2 août 2008

Sermon du Père Gaétan Thibeault, curé de la cathédrale de Chicoutimi, au sujet de la demande d'autorisation de messe tridentine
2/3 août 2008 - leforumcatholique.org
[Ci-dessous: message sur le Forum Catholique, suivi du sermon lui-même, expurgé des commentaires.]
Bien que concernant le curé de la paroisse Sacré-Coeur de Chicoutimi (Mgr Jean-Roch Gaudin) et l'évêque de Chicoutimi (Mgr André Rivest), la demande de Messe tridentine au diocèse de Chicoutimi fait maintenant l'objet de la désapprobation du curé de la cathédrale de Chicoutimi (M. l'abbé Gaétan Thibeault) qui a décidé de mettre son grain de sel dans cette histoire. Comme vous le savez, l'évêque de Chicoutimi a refusé d'appliquer le Motu Proprio "Summorum Pontificum" dans son diocèse suite à une demande faite par 140 fidèles. Malgré cela, le groupe demandant la Messe tridentine persévère et poursuit les démarches en vue d'obtenir un accès au trésor de l'Église.
Devant ce désir persistant, le curé de la cathédrale de Chicoutimi a prêché contre la Messe tridentine aux quatre Messes dominicales (les 2 et 3 août 2008) : le Dimanche matin à 8h30, 10h00 et 11h15 ainsi qu'à la Messe du samedi soir à 19h15.
Vous pouvez entendre l'audio du sermon qui a été enregistré sur : http://motupropriochicoutimi.over-blog.com/article-21749482.html et il me fait plaisir de vous transmettre le verbatim (les parties en gras entre les crochets sont mes commentaires)

« Ce matin, vous me permettrez de ne pas faire d'homélie comme telle, mais d'aborder un sujet un peu difficile à partir d'un événement qui s'est produit chez-nous il y a quelques temps: un groupe de personnes avait fait signer une pétition pour demander au curé d'abord, et, à l'évêque ensuite, l'autorisation de revenir à la liturgie du Pape saint Pie V, c'est-à-dire pour la Messe, avoir la Messe en latin, dos au peuple comme on avait avant le Concile Vatican II. [Un peu fallacieux: personne ne veut revenir à a la situation antérieure et l'imposer à tous. Le groupe demande seulement UNE messe supplémentaire par MOIS. La liberté de chacun est respectée.]

Le curé de la paroisse d'à côté, Jean-Roch Gaudin, après avoir consulté l'évêque, et l'évêque lui-même, après avoir étudié la question, ont demandé d'abandonner cette demande. Il avait d'ailleurs publié dans le feuillet paroissial de la paroisse la réponse. [Pourtant, le Motu Proprio affirme, à propos du curé, à l'article 5 § 1 : « le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962 ». Et l'article 7 déclare, à propos de l'Évêque : « L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. »]

Dimanche dernier, dans le Progrès-Dimanche, un article redemandait l'autorisation de cette Messe.

Je voudrais simplement apporter quelques éléments d'éclairage sur cette question. Tout d'abord, je voudrais que l'on regarde un peu qu'est-ce que c'est la liturgie. Si on prend une définition simple, la liturgie c'est un ensemble de rites simples, significatifs, mais pour montrer, pour faire vivre, pour réaliser l'action de Dieu en nous et dans notre monde pour aujourd'hui. En particulier, l'Eucharistie qui est la Présence réelle de Jésus, de Jésus Ressuscité au milieu de nous. Et la Messe est structurée de telle façon qu'elle est faite pour nous faire saisir trois formes de la Présence de Jésus en même temps.

La première, c'est nous: la chrétienté, l'Église, les croyants se rassemblant ensemble pour célébrer le Seigneur et prendre conscience qu'Il a dit : "Lorsque vous serez deux ou trois réunis en mon Nom, Je suis au milieu d'eux." C'est ce que nous faisons chaque dimanche et c'est la première forme de présence que la Messe nous signifie.

La seconde, c'est dans la Parole. Nous partageons un ou plusieurs textes de l'Ancien Testament comme du Nouveau Testament. L'homélie normalement a pour but de les approfondir et de nous aider, vous et moi, à le faire passer dans nos vies.

La troisième forme, évidemment, qui est la plus parfaite, c'est l'Eucharistie, c'est-à-dire, la Présence du Christ que nous recevons dans la Communion. Et, en plus, la Messe a pour but de nous faire vivre et de présenter à notre époque les grands éléments de notre salut, c'est-à-dire la Mort et la Résurrection de Jésus. [Il aurait été bien de parler de la notion de sacrifice qui est centrale. Le Concile Vatican II nous enseigne que « le sacrifice eucharistique perpétue le sacrifice de la croix au long des siècles. » (SC 47)]

Nous en avons déjà parlé et je l'ai déjà expliqué, il y a des rites symboliques. En particulier, à la consécration, nous séparons le pain et le vin, ce qui symbolise la mort du Christ. Et, vous avez dû remarquer, juste avant la communion, le prêtre prend un morceau d'hostie qu'il met dans le calice. Il réunit le pain et la vin symboliquement pour montrer que le Christ est maintenant ressuscité, total, présent avec nous. [Les symboles c'est bien, mais le centre de la Messe n'est pas la symbolique mais le mystère de la transsubstantiation au moment de la consécration.]

