29 janvier 2009

Le Bon Pasteur
29 janvier 2009 - Koz - la-croix.com
A-t-on encore une chance d’évoquer la levée des excommunications des évêques de la Fraternité Saint-Pie-X sans en passer par Williamson ? C’est probablement illusoire et c’est en partie illégitime, puisque Williamson fait partie intégrante de cette fraternité. Mais essayons tout de même de ne pas laisser polluer le débat par cette seule question, ne laissons pas Williamson vampiriser l’initiative de Benoît XVI. Nous y reviendrons de toutes façons.
Allons droit au but : pour ma part, je salue la décision du pape comme une initiative authentiquement pastorale et chrétienne. Sommes-nous prêts à accepter que sa démarche ne réponde pas à nos logiques temporelles ? L’Evangile nous dit d’aimer nos ennemis, “que si vous aimez ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? Même les pêcheurs aiment ceux qui les aiment”. Est-il naïf de penser que cette décision de Benoît XVI n’est pas forcément logique selon le monde, mais qu’elle l’est selon la foi ?
Je ne me fais pas d’illusions. Et je ne serai pas indûment indulgent. Si l’on veut invoquer auprès de moi le fils prodigue, alors il faudrait qu’ils se jettent aux pieds du Père et qu’ils disent : “Père, je ne suis pas digne d’être appelé ton fils, traite-moi comme l’un de tes ouvriers”.
Une telle exigence paraît irréaliste. Certains semblent prêts à retrouver le Père à la condition expresse qu’il range d’abord la baraque, qu’il leur donne la place du fils aîné et qu’il déclare que le fils aîné l’a trahi. Au lieu de la supplique du fils prodigue, j’entends qu’il n’y aura pas de concession, parce qu’on ne transige pas avec la Vérité, la leur…
Mais que le Père soit sur le chemin, qu’il guette le retour de son fils, quand bien même j’ai quelques préventions à son encontre, cela devrait-il me choquer ? Me surprendre ? ” Quel homme d’entre vous, s’il a cent brebis, et qu’il en perde une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?”. 1 %, ce n’est même pas le ratio d’intégristes, mais on est d’accord, n’est-ce pas ?, c’était une image…
Ne soyons pas naïfs, certes. Ne transigeons pas non plus sur l’essentiel. N’abandonnons pas Vatican II à ses caricatures et gardons le sens d’une Tradition vivante. Mais essayons d’espérer que l’acte ainsi posé montre aux fidéles intégristes où se trouve la foi catholique en actes, qu’il leur montre où s’illustrent, à défaut de “lutte pour la chrétienté”, les véritables vertus catholiques. Il sera toujours temps de se résigner plus tard, si cela doit advenir, en sachant que l’on aura fait tout notre possible pour restaurer l’unité de l’Eglise.
Koz