SOURCE - Côme de Prévigny - Rorate Caeli - original en anglais - 28 décembre 2018
La récente visite de l’abbé Davide Pagliarani, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, à la commission Ecclesia Dei à Rome, a relancé l’éternelle question des relations entre le Saint-Siège et l’œuvre fondée en 1970 par Mgr Marcel Lefebvre, faisant spéculer sur l’opportunité de voir cette structure officiellement reconnue par le Vatican. Ici les esprits s’interrogent pour savoir si c’est une ligne qui désire ou non la normalisation qui a pris les commandes de la Fraternité. Là, on cherche à savoir si des résolutions doctrinales doivent être envisagées avant de penser à un accord pratique, renouant avec une configuration ressemblant davantage à celle qui prévalait il y a quinze ans. Mais où, concrètement, doivent aboutir ces discussions ? Attendent-elles que Rome ait définitivement condamné Vatican II ou bien espère-t-on uniquement des garanties ? Ce point reste à éclaircir.
La récente visite de l’abbé Davide Pagliarani, supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X, à la commission Ecclesia Dei à Rome, a relancé l’éternelle question des relations entre le Saint-Siège et l’œuvre fondée en 1970 par Mgr Marcel Lefebvre, faisant spéculer sur l’opportunité de voir cette structure officiellement reconnue par le Vatican. Ici les esprits s’interrogent pour savoir si c’est une ligne qui désire ou non la normalisation qui a pris les commandes de la Fraternité. Là, on cherche à savoir si des résolutions doctrinales doivent être envisagées avant de penser à un accord pratique, renouant avec une configuration ressemblant davantage à celle qui prévalait il y a quinze ans. Mais où, concrètement, doivent aboutir ces discussions ? Attendent-elles que Rome ait définitivement condamné Vatican II ou bien espère-t-on uniquement des garanties ? Ce point reste à éclaircir.
Car la situation canonique de la Fraternité Saint-Pie X est désormais très largement normalisée. La messe que célèbrent ses membres est désormais la même que celle que peuvent lire et chanter tous les prêtres du monde depuis le Motu Proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007. Les condamnations qui pesaient sur les évêques de la Fraternité se sont envolées par un décret du 21 janvier 2009. En 2015, le Saint-Siège a accordé à son supérieur général des pouvoirs pour juger en première instance. La validité des confessions administrées par ses prêtres a été reconnue par la lettre apostolique Misericordia et Misera du 20 novembre 2016. La même année, la commission Ecclesia Dei demandait aux évêques sur les diocèses desquels se trouvaient les séminaires de la Fraternité d’accepter les cérémonies d’ordinations qui s’y déroulaient. Les mariages contractés devant les prêtres de la Fraternité sont enfin pleinement reconnus par Rome, comme l’atteste une lettre de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 27 mars 2017. Ce document va même très loin, il demande aux prêtres de la Fraternité d’adresser aux chancelleries diocésaines les actes prouvant les célébrations de mariage. Ceux-ci se trouvent rangés au milieu des registres de toutes les autres paroisses et communautés en règle avec l’Église. Implicitement, parce que les sanctions ont disparu et que ses prêtres ont reçu une mission canonique pour administrer les différents sacrements, la Fraternité a retrouvé son statut antérieur, celui qui lui avait été supprimé le 6 mai 1975, même si dans les faits elle se comporte comme une prélature personnelle.
Ceux qui ont pris l’habitude de refuser toute normalisation parce qu’à travers les liens canoniques ils craignent les mauvaises influences n’ont sans doute pas remarqué que ces vecteurs ont été presque tous rebranchés. Il ne manque plus rien à l’œuvre, si ce n’est une cour d’appel des procès canoniques qu’une prélature lui permettrait d’obtenir. Un jour elle aura aussi besoin de renouveler ses évêques. Dans le contexte actuel, on ne voit guère ce qui empêcherait le pape de les lui accorder. La Fraternité est finalement comme une voiture qui a tous les éléments pour rouler : une carrosserie, des roues, un volant, des fauteuils, tout est flambant neuf et rien ne manque. Du fait d’une crispation tant interne qu’externe sur le sujet, sans doute dûe au pontificat actuel, il n’y a guère que l’absence de plaque minéralogique qui affecte son état, mais les maréchaussées du monde entier savent désormais que la voiture peut circuler comme elle le veut. D’ailleurs, obtenir une église pour un mariage ou un pèlerinage ne pose désormais plus de difficulté. Le problème ne se situe plus là. Ainsi l’a voulu le pape.
Les fidèles de tous bords peuvent venir dans les églises de la Fraternité. Leur conscience ne pourra plus être sujette à des troubles et inquiétudes. C’est justement ce que souhaitaient dissiper les textes pontificaux. Alors quand la régularisation qui a été quasi-entièrement faite par étapes sera-t-elle définitivement officialisée ? L’a-t-elle déjà été in pectore ? Le sera-t-elle un jour ou l’autre sur un coin de table, comme pour parachever ce qui a déjà été apporté ? C’est possible. En tout cas, le Saint-Siège a accordé de manière pratique toutes les fonctions sacerdotales aux membres de la Fraternité Saint-Pie X. Le constat de catholicité a été effectué sur le long terme et non en vertu de conditions à remplir. Et ce n'est que justice que l'oeuvre de Mgr Lefebvre soit ainsi reconnue. C'est ce que ce dernier avait toujours réclamé.