9 novembre 2013

[Mgr Lefebvre - Credidimus Caritati] Même dans la crise, « douceur, bonté, patience, longanimité ! »


SOURCE - Mgr Lefebvre - Credidimus Caritati - 9 novembre 2013

Comme Mgr Lefebvre aurait pu se révolter ou se décourager devant les événements sous prétexte qu’ils étaient pires que ceux de la veille ! Tant de ses confrères évêques ou prêtres ne sont-ils pas usé par les défaites et les revers ? Relégué maintes fois par les prélats de son époque, traîné dans la boue par les médias en tous genres, il a dû faire face aux calomnies comme aux scandales les plus grands dans l’Église. Pourtant, c’est toujours la joie chrétienne qui a rayonné en lui. Nulle rage, nulle aigreur, nul découragement. Lorsqu’il prêchait la vérité, c’est une bonté sans borne pour l’âme de ses interlocuteurs qui animait constamment sa fermeté dans la doctrine.

Le 18 mai 1986, en la fête de la Pentecôte, il donnait ce conseil à ceux qui lui faisaient confiance : Gardez, même dans les épreuves, la douceur, la bonté, la patience et la longanimité. Pourtant, un mois auparavant, le pape avait pénétré dans une synagogue. Quatre mois auparavant, c’est dans la stupeur que le monde catholique avait accueilli l’annonce de la journée interreligieuse de la paix qui devait se dérouler en octobre à Assise. Le fondateur de la Fraternité avait tout motif de sombrer dans une dénonciation sans limite, voire dans un discours rageur et aigre. Aujourd’hui, par excès ou par usure, nous pourrions être exposés aux mêmes écueils.

Sans doute le secret de cette figure qui traverse toute la crise avec une extraordinaire abnégation réside-t-il dans cette charité qui l’a jadis fait évangéliser l’Afrique puis sillonner le monde. Jusqu’à son dernier souffle, il ne s’est jamais affranchi de sa devise épiscopale : Et nos credidimus caritati.
«Quels seront les fruits du Saint-Esprit au cours de cette vie terrestre, dans ces contacts avec les événements quotidiens, avec les difficultés, les épreuves, les doutes, les hésitations, les angoisses ? Saint Paul énumère la patience, la bénignité, la bonté, la longanimité. Voilà les fruits qui relèvent en définitive de l’espérance. Les Apôtres ont désormais les yeux fixés sur le Ciel, les yeux fixés sur Dieu, sur le bonheur éternel qu’ils attendent avec un espoir profond. In te Dómine, sperávi, non confúndar in ætérnum (Ps 70, 1). « En vous, mon Dieu, j’ai placé mon espoir, et nous ne serons pas confondus », c’est bien ce qu’ils devaient se dire. Dès lors toutes les choses de la terre leur apparaissent sous un autre jour, ils n’y sont plus attachés. Dans les difficultés, dans les souffrances, dans les angoisses, ils avaient ces dispositions de patience, de bonté, de douceur, de longanimité. N’est-ce pas ce que l’on rencontre chez les vrais chrétiens, chez les vrais catholiques ? Ce visage de douceur, de bonté, de patience, de longanimité dans les épreuves, dans les difficultés, dans les soucis quotidiens? […]

«Examinons-nous. Avons-nous conscience d’avoir reçu les fruits du Saint-Esprit ? Avons-nous conscience d’être vraiment près de Dieu, d’avoir Dieu en nous, de connaître Dieu, de mesurer la charité de Dieu ? Rappelons-nous la magnifique épître de saint Paul que nous lisons si souvent à l’occasion de la fête du Sacré-Cœur, l’épître aux Éphésiens, dans laquelle saint Paul décrit la hauteur, la profondeur, l’immensité de la charité de Dieu (Ép 3, 18-19). Avons-nous conscience de cette charité de Dieu envers nous ? Vivons-nous vraiment près de Dieu ? Et par conséquent, est-ce que nous partageons la paix et la joie de Dieu, dès ici-bas, par la présence du Saint-Esprit en nous, par l’effusion du Saint-Esprit en nous?

«Est-ce que nous participons aussi à tous ces fruits qui nous sont donnés, pour marcher vers notre éternité au milieu de toutes les difficultés de ce monde, au milieu de toutes les tentations de ce monde corrompu, de tous les obstacles qui se présentent à notre vie chrétienne, et de tous les attraits du péché ? Vivons-nous vraiment de ces fruits du Saint-Esprit qui sont la patience, la bonté, la douceur, la magnanimité, la longanimité ? Comme il est bon de se rappeler ces choses ! Tous les jours, peut-être, nous avons à exercer ces vertus, ou alors nous nous révoltons devant les événements qui nous entourent, et nous nous opposons à la volonté du Bon Dieu. Lorsque nous souffrons, comme nous souffrons aujourd’hui dans l’Église et par l’Église, sommes-nous dans ces dispositions de patience, de douceur, de mansuétude vis-à-vis des épreuves que le Bon Dieu permet que nous subissions, même de la part de nos frères?»
Ecône, Sermon du 18 mai 1986