SOURCE - Le Courrier de l'Ouest - 23 juin 2014
Pour la deuxième année, la Fraternité Saint-Pie X a appelé les traditionalistes à revivifier la procession du Grand Sacre. Un défilé au décorum flamboyant, pour rappeler le catholicisme d'avant Vatican 2.
Pour la deuxième année, la Fraternité Saint-Pie X a appelé les traditionalistes à revivifier la procession du Grand Sacre. Un défilé au décorum flamboyant, pour rappeler le catholicisme d'avant Vatican 2.
L’an dernier, ce fut une surprise de voir cette longue théorie de bannières aux fils d'or et d'oripeaux ornés de fleurs de lys entre le quai Ligny et la place du Tertre. 46 ans après son arrêt en 1967, la procession du Saint Sacrement reprenait de la voix, en français et en latin. 600 chrétiens proches des positions traditionalistes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), fondée par Monseigneur Lefebvre en 1970, avaient défilé en chantant cantiques et Ave.
Hier, à 16 heures, pour cette deuxième résurrection du Grand Sacre, tout aussi haute en couleur, les fidèles sont à peu près aussi nombreux quai Ligny. Les prêtres et les sœurs affichent le noir et blanc de rigueur, les Scouts catholiques du Doran arborent un kaki discret et
les fillettes de la Croisade eucharistique portent fièrement une croix rouge sur leur tunique blanche. «Oui, nous avons volonté de christianiser le monde, nous affirme en préambule l'abbé Dominique Rousseau. Il n'y a que Notre Seigneur Jésus-Christ qui dise la vérité. Je ne suis que son instrument».
« Tout s'est effondré avec Vatican 2 »
Arrivé il y a un peu plus d'un an au prieuré Saint-Louis-Marie Grignion de Montfort à Faye-d'Anjou, l'abbé Rousseau a relancé en quelques mois ce Grand Sacre, cérémonie angevine datant du XIe siècle. En 800 ans, seule la Révolution avait interrompu ce rite flamboyant.
«Tout s'est effondré avec Vatican 2», lâche-t-il.
Il faut un bon quart d'heure pour que la masse s'organise en procession. Les premiers piétinent au feu de la rue Beaurepaire que les derniers n'ont pas encore traversé le pont de Verdun. Les pétales de rose jonchent le bitume. «Je suis chrétien, voilà ma gloire!» chante au micro l'abbé Rousseau. «Allez-y les gars, on y croit», glisse au passage un plaisantin, sans entamer la concentration des participants. Vincent, patron du bar concert « Tes rock coco », qui vient de terminer le ménage de la Fête de la musique, la joue large: «12 heures avant, on envoyait du son à plein. Et voilà maintenant la foi immuable. Je respecte tout».
À 16 h 45, après un parcours encadré sur les pavés de la Doutre, les fidèles s'agenouillent devant le tertre Saint-Laurent. Christophe, témoin critique, réagit : «Heureusement que ce ne sont pas des musulmans qui font cela». Jean-Marie, venu en observateur, est sceptique : «Ce que je crains, ce sont les déviances politiques». Pour lui, la frontière entre le traditionalisme et l'intégrisme est poreuse.
Si, il y a 50 ans, l'Eglise catholique était encore le maître d'oeuvre du Grand Sacre, elle a pris ses distances avec ce renouveau. «L’an passé, nous avions rencontré Monseigneur Delmas, indique l'abbé Rousseau. Il n'a pas voulu ni s'associer, ni la reprendre à son compte». À ce jour, la Fraternité Saint-Pie X n'a toujours pas reconnu l'autorité du pape.
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Source : Courrier de l’Ouest, 23 juin 2014