour un meilleur accueil de ces groupes qui, selon la revue traditionaliste Oremus, représenteraient 3% des catholiques de France.

Quant à la question des relations avec la Fraternité lefebvriste Saint Pie X, Mgr Ricard a expliqué qu'elle méritait «un traitement particulier». «Dans les semaines ou les mois qui viennent, Be noît XVI devrait donner des directives pour faciliter le chemin vers un retour possible à une pleine communion», a-t-il déclaré en assurant que les évêques allaient les accueillir «dans la foi». Pour autant, il a insisté sur «l'abandon de toute polémique», avant d'indiquer que la recherche d'uni té «ne saurait tolérer un refus systématique du Concile».

Du côté de la Fraternité Saint-Pie X qui compterait 800 prêtres, séminaristes, religieux et religieuses en France, le responsable du district de France, l'abbé Régis de Cacqueray, s'est dit satisfait par cette intervention «qui manifeste le fait que les fidèles attachés à la liturgie de Saint Pie V sont devenus incontournables». «Nous ne souhaitons pas d'accords pratiques», a-t-il cependant précisé en émettant plutôt le souhait «de modus vivendi, sur le terrain, au cas par cas».