13 décembre 2018

[Abbé Pierre Célestin N'dong Ondo - Reconquista] Second voyage missionnaire en Ouganda (14 - 30 novembre 2018)

SOURCE - Abbé Pierre Célestin N'dong Ondo - Reconquista - 13 décembre 2018

Certains de nos lecteurs ne connaissent peut être pas bien encore M l'abbé N'dong Ondo. C'est un ancien confrère de la Fraternité ordonné en 2001 à Ecône. Victime des injustices et des purges arbitraires de Mgr Fellay, la providence l'a donc obligé à rester au Gabon.  Fidèle, lui aussi à la Tradition et à Mgr Lefebvre, il s'est donc tourné vers les évêques de la Fidélité, sous l'autorité morale desquels il fait son apostolat. Et Dieu bénit manifestement son labeur, fruit d'années de sacrifices. Dans son dernier bulletin il nous fait part de son  aventure missionnaire en Ouganda : 
1. Un jour à Kampala
Nous décollons de Libreville avec une heure de retard en raison d'une forte pluie en cet après-midi du 14 novembre. Au décollage de Kigali, au Rwanda, nous avons à nouveau une heure de retard pour une raison qui m'est inconnue. Nous arrivons donc à Entebbe, en Ouganda, avec une heure de retard à 2h du matin.

Quand je sors de l'aéroport, j'ai la désagréable surprise de constater que je ne suis pas attendu. Des personnes de bonne volonté me viennent en aide et appellent mes deux contacts en Ouganda. Mais à cette heure tardive de la nuit, personne ne répond car ils dorment du sommeil du juste. Une heure plus tard, une personne de bonne volonté appelle à nouveau et enfin Francis répond. Francis est le coordinateur de notre apostolat en Ouganda. Il est surpris de me savoir à l'aéroport car il m'attendait pour le lendemain. Six heures plus tard, il arrive enfin à l'aéroport : il était temps !

Il me conduit chez une famille, membre des Marian Workers. Je découvre ce mouvement marial pour la première fois. Plus tard, j'apprendrais que cette famille est en fait à l'origine de ce mouvement marial. Nous passons juste la nuit et le lendemain après-midi, nous nous dirigeons vers Masaka, à environ 3h de route de Kampala. La famille et les autres personnes présentes me demandent de revenir car elles veulent assister à nouveau à la messe tridentine. Je leur réponds de ne pas s'inquiéter car j'ai prévu de revenir pour prêcher une retraite de saint Ignace.
2. Deux jours à Masaka
A notre arrivée à Masaka, je suis reçu en grande pompe avec des chants traditionnels. Dans la soirée, Agatha, nous rejoint. C'est mon second contact en Ouganda et elle travaille en soutien à Francis. Nous sommes chez maman Anastasia, une sexagénaire avec un caractère bien trempé. Lors des changements liturgiques, elle a décidé purement et simplement de ne plus mettre les pieds à l'église. Pendant toutes ces années, son grand désir était de pouvoir assister à nouveau à la messe comme avant.
   
Le lendemain samedi, je prépare les baptêmes du dimanche. A l'origine, huit baptêmes étaient prévus mais trois familles se sont désistées par crainte du curé. Il restait donc cinq enfants à baptiser dont une fillette de sept ans. Malheureusement, elle n'a pas pu répondre de façon satisfaisante aux questions de catéchisme. Elle sera donc baptisée lors de mon prochain voyage en Ouganda.

Le lendemain dimanche, après la messe, je baptise quatre enfants puis nous prenons un repas de réjouissance tous ensemble. Ensuite, c'est le départ pour Kabale, lieu de naissance de Francis. Je laisse derrière moi un groupe de plus de cinquante personnes très intéressées par la messe de toujours. Ce groupe est sous la ferme et maternelle direction de maman Anastasia. Elle était dans une joie extraordinaire de pouvoir enfin assister à nouveau à cette messe qu'elle avait connue dans sa jeunesse. Plus tard, j'apprendrais qu'elle est un membre des Marian Workers.
3. Quatre jours à Kabale
Nous arrivons très tard à Kabale et nous passons la nuit chez les parents d'Agatha. Le lendemain, nous devons trouver refuge chez les Marian Workers, tout près de là. Les parents d'Agatha ne peuvent pas me garder plus longtemps par crainte du curé.

Les Marian Workers de la localité sont regroupés depuis un ou deux jours dans une résidence mise à leur disposition par une dame vivant en Angleterre. En fait, ils m'attendent car ils veulent la messe tridentine. Il est prévu que je passe quatre jours en leur compagnie. Ils auront donc la messe de toujours mais je leur donnerai aussi quelques cours de catéchisme du concile de Trente.

