29 mars 2006




Les accords avec Rome : Mgr Lefebvre-Mgr Fellay
abbé Paul Aulagnier - 29 mars 2006 - http://la.revue.item.free.fr/
Comme tout le monde le sait aujourd’hui,  la veille du Consistoire du 24 mars dernier, le Pape Benoît XVI a réuni l’ensemble du collège cardinalice, - qu’il a appelé son « Sénat afin d’entendre son avis sur les grandes questions de l’heure qui touchent la vie de la sainte Eglise. Cette réunion s’est tenue à huis clos. Mais on a su toutefois les sujets qui y furent abordés. Le problème de la FSSPX ,  - de la liberté de  la messe et de la levée de l’excommunication de ses évêques -,  fut  un de ces problèmes. On sait même qu’il en fut question dans la matinée du 23 mars, entre 10h00 et 12h30. Le cardinal Castrillon Hoyos aurait fait le point de la situation et les cardinaux Lustiger, et Ricard, pour la France, se seraient exprimés ainsi que le cardinal Arinze, préfet de la Congrégation des rites. On sait que ces deux questions, - la liberté de la messe traditionnelle et la levée de l’excommunication -, sont les deux  préalables posés par la direction de la FSSPX, une condition sine qua non avant l’ouverture du « débat » avec Rome.
Dans ce contexte, il n’est pas étonnant de voir  Mgr Fellay s’exprimer, de nouveau,  sur ces questions importantes. Il faut que les choses soient claires dans l’esprit des  fidèles. La communication est aujourd’hui bien assurée dans la FSSPX et à bon escient. C’est bien.
C’est ainsi que Mgr Fellay a livré,  en exclusivité,  sa pensée à l’agence de presse DICI, le samedi 23 mars. Son interview est à « la une ».
Elle est intéressante. Il faut l’analyser.
Mgr Fellay fait le tour du problème en répondant à huit questions..
La première question a trait au problème « des deux préalables » posés par la FSSPX « avant toute discussion doctrinale » et « accord » avec Rome. Ne serait-ce  pas là une pure « manœuvre dilatoire », lui demande-t-on,  pour gagner du temps et apaiser les fidèles et les prêtres « inquiets d’un éventuel rapprochement ? – Entre nous : la question est-elle bien posée ? Est-ce la seule question que se posent aujourd’hui les fidèles ? Sont-ils toujours dans la crainte et l’inquiétude d’un éventuel rapprochement ? N’y a-t-il pas aussi un courant inquiet de voir s’éloigner tout « rapprochement » avec Rome ? - Quoi qu’il en soit, - ce serait aussi un vrai débat - l’ « interviewer », l’abbé Lorans en l’occurrence,  pose à Mgr Fellay la question  de sa vraie pensée sur « ces deux préalables ». Est-ce simple position politique, habile et rusée pour éviter de régler le problème d’une vraie et nécessaire « réconciliation ?
Mgr Fellay a tôt fait d’écarter une telle position qu’on appellerait aujourd’hui de pure « politique politicienne ». On n’a  pas de mal à le croire. Ce n’est pas sa « problématique », comme elle ne  fut pas, non plus, celle de Mgr Lefebvre alors qu’il « entreprenait » des « conversations » avec Rome.  Mgr Fellay veut ainsi, dès le début de son interview,  se mettre dans les pas de Mgr Lefebvre, lui être fidèle.
Non ! Ces préalables ont pour « but de créer un climat nouveau dans l’Eglise officielle » de « rendre possible, dans l’Eglise, la vie catholique traditionnelle ». C’est plus noble, il est vrai ! L’excommunication de ses quatre prélats a eu comme effet de « diaboliser les prêtres de la FSSPX  » et l’interdiction de dire la messe dite de saint Pie V a comme empoisonné la vie de  la Tradition dans l’Eglise. Eliminer l’excommunication et rendre à la messe saint Pie V toute sa liberté serait, de fait, changer l’atmosphère dans l’Eglise, dans les diocèses et à Rome même.  Voilà à quoi doit répondre « ces deux préalables ». Ils sont  nécessaires. Je suis bien placé pour le dire. Avec Mgr Rifan, c’est nous deux qui les avions suggérés, le 13 janvier 2002.  Mgr Fellay, en cette réunion,  était bien muet…Si Rome donnait satisfaction sur ces deux points,  ce serait vraiment « poser des actes publics en faveur de la Tradition  ». « Il nous faut plus que des paroles », dit Mgr Fellay.  « Il nous faut des actes publics en faveur de  la Tradition Ces deux choses le seraient. Oh Combien !
Voilà qui est bien dit et qui est vrai.
Mais ce qui m’étonne dans cette réponse de Mgr Fellay…c’est qu’il ne fait aucune allusion au règlement de l’affaire de Campos. Comme si Campos et sa solution n’avaient jamais existé…Comme si  Rome ne les avaient pas déjà « concédés ». Oui ! Il faut savoir et dire que ces deux préalables ont été déjà acceptés pratiquement par Rome dans l’affaire de Campos.

