15 décembre 2018

[Abbé Xavier Beauvais, fsspx - L'Acampado] «Dios no muere» Dieu ne meurt pas (d’après les écrits du P. Castellani)

SOURCE - Abbé Beauvais, fsspx - L'Acampado - décembre 2018

Notre Seigneur affirme trois fois devant Pilate qu’Il est roi, mais Il refuse d’être roi dans le sens dont l’entendaient Pilate et les Juifs. « - Donc en définitive, tu es roi ? - Tu l’as dit, c’est vrai. Je suis Roi.»
   
Et Notre Seigneur dit « Mon royaume n’est pas de ce monde ». Mon royaume ne procède pas de ce monde. Il n’a pas dit : « Mon royaume n’est pas en ce monde », il n’a pas dit non plus « Je ne suis pas roi de ce monde mais de l’autre » comme si son royaume était un règne de morts et de phantasmes. Il a dit : « Mon royaume ne vient pas de ce monde », il ne vient pas des puissances de ce monde, il ne vient pas de l’élection frauduleuse au nom du peuple, il ne tient pas son pouvoir des banques internationales et des grandes puissances d’argent. Son règne est en ce monde et il est roi de tout ce monde ; mais son règne procède de sa propre nature, d’être Celui qui est. Ce ne sont pas les hommes qui lui ont donné ce pouvoir, et les hommes ne peuvent lui reprendre ce pouvoir. Il est la Vérité et son règne est le règne de la Vérité. Mais c’est un règne réel, ce n’est pas un règne idéal seulement. La Vérité n’est pas une chose idéale seulement : vérité et réalité sont la même chose. Trois choses sont donc ici signifiées :
  • Mon royaume ne vient pas de ce monde, 
  • Mon royaume est en ce monde, 
  • Mon royaume va de ce monde à l’autre monde. 
Mais apparemment, quel « pauvre roi » qui aujourd’hui ne règne pas beaucoup, c’est peu dire, car s’il régnait, le monde irait beaucoup mieux. Une grande partie du monde, ne le connaît plus, une autre partie le connaît mais le renie comme les Juifs : « Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous », et, finalement une autre partie le reconnaît en paroles, dans ses dires, mais le renie pratiquement dans les faits. Là c’est bien souvent nous-mêmes, chrétiens lâches.
   
Mais si les vassaux se soulèvent contre le roi, ce dernier ne cesse d’être roi, tant qu’il conserve le pouvoir de les châtier et de les soumettre de nouveau. S’il n’a pas ce pouvoir, c’est autre chose.
   
Et ainsi aujourd’hui, les hérétiques modernistes admettent que le Christ est roi en un certain sens, mais ils nient la seconde venue du Christ. C’est donc en effet alors un pauvre roi. Les modernistes, ou changent complètement le sens de la parousie en la convertissant en autre chose, comme l’a fait Teilhard de Chardin, ou alors disent qu’il reviendra aux calendes grecques, c’est-à-dire jamais.
   
Fin 1925, alors, le pape Pie XI proclame la royauté du Christ en instituant cette fête par l’encyclique « Quas primas ». Il n’était pas nécessaire de la définir excathedra. Douze ans après, en 1937, c’était l’encyclique « Divini redemptoris » qui condamnait le communisme athée comme satanique.
     
A la même époque, c’est-à-dire dans le deuxième quart du 20ème siècle, apparaissait publiquement le parti du « monde unique », la synarchie qui veut un seul gouverne ment dans le monde avec un seul homme à sa tête et qui veut que disparaissent les nations, à commencer par les nations chrétiennes bien sûr. Ces trois événements ont un lien entre eux, car ils représentent simplement l’annonce du vrai roi de ce monde et la proclamation du roi illégitime. La tentative d’arriver à une fausse unification de l’humanité est déjà présentée dans le livre de la Genèse au chapitre 11.
   
L’écrivain sacré montre que les hommes ne voulurent pas obéir au Seigneur qui leur avait ordonné de se disperser et de peupler la terre ; ils prétendirent édifier une cité et une tour dont le sommet arriverait ainsi jusqu’au ciel et qui leur vaudrait une fameuse renommée, le pouvoir finale ment. La Tour de Babel incarne cette volonté de créer une civilisation laïque, opulente, injuste et promotrice d’une religion idolâtrique, le christianisme adultéré.
   
Pie XI institua la fête du Christ Roi contre le libéralisme, qui est une espèce de lâcheté. Le libéralisme nie la royauté du Christ, son pouvoir de droit sur la société humaine.
   
