SOURCE - Abbé Patrick de La Rocque, fsspx - 29 septembre 2011
Est-ce une énorme bourde qu’aurait faite M. l’abbé de Tanoüarn sur son «Metablog»?
Est-ce une énorme bourde qu’aurait faite M. l’abbé de Tanoüarn sur son «Metablog»?
L’affaire est en  tout cas lourde de sens. Tandis que M. l’abbé de Cacqueray publiait le 12  septembre dernier un communiqué aussi vigoureux que théologique dénonçant la  prochaine réunion d’Assise, son ancien confrère,  désormais membre fondateur de l’Institut du Bon Pasteur, a cru devoir  voler au secours d'Assise cru 2011, pour l'heure incritiquable à son sens.
L’argumentaire utilisé est des plus classiques. Sous prétexte que la vertu de religion – comme toute vertu morale – a une double dimension naturelle et surnaturelle, l’abbé de Tanoüarn croit pouvoir poser une distinction entre les religions qui toutes seraient naturellement bonnes car conformes à la nature du cœur de l’homme, et la religion catholique qui seule est salutaire, car seule surnaturelle. A l’appui de cette distinction est avancée, sans plus de précision, la très haute autorité de saint Thomas d’Aquin, en sa question 81 de la Ia IIæ. Dès lors une réunion interreligieuse serait mauvaise si elle entraîne la confusion de ces deux ordres (= Assise 1986), bonne si elle respecte la distinction (= Assise 2011), voire nécessaire aux dires de notre bloggeur :
L’argumentaire utilisé est des plus classiques. Sous prétexte que la vertu de religion – comme toute vertu morale – a une double dimension naturelle et surnaturelle, l’abbé de Tanoüarn croit pouvoir poser une distinction entre les religions qui toutes seraient naturellement bonnes car conformes à la nature du cœur de l’homme, et la religion catholique qui seule est salutaire, car seule surnaturelle. A l’appui de cette distinction est avancée, sans plus de précision, la très haute autorité de saint Thomas d’Aquin, en sa question 81 de la Ia IIæ. Dès lors une réunion interreligieuse serait mauvaise si elle entraîne la confusion de ces deux ordres (= Assise 1986), bonne si elle respecte la distinction (= Assise 2011), voire nécessaire aux dires de notre bloggeur :
« Lorsque  le Pape  demande aux religions de se concevoir elles-mêmes comme un service de   paix et non comme une caution de violence il accomplit un geste  important et légitime. Il  demande aux religions de se conformer à la  vertu naturelle de religion, sans  tomber dans les excès qu'engendre  trop souvent l'instinct religieux dans  l'homme. »
Un tel raisonnement, maintes fois entendu  dans  la bouche des promoteurs du dialogue interreligieux version Vatican II,   se doit d’être vigoureusement rejeté, et ce pour trois raisons :
1) Il contient  tout d’abord un sophisme des  plus grossiers. On ne peut en effet affirmer  qu’une religion est bonne,  ne serait-ce que naturellement, du seul fait qu’elle  exprimerait le  sentiment religieux naturel à l’homme : ce serait du pur  subjectivisme.  Encore faut-il que cette religion s’adresse à l’unique vrai  Dieu,  ainsi que l’indique saint Thomas en sa question 81 (art. 3). Comment dès   lors M. l’abbé de Tanouärn peut-il laisser entendre que les religions   convoquées par Benoît XVI répondent à la définition de la religion  naturelle,  lorsqu’on sait que nombre d’entre elles sont polythéistes,  ou bien refusent  l’existence de tout Dieu personnel ? Peut-on même dire  que la religion  musulmane s’adresse effectivement à l’unique vrai  Dieu ? Loin d’exercer la  vertu naturelle de religion, ces fausses  religions la corrompent.
2) De plus, l'argument ne fait pas seulement   distinguer l'ordre naturel de l'ordre surnaturel – ce qui est classique –  mais  il sépare ces deux ordres, ce qui est inacceptable. Il est en  effet impossible  de poser un acte de vertu de religion qui soit  purement naturel, car chaque  homme in concreto est placé dans  un contexte surnaturel : c'est un  fait que l'homme – tout homme –,  pécheur en Adam, n'a plus accès à Dieu par  lui-même, mais seulement par  Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s'est fait notre  réconciliation  auprès de Dieu (Rm 5, 10-11, 2 Co 5, 18-20 ; Ep 2, 16, Col  1, 20-22  etc.). Dès lors, l'acte de religion purement naturel devient  impossible  in concreto.
3) Enfin, et là  n’est pas le moindre motif,  c’est précisément la fausseté de cet argument qui  poussa Pie XI, en son  encyclique Mortalium animos, à condamner ces  réunions interreligieuses :
« De telles  entreprises ne peuvent, en  aucune manière, être approuvées par les  catholiques, puisqu'elles s'appuient  sur la théorie erronée que les  religions sont toutes plus ou moins bonnes et  louables, en ce sens que  toutes également, bien que de manières différentes,  manifestent et  signifient le sentiment naturel et inné qui nous porte vers Dieu  et  nous pousse à reconnaître avec respect sa puissance. En vérité, les   partisans de cette théorie s'égarent en pleine erreur… »
Que M. l’abbé de  Tanouärn fasse siens ces arguments ressassés – et condamnés – ne peut  qu’inquiéter.  Nous avions déjà vu, voici peu, le supérieur de l’Institut du  Bon  Pasteur estimer convenable l’assistance de ses prêtres aux nouvelles  messes  célébrées par l’évêque(1). Voici maintenant ce même Institut  assumer les  arguments condamnés de la nouvelle théologie.
Quousque Domine ? Seigneur,  ayez pitié de ces confrères que nous avons aimés.
Abbé Patrick de La Rocque
Extrait de L'Hermine spécial Assise d'octobre 2011
(1) M. l’abbé Laguérie, interview du 30/07/2011 sur le site Disputationes theologicæ (tenu par des prêtres de l’IBP) : « Il est pour eux [les prêtres de l’IBP] notamment convenable, selon les exigences démontrées du bien commun, d'accepter les invitations des évêques à être présent aux moments significatifs de la vie du diocèse, par exemple les messes d’ordinations et chrismales qui réunissent autour de son évêque le presbyterium de l’église locale […] » (IBP, disputationes theologicæ du 30 juillet 2011)
(1) M. l’abbé Laguérie, interview du 30/07/2011 sur le site Disputationes theologicæ (tenu par des prêtres de l’IBP) : « Il est pour eux [les prêtres de l’IBP] notamment convenable, selon les exigences démontrées du bien commun, d'accepter les invitations des évêques à être présent aux moments significatifs de la vie du diocèse, par exemple les messes d’ordinations et chrismales qui réunissent autour de son évêque le presbyterium de l’église locale […] » (IBP, disputationes theologicæ du 30 juillet 2011)