Le problème de l’excommunication 

Souvenez-vous de la lettre du pape du 25 décembre 2001 adressée à Mgr Rangel. (1) Le Pape lève purement et simplement l’excommunication qui frappait Mgr Rangel. Il lui écrivait : « C'est assurément avec une très grande joie, pour que pleine communion soit rendue certaine, que nous déclarons la levée de la censure dont il est traité au can 1382 CIC, à votre égard, Vénérable Frère, en même temps que la levée de toutes les censures et le pardon de toutes les irrégularités dans lesquelles sont tombés les autres membres de cette Union »
Je vous conseille de la lire in extenso. Je vous la mets en note (1).  
C’est clair ! Non ! On ne peut tout de même pas oublier les textes et les dispositions nouvelles prises par  Rome. Nous sommes en 2001-2002. Il n’en était pas question du temps de Mgr Lefebvre. Il est mort toujours « frappé » de cette sanction !
On ne peut pas oublier que la levée d’excommunication a eu lieu pour Mgr Rangel, le 25 décembre 2001. Oui ! Le pape a levé l’excommunication qui le frappait   en raison du canon 1382.
Mais que dit ce canon ?  Il est ainsi formulé : « L’Évêque qui, sans mandat pontifical, consacre quelqu’un Évêque, et de même celui qui reçoit la consécration de cet Évêque encourent l’excommunication ‘latae sententiae’ réservée au Siège Apostolique. -- CIS 2370 ; CIO 1459
C’était le cas de Mgr Rangel. Il fut sacré évêque, sans mandat par Mgr Tissier de Mallerais, lui-même sacré par Mgr Lefebvre, sans mandat..
Et bien Rome régularisa sa situation. Or ce qui fut fait par Rome pour  Mgr Rangel, le peut être aussi pour nos quatre évêques. Ils sont dans la même situation. Pourquoi n’en faire aucune allusion ? Pourquoi n’en pas parler ? Pourquoi n’en rien dire ? J’ai du mal à le comprendre… Pourquoi ne pas en prendre acte…Pourquoi ne pas dire que ce préalable mis par nous à tout accord, a, de fait, été accepté par Rome et que Rome est disposée à agir de la même manière avec la FSSPX qu’elle l’a fait avec les pères de Campos ? Elle l’a dit. Pourquoi alors le taire ?   Est-ce parce que l’on croit que nous sommes  les seuls ? Que le cas de la FSSPX est spécifique ?  Et pourtant, nous partagions essentiellement les mêmes positions que Mgr de Castro Mayer et sur la messe et sur le Concile.
Mais Mgr Fellay pourrait peut-être objecter-  il le fit du reste ailleurs - : On nous demande de faire « amende honorable », et de « reconnaître préalablement  nos erreurs ». Cela nous ne le pouvons pas…nous dit Mgr Fellay. Nous avons toujours reconnu que cette « excommunication était invalide ». « Nous ne pouvons, dans ce cas,  demander pardon ».

Quand est-il de cette exigence de Rome ?