Cette hérésie actuelle est très compliquée car elle a comme 3 sections : libéralisme économique, libéralisme politique, libéralisme religieux. Pour beaucoup hélas, le libéralisme économique ne semble pas si mauvais. Eh bien non, ce système économique se fonde sur l’idée fausse de l’homme naturellement bon, mais corrompu par la société. Dans ce système, comme l’homme est naturellement bon et que la société le corrompt, en donnant la liberté absolue à tout homme (et sur le plan économique, au commerce et au capital) l’homme devient automatiquement bon, meilleur, très bon et même un petit saint.
   
Ce système nie l’élévation de l’homme à l’état surnaturel, nie la chute de l’homme, nie la nécessité de la rédemption de l’homme. Et avec tout cela, nie la royauté du Christ. Le libéralisme économique, le libre échangisme prit la devise « Laissez faire, laissez passer ». Les philosophes et les économistes anglais en firent une théorie et l’imposèrent à tout le monde, au siècle passé. Le libéralisme a éliminé le règne du Christ en disant une chose qui apparut comme innocente à beaucoup : à savoir que la religion était une affaire privée et que les nations devaient donc respecter toutes les religions, et donc que l’Eglise n’avait pas à se mêler des affaires publiques. Si nous faisons de Dieu une affaire privée, une affaire de l’intérieur de la conscience de chacun, par la même nous faisons de l’Etat, un dieu et nous convertissons Notre Seigneur et le Père éternel en sous-dieux. Et comme l’Etat est une affaire publique, la religion est inférieure et doit donc se soumettre à l’Etat, puisque ce qui est public est supérieur à ce qui est privé, et que le privé doit se soumettre au public. L’histoire l’a d’ailleurs démontré cruellement en France avec cette hérésie de la laïcité, car finalement, on le voit aujourd’hui, le laïcisme libéral ou la prétendue neutralité par rapport à la religion catholique, est en réalité une véritable hostilité à la religion ; et elle termine toujours par déifier, diviniser l’Etat, chose qui est d’ailleurs concrétisée et organisée en ce système philoso phique monstrueux et idolâtrique, le système de Hegel et de Marx.
     
Une autre hérésie nie le règne du Christ plus radicalement encore, c’est le modernisme, né du libéralisme, c’est l’hérésie nouvelle qui mine l’Eglise. Malheureusement, il faut bien le dire aussi, ce modernisme utilise les mauvais soldats du Christ Roi, c’est-à-dire la lâcheté des chrétiens. Un roi ne déteste rien tant comme la lâcheté chez ses soldats. Si ses soldats sont lâches, c’en est fini pour le roi. Ils ne font pas honneur au Christ Roi, ces chrétiens qui ont une espèce de complexe d’infériorité à s’afficher catholiques. Qu’aurait de chrétien un catholique ministre de l’éducation qui livrerait l’université aux pourrisseurs ? Qu’auraient de chrétiens des gouvernants catholiques qui iraient chercher un écrivain athée et blasphémateur, ennemi du Christ pour le mettre directeur de la Bibliothèque Nationale ?
   
Pour que le Christ soit réellement roi, au moins en nous, il faut vaincre la peur, la lâcheté, la pusillanimité, il faudra vaincre tout cela car les temps qui se préparent, sentent non pas l’antisémitisme mais bien l’anticatholicisme. Il faudra ne pas être «des hommes de peu» comme disait sainte Thérèse. Mais comment vaincre la peur me diront certains, la peur est un géant. Je vous répondrais alors par cette phrase de Notre Seigneur : « Avez-vous oublié que j’étais avec vous ? »
     
On a bien souvent entendu l’objection suivante : « Le Christ n’a jamais été roi du monde et il ne peut l’être ». Objection qui répond à la question ironique de Pilate « Donc tu es roi ? » Il Le voyait en effet dans une situation peu semblable à celle d’un roi. La même situation qu’aujourd’hui. « Nous ne voulons pas qu’I1règne sur nous » criaient les Juifs au-dehors. Et Notre Seigneur avait déjà répondu dans une parabole, alors qu’il s’approchait de Jérusalem pour y mourir. Un homme de grande naissance s’en alla dans un pays lointain pour être investi de la royauté et revenir ensuite. Etant en chemin, ses concitoyens envoyèrent après lui des députés chargés de lui dire : « Nous ne voulons pas que tu règnes sur nous ». Quand il revint après avoir été investi de la royauté, il récompensa d’abord les sujets fidèles qui avaient fait prospérer le royaume avec l’argent qu’il leur avait laissé, après les avoir appelés « bons serviteurs », il fit ensuite appeler ceux qui avaient dit « Nous ne voulons pas qu’il règne sur nous » et avec un véritable mépris du suffrage universel, avec un véritable mépris de l’autodétermination des peuples et des droits des minorités, il leur fit couper la tête en sa présence.
     
