1 novembre 2013

[Credidimus Caritati] Mgr Lefebvre : Comment envisager une solution à la crise ?

SOURCE - Credidimus Caritati - 1 novembre 2013

Le 24 février 1977, on interroge Mgr Lefebvre sur l’avenir : « Comment envisager le retour à une situation normale ? » lui demande-t-on. Très prudemment, le fondateur de la FSSPX n’impose pas – il ne l’a d’ailleurs jamais fait – un cahier des charges. Il remet cela à la Providence, tout en disant de manière réaliste que la solution proviendrait du pape. En revanche, il insiste beaucoup sur la manière de se comporter en attendant. Plus les actes posés ou les propos tenus par les autorités provoquent le scandale, plus il est tentant d’assouvir des passions en vidant son sac, en recourant à des jugements emportés ou des termes excessifs. Mgr Lefebvre bannit ces mauvais moyens. Il préconise à l’inverse le respect de la hiérarchie, l’affranchissement des anathèmes ou des polémiques stériles et il invite à déployer une véritable « affection sacerdotale » auprès des prêtres extérieurs.
« Dès lors qu'il s'agit de l'avenir, nous savons qu'il appartient à Dieu et qu'il est donc difficile de faire des prévisions. Cependant constatons d'abord que l'anomalie dans l'Église n'est pas venue de nous, mais bien de ceux qui se sont efforcés d'imposer une orientation nouvelle à l'Église, orientation contraire à la Tradition et même condamnée par le Magistère de l'Église. Si nous apparaissons être dans une situation anormale, c'est parce que ceux qui ont l'autorité aujourd'hui dans l'Église brûlent ce qu'ils adoraient autrefois et adorent ce qui était brûlé autrefois. Ce sont ceux qui se sont écartés de la voie normale et traditionnelle qui auront à revenir à ce que l'Église a toujours enseigné et toujours accompli. 
« Comment cela pourra-t-il se faire ? Humainement parlant il semble bien que seul le Pape, disons un Pape, pourra rétablir l'ordre détruit dans tous les domaines. Mais il est préférable de laisser ces choses à la Providence divine. 
«Toutefois notre devoir est de tout faire pour garder le respect de la hiérarchie dans la mesure où ses membres en font encore partie, et de savoir faire la distinction entre l'institution divine à laquelle nous devons être très attachés et les erreurs que peuvent professer de mauvais bergers. Nous devons faire tout ce qui est possible pour les éclairer et les convertir par nos prières, notre exemple de douceur et de fermeté. 
« A mesure que nos prieurés se fondent, nous aurons ce souci de nous insérer dans les diocèses par notre véritable apostolat sacerdotal soumis au successeur de Pierre, comme successeur de Pierre, non comme successeur de Luther ou de Lamennais. Nous aurons du respect et même de l'affection sacerdotale pour tous les prêtres, nous efforçant de leur rendre la vraie notion du sacerdoce et du sacrifice, de les accueillir pour des retraites, de prêcher des missions dans les paroisses comme le bienheureux de Montfort, prêchant la Croix de Jésus et le vrai Sacrifice de la Messe. 
« Ainsi par la grâce de la Vérité, de la Tradition, les préjugés à notre sujet s'évanouiront, du moins de la part des esprits encore bien disposés, et notre future insertion officielle en sera grandement facilitée. Évitons les anathèmes, les injures, les quolibets, évitons les polémiques stériles, prions, sanctifions-nous, sanctifions les âmes qui viendront à nous toujours plus nombreuses, dans la mesure où elles trouvent en nous ce dont elles ont soif, la grâce d'un vrai prêtre, d'un pasteur des âmes, zélé, fort dans sa Foi, patient, miséricordieux, assoiffé du salut des âmes et de la gloire de Notre Seigneur Jésus-Christ [1].»
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[1] Mgr Lefebvre, le coup de maître de Satan, éd. Saint-Gabriel, 1977