19 août 2008

Archive 11 - Combien de fidèles sont attachés à la liturgie traditionnelle ? - Lettre d'Oremus n°10 de mars 2000
19 aout 2008 - lettre 136 de paixliturgique.com
Archive 11 - Combien de fidèles sont attachés à la liturgie traditionnelle ? - Lettre d'Oremus n°10 de mars 2000 Lettre 136 - 19 août 2008

Bien avant nos deux sondages réalisés par des organismes professionnels, renommés et indépendants (Ipsos en 2001 et CSA en 2006), il nous est désormais possible de connaitre avec une précision grande, le nombre de familles catholiques françaises désirant vivre leur Foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain...
Cependant cette lettre d'Oremus écrite en mars 2000 abordait déjà cette question et fournissait des éléments sérieux pour qui, de bonne foi, souhaitait avoir une idée assez précise du nombre de fidèles qui aimeraient vivre leur foi au rythme de la liturgie traditionnelle.
Encore fallait-il à ce moment en 2000, tout comme aujourd'hui en 2008, accepter de voir les chose telles quelles sont et non pas comme l'on souhaiteraient qu'elles soient. Les faits sont têtus dit on...
Hors nous voyons qu'en 2008, un an après la publication du Motu Proprio de Benoît XVI rien n'est encore joué à ce sujet et que contre toute évidence, il est encore de bon ton de minimiser l'importance du courant traditionnel dans l'Eglise de France. Voici le texte :


COMBIEN SONT LES FIDELES ATTACHES A LA LITURGIE TRADITIONNELLE ?

Après nous être intéressés à l’appellation messe traditionnelle et aux motivations des fidèles qui adhèrent à ce rite, nous entreprenons aujourd’hui une enquête pour savoir le nombre de ceux qui sont attachés à la liturgie traditionnelle. Cette question n’est pas neutre. En effet, aujourd’hui, l’affirmation de certains ecclésiastiques selon laquelle «il n’existe que peu de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle» semble l’ultime argument de ceux qui s’obstinent à œuvrer pour que ne soit pas appliqué d’une manière large et généreuse le motu Ecclésia Dei adflicta. Nous avons demandé à Philippe Thomas, vice-président d’Oremus, de nous livrer les résultats de l’enquête qu’il a entreprise depuis cinq ans à ce propos.


Puisque tel est le sujet de notre entretien d’aujourd’hui, pouvez-vous nous indiquer à combien vous estimez les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ?

Avant de répondre à une question aussi complexe, il importe de rappeler que l’attachement à la liturgie traditionnelle est aujourd’hui devenu un phénomène mondial. L’association Una Voce qui réunit des fidèles de cette sensibilité est présente dans plus de quarante pays, et pas seulement des pays de vieille tradition latine ! Le Centre International d’Etudes Liturgiques (C.I.E.L.) a constitué en moins de cinq ans vingt comités nationaux, dont certains développent une activité stupéfiante. Il est donc patent aujourd’hui d’affirmer que des prêtres et fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l’Eglise latine se retrouvent aux quatre coins du monde.

Mais cette présence de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle dans de nombreuses régions du monde est-elle une réalité ?

Je n’évoquerai, pour vous répondre, que le cas des Etats-Unis où chaque année, devant le besoin des fidèles, plusieurs diocèses accordent de nouvelles églises à la messe traditionnelle. Aujourd’hui, dans plus de cent cinquante diocèses, existent des communautés dynamiques et vivantes de fidèles de cette sensibilité. Aussi, vous comprendrez qu’il m’est impossible d’indiquer, même d’une manière approximative, le nombre de fidèles «de l’ensemble des communautés catholiques du monde» qui sont attachés à la messe traditionnelle. Je ne pourrai tenter de vous répondre que par rapport à la situation française, que nous croyons mesurer avec plus d’exactitude.

Je renouvelle alors ma question : à combien estimez-vous les catholiques français attachés à la liturgie traditionnelle ?

Apparemment la méthode la plus simple serait d’additionner les fidèles qui chaque dimanche se réunissent dans les églises et chapelles où est célébrée la messe traditionnelle au titre du motu proprio Ecclesia Dei adflicta. C’est ce calcul qu’appliquent ceux qui veulent montrer le caractère marginal du courant traditionnel en France. Bien évidemment, il nous faut affirmer avec force que cette manière de procéder ne correspond en rien à la réalité. Imaginez, par exemple, que l’on veuille mesurer le nombre des catholiques français en comptabilisant uniquement ceux qui pratiquent régulièrement chaque dimanche. Vous savez que dans ce cas leur nombre serait ridiculement bas et ne correspondrait pas à la réalité du catholicisme français.