Et, au cours de siècles, depuis le début du christianisme, parfois lentement, parfois plus vite, mais l'Église a toujours su adapter sa liturgie au besoin de son époque pour que les gens, selon ce qu'ils sont, puissent mieux comprendre et mieux suivre cette liturgie qui réactualise la présence et le mystère de Jésus. [Selon le Motu Proprio, la liturgie romaine d'aujourd'hui comporte deux expressions : l'une ordinaire et l'autre extraordinaire. En effet, l'article 1 affirme : « Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la « lex orandi » de l’Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le bienheureux Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même « lex orandi » de l’Église et être honoré en raison de son usage vénérable et antique. Ces deux expressions de la « lex orandi » de l’Église n’induisent aucune division de la « lex credendi » de l’Église ; ce sont en effet deux mises en œuvre de l’unique rite romain. Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition type du Missel romain promulgué par le bienheureux Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église. »]

Je prends deux exemples importants, mais il y en aurait plus. À la fin du XVIème siècle, le Pape Pie V, qui est devenu saint par après - on l'appelle saint Pie V - a provoqué à son époque une réforme de son Église. Il a d'abord essayé d'accentuer et d'insister sur la mise en oeuvre du Concile de Trente qui avait eu lieu quelques années avant. Il a publié un catéchisme qui donnait aux chrétiens un bon résumé de la foi chrétienne et de l'interprétation théologique de ce temps. Et aussi, il a renouvelé la liturgie de l'Église de l'époque. Il a restructuré la façon concrète de célébrer la Messe, non pas le mystère, mais la façon de célébrer. Il a fait oeuvre de réforme et d'adaptation... [Avec la promulgation du Motu Proprio Summorum Pontificum, le Pape Benoît XVI aussi a fait oeuvre de réforme et d'adaptation pour aujourd'hui.]

C'est précisément ce que le Concile Vatican II a fait en 1962 à 1965, à l'invitation du Pape Jean XXIII, qui était là à la première session du Concile et qui est décédé. Et c'est le Pape Paul VI qui a continué l'oeuvre. Mais à travers les réformes que le Concile a fait, il avait comme dessein, il a renouvelé la liturgie pour l'adapter au monde d'aujourd'hui, la rendre plus concrète et plus compréhensible. C'est comme ça qu'on a arrêté de dire la Messe dos au peuple, on s'est tourné vers les gens, que la langue a été enlevé, au lieu de lire la Messe en latin, on la lit en français, ou en polonais, ou en allemand ou en italien, selon le pays... [Ces modifications sont venues dans la période post-concilaire: la disparition totale du latin n'est pas demandée par les textes du Concile; aussi, le Concile est totalement silencieux sur l'orientation du prêtre.]

Donc, le Concile a voulu adapter concrètement pour nous faire vivre mieux la compréhension du mystère du Seigneur. Le Pape Jean XXIII, déjà, avait commencé quelques adaptations de la liturgie de la Messe. C'est le pape Paul VI, bien sûr, qui l'a terminé en publiant un nouveau rite pour l'Eucharistie. Et le Pape Jean-Paul II a terminé l'oeuvre en publiant, lui, un cathéchisme qui re-présente encore les grands mystères, les grandes vérités de la foi chrétienne, avec l'interprétation théologique plus ajustée au progrès de la réflexion chrétienne. [Derrière cet enseignement se cache la crainte de la remise en cause du Concile. Pourtant, dans sa lettre d'accompagnement aux Évêques, le Saint-Père affirme à propros du Motu Proprio : « On trouve des réactions très diverses les unes des autres, qui vont de l’acceptation joyeuse à une dure opposition [...] Deux craintes s’opposaient plus directement à ce document [...] En premier lieu il y a la crainte d’amenuiser ainsi l’Autorité du Concile Vatican II, et de voir mettre en doute une de ses décisions essentielles – la réforme liturgique. Cette crainte n’est pas fondée. »]

C'est dans cette optique donc, qu'un groupe dans notre région a lancé, si vous le voulez, une pétition pour demander au curé, et, par conséquent à l'évêque, l'autorisation pour ce groupe d'avoir la Messe selon le rite de saint Pie V, une Messe que l'on appelle traditionnelle, qui, au fond, n'est pas si traditionelle que cela, puisque Pie V a fait son renouveau il y a des siècles et ça veut dire que dans les seize siècles précédents, il y a eu d'autres façons de célébrer l'Eucharistie. Et si on voulait être de la Tradition la plus totale, il faudrait célébrer comme les Apôtres, dont on ne sait pas d'ailleurs comment ils célébraient. [Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la Messe de saint Pie V n’est pas de saint Pie V. Ce Pape, dans le prolongement du Concile de Trente, n’a fait que codifier, et non fabriquer, ce qui existait déjà. Par exemple, l’ensemble du canon remonte au Vème siècle, et il n’a pas été modifié depuis lors (seuls 26 mots ont été changés). Quant au reste de la Messe, on en trouve la substance dès le pontificat de saint Grégoire le Grand (540-604) et on peut même, pour l'essentiel, remonter jusqu'aux Apôtres (1er siècle).]

