19 mai 2017

[Pierre Saint-Servant - Présent] «Vous n’êtes pas seul» - Entretien avec l’abbé Alexis Garnier, aumônier du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté

SOURCE - Pierre Saint-Servant - Abbé Alexis Garnier - Présent - 19 mai 2017

— Pour cette nouvelle édition, le thème du pèlerinage met à l’honneur la Sainte Vierge, avec toujours cette ligne directrice de rappeler les fondamentaux de la foi ?
— Effectivement. La Sainte Vierge est à l’honneur, pour plusieurs raisons. D’abord, ce pèlerinage est marial ; il est né au Mesnil Saint-Loup, sous l’égide de Notre-Dame de la Sainte Espérance, et il conduit à Chartres, reliquaire du voile de la Vierge. « De votre nom des villes à votre nom des champs », disait Péguy en une belle formule. Son fil est le chapelet qui porte la prière des pèlerins. Beaucoup se consacrent à Marie le dimanche soir (plus de 600 cette année). De plus, nous vivons le centenaire des apparitions de Fatima. Nous avons aussi choisi de méditer sur l’invocation « Sainte Marie, Mère de Dieu ».
— Nous sortons d’une période électorale fébrile, qui a démontré que la crise spirituelle s’aggrave. Que viennent chercher les marcheurs durant ces trois jours ?
— Plus que jamais se vérifie l’alternative lapidaire formulée par le cardinal Sarah ; « Dieu, ou rien ». Et le « rien », c’est la tentative d’effacer les derniers fondements de la loi naturelle. Effrayante conséquence et prolongement moderne du « vous serez comme des dieux », inspiré par l’ange révolté. Alors, les pèlerins de Chartres viennent d’abord pour répondre à l’appel de Dieu. Un « fiat », un oui à la voix du Créateur, au milieu de bien des « non serviam », des négations et des refus de Dieu. Ils viennent prier, se détacher, s’entraider sur la route de Chartres. Ils viennent adorer, à l’école de la liturgie traditionnelle, (re)découverte lors des grand-messes de chaque jour. Ils viennent s’agenouiller… pour mieux se relever et rester debout dans les difficultés. Cet acte de prière, de pénitence, de foi et de charité les fortifie. Il permet de prendre et tenir des engagements au service de l’Eglise et de la Cité. Il élève et consolide les liens de famille, de communauté. Le pèlerinage redit à chacun de nous : « Vous n’êtes pas seul ! »
— Le pèlerinage est vigoureux, les jeunes générations s’y pressent nombreuses et s’y succèdent. Péguy parlait de « ceux qui se taisent, les seuls dont la parole compte », c’est donc cette relève qui vient « se taire » quelques jours pour mieux faire entendre la voix catholique ?
— Nous ne faisons pas de « jeunisme ». Nous devons beaucoup aux anciens, qui ont suscité cette belle œuvre. D’une main, nous voulons recevoir avec reconnaissance cet héritage de la Tradition catholique et française, de l’autre nous voulons y apporter notre contribution ; nos talents, nos forces mises au service du vrai, du bien, du beau. Et il y a une jeune génération qui se lève avec courage, effectivement. C’est un signe d’espérance face aux attaques que l’Eglise et la France ont à endurer aujourd’hui. Le silence de ces journées de pèlerinage est fécond, pour qui sait y entrer. Il est plein de Dieu. Il donne ensuite le courage de témoigner de la vérité, de professer la foi sans peur et sans complexe.
Propos recueillis par Pierre Saint-Servant