Pourquoi contestez-vous cette méthode ?

Pour une raison toute simple : il n’y a pratiquement pas, dans ce pays, d’églises ou de chapelles où soit célébrée la liturgie traditionnelle en accord avec l’évêque du lieu ; de plus, alors qu’aujourd’hui l’on insiste tant sur la nécessité de constituer d’authentiques communautés paroissiales vivantes et rayonnantes, il faut savoir que la plupart de ces chapelles limitent leur apostolat à la célébration de la liturgie traditionnelle en interdisant une vie communautaire (catéchisme, groupes de scouts, écoles, patronages...) qui seule permettrait à ces églises d’attirer vers elles ceux qui veulent vivre leur foi catholique selon leur sensibilité. De ce fait, compter le nombre de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle en se fondant sur le nombre des pratiquants de ces lieux trop peu nombreux relève, vous en conviendrez, d’une méthode qui n’a pas de sens.

Mais est-il exact de dire que les fidèles attachés à la messe traditionnelle n’ont pas assez de lieux pour vivre leur foi chrétienne selon leur sensibilité ?

La réponse est malheureusement affirmative. En effet, rappelons que la liturgie traditionnelle n’est célébrée en accord avec l’évêque du diocèse que dans quarante diocèses de France, ce qui veut dire que, dans plus de cinquante autres, aucune possibilité n’existe pour un fidèle de vivre sa foi catholique au rythme de la liturgie traditionnelle en lien avec son évêque. Vous comprendrez donc pourquoi le calcul du nombre des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ne peut se limiter aux seuls pratiquants des chapelles où s’appliquent les bénéfices du motu proprio.

Cependant, quarante-cinq diocèses dans lesquels est célébrée la messe traditionnelle, cela ne représente-t-il pas un nombre important de lieux de culte ?

Certes oui, mais il ne faut pas oublier que dans plusieurs de ces diocèses, la messe n’est pas célébrée selon le rite traditionnel chaque semaine, mais seulement une ou deux fois par mois, ou bien qu’elle est célébrée par une communauté monastique qui ne constitue pas véritablement «une paroisse» pour des familles. Vous conviendrez que cela ne concourt pas au renforcement des liens ecclésiaux et à la régularité de la pratique des fidèles, et ne permet guère aux fidèles de pratiquer aisément selon leur sensibilité liturgique.

Mais cette situation ne représente-t-elle pas déjà un progrès ?

Sans doute, mais il n’empêche qu’elle ne permet pas de comptabiliser les fidèles sur la simple observation des pratiquants de ces rares chapelles. Il ne faut pas non plus négliger le fait que tous les fidèles ne peuvent pas faire cinquante ou cent kilomètres chaque dimanche pour participer à une liturgie traditionnelle. Quel serait le nombre de pratiquants catholiques en France s’il n’existait qu’un ou deux lieux de culte par diocèse ? Il y a fort à penser que celui-ci serait réduit d’une manière considérable et ne représenterait guère que 10 à 15 % du nombre de participants réguliers que l’on dénombre aujourd’hui.

Mais avez-vous quelques indices de l’existence d’une demande de la célébration de la liturgie traditionnelle dans les régions où elle n’est pas célébrée en accord avec l’évêque ?

Plus que des indices, nous avons des preuves ! En effet, il suffit d’étudier attentivement la géographie de l’implantation des prieurés et chapelles de la Fraternité Saint-Pie X pour constater que partout en France, et particulièrement dans les diocèses où les évêques s’opposent à une célébration de la liturgie traditionnelle dans le cadre du motu proprio, ces installations prospèrent et se multiplient. Quelle ne fut pas ma surprise, il y a deux ans, en discutant avec un évêque français quand celui-ci me dit : «Dans mon diocèse il n’y a pas de problème liturgique et il n’existe pas de demande du rite traditionnel», alors que dans ledit diocèse trois centres de messe de la Fraternité Saint-Pie X réunissent plusieurs centaines de fidèles chaque dimanche.

Vous pensez donc qu’il faudrait comptabiliser tous ceux qui fréquentent les prieurés de la Fraternité Saint-Pie X !