A mon arrivée, il a bien au moins une cinquantaine de personnes en prières. Je remarque une femme habillée en religieuse et une autre qui pleure en se roulant sur le sol. Pour la messe du lendemain, la salle est bondée, il y a environ 70 personnes. Lors de la communion, la dame en pleurs de la veille s'écroule immédiatement après avoir reçu la sainte hostie. Je suis très intrigué par une telle chose. Après la messe, je remarque un monsieur allongé comme inconscient et la dame habillée en religieuse est également allongée comme en extase. Je me demande alors à qui ai-je affaire ? Où suis-je?

Un peu plus tard, la dame habillée en religieuse et trois autres personnes responsables du groupe demandent à me parler. Je pense qu'ils ont remarqué mon étonnement devant toutes ces manifestations. Ils m'expliquent que cela est courant chez eux, les Marian Workers, et que la dame habillée en religieuse reçoit des messages de la Vierge Marie en faveur du groupe. D'ailleurs, après la messe, elle a reçu un message de sainte Vierge à mon intention. La dame n'explique aussi que c'est à la demande de la Mère de Dieu, qu'elle s'habille en religieuse. Je leur réponds que je n'ai aucune évidence que ces manifestations viennent vraiment de Dieu et que par conséquent, je ne peux ni les approuver, ni les repousser. J'ajoute que le temps me permettra d'y voir plus clair. Je demande alors de me raconter l'histoire des Marian Workers depuis les origines mais je suis surpris de les voir se dérober les uns après les autres. Pourquoi une telle débandade ? Me cacheraient-ils quelque chose ? Je leur demande également des explications au sujet de la dame qui s'est écroulée après avoir communiée. Là encore, pas de réponse. Que se passe-t-il ?

Le lendemain, je fais appel à cette dame et je lui explique qu'elle ne devrait pas perturber la messe de cette manière. Elle semble plutôt humble et gêné. Elle me répond qu'elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Toujours est-il qu'à la messe suivante, elle ne s'est pas écroulée après avoir communiée. Un peu plus tard, les trois responsables du groupe viennent me demander d'aller rendre visite à un de leurs autres groupes, situé à Kisoro soit environ 2h de route de Kabale. J'accepte d'y aller afin d'en apprendre davantage sur eux. Enfin, je fais la connaissance de Stidia, ancienne novice chez la FSSPX au Kenya. Elle m'explique ce qui s'est passé au Kenya et exprime son désir toujours intact de consacrer sa vie à Dieu dans la Tradition. Elle se dit disposé à venir au Gabon dans ce but si nécessaire.
4. Un jour à Kisoro
Ce mercredi matin, comme prévu la veille, nous nous rendons à Kisiro. Nous nous arrêtons d'abord sur un terrain que le groupe a acheté afin d'y construire une maison de communauté. A un certain point, nous rencontrons plusieurs singes dont deux babouins marchant tranquillement sur la chaussée dans l'attente de friandises de la part des voyageurs routiers. Nous arrivons dans la soirée et nous faisons le programme du lendemain.

Le lendemain, confessions, messe et conférence sur la Tradition. Après le repas de midi, nous prenons une photo de groupe avant le retour à Kabale. Il y avait environ une quarantaine de personnes. Avant de passer la nuit chez les parents d'Agatha, nous devons nous rendre de l'autre côté de Kabale pour bénir deux salles de prières chez deux membres du groupe dont le président. C'est très tard que nous sommes enfin conduits chez les parents d'Agatha pour une courte nuit avant le départ pour Kampala. C'est l'âme brisée que je quitte ce groupe car ils sont chassés des paroisses en raison de leur attachement à la Tradition. Ils sont comme des orphelins sans prêtres pour s'occuper d'eux. Ils me supplient donc de revenir les voir dès que possible.
5. Six jours à Kampala
Le voyage retour vers Kampala a duré une éternité : 10h de temps dont près de 2h sur place à Kabale à attendre que le bus soit complet. A Masaka, deux dames nous rejoignent pour Kampala. Une des deux est maman Anastasia qui m'a reçu chaleureusement à chez elle, à Masaka. Les deux dames veulent assister à la retraite que je dois prêcher à Kampala. Nous y arrivons en début de soirée mais les embouteillages sont tellement nombreux que nous n'arriverons à notre destination finale que 2h plus tard. La fatigue est telle que je vais directement me coucher. Je suis de retour dans cette famille qui est à l'origine des Marian Workers.

Samedi est le premier jour de la retraite. Trois personnes sont venues de Kabale (Francis, Agatha et Stidia) et deux personnes de Masaka, celles qui nous rejointes dans le bus. La retraite est également l'occasion de donner des conférences sur la Tradition et d'enseigner comment assister à la messe tridentine. J'en profite aussi pour connaître plus profondément les Marian Workers car je suis à l'endroit même où tout a commencé, dans cette modeste famille de Kampala de 16 enfants. Je reçois enfin toutes les explications nécessaires sur l'histoire de ce mouvement marial. Les fondateurs sont encore vivants sauf un, le père de famille.

