5 avril 2007

Mgr Barbarin : «Il n'y a pas une Eglise nouvelle contre une Eglise ancienne»
5 avril 2007 - la-croix.com
Mgr Barbarin : «Il n'y a pas une Eglise nouvelle contre une Eglise ancienne»

Le cardinal Philippe Barbarin évoque les enjeux chrétiens de la présidentielle

Le primat des Gaules était jeudi 5 avril l’invité de l’émission «Face aux chrétiens», animée par Frédéric Mounier. Il était interrogé par Jean-Marie Guénois (La Croix), Jean-François Bodin (RCF) et Pierre Moracchini (Radio-Notre-Dame). Extraits.

Quel est l’enjeu des échéances électorales pour les chrétiens ?
CARDINAL Barbarin : Les catégories « droite-gauche » ne conviennent pas au chrétien. Pour le disciple du Christ, c’est l’amour dont le Christ aime les gens et la vie qui doit diriger sa façon d’agir. Les clivages politiques sont donc d’une autre nature. En Allemagne, il y a des chrétiens-démocrates, en France des démocrates-chrétiens qui ne le disent pas. Ce que je souhaite, c’est que les chrétiens soient des chrétiens et qu’ils prennent davantage la parole, parce qu’on a le droit d’être chrétien ! C’est un service social, et non une revendication pour un parti catholique ou une société chrétienne. Prendre la parole, non pour notre groupe, mais par une parole de bonté pour l’homme parce que nous sommes sûrs que cette parole est bonne pour l’homme.

Nous sommes en effet à un tournant de taille, et je me demande quel rempart ne va pas sauter… Pensez à ce procès récent sur l’inceste, en Allemagne, qui est pourtant un interdit fondamental de notre société. La démocratie n’est qu’un mode de fonctionnement – le meilleur que l’on connaisse –, mais la démocratie n’est pas Dieu, elle peut parfois perdre la tête. Benoît XVI va-t-il rétablir la messe en latin ?
Il ne s’agit pas du tout du retour de la messe en latin. C’est une option tout à fait déterminée de Benoît XVI. Il tente une œuvre de pacification, en rappelant que la messe ancienne n’est pas interdite, comme l’avait déjà fait Jean-Paul II en 1988. Mais ce pape veut revoir la question précise de l’autorisation de cette messe. Quant au véritable travail d’unité, il se fera à partir de l’enseignement même du Concile.

Le but du pape n’est pas de semer la pagaille dans nos paroisses et dans nos diocèses – même si c’est un vrai risque, que nous sommes allés expliquer à Rome. Benoît XVI a été très impressionné par ce que lui a dit le cardinal Ricard. Il en tient compte, mais je ne sais pas ce que sera la dernière mouture du texte, car nous parlons d’un texte que nous ne connaissons pas. L’islam vous inquiète-t-il ?
C’est vrai qu’il y a beaucoup d’endroits où les chrétiens ne peuvent pas prier, la réciprocité n’y est pas respectée, et c’est une injustice grave. Nous avons le droit de le faire entendre, et les musulmans nous entendent. Mais je viens de vivre une expérience tellement extraordinaire en Algérie, que mon maître mot est qu’il ne s’agit, ni de nous écouter, ni de dialoguer, ni de nous tolérer, mais de beaucoup plus que cela : il s’agit de nous aimer, et même de nous admirer mutuellement ! Charles de Foucauld a retrouvé sa ferveur de chrétien par l’admiration qu’il avait de la ferveur des musulmans. Comment va l’Église de France ?
Une génération se lève, elle a un punch incroyable, une attente et une demande. Cette foi sort des cadres et des structures qui ont perdu de la vitalité. Mais il n’y a qu’une seule Église. Pas une Église nouvelle contre une Église ancienne.