SOURCE - SOS Africa - FSSPX - juin 2014
Bonjour mon Père, vous êtes le collaborateur local du prieur de la mission à Enugu, pouvez-vous vous présenter rapidement à nos lecteurs et nous détailler votre parcours avant et après votre ordination?
J'ai été ordonné prêtre dans l'Ordre de Saint -Augustin en 1999. Pendant ma formation, je ne savais pas grand’chose sur la crise de l’Eglise. En cours de théologie, on nous disait que Mgr Lefebvre avait été excommunié de l'Eglise pour avoir désobéi au pape et rejeté Vatican II. Chaque aspect de la liturgie catholique, de la théologie et de la discipline était réinterprété selon les principes libéraux de Vatican II.
Voilà la formation que j'ai reçue.
Mon premier contact avec la Tradition remonte à 2001 quand je suis allé rendre visite à un prêtre de ma paroisse qui avait rejoint la Fraternité Saint Pierre. En 2003, j'ai passé un mois avec ce prêtre et il m'a appris à célébrer la messe traditionnelle. En 2004, j'ai obtenu la permission de rester avec la Fraternité Saint Pierre, ce fut pour moi l'occasion d'étudier la vie de Mgr Lefebvre et de sa Fraternité. Ces réflexions m'ont conduit à abandonner la Fraternité Saint Pierre, persuadé du bien-fondé de la position de Monseigneur.
En 2005, Mgr Fellay m’a envoyé pour deux ans au prieuré du Gabon. En 2007, je suis envoyé au séminaire de Winona, aux Etats-Unis, parfaire ma formation, c'est là que j'ai fait mon premier engagement dans la Fraternité. En 2009, j'ai été envoyé au Kenya comme aumônier des Sœurs Missionnaires de Jésus et de Marie.
En 2010, je suis retourné au Nigeria afin de préparer la création du premier prieuré de la Fraternité en Afrique de l'Ouest. C’est ainsi que, le 26 Août 2012, le prieuré de Saint-Michel Archange a été inauguré à Enugu, dans l’Est du Nigeria. Beaucoup des fidèles avec qui j’étais en contact au Nigeria depuis 2005 étaient restés fidèles à la Tradition, lorsque j’étais au Gabon et au Kenya, je les visitais de temps en temps pour les encourager.
Quels sont vos liens actuels avec l’Eglise Catholique Nigériane?
Au Nigeria, de nombreux catholiques ignorent la crise de la Foi qui ravage l'Église, tant dans le clergé que chez les laïcs. Les églises sont pleines le dimanche et les vocations nombreuses. Mais avec l'affaiblissement de la Tradition, il y a beaucoup de superficialité.
Toutefois, l’expansion du libéralisme est plus lente au Nigeria qu'en Europe, même s'il s'installe de plus en plus. Notre région, le territoire Igbo, accueille 13 diocèses, 3 320 prêtres séculiers, 2 400 grands séminaristes, 12 millions de fidèles, et abrite les 3 plus grandes congrégations féminines autochtones en Afrique : les Filles de Marie Mère de Miséricorde avec 950 membres ; les Filles du Divin Amour avec 920 membres et les sœurs du Cœur Immaculé de Marie avec 700 membres.
Quels sont les perspectives de développement de la Tradition au Nigéria?
Le développement de la Tradition est lent au Nigeria parce que les fidèles sont très soumis à la hiérarchie.
Quelquefois, les évêques intimident ceux qui demandent la messe traditionnelle en latin. Toutefois, il y a ceux qui ont compris les problèmes et sont prêts à passer outre afin de maintenir leur Foi intègre. Ça n'est pas facile. L'accroissement de la Tradition reste encore lent, mais ceux qui ont le courage d'embrasser la Tradition malgré la pression constituent une base solide pour l'avenir.
Parlez-nous maintenant de votre mission à Enugu. Combien avez-vous de paroissiens fidèles? D’où viennent-ils?
Indépendamment des autres centres de messe que nous desservons ailleurs, à Enugu, nous avons environ 120 fidèles qui assistent à la messe dominicale. Il y a toujours du monde, matin et soir, pour les messes quotidiennes. La mission est en pleine expansion, en dépit de l'opposition de l'évêque et des prêtres locaux.
Ceux qui viennent à la mission sont convaincus et ne se laissent donc pas intimider. Ici, à Enugu, j'enseigne chaque lundi soir le catéchisme à une moyenne de 25 adultes. Nous avons aussi le catéchisme des enfants le samedi. Je collabore avec le Père Peter, le Prieur de la Mission, pour tout ce qui est nécessaire au développement de celle-ci.
Comment voyez-vous les perspectives de développement de votre mission?
Un essai de fondation ayant échoué en 2012, je suis resté seul pendant un an. Ma joie fut donc grande quand, en décembre 2013, les Pères Peter et Benedict sont arrivés. A présent, nous sommes une bonne équipe et c'est plus facile pour travailler. Il n'y a rien de tel que le soutien fraternel et la collaboration dans le travail missionnaire. Les deux prêtres français ont un vrai esprit missionnaire. Il s'agit évidemment ici d'une autre culture et d'un environnement différent de ce qu'ils ont connu en Europe, mais ils ont une détermination admirable.
Avec une équipe si généreuse et déterminée, la croissance de notre Mission au Nigeria est assurée, si Dieu le veut…