Il y a une chose cependant que l'histoire nous démontre, s'il y a une Tradition claire dans l'Église catholique, entre autres, c'est cette capacité qu'elle a eu, et c'est presque la seule Église qui est capable de cela, à travers les siècles, de s'arrêter, de s'évaluer, de s'interroger et de renouveler ce qu'elle jugeait nécessaire...

D'ailleurs, la fête de saint Pie V est le 30 avril de chaque année. Et cette année, par un hasard intéressant, j'étais à Rome à l'occasion de la fête de Pie V. Et il y avait une Messe solennelle à la Basilique Sainte-Marie-Majeure, c'est le nom de la basilique à Rome, c'est la troisème basilique la plus importante après, évidemment, la Cathédrale de Rome et la Basilique Saint-Pierre. C'est dans cette basilique que se trouve d'ailleurs le corps du Pape Pie V. Il y avait donc une Messe avec tout le déploiement de la liturgie romaine. J'y suis allé. Il y avait des cardinaux, des évêques. J'ai été surpris. Je n'ai pas vu l'ombre de l'allusion à un rite de la Messe liturgique de Pie V. On a célébré avec le rite qui a suivi Vatican II. Et le cardinal, qui faisait l'homélie, a pris la peine de dire que Pie V après avoir expliqué plus loin <inaudible>, il a pris la peine de dire, qu'à son époque, le Pape Pie V a voulu renouvelé pour rendre plus proche la liturgie. C'est exactement ce que Vatican II a fait. Ça a été sa conclusion. [Le forme ordinaire est très certainement célébrée à Rome, tout comme la forme extraordinaire. Une paroisse personnelle a même été confiée à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre pour la célébration de la forme extraordinaire des sacrements : la paroisse Santa Trinità dei Pellegrini. Cela est conforme à l'article 10 du Motu Proprio qui déclare : « S’il le juge opportun, l’Ordinaire du lieu a le droit d’ériger une paroisse personnelle au titre du canon 518, pour les célébrations selon la forme ancienne du rite romain, ou de nommer soit un recteur soit un chapelain, en observant les règles du droit. » C'est dans cette optique qu'il faut comprendre ce que le cardinal Marc Ouellet a fait à Québec en érigeant la chapellenie Saint-François-d'Assise.]

On sait tous probablement ou pas, si vous ne le savez pas je vous l'apprends, que le Pape Benoît XVI, l'an dernier, a autorisé, pour des groupes biens particuliers, et à des conditions bien spéciales, la possibilité d'avoir la Messe du rite de Pie V. [Concernant les prêtres, le Motu Proprio ne dit pas que SEULS les prêtres lefebvristes peuvent célébrer la Messe selon le Missel de 1962 mais affirme que TOUS les prêtres peuvent le faire sans autorisation (aux Messes célébrées sans peuple). En effet, l'article 2 du Motu Proprio stipule : « Aux Messes célébrées sans peuple, tout prêtre catholique de rite latin, qu’il soit séculier ou religieux, peut utiliser le Missel romain publié en 1962 par le bienheureux Pape Jean XXIII ou le Missel romain promulgué en 1970 par le Souverain Pontife Paul VI, et cela quel que soit le jour, sauf le Triduum sacré. Pour célébrer ainsi selon l’un ou l’autre Missel, le prêtre n’a besoin d’aucune autorisation, ni du Siège apostolique ni de son Ordinaire. » Et l'article 4 ajoute : « Aux célébrations de la Messe dont il est question ci-dessus à l’art. 2 peuvent être admis, en observant les règles du droit, des fidèles qui le demandent spontanément. »]

[Concernant les groupes, le Motu Proprio ne dit pas que SEULS les groupes lefebvristes peuvent célébrer selon le Missel de 1962, mais affirme, à l'article 5 § 1, ce qui suit : « Dans les paroisses où il existe un groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure, le curé accueillera volontiers leur demande de célébrer la Messe selon le rite du Missel romain édité en 1962. Il appréciera lui-même ce qui convient pour le bien de ces fidèles en harmonie avec la sollicitude pastorale de la paroisse, sous le gouvernement de l’Évêque selon les normes du canon 392, en évitant la discorde et en favorisant l’unité de toute l’Église. »]