Du côté de Rome, elle est véritable et normale. Mais cette exigence a comme perdu au fil du temps de sa véhémence. Aujourd’hui cette exigence est devenue bien  légère. Qu’on en juge.
Voyez ce qui fut écrit par Mgr Rangel au nom des tous les membres de son union sacerdotale : « Et si par hasard dans la chaleur de la bataille pour la défense de  la Vérité catholique nous avons commis quelque erreur ou causé quelque déplaisir à Votre Sainteté, en dépit du fait que notre intention ait toujours été de servir  la Sainte Eglise , nous implorons humblement Votre pardon paternel ».
Voilà qui  fut accepté par Rome.
Ne serions-nous pas capables de signer une telle phrase ? Allons ! Voyons !  Soyons sérieux !
Ne correspond-elle pas à ce que nous avons, nous aussi,  voulu faire dans la sainte Eglise de ce  côté de l’Atlantique ? Vous, ne signeriez-vous pas cette phrase ?
De plus, si vous la replacez, dans son  contexte, votre signature serait encore plus facile. Elle irait même de soi. J’en suis sûr.
Lisez vous aussi :
« …au nom de notre foi catholique apostolique et romaine, nous nous sommes efforcés de garder la sainte Tradition doctrinale et liturgique que  la Sainte Eglise nous a léguée et, dans la mesure de notre faible force et soutenus par la grâce de Dieu, de résister à ce que Votre prédécesseur d' illustre mémoire le Pape Paul VI a appelé l' "autodémolition" de l'Eglise. C'est de cette manière que nous espérons  rendre le meilleur service à Votre Sainteté et à  la Sainte Eglise.
 Très Saint Père,
Nous avons toujours considéré être dans l'Eglise catholique, dont nous n'avons jamais eu l'intention de nous séparer malgré la situation de l'Eglise et les problèmes qui ont affecté les catholiques de la ligne traditionnelle, que Votre Sainteté connaît, et qui, nous le croyons, remplissent Votre cœur comme les nôtres de douleur et d'angoisse : cependant juridiquement nous avons été considérés comme vivant en marge de l'Eglise.
Voici donc notre demande : que nous soyons acceptés et reconnus comme catholiques.   
Venant au devant de notre désir, Votre Sainteté a chargé Son Eminence le cardinal Dario Castrillón Hoyos, Préfet de la Sacrée Congrégation pour le Clergé, de procéder à la reconnaissance juridique de notre position de catholiques dans l'Eglise.
Que nous en sommes reconnaissants à Votre Sainteté!
Nous demandons, officiellement, à collaborer avec votre Sainteté dans l'œuvre de la propagation de la foi et de la doctrine catholique, avec zèle et pour l'honneur de  la Sainte Eglise    - «Signum levatum in nationes » -; dans le combat contre les erreurs et les hérésies qui menacent de détruire la barque de Pierre, inutilement puisque " les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle."  Nous déposons dans les augustes mains de Votre Sainteté  notre profession de foi catholique : nous professons une parfaite communion avec  la Chaire de Pierre dont Votre Sainteté est légitime successeur. Nous reconnaissons Votre primauté et Votre gouvernement sur l'Eglise universelle, pasteurs et fidèles . Nous déclarons que, pour rien en ce monde nous ne voulons nous séparer de  la Pierre sur laquelle Jésus-Christ a fondé son Eglise.  
C’est bien la pensée de Mgr Lefebvre. C’est ce qu’il voulut.  C’est ce qu’il fit.  Et c’est à la suite  que vient cette demande de pardon. Vous n’êtes pas convaincu ? Moi si ! Je signe.

