25 mai 2010

[L'Essor Savoyard] Catholiques traditionalistes : 3 communautés établies sur les rives du lac d'Annecy

SOURCE - L'Essor Savoyard - 25 mai 2010

Berceau de l'oeuvre de Saint-François de Sales, Annecy est marquée par une forte tradition religieuse. Si au fil du temps, la communauté catholique s'est adaptée aux évolutions de l'Église, un courant traditionaliste reste cependant présent.

Trois communautés s'en réclament. Enquête.

Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, Sédévacantistes... trois noms pour trois communautés différentes mais qui ont tout de même un point commun. Toutes trois appartiennent au courant catholique "traditionaliste". Toutes trois sont issues du schisme entre l'Église et Monseigneur Lefebvre.

Coupés du diocèse

Évêque opposé à Vatican II, refusant « la dérive de l'Église vers le modernisme » et notamment la réforme liturgique datant de la fin des années 60, ce dernier fonde en 1970 la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X. Excommunié en 1988, Monseigneur Lefebvre meurt trois ans plus tard, laissant fidèles et prêtres qui entretiennent aujourd'hui un rapport à l'autorité romaine « ambiguë  ». Souvent taxée d'intégriste, la communauté lefebvriste a aussi été de nombreuses fois associée à des idéologies étatiques autoritaristes, à des mouvements politiques d'extrême droite... "Coupée" du diocèse d'Annecy - les représentants de l'évêché disent en effet n'avoir « aucun contact » avec elle - la communauté lefebvriste se réunit notamment chaque dimanche avenue du Rhône, à l'occasion de la messe, précédée des chapelets et confessions (voir notre article ci-dessous). Très attachés à la messe dite traditionnelle, plus « réglementée », plus « rigoureuse » que la messe dite de Paul VI (cantiques traditionnels, messe en latin, chants grégoriens...) les représentants de cette communauté - dans son ensemble - se sont notamment prononcés contre l'abandon de la soutane et du costume religieux en général.

Retraites, catéchisme et chorale

Coupée du diocèse, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X d'Annecy accueille cependant les fidèles d'autres courants traditionalistes, comme celui de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre. Certains d'entre eux assistant indifféremment aux offices des deux communautés. Installée à la Bergerie, sur les hauteurs de Saint-Jorioz, la Fraternité Saint-Pierre est reconnue par le Saint-Siège depuis 2003 et de facto par le diocèse d'Annecy, avec qui elle entretien de bons rapports : « Tout va bien. La situation est apaisée », assure-t-on à l'évêché d'Annecy. A priori plus modérée que sa voisine annécienne, la Fraternité Saint-Pierre est autorisée à célébrer la messe dominicale à Duingt.

La Bergerie est le siège de "l'oeuvre des retraites". Elle accueille le public dans le cadre du soutien catéchétique des jeunes, dispense des formations pour adolescents, et anime une chorale regroupant adultes et adolescents. Attachée elle aussi à la « célébration de la liturgie selon la forme extraordinaire du rite romain », la communauté a été fondée en Suisse en 1988 par plusieurs membres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X qui auraient refusé « la situation de schisme provoquée par les sacres au sein du mouvement de Monseigneur Lefebvre » . Aujourd'hui, la communauté est présente sur plus de 24 pays, et compte plus de 350 prêtres, diacres et séminaristes, six districts et onze lieux de cultes dont ceux du bassin annécien.

Rupture consommée

Frange la plus dure du courant catholique traditionaliste, et plus réduite aussi, les sédévacantistes refusent Vatican II et l'autorité romaine, considérant que les papes qui ont succédé à Jean XXIII sont des « usurpateurs ». Une communauté existe à Annecy, beaucoup plus discrète encore que les deux autres.

CÉCILE BOUJET DE FRANCESCO

Avenue du Rhône : une communauté "lefebvriste" assidue

Les locaux, de l'extérieur, sont plutôt neutres. Un porche, avenue du Rhône, qui semble comme encastré dans un immeuble plutôt banal, abritant garages et entrepôts. Sur le fronton, l'appellation "Chapelle Saint-François de Sales" interpelle le regard. C'est derrière cette porte que se déroulent les offices de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, courant créé par Mgr Lefebvre en 1970.
A l'intérieur, un escalier vous conduit vers la salle, spacieuse et sobrement décorée, où se tiennent les offices. En ce dimanche matin, il n'y a plus guère de places vacantes. Entre 70 et 80 personnes suivent une messe qui respecte à la lettre les rites traditionnels : encens, génuflexions, enfants de choeur, chants en latin... Parmi l'assistance, plusieurs familles avec des enfants en bas âge. Assiduité et ferveur sont de mise.
De l'extérieur retentissent de temps à autre les klaxons des véhicules de la très passagère avenue du Rhône, mais les fidèles ne semblent pas y prêter attention. L'office durera une heure et demie au total. Et se termine par un dernier chant. En latin bien sûr.

O.D.