Il a expliqué, même, pourquoi. Et la première raison qu'il a donnée, et le premier groupe visé, c'était le groupe qui a débuté en France et qui s'est continué un peu ailleurs, le groupe de Mgr Lebfèvre, et qui d'ailleurs, qui se sont retirés de l'Église. Et en ajoutant cette autorisation, c'était une main tendue pour les rapprocher. Il est allé un peu plus loin. Il a souligné que si, à l'intérieur même de l'Église, il y avait des groupes depuis longtemps établis, qui n'ont jamais pu <inaudible>, qui pouvaient éventuellement peut-être se retirer, il leur tend aussi la main en l'autorisant. Il y a donc des conditions. [Certes, la réconciliation avec les Lefebvristes est une raison qui a incité le Saint-Père a publié le Motu Proprio, mais ce n'est pas le seul motif. Il y a également toute la question des abus liturgiques (les messes alternatives qui sont célébrées au Grand Séminaire de Chicoutimi en sont un exemple). Dans sa lettre d'accompagnement aux Évêques, le Saint-Père affirme : « Beaucoup de personnes qui acceptaient clairement le caractère contraignant du Concile Vatican II, et qui étaient fidèles au Pape et aux Évêques, désiraient cependant retrouver également la forme de la sainte Liturgie qui leur était chère ; cela s’est produit avant tout parce qu’en de nombreux endroits on ne célébrait pas fidèlement selon les prescriptions du nouveau Missel; au contraire, celui-ci finissait par être interprété comme une autorisation, voire même une obligation de créativité; cette créativité a souvent porté à des déformations de la Liturgie à la limite du supportable. Je parle d’expérience, parce que j’ai vécu moi aussi cette période, avec toutes ses attentes et ses confusions. Et j’ai constaté combien les déformations arbitraires de la Liturgie ont profondément blessé des personnes qui étaient totalement enracinées dans la foi de l’Eglise. »]

Mgr Rivest a fait le tour du diocèse, pas au sens qu'il a pris son auto, il a étudié tous les endroits, il a consulté et on s'est aperçu qu'il n'y avait pas dans le diocèse de groupes qui correspondaient aux conditions que Benoît XVI a données. [Ce qui est faux: un groupe existe bel et bien. On refuse toutefois de lui accorder le qualificatif de "stable".]

Et, en même temps, selon son jugement, et après également consultation des conseils qui l'assistaient, il a suggéré d'abandonner cette idée et il a donc refusé que cela se produise chez-nous. [Pourtant, dans sa lettre d'accompagnement aux Évêques, le Saint-Père affirme : « Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur juste place. »]

Il faut croire que le groupe ne veut pas céder puisque dimanche dernier, dans le Progrès-Dimanche, il y avait un article "En latin s'il vous plaît. Des fidèles veulent le retour à la messe traditionnelle." Si je vous faisais lever la main, je ne suis pas sûr qu'il y en aurait tant que ça qui la lèverait. [Le but de la demande n'est pas de convertir le diocèse en entier à la forme extraordinaire mais de permettre à ceux qui le désirent, dont les 140 signataires, d'y participer.]

Ce qui m'agace là-dedans, c'est l'idée évidemment, c'est la <inaudible>. Faire de la pastorale, c'est suivre globalement l'Église et c'est ce que nous faisons. C'est la fonction de l'évêque, dans son diocèse, d'animer la foi des chrétiens de son diocèse, et c'est lui qui doit nous guider. [Certes, l'Évêque doit guider son peuple et ce, en harmonie avec les dispositions du Motu Proprio. Dans sa lettre d'accompagnement aux Évêques, le Saint-Père affirme : « Rien n’est donc retiré à l’autorité de l’Evêque dont le rôle demeurera de toute façon celui de veiller à ce que tout se passe dans la paix et la sérénité. Si quelque problème devait surgir et que le curé ne puisse pas le résoudre, l’Ordinaire local pourra toujours intervenir, en pleine harmonie cependant avec ce qu’établissent les nouvelles normes du Motu proprio. »]

Je ne porte pas de jugement sur les personnes et je ne connais pas tous les coeurs, et beaucoup de gens sont sincères évidemment. Mais, en même temps, je m'interroge sur des événements. Lorsqu'on fonctionne par menace, et elles ont été dites: "Si l'évêque refuse on va écrire à Rome, on finira bien par l'avoir". [Faire appel à l'autorité romaine est légitime du point de vue du droit et n'a rien d'une menace. Le recours à la Commission Ecclesia Dei est la procédure normale prévue et conseillée par le Motu proprio en cas de difficultés.]

Si c'est ça qu'on appelle le respect de l'Église et de l'évêque, je me demande ce que c'est. Sur un site Internet que ce groupe avait, on a vu plusieurs articles avec des mots plutôt grossiers à l'égard de plusieurs personnes dans la direction du diocèse.
[Ces propos sont diffamatoires: aucun article sur le blog http://motupropriochicoutimi.over-blog.com/ ne contient des «grossièretés» (le lecteur peut en juger par lui-même). Critiquer sur une base rationnelle n'est pas du tout la même chose « qu'être grossier ».]

On a même vu une photographie de l'évêque à qui on avait mis des cornes pour qu'il ressemble au démon.
[Diffamatoire également: cette caricature a été créée sur un autre site, dans un pays hispanophone, à l'adresse suivante : http://cruxetgladius.blogspot.com/2008/06/non-serviant.html et n'est pas l'oeuvre du groupe de Chicoutimi qui n'est pas d'accord avec ce genre de procédé.]