Il me semble certain que ces fidèles sont des catholiques qui ne souhaitent aucunement se séparer de l’Eglise et participer à un schisme. Il est donc tout à fait normal de considérer que les 50 000 fidèles qui, en France, fréquentent régulièrement les prieurés de la Fraternité Saint-Pie X sont à incorporer dans notre calcul du nombre de catholiques français qui sont attachés à la liturgie traditionnelle.

Mais puisque souvent les prieurés de la Fraternité Saint-Pie X suppléent en quelque sorte à l’absence de lieux de culte accordés par l’évêque du lieu, ne peut-on pas considérer que la seule addition des fidèles «motu proprio» et des fidèles «Saint-Pie X» nous permettrait de connaître le nombre de catholiques en France attachés à la liturgie traditionnelle ?

Pour de multiples raisons, cet argument, qui est parfois utilisé, n’est pas recevable. En effet, tout d’abord aujourd’hui de nombreux fidèles attachés à la liturgie traditionnelle ne souhaitent pas ou ne souhaitent plus fréquenter la Fraternité Saint-Pie X qui leur est présentée par les autorités religieuses comme «schismatisante». D’autre part, même si la Fraternité Saint-Pie X est assez bien répandue sur le territoire français, elle souffre de la même difficulté que les chapelles «motu proprio» : celle d’obliger trop de fidèles à faire chaque dimanche de fort longs déplacements - je pense notamment aux familles et aux personnes âgées - pour pouvoir pratiquer régulièrement. Cela en réduit donc considérablement le nombre.

Dans ce cas, comment estimez-vous possible de comptabiliser les fidèles français ?

Le meilleur moyen est de partir du nombre d’églises et de chapelles existant, d’estimer que celles-ci n’attirent en fait que les fidèles voisins, et de rapporter ensuite ce résultat à l’ensemble du territoire national - étant bien évidemment entendu que doit se faire une pondération entre les zones de forte concentration et les zones à la fréquentation plus réduite.

Quel est selon vous le nombre de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle auquel on pourrait ainsi parvenir ?

En appliquant ce mode de calcul, l’on peut estimer d’une manière réaliste qu’il existe en France 4 500 000 fidèles environ qui sont attachés à la liturgie traditionnelle et qui vivraient volontiers leur foi chrétienne au rythme de celle-ci.

Ce chiffre n’est-il pas trop important par rapport au nombre de fidèles dont on constate effectivement la présence dans les chapelles et églises «traditionnelles» ?

Il le serait si l’on oubliait un aspect tout à fait fondamental. Ce n’est pas en effet parce qu’un fidèle est attaché à la liturgie traditionnelle qu’il est obligatoirement un meilleur catholique et un pratiquant plus régulier. Toutes les enquêtes qui ont été menées sur ce point montrent que la pratique religieuse des fidèles attachés à la liturgie traditionnelle connaît les mêmes turbulences que celle des autres fidèles. De ce fait, affirmer qu’il existe en France 4 500 000 fidèles ne veut pas dire qu’il y ait potentiellement dans notre pays 4 500 000 pratiquants réguliers de la liturgie traditionnelle. N’oublions pas qu’en France, aujourd’hui, les pratiquants réguliers constituent moins de 7 % de l’ensemble des baptisés.

Mais votre étude ne fait-elle pas la confusion entre les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle et ceux qui préfèrent «la messe en latin» telle qu’elle pourrait être célébrée dans le rite de Paul VI ?

Cela est sans doute partiellement vrai, mais force est de constater que la célébration «traditionnelle» du nouveau Ordo missae a connu les mêmes interdits que la célébration de la messe traditionnelle. De ce fait aujourd’hui, hormis dans de respectables abbayes, la messe «Paul VI traditionnelle» n’existe pas, et c’est seulement dans la liturgie traditionnelle de l’Eglise que les fidèles qui sont attachés à cette sensibilité peuvent se retrouver. Le meilleur exemple de cette situation nous est fourni par Denis Crouan, président de l’association Pro Liturgia qui œuvre pour l’amplification de la célébration du nouvel Ordo missae selon sa forme traditionnelle. Lui-même avouait récemment l’échec de son combat en disant : «Faute de ne pouvoir trouver, dans les paroisses de mon diocèse, la liturgie actuelle strictement respectée (qu’elle soit en français ou en latin), je vais assez souvent dans une église où la messe est célébrée sous sa forme préconciliaire (rite dit "de saint Pie V") avec permission de l’évêque. Or là, je constate que les fidèles - dont la moyenne d’âge n’est pas très élevée - suivent la liturgie intégralement latine sans difficulté, malgré la "bienheureuse absence" d’animateur liturgique. Les gens chantent et répondent spontanément au célébrant sans le moindre problème, sans la moindre hésitation.»
Que peut-on dire de plus sur cette situation paradoxale, où le président d’une association qui veut voir célébrer d’une manière traditionnelle la liturgie de Paul VI soit obligé de fréquenter les chapelles où est célébrée la messe traditionnelle ?

