28 février 2012

[Hélène Rouquette-Valeins - Sud Ouest] Paroisse Saint-Éloi à Bordeaux : les "tradis" qui font toujours débat chez les catholiques

SOURCE - Hélène Rouquette-Valeins - Sud Ouest - 28 février 2012

"Un décalage abyssal avec notre siècle"... Chrétiens sans frontières écrit au cardinal Ricard à propos de Saint-Éloi, le refuge bordelais des traditionnalistes
 
«Alors que nous nous apprêtons à fêter un anniversaire qui nous tient à cœur, Vatican II, qu'un synode des évêques est annoncé courant 2012, serait-il question d'ouvrir les portes des lefebvristes dont on connaît les objectifs ? » Huit membres du collectif Chrétiens sans frontières Gironde viennent d'écrire au cardinal archevêque de Bordeaux, Jean-Pierre Ricard pour s'inquiéter de la « réintégration » de la paroisse Saint-Éloi dans le diocèse. Le collectif adhère à la fédération du Parvis. Les réseaux du Parvis regroupent depuis dix ans au sein de cinquante associations françaises, 7 à 10 000 chrétiens, catholiques d'ouverture, protestants libéraux, unitariens. Les chrétiens unitariens refusent d'adhérer au dogme de la Trinité et prônent la recherche perpétuelle de la vérité.
« L'image d'un bastion »
Dans leur lettre, les membres du collectif se disent préoccupés « par le manque de lucidité de l'institution Église qui donne au monde l'image d'un bastion qui se protège et tente de se reconstruire et se défendre avec des armes désuètes et, ô combien dépassées. Comment pouvons-nous aujourd'hui encore, ne pas y voir un décalage abyssal avec notre siècle ? »
 
Concernant l'affaire Saint-Éloi, érigée en institut pontifical en 2006, les choses semblent assez claires. L'institut du Bon Pasteur a été érigé en « société de vie apostolique », regroupant à l'origine sous la houlette de l'abbé Laguérie, six membres fondateurs. A ce jour il compte douze prêtres, douze séminaristes. Issue de la Fraternité Saint Pie X, c'est une communauté dédiée au rite traditionnel.
 
La « réintégration » à laquelle font allusion les signataires du collectif, concerne la signature en février 2007 d'une convention entre l'archevêque de Bordeaux et l'institut, qui autorise les membres de l'institut du Bon Pasteur à utiliser le missel romain et prévoit la prise en charge des salaires et le versement du denier du culte. Mais cette convention a été signée « pour cinq ans et ad experimentum. » Les opposants à cette ouverture aux lefebvristes, voient donc arriver l'anniversaire en se posant des questions. Et ce d'autant que Mgr Ricard n'a pas l'air de vouloir répondre.
Les raisons du silence
Deux raisons semblent expliquer ce silence. Premièrement, les négociations entamées depuis trois ans entre le Vatican et Mgr Fellay, supérieur général de la Fraternité Saint Pie X, sont sur le point d'être rompues. Le successeur de Mgr Lefebvre a prononcé un sermon le 2 février dernier dans lequel il annonçait qu'il était impossible de signer le préambule doctrinal proposé par le Pape Benoît XVI. Il semblerait que Mgr Fellay ne serait pas reconduit sans ses fonctions lors de la prochaine élection qui verrait consacrer Bernard Tissier de Mallerais.
 
On peut donc penser que Mgr Ricard, qui a été obligé en 2006 d'avaler son col romain, ne soit pas pressé de répondre à l'aile la plus à gauche de son diocèse. Mais autre chose l'incite aussi à la discrétion. Des bruits insistants dans les couloirs du Vatican, laissent filtrer le nom du cardinal archevêque de Bordeaux comme nouveau préfet pour la congrégation pour la doctrine de la foi. Ce qui l'obligerait à quitter Bordeaux pour Rome. Et à « monter » dans la hiérarchie.