S'ils pensent attirer le respect avec ça je peux leur dire que non!

Dans l'article du Progrès-Dimanche on change de ton: c'est la douceur, c'est presque l'humilité. C'est fallacieux! Avec ce qu'il y a eu avant, on a l'impression qu'ils veulent se présenter en victimes. On dit que c'est même un prêtre de Québec, un jeune que nous avons vu dans ces groupes, qui viendrait célébrer selon le rite de Pie V, parce que c'est difficile d'en trouver dans la région. D'ailleurs, vous savez, j'ai 65 ans, il y a 40 ans que je suis ordonné, je n'ai jamais célébré la Messe selon le rite de Pie V. <inaudible> [Il n'est pas trop tard pour l'apprendre, plusieurs prêtres (aux États-Unis entre autres) suivent des formations pour apprendre à célébrer selon le Missel de 1962.]

La majeure partie des signataires de la pétition, au moment où je l'ai vue, peut-être ça a changé après, ce n'était pas des gens âgés pour la plupart, c'était des gens entre 20 et 30 ans. Ils n'étaient même pas nés. <inaudible> [Le Saint-Père lui-même reconnaît, dans sa lettre d'accompagnement aux Évêques, que la Messe traditionnelle convient aux personnes jeunes puisqu'il affirme : « Aussitôt après le Concile Vatican II, on pouvait supposer que la demande de l’usage du Missel de 1962 aurait été limitée à la génération plus âgée, celle qui avait grandi avec lui, mais entretemps il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement. »]

Souvent, vous savez, mais c'est pas vrai pour tout le monde, mais souvent les gens intégristes, très traditionalistes - parce que c'est important la Tradition, c'est l'exagération qui n'est pas bon - ça démontre un manque d'assurance, ça démontre une incapacité d'adaptation et c'est pas seulement sur le plan de la foi, mais sur le plan humain et dans la société du monde actuel. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile parce que les changements sont toujours rapides: regardez tout ce qui se passe partout dans le monde. Mais le retour en arrière donne une impression de sécurité. Et, dans la foi, si on pense que le fait de comprendre enlève le mystère et que ça compromet la foi, c'est qu'elle est très faible et elle n'est pas basée à la bonne place. Le contraire est vrai aussi: si on pense que le fait de ne pas comprendre augmente le mystère et rassure et resserre la foi, c'est également se leurrer. Mais dans le fond, quelque soit la liturgie, le problème le plus sérieux n'est pas là.

À l'occasion du Congrès Eucharistique de Québec, je n'ai pas pu y aller parce que j'étais seul ici en paroisse et tout le monde était parti en même temps, mais je prenais les nouvelles et les interviews qu'il y avait à la télévision. Il y a eu l'interview justement d'un jeune prêtre de ces groupes; l'interview a duré une minute et demie ou deux au plus, c'est jamais très long, mais pendant cette minute et demie ou deux, il a réussi à faire quatre erreurs théologique importantes. J'ai enseigné pendant 20 ans la théologie. Les deux principales sont les suivantes: ça d'abord été dire que le Pape était l'évêque universel et de dire dans la même phrase que le Cardinal Ouellet était le représentant du Pape à Québec. C'est une erreur ecclésiologique sérieuse. Le Pape n'est pas l'évêque universel, il est l'évêque de Rome. Et, au titre de l'évêque de Rome, il est - à l'intérieur du collège des évêques - celui qui a la charge de Pierre à l'intérieur du collège. Mais il n'est pas évêque de Chicoutimi. Et l'évêque de Chicoutimi, Mgr Rivest, n'est pas le vicaire du Pape, il est l'évêque de Chicoutimi, il est le successeur des apôtres. Comme chaque évêque, il est celui qui a la charge de toute l'Église dans son diocèse. Et ça lui a même été donné justement par le Pape. Bien sûr, comme tous les évêques, il doit le faire en union, ce qu l'on appelle en théologie la collégialité, avec les autres évêques <inaudible>. Mais c'est lui qui est le responsable de l'Église de Chicoutimi, de notre communauté chrétienne. C'est lui qui a reçu la mission, à la suite des Apôtres, d'affermir la foi de ses frères. [Concernant l'évêque, le canon 381 § 1 déclare qu'il possède: « le pouvoir ordinaire, propre et immédiat requis pour l'exercice de sa charge pastorale, à l'exception des causes que le droit ou un décret du Pontife Suprême réserve à l'autorité suprême ou à une autre autorité ecclésiastique ». Concernant le Pontife Romain, le canon 331 affirme qu'il possède : « le pouvoir ordinaire, suprême, plénier, immédiat et universel qu'il peut toujours exercer librement ».]

