28 octobre 2009

[Abbé Basilio Méramo] La grande tragédie qui passe inaperçue

SOURCE - Abbé Basilio Méramo - version française de l'original espagnol - 28 octobre 2009

Bien peu sont ceux qui se rendent compte de ce piège qu’est la nouvelle manœuvre de dissolution et réabsorption de la Tradition exercée par le modernisme apostat de la Nouvelle Eglise postconciliaire.
Cette grande tragédie passe pratiquement inaperçue de tous. C’est la chute de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X aux mains de la Rome apostate. Celle qui est l’ultime contrefort organisé et d’envergure mondiale conduit ainsi à la désactivation du combat pour la résistance contre le modernisme conquérant et donc au démembrement de la Tradition.

Après le Motu proprio et la levée du décret des excommunications comme préalables nécessaires à l’établissement d’un dialogue avec les modernistes qui occupent Rome, ceux-là mêmes qui sont les principaux responsables de la crise de la Foi et les pires ennemis de la Tradition Catholique, ils en arrivent au sophisme des dialogues doctrinaux. Lentement et par étapes. Ces dialogues ne servent qu’à masquer la fausse voie sur laquelle on s’engage.

Et puis de quels dialogues s’agit-il ? Monseigneur Fellay lui-même déclarait il y a 8 ans qu’il acceptait 95 % de Vatican II, ce concile atypique et irrégulier qui se déclare œcuménique et non infaillible. Il s’agit d’une contradiction essentielle et conceptuelle, comme un cercle carré ou un triangle bilatéral.

Tout concile œcuménique vrai et légitime est par définition infaillible. Et cela non par la volonté du Souverain Pontife, pas plus que par celle des évêques. Car l’Église qui est d’institution divine ne peut pas se permettre le luxe d’errer en matière de Foi en sa fonction magistérielle extraordinaire et solennelle, ce qui est le cas de tout vrai, authentique et légitime Concile Œcuménique de l’Église divine. Car elle est incapable de tomber dans l’erreur puisqu’elle est divine.
Si elle commettait des erreurs en matière de foi elle ne serait pas divine mais purement humaine. Or ceci est contraire à la Foi, au dogme de Foi qui dit et proclame que l’Église Catholique est infaillible car divine.

Tout l’effort du combat de la Tradition Catholique, qui par définition est Tradition divine, face au Modernisme novateur qui est lui en flagrante rupture avec l’Église Catholique, a été dévitalisé par l’habile manœuvre de pseudo restauration conservatrice de Benoît XVI. Action caractéristique de la part d’un pseudo prophète, car au nom de Dieu il contredit Dieu, au nom du Christ il détruit le Christ, il le dissout, le dilue…Au nom de l’Église il construit la contre-Église remise au goût du jour, « aggiornada ». C’est à dire qu’en connivence avec le Monde et la Révolution Antichrétienne, l’inversion dialectique est totale. La religion est invertie. Elle ne relie plus l’homme à Dieu mais au monde !

Tout l’effort du combat et de la résistance héroïque est ainsi abandonné, falsifié par l’action réductrice et la nouvelle orientation prise par Mgr Fellay dialoguant avec la Rome moderniste, se cherchant un coin dans le Panthéon des fausses religions, là où cohabitent, en pacifique harmonie, toutes les croyances sans dogmes qui divisent, dans le plus pur syncrétisme oecuméniste.
Comment, sans faire fausse route ni trahir, concilier les anciennes déclarations de Monseigneur Lefebvre et les actuelles actions et déclarations de Mgr Fellay ?

Monseigneur Lefebvre a dit :
Il nous faut tenir, absolument tenir, tenir envers et contre tout.
Et alors, maintenant, j’en arrive à ce qui vous intéresse sans doute davantage ; mais moi, je dis : Rome a perdu la foi, mes chers amis. Rome est dans l’apostasie. Ce ne sont pas des paroles, ce ne sont pas des mots en l’air que je vous dis. C’est la vérité. Rome est dans l’apostasie. On ne peut plus avoir confiance dans ce monde-là, il a quitté l’Église, ils ont quitté l’Église, ils quittent l’Église. C’est sûr ; sûr, sûr.