Une objection

On pourrait m’objecter : « Mais Mgr Lefebvre a toujours refusé de signer une lettre d’excuse reconnaissant des erreurs et dans  ses écrits et dans ses actes ». Il invoquait  cela alors même qu’il retirait sa signature du « protocole du 5 mai 1988 ». « On me demandait encore subrepticement de reconnaître mes erreurs… »
Certes, Mgr Lefebvre a hésité à signer une telle lettre…Il suffit de connaître les documents réunis dans « La condamnation sauvage » de Mgr Lefebvre éditée à l’époque par Jean Madiran, dans « Itinéraires »,  pour s’en convaincre. Que de fois ne fut-il pas  sollicité en ce sens !  Il l’écrivit pourtant cette lettre. Ce fut dans une lettre officielle au cardinal Seper,  le 4 avril 1981 : « Eminence, M l’abbé du Chalard m’a transmis votre lettre du 19 février 1981. Je l’ai lue attentivement » Il poursuit : « si quelques unes de mes paroles et quelques uns de mes actes ont déplu au Saint Siège, j’en demande pardon ».
Je n’ai pas, sous la main,  la lettre en français. Je n’ai que la transcription anglaise. Me méfiant de mes connaissances anglaises,  je vous donne la transcription anglaise :
« Econe, 4 april 1981
Eminence,
The abbot of Chalard has passed to me your letter of 19 February, 1981, and I have read it. If some of my words and some of my acts are disapproved by the Holy See, I am very sorry...”.
Mais qui ne voit que c’est la même lettre, - substantiellement parlant -  que celle de Mgr Rangel. C’est la même chose :
 « Et si par hasard dans la chaleur de la bataille pour la défense de  la Vérité catholique nous avons commis quelque erreur ou causé quelque déplaisir à Votre Sainteté, en dépit du fait que notre intention ait toujours été de servir  la Sainte Eglise , nous implorons humblement Votre pardon paternel ».
Ainsi les autorités  romaines ont  accepté la levée de l’excommunication avec Mgr Angel. Elles ont été même plus loin pour bien montrer leur bonne disposition : elles lui  ont même remis en mains les destinées de la nouvelle Administration Apostolique Saint jean Marie Vianney. C’est tout de même énorme. S’il en est ainsi,  pourquoi Rome n’accepterait-elle pas de faire de nouveau la même chose dans le cas identique de  la FSSPX  ? Plus encore : Rome a dit que l’excommunication serait  levée. Pourquoi ne pas en prendre acte et allez de l’avant dans la solution ? Vraiment on peut se poser la question :  la FSSPX veut-elle aujourd’hui arriver à un accord ?  …

Le problème de la messe tridentine.