Si on lui demande son avis, pour après dire que c'est un imbécile [Personne n'a traité l'évêque d'imbécile, le groupe est seulement en désaccord avec ses arguments], je me demande qu'est-ce que ça donne et où on est rendu. [On est rendu à l'article 7 du Motu Proprio qui déclare : « Si un groupe de fidèles laïcs dont il est question à l’article 5 § 1 n’obtient pas du curé ce qu’ils lui ont demandé, ils en informeront l’Évêque diocésain. L’Évêque est instamment prié d’exaucer leur désir. S’il ne peut pas pourvoir à cette forme de célébration, il en sera référé à la Commission pontificale Ecclesia Dei. »]

Je suis sûr qu'il n'aimerait peut-être pas que je parle comme ça ce matin. C'est un homme bon, il ne se défendra pas. C'est toujours les mêmes qui parlent et au nom de la charité on se ferme. Alors, au nom de la charité, parfois, il faut s'ouvrir la bouche. » [C'est exactement ce que le groupe demandant la Messe tridentine fait : au nom de la charité et de la vérité, il remet en question les arguments lui interdisant l'accès à la liturgie traditionnelle.]

[Le sermon du expurgé des commentaires:]
« Ce matin, vous me permettrez de ne pas faire d'homélie comme telle, mais d'aborder un sujet un peu difficile à partir d'un événement qui s'est produit chez-nous il y a quelques temps: un groupe de personnes avait fait signer une pétition pour demander au curé d'abord, et, à l'évêque ensuite, l'autorisation de revenir à la liturgie du Pape saint Pie V, c'est-à-dire pour la Messe, avoir la Messe en latin, dos au peuple comme on avait avant le Concile Vatican II.
Le curé de la paroisse d'à côté, Jean-Roch Gaudin, après avoir consulté l'évêque, et l'évêque lui-même, après avoir étudié la question, ont demandé d'abandonner cette demande. Il avait d'ailleurs publié dans le feuillet paroissial de la paroisse la réponse.
Dimanche dernier, dans le Progrès-Dimanche, un article redemandait l'autorisation de cette Messe.
Je voudrais simplement apporter quelques éléments d'éclairage sur cette question. Tout d'abord, je voudrais que l'on regarde un peu qu'est-ce que c'est la liturgie. Si on prend une définition simple, la liturgie c'est un ensemble de rites simples, significatifs, mais pour montrer, pour faire vivre, pour réaliser l'action de Dieu en nous et dans notre monde pour aujourd'hui. En particulier, l'Eucharistie qui est la Présence réelle de Jésus, de Jésus Ressuscité au milieu de nous. Et la Messe est structurée de telle façon qu'elle est faite pour nous faire saisir trois formes de la Présence de Jésus en même temps.
La première, c'est nous: la chrétienté, l'Église, les croyants se rassemblant ensemble pour célébrer le Seigneur et prendre conscience qu'Il a dit : "Lorsque vous serez deux ou trois réunis en mon Nom, Je suis au milieu d'eux." C'est ce que nous faisons chaque dimanche et c'est la première forme de présence que la Messe nous signifie.
La seconde, c'est dans la Parole. Nous partageons un ou plusieurs textes de l'Ancien Testament comme du Nouveau Testament. L'homélie normalement a pour but de les approfondir et de nous aider, vous et moi, à le faire passer dans nos vies.
La troisième forme, évidemment, qui est la plus parfaite, c'est l'Eucharistie, c'est-à-dire, la Présence du Christ que nous recevons dans la Communion. Et, en plus, la Messe a pour but de nous faire vivre et de présenter à notre époque les grands éléments de notre salut, c'est-à-dire la Mort et la Résurrection de Jésus.
Nous en avons déjà parlé et je l'ai déjà expliqué, il y a des rites symboliques. En particulier, à la consécration, nous séparons le pain et le vin, ce qui symbolise la mort du Christ. Et, vous avez dû remarquer, juste avant la communion, le prêtre prend un morceau d'hostie qu'il met dans le calice. Il réunit le pain et la vin symboliquement pour montrer que le Christ est maintenant ressuscité, total, présent avec nous.
Et, au cours de siècles, depuis le début du christianisme, parfois lentement, parfois plus vite, mais l'Église a toujours su adapter sa liturgie au besoin de son époque pour que les gens, selon ce qu'ils sont, puissent mieux comprendre et mieux suivre cette liturgie qui réactualise la présence et le mystère de Jésus.
Je prends deux exemples importants, mais il y en aurait plus. À la fin du XVIème siècle, le Pape Pie V, qui est devenu saint par après - on l'appelle saint Pie V - a provoqué à son époque une réforme de son Église. Il a d'abord essayé d'accentuer et d'insister sur la mise en oeuvre du Concile de Trente qui avait eu lieu quelques années avant. Il a publié un catéchisme qui donnait aux chrétiens un bon résumé de la foi chrétienne et de l'interprétation théologique de ce temps. Et aussi, il a renouvelé la liturgie de l'Église de l'époque. Il a restructuré la façon concrète de célébrer la Messe, non pas le mystère, mais la façon de célébrer. Il a fait oeuvre de réforme et d'adaptation...
