SOURCE - Monastère Saint-Benoit - Lettre aux Amis - Temps de l'Avent 2018
Saint Benoit commence sa Règle avec cette injonction : “Écoute, ô mon fils, les préceptes du Maître, et prête l’oreille de ton cœur. Reçois volontiers l’enseignement d’un père plein de tendresse et mets-le en pratique, afin que le labeur de l’obéissance te ramène à celui dont t’avait éloigné la lâcheté de la désobéissance. À toi donc s’adresse maintenant ma parole, qui que tu sois, qui renonces à tes propres volontés, et pour combattre sous le vrai Roi, le Seigneur Christ, prends en main les puissantes et glorieuses armes de l’obéissance.”
Saint Benoit commence sa Règle avec cette injonction : “Écoute, ô mon fils, les préceptes du Maître, et prête l’oreille de ton cœur. Reçois volontiers l’enseignement d’un père plein de tendresse et mets-le en pratique, afin que le labeur de l’obéissance te ramène à celui dont t’avait éloigné la lâcheté de la désobéissance. À toi donc s’adresse maintenant ma parole, qui que tu sois, qui renonces à tes propres volontés, et pour combattre sous le vrai Roi, le Seigneur Christ, prends en main les puissantes et glorieuses armes de l’obéissance.”
Les monastères reçoivent de nombreuses requêtes
vocationnelles, accueillent de nombreux
jeunes hommes qui s’y rendent en visite, et après un
certain laps de temps et les consultations nécessaires,
ouvrent leurs portes à ceux qui cherchent formellement
à postuler en se pensant appelés à vivre
dans ce monastère en particulier. Si par la grâce de
Dieu ils persévèrent dans ce que Saint Benoît décrit
comme “l’école du service du Seigneur”, ils découvrent,
comme il le promet, que “nos coeurs seront
agrandis, et nous allons courir avec une indicible
douceur d’amour dans le chemin des commandements
de Dieu”. Ils ont trouvés la perle de grand prix
(Mt 13:45-46) et ils ont fait tout le nécessaire pour
l’obtenir. Ils ont rencontrés le Seigneur et ont eu le
courage de demander “qu’est-ce qui me manque encore
?” sans fuir tristement la rencontre cruciale.
La clé est la découverte de ce que Dieu me demande.
Maintenant. Sans égards pour mes désirs,
mes préférences ou mes plans. Il s’agit d’un abandon
radical de sa volonté propre pour celle (qui est souvent
si surprenante) de Dieu.
Un candidat qui éprouve la volonté de Dieu sur la
base de cette compréhension ne peut pas s’égarer
bien loin, même si au fil du temps il devient clair que
ce monastère particulier n’est pas sa vocation. Ils auront
vraiment testés l’appel dont ils ont cru qu’il
pouvait être le leur, et leur continuation sur ce chemin,
ou la conclusion qu’ils doivent en chercher un
autre, sera béni par l’intégrité de leur don total
d’eux-même au Seigneur, de leur acceptation de l’invitation
du Seigneur : “venez et voyez” (Jn 1:39).
Les supérieurs religieux se réjouissent lorsqu’une
personne montre cette générosité d’esprit et s’ouvre
à faire tout ce que Dieu leur demandera. Une telle
personne est déjà bien avancé dans les choses nécessaires
pour suivre la volonté du Seigneur avec fruit.
En d’autres occasions elles hésitent, et avec raison,
à cause d’une approche différente. Une jeune
personne peut se présenter avec des expressions
comme “je discerne le sacerdoce/la vie religieuse/une
vocation monastique…” ou “je veux
faire/être x, y ou z” trahissant une attitude centrée
sur le “Je” et non sur Dieu. Ma volonté et non celle
de Dieu est ce qui semble être recherché - presque
comme si “Je” suis celui qui appelle Dieu à servir ce
que je veux, plutôt que de Lui permettre de m'appeler
à devenir ce que je ne peut devenir qu’en me rendant
entièrement à Sa volonté.
Un tel “consumérisme vocationnel” est bien trop
fréquent et infecte le vrai discernement - la découverte
intelligente de ce que Dieu n’appelle à devenir,
et non de ce que je choisis de faire selon ma propre
volonté et mes critères limités. Nous pourrions l'appeler
“pélagianisme vocationnel” en ce qu’une telle
approche exclut la grâce de Dieu et ne s’appuie que
sur ses propres efforts et désirs.
Le jeune homme riche de l’Evangile était un
homme bon, mais lorsque le Seigneur l’a provoqué :
“si tu veux être parfait, va, vends tout tes biens et
donne les aux pauvres, et tu aura un trésor dans les
Cieux; viens, et suis-moi” (Mt 19:24) il a manqué de
volonté. Son désir de ne pas laisser derrière lui ses
“nombreuses possessions” l’a empêché de répondre
à l'appel du Seigneur. Il s’en est allé, triste. Il n’est
jamais devenu ce que Dieu l'appelait à être.
Nous sommes des créatures déchues. Mais il y a
une espérance. La grâce est possible même pour
ceux infectés par le pélagianisme vocationnel, même
si la maladie doit être stoppée avant qu’elle n’atteigne
la possibilité d’y répondre. La Conversion - se
retourner vers - est nécessaire, de la contemplation
de ma propre image dans le miroir à celle du Seigneur
dans Ses yeux - de faire ce que je veux, à être
ouvert à accepter ce qu’il me provoque à accomplir
dans cette rencontre.
Si cela n’arrive jamais et qu’un individu s’avance
sur la voie vocationnelle dans leurs propres termes,
une crise est inévitable. Un programme de formation
sain peut résoudre cela et offrir les moyens de
se corriger, mais si la maladie est trop avancée un
nouveau triste départ est inévitable.
Mais lorsque l’individu est préparer à quitter
foyer, frères, sœurs, mères et pères, enfants ou
terres en réponse à l’appel du Seigneur (Mc 10:29),
lorsqu'ils sont préparés à accepter la stricte discipline
que Saint Benoît indique comme une nécessité
pour la transformation des mauvaises habitudes
et la préservation de la charité, et non “de fuir
aussitôt — pris de terreur — la voie du salut, dont
l’entrée, au début, est nécessairement étroite” (Prologue),
le plan providentiel de Dieu pour cet individu
- une chose unique qu’on ne peut répéter —
peut commencer à se réaliser pour le salut de mon
âme, la gloire de Dieu Tout-Puissant et l’établissement
de son Royaume ici, sur la terre.