Rome a donné également l’assurance que les pères de Campos auraient le libre usage de la messe tridentine. Ils en auraient non seulement l’usage mais ce rite serait  le rite propre de l’Administration Apostolique. Il faut là encore citer la lettre du Pape
Jean-Paul II à Mgr Rangel, celle du 25 décembre 2001.
Là voici.
Elle est claire. Après avoir abordé la question de l’excommunication, le pape en arrive à la question canonique et à la question de la messe. Sur ce sujet,  il écrit :
« En même temps, nous vous informons, Vénérable Frère, qu'un document législatif va être préparé, document qui établira la forme juridique de la confirmation de vos biens ecclésiastiques et par lequel, le respect de vos biens propres sera garanti.
Par ce document, l'Union sera érigée canoniquement en une Administration apostolique personnelle qui sera directement soumise au Siège apostolique et aura son territoire dans le diocèse de Campos. La question de la juridiction cumulative avec l'ordinaire du lieu sera traitée. Son gouvernement vous sera confié, Vénérable Frère, et votre succession sera prévue.
Sera ratifiée à l'Administration apostolique, la faculté (facultas) de célébrer l'Eucharistie et la liturgie des Heures selon le rite romain et la discipline liturgique d'après les préceptes de notre prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu'au bienheureux Jean XXIII ».
La liberté de la messe dite de saint Pie V est clairement affirmée, ici,  dans ce document. Ils auront « la facultas » de dire cette messe et elle seule,  exclusivement. Ses prêtres ne sont pas tenus au « bi ritualisme » comme Rome le fit en 1999 avec  la Fraternité saint Pierre. Mais les choses  changent de ce côté-là aussi…J’ai fait de ce texte in illo tempore,  l’analyse. Je concluais que cette facultas était vraiment le droit affirmé pour les pères de Campos de dire la messe saint Pie V. On me contesta cette explication. J’étais alors heureux de pouvoir porter à la connaissance des fidèles la lettre de « confirmatur » de ce droit. C’est la lettre de Mgr Csaba Ternyàk,  archevêque titulaire d'Eminentiana,  secrétaire de la congrégation du clergé. Il faut la citer tant elle est importante.
Congrégation pour le Clergé
Prot. N° 20021399
Cité du Vatican, le 10 Juillet 2002
A son Excellence Révérendissime
Dom Licinio RANGEL, Administrateur apostolique de l'Administration apostolique Saint Jean-Marie Vianney
Monseigneur,
A la date du 8 Juillet dernier,  la Congrégation pour le Culte divin et  la Discipline des sacrements a répondu à une question posée par ce dicastère, au sujet du rit à utiliser lorsque des prêtres non incardinés dans l'Administration (apostolique Saint Jean-Marie Vianney) célèbrent  la Sainte Messe dans les églises de ladite Administration.
Conformément à la lettre autographe « Ecclesiae unitas » du Saint Père Jean-Paul II, datée du 25 Décembre 2001, et au décret « Animarum bonum », du 18 Janvier 2002, émanant de  la Congrégation des évêques, le rit liturgique codifié par saint Pie V, avec les adaptations décidées par ses successeurs jusqu' au Bienheureux Jean XXIII, est devenu le rit propre de l'Administration apostolique, de sorte qu'aucun prêtre légitimement admis à célébrer dans les églises propres de l' Administration apostolique personnelle Saint Jean-Marie Vianney n'a besoin d'autorisation supplémentaire pour user du Missel romain dans son édition typique de 1962.
En transmettant cette directive qui dissipera d'éventuels doutes et sera certainement d'un grand secours sur le chemin d'une communion ecclésiale que l'on souhaite toujours plus forte et profonde, je saisis cette occasion pour adresser à Votre Excellence révérendissime, mes salutations cordiales, y ajoutant celles du Cardinal Préfet, momentanément absent, et mes meilleurs voeux de bonne santé et de paix, avec lesquels je suis, Monseigneur, de Votre Excellence révérendissime, le très dévoué serviteur dans le Seigneur.
 Csaba Ternyàk, archevêque titulaire d'Eminentiana, secrétaire »
Ainsi voici les deux préalables satisfaits par Rome dans le cas de Campos.
Les autorités romaines sont disposées à faire de même pour  la FSSPX. Ce que Mgr Fellay exige,  Rome la fait concrètement, pratiquement pour Campos.  Pourquoi ne pas le dire ? Pourquoi ne pas en tenir compte ?  Pourquoi faire éternellement du surplace ?
Plus même.