C'est précisément ce que le Concile Vatican II a fait en 1962 à 1965, à l'invitation du Pape Jean XXIII, qui était là à la première session du Concile et qui est décédé. Et c'est le Pape Paul VI qui a continué l'oeuvre. Mais à travers les réformes que le Concile a fait, il avait comme dessein, il a renouvelé la liturgie pour l'adapter au monde d'aujourd'hui, la rendre plus concrète et plus compréhensible. C'est comme ça qu'on a arrêté de dire la Messe dos au peuple, on s'est tourné vers les gens, que la langue a été enlevé, au lieu de lire la Messe en latin, on la lit en français, ou en polonais, ou en allemand ou en italien, selon le pays...
Donc, le Concile a voulu adapter concrètement pour nous faire vivre mieux la compréhension du mystère du Seigneur. Le Pape Jean XXIII, déjà, avait commencé quelques adaptations de la liturgie de la Messe. C'est le pape Paul VI, bien sûr, qui l'a terminé en publiant un nouveau rite pour l'Eucharistie. Et le Pape Jean-Paul II a terminé l'oeuvre en publiant, lui, un cathéchisme qui re-présente encore les grands mystères, les grandes vérités de la foi chrétienne, avec l'interprétation théologique plus ajustée au progrès de la réflexion chrétienne.
C'est dans cette optique donc, qu'un groupe dans notre région a lancé, si vous le voulez, une pétition pour demander au curé, et, par conséquent à l'évêque, l'autorisation pour ce groupe d'avoir la Messe selon le rite de saint Pie V, une Messe que l'on appelle traditionnelle, qui, au fond, n'est pas si traditionelle que cela, puisque Pie V a fait son renouveau il y a des siècles et ça veut dire que dans les seize siècles précédents, il y a eu d'autres façons de célébrer l'Eucharistie. Et si on voulait être de la Tradition la plus totale, il faudrait célébrer comme les Apôtres, dont on ne sait pas d'ailleurs comment ils célébraient.
Il y a une chose cependant que l'histoire nous démontre, s'il y a une Tradition claire dans l'Église catholique, entre autres, c'est cette capacité qu'elle a eu, et c'est presque la seule Église qui est capable de cela, à travers les siècles, de s'arrêter, de s'évaluer, de s'interroger et de renouveler ce qu'elle jugeait nécessaire...
D'ailleurs, la fête de saint Pie V est le 30 avril de chaque année. Et cette année, par un hasard intéressant, j'étais à Rome à l'occasion de la fête de Pie V. Et il y avait une Messe solennelle à la Basilique Sainte-Marie-Majeure, c'est le nom de la basilique à Rome, c'est la troisème basilique la plus importante après, évidemment, la Cathédrale de Rome et la Basilique Saint-Pierre. C'est dans cette basilique que se trouve d'ailleurs le corps du Pape Pie V. Il y avait donc une Messe avec tout le déploiement de la liturgie romaine. J'y suis allé. Il y avait des cardinaux, des évêques. J'ai été surpris. Je n'ai pas vu l'ombre de l'allusion à un rite de la Messe liturgique de Pie V. On a célébré avec le rite qui a suivi Vatican II. Et le cardinal, qui faisait l'homélie, a pris la peine de dire que Pie V après avoir expliqué plus loin <inaudible>, il a pris la peine de dire, qu'à son époque, le Pape Pie V a voulu renouvelé pour rendre plus proche la liturgie. C'est exactement ce que Vatican II a fait. Ça a été sa conclusion.
On sait tous probablement ou pas, si vous ne le savez pas je vous l'apprends, que le Pape Benoît XVI, l'an dernier, a autorisé, pour des groupes biens particuliers, et à des conditions bien spéciales, la possibilité d'avoir la Messe du rite de Pie V.
Il a expliqué, même, pourquoi. Et la première raison qu'il a donnée, et le premier groupe visé, c'était le groupe qui a débuté en France et qui s'est continué un peu ailleurs, le groupe de Mgr Lebfèvre, et qui d'ailleurs, qui se sont retirés de l'Église. Et en ajoutant cette autorisation, c'était une main tendue pour les rapprocher. Il est allé un peu plus loin. Il a souligné que si, à l'intérieur même de l'Église, il y avait des groupes depuis longtemps établis, qui n'ont jamais pu <inaudible>, qui pouvaient éventuellement peut-être se retirer, il leur tend aussi la main en l'autorisant. Il y a donc des conditions.
Mgr Rivest a fait le tour du diocèse, pas au sens qu'il a pris son auto, il a étudié tous les endroits, il a consulté et on s'est aperçu qu'il n'y avait pas dans le diocèse de groupes qui correspondaient aux conditions que Benoît XVI a données.
Et, en même temps, selon son jugement, et après également consultation des conseils qui l'assistaient, il a suggéré d'abandonner cette idée et il a donc refusé que cela se produise chez-nous.
Il faut croire que le groupe ne veut pas céder puisque dimanche dernier, dans le Progrès-Dimanche, il y avait un article "En latin s'il vous plaît. Des fidèles veulent le retour à la messe traditionnelle." Si je vous faisais lever la main, je ne suis pas sûr qu'il y en aurait tant que ça qui la lèverait.