Permettez-moi d’insister : vos 4 500 000 fidèles ne seraient-ils pas, pour leur majorité, des nostalgiques du latin ?

Il ne faudrait pas prendre les fidèles pour des imbéciles et considérer obligatoirement que, s’ils sont attachés à la messe traditionnelle, ce n’est que par niaiserie ou ignorance, ou même encore par nostalgie. De fait, si l’on voulait mesurer parmi les catholiques français ceux qui sont attachés à la forme latine, ce ne serait pas à 4 500 000 fidèles que l’on arriverait, mais probablement à plus de dix millions de fidèles, c’est-à-dire près du quart des catholiques français.

Si je suis bien votre raisonnement, il nous faut croire que 4 500 000 catholiques français sont attachés réellement à la messe traditionnelle...
Vous avez tout à fait compris mon analyse et mes conclusions, et les faits démontrent assez clairement que ce calcul n’est pas seulement théorique. Prenons un exemple : celui du pèlerinage traditionnel de Chartres qui, chaque week-end de Pentecôte, entraîne sur les routes plus de 25 000 jeunes. Cet événement - tout comme la mobilisation qu’il génère - indique assez clairement que la mouvance traditionnelle représente bien un minimum de 10 % du catholicisme français. La présence très nombreuse de jeunes catholiques attachés à la liturgie traditionnelle lors des JMJ qui se sont déroulés en 1997 va tout à fait dans ce sens.

Pourriez-vous me fournir d’autres illustrations ?

Un autre exemple plus significatif encore est celui des ordinations sacerdotales. Toutes les statistiques officielles de l’Eglise de France nous indiquent que, depuis dix ans, leur nombre dans les diocèses de France tourne aux alentours de cent dix par an. Or, si nous comptons uniquement les nouveaux prêtres français ordonnés chaque année par la Fraternité Saint-Pierre et l’Institut du Christ-Roi réunis, nous arrivons à une moyenne de quinze ordinations, en sachant que très probablement ce chiffre se situera autour de vingt dans les trois prochaines années. Stricto sensu, nous voyons donc qu’à ce niveau, la mouvance traditionnelle française Ecclesia Dei représente près de 15 % du nombre total des ordinations sacerdotales réalisées en France.
Si l’on y tenait compte des prêtres ordonnés dans le cadre de la Fraternité Saint-Pie X, il faudrait comptabiliser au minimum une douzaine de prêtres français supplémentaires, et l’on parviendrait alors au chiffre stupéfiant de 25 % des ordinations générées en France par la mouvance traditionnelle. Vous voyez donc que l’estimation de 4 500 000 fidèles attachés en France à la liturgie traditionnelle, c’est-à-dire 10 % du total des catholiques français, n’a rien d’excessif, ni rien d’extraordinaire.

Pour conclure, pouvez-vous m’expliquer pourquoi les catholiques attachés à la liturgie traditionnelle sont si peu admis dans les églises locales ?

Depuis de nombreuses années, nous protestons contre l’exclusion dont nous faisons l’objet. Je crois pouvoir dire aujourd’hui que le motif principal du rejet que nous continuons de subir dans trop de diocèses - je pense particulièrement au diocèse de Nanterre dans lequel nous avons identifié plus de 4 000 fidèles favorables à la messe traditionnelle - s’explique presque essentiellement par les craintes qu’ont certains membres du clergé de découvrir, après avoir nié depuis trop longtemps notre existence, que notre famille spirituelle est une composante incontournable de la communauté catholique française.

Lettre d'Oremus 10 de mars 2000

REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1- Oui, c'est un fait constaté par la pratique de terrain et les sondages indépendants que 15 % des catholiques pratiquants français souhaiteraient vivre - s'ils en avaient la possibilité matérielle - leur foi au rythme de la liturgie traditionnelle de l'Eglise. Ces chiffres sont le résultats d'enquêtes antérieures au Motu Proprio de Benoît XVI et au rappel clair et définitif que ce rite n'avait jamais été interdit et qu'au contraire il était une des deux formes de l'unique rite romain aussi ans doute faudrait il aujourd'hui corriger ces chiffres à la hausse pour avoir une photographie à jour du nombre de fidèles concernés car certains de ceux qui découvrent aujourd'hui la liturgie traditionnelle croyaient hier les mensonges que certains clercs leur répétaient quand ils disaient que la liturgie traditionnelle était interdite.

