23 juillet 2013

[Paix Liturgique] Avec Mgr Rifan et Juventutem, en direct des JMJ de Rio

SOURCE -  Paix Liturgique - Lettre 397 - 23 juillet 2013

Les JMJ de Rio commencent aujourd’hui. Comme c’est devenu une habitude (voir nos lettres 43 et 313 notamment), les jeunes attachés à la forme extraordinaire du rite romain s’y retrouveront derrière la bannière de Juventutem pour des activités spécifiques. Brésil oblige, c’est l’Administration apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney (voir notre lettre 370) qui est en charge du programme de ces activités.

Il nous a semblé intéressant de poser quelques questions à Mgr Fernando Arêas Rifan, Ordinaire de l’Administration apostolique, qui prêchera pour Juventutem à Rio. Rappelons que Mgr Rifan sera à Rome à la fin du prochain mois d’octobre, pour le pèlerinage Summorum Pontificum, et qu’il célèbrera à cette occasion une messe pontificale en la fête du Christ-Roi, le dimanche 27 octobre. En ce qui concerne la liturgie traditionnelle, Mgr Rifan revient donc sur le devant de la scène à l’occasion des JMJ. Il faut en effet se souvenir de l’importance du décret 'Animarum bonum', de 2002, qui avait institué l’administration apostolique sur le diocèse de Campos pour les fidèles, les prêtres de l’Union sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney, et pour leur évêque, Mgr Rangel, le prédécesseur de Mgr Rifan. Cette érection canonique d’une administration vouée à la liturgie traditionnelle avait été l’œuvre, du côté de Rome, du cardinal Dario Castrillón Hoyos, et, du côté des prêtres de Campos, de l'abbé Fernando Rifan, le plus proche collaborateur de Mgr Rangel. Cette création, qui a constitué de fait le sommet de l’activité de la Commission Ecclesia Dei de 1988 à nos jours, a institué un évêque – un premier évêque – destiné à ce que l’on nomme maintenant la forme extraordinaire du rite romain.
I – ENTRETIEN AVEC MGR RIFAN
1) Comme lors des précédentes éditions, les jeunes attirés par la liturgie traditionnelle pourront bénéficier pendant les JMJ de Rio de moments de prière et d’instruction spécifiques. Que pouvez-vous nous dire du programme de ces rencontres, dont l’Administration apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney a reçu la charge en partenariat avecJuventutem ?

Mgr Rifan : Le Bon Dieu a permis que le comité d’organisation des JMJ nous réserve une très belle et importante église. C’est en effet Notre-Dame-du-Mont-Carmel, l’ancienne cathédrale de Rio de Janeiro, qui a été affectée aux célébrations selon la forme extraordinaire durant les JMJ. En ce qui me concerne, j’ai reçu un courrier du Conseil Pontifical pour les Laïcs [le dicastère responsable des JMJ, NDLR] me disant très clairement : “ Nous aimerions vous demander d’être catéchiste pour le groupe Juventutem les 24, 25 et 26 juillet. La messe sera célébrée selon la forme extraordinaire du rite latin, selon le missel de 1962. ”

Au-delà des jeunes de Juventutem, nous espérons la présence de beaucoup d’autres participants attirés par la messe en forme extraordinaire, vu qu’aussi bien l’affectation pour les JMJ de l’ancienne cathédrale Notre-Dame-du-Mont-Carmel que les messes selon la forme extraordinaire figurent sur le programme officiel.

2) Quelle est la situation de la forme extraordinaire au Brésil ? Vu d’Europe, on a l’impression que les barrières idéologiques sont en train de tomber et qu’elle fait peu à peu son chemin : y a-t-il un effet "Summorum Pontificum" sur les vocations, sur la vie des communautés religieuses, sur la vie des paroisses ?

Mgr Rifan : La situation de la forme extraordinaire au Brésil est encore difficile, même s’il y a eu un vrai développement depuis le Motu Proprio Summorum Pontificum. Notre Administration apostolique, avec l’appui de Mgr Fernando Guimarães, évêque de Garanhuns [ancien collaborateur du cardinal Castrillón Hoyos, à Rome, lorsque ce dernier était Préfet de la Congrégation pour le Clergé et Président de la Commission Ecclesia Dei], a déjà organisé, dans différents diocèses du pays et avec l’accord des évêques du lieu, trois réunions annuelles “Summorum Pontificum” à l’intention des prêtres et des religieux. La première a eu lieu dans le diocèse de Garanhuns, de Mgr Guimarães, la suivante dans l’archidiocèse de Rio de Janeiro et la troisième dans l’archidiocèse de Salvador. Cette année, cette rencontre se tiendra durant les JMJ, à Notre-Dame-du-Mont-Carmel, l’église affectée à la liturgie traditionnelle.

3) Comment se porte l’Administration apostolique ? Non seulement en termes de vocations et de fidèles mais aussi de relations avec l’Église brésilienne ? Là aussi, on a le sentiment qu’un climat apaisé s’est créé... Avez-vous la possibilité de vous développer hors du diocèse de Campos ?

Mgr Rifan : Notre Administration apostolique, en plus des paroisses et des églises dont elle a la charge à l’intérieur du territoire du diocèse de Campos, dessert également, avec le consentement des évêques locaux, les communautés de fidèles d’une douzaine d’autres diocèses (sur 31 diocèses au Brésil, NDLR). Cette année, notre séminaire compte environ 40 séminaristes. La moitié d’entre eux est issue de notre région mais les autres viennent des autres régions du pays.

Il y a un grand respect des autres évêques du Brésil envers notre Administration apostolique. Je suis très bien reçu dans les assemblées, locales comme générales, de la Conférence épiscopale.