Ce qui m'agace là-dedans, c'est l'idée évidemment, c'est la <inaudible>. Faire de la pastorale, c'est suivre globalement l'Église et c'est ce que nous faisons. C'est la fonction de l'évêque, dans son diocèse, d'animer la foi des chrétiens de son diocèse, et c'est lui qui doit nous guider.
Je ne porte pas de jugement sur les personnes et je ne connais pas tous les coeurs, et beaucoup de gens sont sincères évidemment. Mais, en même temps, je m'interroge sur des événements. Lorsqu'on fonctionne par menace, et elles ont été dites: "Si l'évêque refuse on va écrire à Rome, on finira bien par l'avoir".
Si c'est ça qu'on appelle le respect de l'Église et de l'évêque, je me demande ce que c'est. Sur un site Internet que ce groupe avait, on a vu plusieurs articles avec des mots plutôt grossiers à l'égard de plusieurs personnes dans la direction du diocèse.
On a même vu une photographie de l'évêque à qui on avait mis des cornes pour qu'il ressemble au démon.
S'ils pensent attirer le respect avec ça je peux leur dire que non!
Dans l'article du Progrès-Dimanche on change de ton: c'est la douceur, c'est presque l'humilité. C'est fallacieux! Avec ce qu'il y a eu avant, on a l'impression qu'ils veulent se présenter en victimes. On dit que c'est même un prêtre de Québec, un jeune que nous avons vu dans ces groupes, qui viendrait célébrer selon le rite de Pie V, parce que c'est difficile d'en trouver dans la région. D'ailleurs, vous savez, j'ai 65 ans, il y a 40 ans que je suis ordonné, je n'ai jamais célébré la Messe selon le rite de Pie V. <inaudible>
La majeure partie des signataires de la pétition, au moment où je l'ai vue, peut-être ça a changé après, ce n'était pas des gens âgés pour la plupart, c'était des gens entre 20 et 30 ans. Ils n'étaient même pas nés. <inaudible>.
Souvent, vous savez, mais c'est pas vrai pour tout le monde, mais souvent les gens intégristes, très traditionalistes - parce que c'est important la Tradition, c'est l'exagération qui n'est pas bon - ça démontre un manque d'assurance, ça démontre une incapacité d'adaptation et c'est pas seulement sur le plan de la foi, mais sur le plan humain et dans la société du monde actuel. Mais c'est vrai que ce n'est pas facile parce que les changements sont toujours rapides: regardez tout ce qui se passe partout dans le monde. Mais le retour en arrière donne une impression de sécurité. Et, dans la foi, si on pense que le fait de comprendre enlève le mystère et que ça compromet la foi, c'est qu'elle est très faible et elle n'est pas basée à la bonne place. Le contraire est vrai aussi: si on pense que le fait de ne pas comprendre augmente le mystère et rassure et resserre la foi, c'est également se leurrer. Mais dans le fond, quelque soit la liturgie, le problème le plus sérieux n'est pas là.
À l'occasion du Congrès Eucharistique de Québec, je n'ai pas pu y aller parce que j'étais seul ici en paroisse et tout le monde était parti en même temps, mais je prenais les nouvelles et les interviews qu'il y avait à la télévision. Il y a eu l'interview justement d'un jeune prêtre de ces groupes; l'interview a duré une minute et demie ou deux au plus, c'est jamais très long, mais pendant cette minute et demie ou deux, il a réussi à faire quatre erreurs théologique importantes. J'ai enseigné pendant 20 ans la théologie. Les deux principales sont les suivantes: ça d'abord été dire que le Pape était l'évêque universel et de dire dans la même phrase que le Cardinal Ouellet était le représentant du Pape à Québec. C'est une erreur ecclésiologique sérieuse. Le Pape n'est pas l'évêque universel, il est l'évêque de Rome. Et, au titre de l'évêque de Rome, il est - à l'intérieur du collège des évêques - celui qui a la charge de Pierre à l'intérieur du collège. Mais il n'est pas évêque de Chicoutimi. Et l'évêque de Chicoutimi, Mgr Rivest, n'est pas le vicaire du Pape, il est l'évêque de Chicoutimi, il est le successeur des apôtres. Comme chaque évêque, il est celui qui a la charge de toute l'Église dans son diocèse. Et ça lui a même été donné justement par le Pape. Bien sûr, comme tous les évêques, il doit le faire en union, ce qu l'on appelle en théologie la collégialité, avec les autres évêques <inaudible>. Mais c'est lui qui est le responsable de l'Église de Chicoutimi, de notre communauté chrétienne. C'est lui qui a reçu la mission, à la suite des Apôtres, d'affermir la foi de ses frères.
Si on lui demande son avis, pour après dire que c'est un imbécile, je me demande qu'est-ce que ça donne et où on est rendu.
Je suis sûr qu'il n'aimerait peut-être pas que je parle comme ça ce matin. C'est un homme bon, il ne se défendra pas. C'est toujours les mêmes qui parlent et au nom de la charité on se ferme. Alors, au nom de la charité, parfois, il faut s'ouvrir la bouche. »