2- Ces chiffres doivent également tenir compte du fait que l'on aime que ce que l'on connaît et que de nombreux fidèles qui n'ont jamais eu accès à la liturgie traditionnelle et qui par conséquent n'ont pas répondu favorablement aux deux sondages cités ci-dessus, changeraient peut être d'avis s'ils parlaient en connaissance de cause. Il va de soi que le désir du Saint Père de faire coexister dans le cadre paroissial, les deux formes du rite romain va de fait, multiplier à moyen terme, le nombre de fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l'Eglise tout simplement en la faisant connaître à des chrétiens à qui ce trésor de l'Eglise avait jusque là été caché. Rappelons juste sur ce point, les propos tenus le 13 juin 2008 par le Cardinal Castrillon Hoyos, responsable de la liturgie latine au Vatican et proche collaborateur du pape, lors d’une conférence de presse tenue à Londres. Lorsqu’on a demandé au Cardinal Castrillon si la messe en latin serait célébrée dans beaucoup de paroisses ordinaires dans l'avenir, il a dit : « Non, pas dans beaucoup de paroisses, mais dans toutes les paroisses ». Le Saint Père offre cette possibilité, non pas à quelques groupes qui la demandent, mais afin que tous connaissent cette façon de célébrer l’Eucharistie.

3- Encore aujourd'hui en 2008, on entend des clercs refuser de donner une église aux fidèles demandeurs de l'application du Motu Proprio au prétexte qu'un autre lieu de culte du diocèse où est déjà célébrée la liturgie traditionnelle de l'Eglise n'est pas comble ou déjà suffisant. Ce type d'argument ne vaut rien car les fidèles attachés à la liturgie traditionnelle de l'Eglise n'ont pas une vocation de nomades. A titre d'exemple, quand l'abbé Aybram a décidé de déporter brutalement et sans concertation, les fidèles traditionnels qui pratiquaient à Nanterre pour les parquer à Saint Cloud, on a pu constater qu'il s'agissait de 2 communautés distinctes et que l'immense majorité des anciens fidèles de Nanterre n'avaient pas suivi et que la nouvelle communauté traditionnelle de Saint Cloud était principalement composée des personnes qui n'étaient jamais venues à Nanterre. La simple addition des fidèles pratiquants dans les lieux de culte traditionnels existants n'est donc clairement pas une méthode révélatrice du nombre réel des familles attachées à la liturgie traditionnelle.

4- La réalité est que de très nombreuses familles qui aimeraient vivre leur foi au rythme de la liturgie traditionnelle n'ont tout simplement pas la possibilité matérielle aujourd'hui et continuent de pratiquer dans leur paroisse ou ne pratiquent plus. Les raisons sont très nombreuses, citons notamment : soit il n'y a pas de messe traditionnelle dans le diocèse, soit cette messe est célébrée de manière épisodique (comme à Reims par exemple, un seul dimanche par mois), soit à des horaires impraticables en famille (9 h du matin à Lisieux ou 12 h 45 ( ou même bientôt à 12 h 15....) à Sainte Jeanne de Chantal (Paris 16ème), soit le prêtre est hostile et décourage les fidèles, soit le lieu est trop éloigné, etc...

5 - Enfin ,plus que le nombre actuel de fidèles pratiquants régulièrement dans les lieux de culte traditionnel existants, un bon indice pour mesurer le réel impact de la liturgie traditionnelle dans l'Eglise de France, est le nombre de vocations sacerdotales et religieuses issues de cette famille. En effet, environ 15 % des ordinations sacerdotales annuelles de prêtres français sont faites dans le cadre des séminaires utilisant la forme extraordinaire du rite romain. Si l'on ajoute à ce chiffre les nombreux nouveaux prêtres diocésains qui entendent célébrer les deux formes du rite romain, il est aisé de comprendre combien de catholiques pratiqueraient leur foi dans la forme extraordinaire du rite romain si la célébration de ce rite ne faisait pas l'objet de blocages systématiques de la part des évêques de France et si le Motu Proprio de Benoît XVI était loyalement appliqué et correctement reçu.