4) Vous êtes récemment venu en Europe et vous y reviendrez pour le pèlerinage du peuple Summorum Pontificum à Rome fin octobre : quelles impressions vous a fait notre vieux continent en voie de déchristianisation ?

Mgr Rifan : Il me semble en effet que l’Europe a perdu un peu de l’enthousiasme chrétien. Mais je pense qu’il y a un renouveau. Espérons que le pontificat du pape François, en continuité avec le splendide enseignement de Benoît XVI, puisse pastoralement produire beaucoup de fruit pour la nouvelle évangélisation.

5) Vous avez salué le pape François et participé à sa messe matinale à Santa Marta : que lui avez-vous dit ?

Mgr Rifan : J’ai en effet assisté à la messe à Santa Marta, en signe de communion avec le Saint-Père : cum Petro et sub Petro. Et j’ai pu saluer le Pape. J’ai d’abord dit très simplement au Pape qui j’étais, l’évêque de l’Administration apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney, qui préserve la messe dans la forme extraordinaire du rite romain. Le Saint-Père m’a fait un accueil tranquille et souriant. La raison en était qu’il connaissait fort bien notre situation, m’a-t-il dit, pour en avoir parlé avec le cardinal Castrillón Hoyos.
II – LE PROGRAMME DES ACTIVITÉS DE JUVENTUTEM DURANT LES JMJ
" Participer à la forme extraordinaire du rite romain avec l’Administration apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney "

Créée par le Bienheureux Jean-Paul II, l'Administration apostolique Saint Jean Marie Vianney invite tous les participant aux JMJ de Rio à découvrir la richesse du rite romain traditionnel.

– Catéchèse en portugais (donnée par Mgr Rifan) les mercredi 24, jeudi 25 et vendredi 26 juillet à 9h30, suivie, chaque jour à midi, d’une messe célébrée par Mgr Rifan.

– Du mardi 23 au vendredi 26, de 14 à 16 heures, des prêtres et des religieux seront à l’écoute des pèlerins. Il y aura une messe basse à 15 heures le 23, le 25 et le 26.

– Enfin, le mercredi 24, à 18 heures, Mgr Rifan célébrera une grand-messe pontificale.

Toutes les activités se tiennent à la “Paróquia Nossa Senhora do Carmo da Antiga Sé” : R. Sete de Setembro, 14 – Centro, Rio de Janeiro.
III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) Pour le Conseil pontifical pour les laïcs, il ne fait aucun doute qu’il est “ normal ” que les jeunes liés à la forme extraordinaire du rite romain aient un espace bien à eux durant les JMJ. Lors des JMJ de Madrid, le dicastère romain était même intervenu pour mettre fin à un artifice imaginé par la hiérarchie ecclésiastique locale pour priver Juventutem de l’un des évêques assignés à sa catéchèse.

L’attitude des organisateurs des JMJ rejoint donc parfaitement l’affirmation faite l’an passé par le Préfet du Culte divin, le cardinal Cañizares, lors du premier pèlerinage Summorum Pontificum à Rome : “ l’usage du Missel de 1962 est normal ”.

Alors que tant de fidèles sont encore injustement privés de l’accès à la forme extraordinaire du rite romain, nous devons donc prier avec les jeunes de Juventutem présents aux JMJ pour que, en tous lieux et en tous temps, les fidèles “ extraordinaires ” soient traités comme des catholiques “ normaux ”. Ni plus ni moins.

2) Il est significatif que Mgr Rifan souligne le rôle joué en sa faveur auprès du Pape par le cardinal Castrillón Hoyos. Issu du même continent et parlant la même langue que le Saint-Père, le cardinal Castrillón Hoyos a dirigé avec une grande vigueur la Commission Ecclesia Dei, de 2000 à 2009, et il est heureux que le Pape puisse le consulter sur les questions liées à la forme extraordinaire.

3) Dix ans après le décret de 2002, la place occupée aujourd'hui par Mgr Rifan et l'Administration apostolique, aux JMJ comme au Brésil, a une signification pacifiante et unificatrice. Rappelons en effet qu'en 2002, c'est Mgr Rangel, évêque consacré par trois des évêques qui avaient eux-mêmes été ordonnés par Mgr Lefebvre, qui présidait l'Union sacerdotale Saint-Jean-Marie-Vianney érigée en Administration apostolique par le décret du cardinal Castrillón Hoyos.

Tout comme le Motu Proprio Ecclesia Dei de 1988, l'accord de Campos établissait des concessions importantes pour la célébration du missel de 1962. Sauf qu'avec Campos, on est monté d’un cran décisif au regard de la divine Constitution de l’Église. Le cardinal Dario Castrillón Hoyos permettait en effet que soit institué un « évêque pour la messe traditionnelle ».

Depuis une décennie, non seulement l'Administration apostolique Saint-Jean-Marie-Vianney rassemble et forme des prêtres spécialisés dans la célébration de la forme extraordinaire du rite romain mais elle soutient aussi le développement de celle-ci dans les paroisses ordinaires. Elle répond donc aux deux principes nécessaires au développement de la liturgie traditionnelle que nous avons souvent eu l’occasion de souligner :

– la libre célébration de la forme extraordinaire, selon la lettre et l'esprit de Summorum Pontificum, dans les paroisses où est célébrée la messe en forme ordinaire, et ce de préférence par les prêtres de ces paroisses,

– l'existence de célébrants spécialisés, à commencer par les prêtres des instituts traditionnels, et de lieux dédiés comme, par exemple, les paroisses personnelles.

En plus, elle a le privilège, unique jusqu'à présent, d'avoir aussi un évêque spécialisé. Et ce, comme le montrent les JMJ de Rio, sans que cela ne mette nullement en danger l'unité de l’Église. Prions donc pour que, bientôt, d'autres évêques voués à la liturgie traditionnelle rejoignent Mgr Rifan.