16 novembre 2006

De l’actualité liturgique et de la foi catholique - Mgr Housset
16 novembre 2006 - catholique-montauban.cef.fr
De l’actualité liturgique et de la foi catholique Le projet qui est prêté au pape de « libéraliser » l’usage de la messe tridentine fait beaucoup parler de lui. Il n’est pas possible de réagir sur le texte du motu proprio, puisque celui-ci n’est pas paru. Et personne ne sait quand il paraîtra. Mais l’émotion suscitée par cette annonce est telle que j’estime nécessaire de partager quelques réactions et analyses.
Je ne peux que m’associer à la volonté de Benoît XVI de tout faire pour résorber un schisme qui date de près de vingt ans en cherchant la réconciliation avec ceux et celles qui ont du mal avec la liturgie rénovée par le concile Vatican II.
Viser la communion entre tous les membres de l’Église est l’une des principales responsabilités de tout évêque. Mais je suis persuadé que cette communion ne peut s’établir et progresser que dans la charité et la vérité. Charité à l’égard des personnes et vérité à l’égard de tous les conciles. L’un ne chasse pas l’autre. Ainsi, nous voyons bien que, dans ces débats, ce ne sont pas seulement des questions liturgiques qui sont en cause. C’est tout le contenu de la foi qui est concerné.
La liturgie rénovée par le concile
Au sujet de Vatican II, il n’y a pas de meilleur interprète que le pape lui-même. Au lendemain de son élection, il rappelait que ce concile reste pour notre siècle la boussole de l’Église et de l’évangélisation. Dans son discours à la curie prononcé le 22 décembre (DC n° 2350, col 59 et ss.), il précisait que c’est dans la continuité de la Tradition vivante et non dans sa rupture que la réception de ce concile pourra porter tous les fruits désirés par l’Esprit.
Célébrant la messe en paroisse tous les dimanches et fêtes à quelques exceptions prés, je rends grâce pour la qualité des liturgies du diocèse. Grâce au travail persévérant et énergique des prêtres, diacres, religieuses et équipes nombreuses, les diocésains peuvent vraiment rencontrer Dieu, accueillir ses dons, entrer dans son Mystère et grandir dans leur fraternité.
Bien entendu, des améliorations peuvent sans cesse être mises en œuvre. Par exemple une méditation plus soignée de la Parole, une articulation des temps de silence et des expressions de l’assemblée, une re-introduction du chant grégorien qui est davantage à sa place dans nos églises que comme musique d’ambiance dans les supermarchés, etc.
La liturgie exprime la foi
L’adage ancien affirme que la règle de la prière est la règle de la foi (lex orandi, lex credendi). Or, quand je lis dans une revue traditionaliste, qu’avec une langue morte comme le latin, le dépôt de la foi ne peut pas être altéré, je souffre et je m’interroge. Quelle image de Dieu est ainsi montrée ? Si Dieu est vivant, pourquoi sa Parole ne pourrait-elle pas être exprimée dans une langue vivante ?
D’autre part, toute liturgie est un acte public qui assure une certaine lisibilité de la foi. Comment celle-ci sera-t-elle perçue si l’Église, en mettant sur le même plan la messe de Pie V et celle de Paul VI, donne l’impression qu’elle revient en arrière ? Quel serait l’impact de cette régression dans une société tentée par la frilosité et la nostalgie ? Le Christ ne nous invite t-il pas plutôt à nous tourner vers l’avenir ?
Quoi qu’il en soit, j’ose espérer qu’un accord pourra, au moins, être trouvé sur le calendrier et le lectionnaire. Nous souffrons déjà de ne pouvoir célébrer la fête de Pâques avec l’ensemble des chrétiens. Il serait regrettable d’ajouter, dans nos diocèses, une nouvelle atteinte à l’unité visible de l’Eglise.
X Bernard HOUSSET
Évêque de MONTAUBAN
16/11/2006