Tout commence en janvier 1988 lors de l'année mariale proclamée par le pape Jean-Paul II. Une des filles de la maisonnée affirme recevoir des messages de la Mère de Dieu pour établir ce mouvement. La sainte Vierge lui aurait demandé de s'habiller en religieuse. Elle aurait aussi demandé des prières régulières et quotidiennes ; la dévotion et la consécration au Sacré-Cœur et au Cœur Immaculée de Marie ; la modestie chrétienne dans le vêtement ; la réception fréquente des sacrements ; l'étude et l'enseignement du catéchisme ; la communion à genoux et sur la langue ; le jeûne chaque mardi et vendredi ; la prière en famille ; l'abstinence de boisson alcoolisée ; le refus de la télévision ; la régularisation du concubinage par le mariage chrétien sans prétexter le manque d'argent ; tout cela en esprit de sacrifice, de pénitence, d'expiation et pour la conversion des pécheurs. Le mouvement s'est répandu dans tout l'Ouganda mais aussi au Kenya et en Tanzanie. En Ouganda, j'ai donc été en contact avec les groupes de Kampala, Kisiro, Kabale et Masaka. Les membres de ce mouvement marial ont été persécutés par les autorités ecclésiastiques jusqu'à être chassés pour la plupart des paroisses. Ces persécutions ont entraîné beaucoup de division parmi eux, certains acceptant les conditions des curés pour pouvoir rester dans les paroisses comme la communion debout et dans la main.

Excepté les cinq personnes venues de Kabale et Masaka, tous les assistants à la retraite étaient des Marian Workers soit de Kampala, soit d'autres localités du pays.

Certains n'assistaient qu'à quelques activités en fonction de leur disponibilité. Une religieuse avec près de 60 ans de vie consacrée a tout fait pour assister pendant quelques jours à la retraite. Elle est persécutée dans sa congrégation en raison de son attachement à la Tradition. Elle est ainsi envoyée de couvent en couvent pour la décourager mais elle tient bon depuis plusieurs années. Une autre religieuse a aussi assisté à presque toute la retraite. Elle par contre a dû quitter son couvent en raison des persécutions qu'elle subissait car elle était attachée à la Tradition. Il y avait constamment une dizaine de personnes à la retraite qui semble-t-il a été une belle réussite. J'espère en prêcher une autre mais cette fois-ci à Kabale. J'ai aussi rencontré un monsieur de 53 ans, ancien séminariste dans les années 80. Il a été renvoyé du séminaire car il était trop attaché à la Tradition. Il a gardé intact son désir de devenir prêtre dans la Tradition. Je ne sais si je pourrai l'aider à réaliser ce désir.
6. Vocations
La première vocation sérieuse est celle de Francis, notre coordinateur, pour le sacerdoce. Mon désir est de le faire venir au Gabon avant juin prochain pour qu'il apprenne le français et puisse ensuite commencer sa formation sacerdotale à mes côtés. Il commencerait alors sa première année de philosophie.

L'autre vocation sérieuse est celle de Stidia comme religieuse. Elle ne parle pas français mais elle suffisamment jeune pour pouvoir l'apprendre sans difficulté particulière. Elle a déjà une certaine expérience de la vie religieuse après son postulant et son noviciat chez les sœurs de la FSSPX au Kenya. Après l'arrivée de Francis, je désire la faire venir au Gabon pour y mener cette vie religieuse. Son adaptation à la vie gabonaise sera plus facile s'il y a déjà un ougandais dans notre communauté du Gabon. Elle sera une aide précieuse pour la régularité de la vie de prière, pour le catéchisme auprès des filles et des femmes et pour les tâches matérielles que nous pourrons lui confier.

Enfin, il y aurait cette vocation sacerdotale tardive à étudier sans oublier la possibilité d'offrir un refuge à ces deux religieuses persécutées en Ouganda. La langue sera une difficulté à surmonter si jamais nous devons aller dans le sens de les faire venir au Gabon en ce qui concerne les deux religieuses. Nous laissons tout cela entre les mains de la divine Providence.
7. Besoin d'aide financière
Cet apostolat en Ouganda a un certain coût que malheureusement ni moi, ni ces fidèles ougandais ne sont pour l'instant en tout cas, pas capables de supporter. La véritable difficulté est l'achat des billets d'avion entre le Gabon et l'Ouganda. C'est ici que je demande instamment votre aide. J'ai l'intention de faire le voyage deux fois par an : un premier voyage entre janvier et juin ; puis, un second voyage entre juillet et décembre. J'ai également besoin de votre aide pour le billet de Francis pour qu'il puisse venir au Gabon. Pour l'année prochaine, les besoins sont donc de trois billets d'avion : deux pour moi et un pour notre futur séminariste. Le prix du billet aller-retour est de 700 euros environ. Toute aide sera la bienvenue.

Saints martyrs de l'Ouganda : priez pour nous !