Qui sont donc ceux qui aujourd’hui disent : « Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous » ? et qui incitèrent le pape à publier cette encyclique « Quas Primas » ?
   
Je les ai déjà nommés : d’un côté les communistes, et de l’autre les sinarchistes, les mondialistes, un mouvement né du dedans du capitalisme : les deux haïssent de manière égale l’Eglise du Christ et la tiennent pour principal obstacle de leurs idéaux, et les deux naissent du libéralisme.
   
Il y a aujourd’hui un nombre croissant d’hommes décidés à enseigner à leurs frères qu’il n’y a pas de Dieu, qu’il n’y a pas d’autre vie, et que la seule chose pour laquelle il faille lutter c’est d’arriver à une société prospère et heureuse en ce monde. Toutes les immenses forces de l’argent, de la politique, de la technique moderne doivent être mises au service de cette grande entreprise de l’humanité. Mais comment de telles prédications, d’arôme sulfureux, peuvent-elles obtenir tant d’audience ? Parce que, étant donné le genre d’éducation que reçoit la majorité des gens, les nou velles générations croissent dans une incroyable ignorance, et pire encore, dans une terrible confusion religieuse, qui convertit Dieu et JésusChrist en choses lointaines et étrangères. D’un autre côté, comme les faibles sont les plus nom breux dans l’humanité, voilà une minorité plus astucieuse active et énergique, qui arrive à s’approprier des moyens de production et des ressorts du pouvoir. Cette minorité ne peut pas désirer la gloire du nom de Dieu. Dieu est en effet la seule arme qui a, contre cette minorité, l’immense foule des déshérités.
   
Il n’est donc pas surprenant qu’à l’autre extrême de ce phénomène de la domination du démon Pluton (dieu des richesses) dans le monde moderne, il existe une autre petite bande d’hommes très préparés, violents, enthousiastes qui ont comme idéal suprême, la destruction d’un état de choses si horrible. Ces hommes veulent détruire jusqu’aux racines et ces soutiens de l’ordre actuel, ils se heurtent à la religion, à l’Eglise, au catholicisme, à Jésus de Nazareth qui a dit qu’il était Dieu et Roi. Donc la conclusion sera parfaitement logique.
   
Marx dira alors : « La religion est l’opium du peuple ».
   
Bernard Shaw dira : « Dieu est l’humanité en marche vers une super-humanité ». Nietzsche dira : « Dieu est mort » et Lénine s’esclaffera : « Que Dieu meure ! ».
   
Mais plus profonde encore et plus basse et plus terrible que ces deux bandes de capitalistes et communistes, il en existe une plus horrible et plus secrète, composée d’hommes froids et puissants, possédés d’une violente passion contre le catholicisme, qui s’oppose et s’opposera toujours à la royauté du Christ : ces hommes, isolés ou unis par la franc-maçonnerie, constituent un pouvoir persécuteur, plus terrible parce que moins visible, et expliquent beaucoup de phéno mènes sociologiques contemporains parce qu’ils se consti tuent comme l’âme et les chefs de mouvements antichrétiens, à commencer par ceux qui aujourd’hui s’efforcent de former un gouvernement impérial universel. Mais, ne craignez rien, ils ne vont pas proclamer le Christ comme empereur, ils n’iront pas consacrer cet empire au Sacré Cœur de Jésus.
   
Il y a plus qu’une tendance aujourd’hui, il y a plus qu’un idéal pervers, il y a aujourd’hui un commencement très net de gouvernement antichrétien du monde.
   
Oui, ce sont ces pouvoirs occultes qui aujourd’hui lancent le même cri qu’ils lançaient hier : « Nous ne voulons pas que le Christ règne sur nous ». Au lieu de dire : « Que le Christ vainque, que le Christ règne, que le Christ commande ».
     
Nous devrions dire : « Le Christ vivra, le Christ règnera, le Christ commandera », et alors, d’après sa parole, il fera couper la tête à ceux qui se sont soulevés contre Lui, quand Il reviendra.
   
Mais, jusqu’à ce qu’il revienne, ils continueront à faire des leurs. Alors, Seigneur, que Votre règne arrive, car le dernier mot sera celui de Garcia Moreno, président de l’Equateur mourant assassiné :
     
« Dios no muere » (Dieu ne meurt pas !)