Je l’ai résumé au cardinal Ratzinger en quelques mots, n’est-ce pas, parce que c’est difficile de résumer toute cette situation ; mais je lui ai dit : « Éminence, voyez, même si vous nous accordez un évêque, même si vous nous accordez une certaine autonomie par rapport aux évêques, même si vous nous accordez toute la liturgie de 1962, si vous nous accordez de continuer les séminaires et la Fraternité, comme nous le faisons maintenant, nous ne pourrons pas collaborer, c’est impossible, impossible, parce que nous travaillons dans deux directions diamétralement opposées : vous, vous travaillez à la déchristianisation de la société, de la personne humaine et de l’Église, et nous, nous travaillons à la christianisation. On ne peut pas s’entendre. »
(…) Voilà. On ne peut pas s’entendre. Et c’est cela, je vous assure, c’est le résumé. On ne peut pas suivre ces gens-là.
C’est l’apostasie. Ils ne croient plus à la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui doit régner. Pourquoi ? Parce que cela va contre l’oecuménisme. Voilà. Cela va contre la liberté religieuse et contre l’oecuménisme. La liberté religieuse, l’oecuménisme, cela se touche, c’est la même chose.
(...) Alors, du fait de cette déchristianisation, je pense que l’on peut dire que ces personnes qui occupent Rome aujourd’hui sont des anti-Christ. Je ne dis pas Antéchrist, je dis anti-Christ, comme le dit saint Jean. « Déjà, l’anti-Christ sévit de notre temps », dit saint Jean dans sa première lettre. L’anti-Christ, des anti-Christ.
Ils sont anti-Christ, c’est sûr, absolument certain. Alors, devant une situation comme celle-là, je crois que nous n’avons pas à nous préoccuper des réactions de ces gens-là, qui, nécessairement, sont contre nous. Comme je l’ai dit au cardinal.
Nous sommes tout pour le Christ et eux, ils sont contre le Christ. Comment voulez-vous que l’on puisse s’entendre ?
Alors, eux nous condamnent parce qu’on ne veut pas les suivre.
Donc, on peut résumer la situation en disant :
« Si vous faites des évêques, vous serez excommunié. »
Oui, je serai excommunié. Mais excommunié par qui et pourquoi ?
Excommunié par ceux qui sont des anti-Christ, qui n’ont plus l’esprit catholique.
Et nous sommes condamnés pourquoi ?
Parce que nous voulons rester catholiques. C’est vraiment la raison pour laquelle nous sommes poursuivis, c’est parce que nous voulons rester catholiques. Nous sommes poursuivis parce que nous voulons garder la messe catholique, parce que nous voulons garder la foi catholique, parce que nous voulons garder le sacerdoce catholique. Nous sommes poursuivis à cause de cela.
Si Monseigneur Lefebvre a bien dit cela au cours de la retraite sacerdotale à Écône le 4 septembre 1987, comment, sans s’égarer ni trahir, le faire concorder avec ce que déclare et fait aujourd’hui Mgr Fellay ?
Pour lui Benoît XVI est un conservateur, favorable à la Tradition, presque un ‘traditionaliste’, bien disposé, dans lequel il a grande confiance et met de grandes espérances.
C’est inconcevable ! Et plus encore alors que Benoît XVI lui-même réaffirme et re-confirme son obstination dans l’erreur et l’hérésie du Concile Vatican II qu’il veut irréversible. Il est évident que nous, tous les fidèles de la Tradition, sommes trahis. Même si les effets ne s’en sont pas encore manifestés.
C’est la raison pour laquelle il leur faut faire durer les dialogues, car le temps qui passe tend à amollir et affaiblir toute possible réaction.

Abbé Basilio Méramo
28 octobre 2009.