La vraie situation des pères de Campos

Voilà un clergé qui, librement, officiellement et en plein accord et unité avec Rome, fait œuvre apostolique dans et avec les sacrements de  la Tradition , avec la messe traditionnelle, dans une circonscription administrative reconnue, officielle : l’Administration Apostolique Saint Jean Marie Vianney.  Voilà que Rome, ici, à Campos, « retrouve sa Tradition ». Voilà que Rome rend « toute sa place pleine et entière à  la Tradition  ». Là,  librement,  la Tradition , dans les mains de ces prêtres, reconnus par Rome, joue « son rôle dans la solution de la crise de l’Eglise ».
Voilà ce que demande Mgr Fellay. Voilà la raison de « ses deux préalables », dit-il. Voilà que Rome y a parfaitement répondu dans le cas de Campos. C’est ce que nous a expliqué Mgr Rifan lors de son passage en France. Ce que Mgr Fellay exige légitimement, Rome l’a voulu et permis à Campos, avec nos amis…Ne pas en tenir compte, ne pas le prendre en compte, faire comme si cela n’existait pas…n’est-ce pas être injuste ? N’est-ce pas refuser la réalité ? Se croire seul ? Les yeux fermés sur soi seul…
Mgr Fellay écrit dans son interview : « Les deux préalables - la libéralisation de l’usage du missel de Saint Pie V et le retrait du décret d’excommunication – visent au-delà des fidèles traditionnels le bien de l’Eglise tout entière ».  Certes !... «  Il s’agit de permettre à  la Tradition de retrouver droit de cité dans l’Eglise et de faire ses preuves sur le terrain. C’est ainsi que nous pouvons aider Rome à régler la crise dans l’Eglise. Ces deux préalables fonctionnent – selon l’expression des théologiens - comme un removens prohibens, ils doivent ôter les interdits qui empêchent  la Tradition d’agir pratiquement, pastoralement. ».
Mais Monseigneur ! Ce que vous demandez,  Rome l’a accordé déjà à Mgr Rangel.  Voilà que depuis quatre ans, - ce n’est pas rien -,  sur le terrain, nos amis agissent pratiquement et pastoralement dans et pour  la Tradition. Officiellement. Alors ! Voilà une région de l’Eglise où la « messe tridentine cesse d’être en liberté surveillée » comme vous le dites.  Voilà une circonscription géographique où le « ministère des prêtres traditionnels n’est plus entouré d’une suspicion d’excommunication ». Là, l’Eglise peut voir l’expérience de  la Tradition à l’œuvre… Cela existe aujourd’hui.  Pourquoi continuer à le demander à Rome comme si cela faisait encore problème…N’est-ce pas montrer un mauvais esprit ? L’apostolat de  la FSSPX serait-il le seul apostolat traditionnel digne d’estime et de respect ? Ce n’est pas raisonnable. « Cette phase expérimentale » que vous réclamez dans votre  réponse à la quatrième question, a lieu, aujourd’hui,  est en cours d’exercice… Pourquoi ne pas vouloir le prendre en compte…Rome, déjà, «  juge sur pièces, l’oeuvre accomplie par les prêtres traditionnels » à Campos. Le pape Benoît XVI en a même déjà félicité celui qui préside à cette œuvre,  Mgr Rifan. Alors pourquoi faire la « mauvaise tête ? Encore une fois, n’y aurait-il que l’apostolat de  la FSSPX qui, en ce domaine, serait valable ? Vous aurez du mal à le faire croire, Monseigneur ! On a l’impression, Monseigneur,  que vous ne voulez pas avancer. Vous faites du surplace.
Poursuivons l’analyse de votre exposé Monseigneur !

La question du Concile.

Vous en arrivez à la question du Concile, à la question doctrinale. Là encore vous faites du surplace.  Vous posez toujours les mêmes questions, comme si Rome sur l’affaire du Concile n’avait pas évolué grâce à la ténacité de Mgr Lefebvre. Quelle différence, en effet,  est-il possible d’ établir entre le premier entretien qu’eut Mgr Lefebvre avec les cardinaux Tabérra, Garonne et Wriegt,  à Rome en 1975 et le protocole d’accord signé avec le cardinal Ratzinger, le 5 mai 1988. Là, en 1975, il n’était question que de la déclaration  du 21 novembre 1974. « Elle était en tout point inacceptable… ». Il fallait retirer ce texte absolument. Et tant que cela ne serait pas fait, ce serait la guerre. Et ce le fut. La moindre critique  du Concile Vatican II était inacceptable. Ici, le 5 mai 1988, 14 ans plus tard,  on reconnaissait enfin la possibilité de critiquer cette œuvre conciliaire.  C’était une hypothèse possible, soutenable. Voici le passage sur ce sujet du texte fondamental. C’est le fameux article 3 du Protocole du 5 mai 1988 :  « A propos de certains points enseignés par le Concile Vatican II ou concernant les réformes postérieures de la liturgie et du droit, et qui paraissent difficilement conciliables avec  la Tradition , nous nous engageons à avoir une attitude positive d'étude et de communication avec le Siège apostolique, en évitant toute polémique ».
Il est bien dit que « certains points enseignés par le Concile Vatican II ou concernant les réformes postérieures de la liturgie et du droit »,  peuvent  paraître, sinon à tous, du moins à certains , « difficilement conciliables avec  la Tradition … ».  C’est une nouveauté de la part de Rome. Rome s’ouvre à la possibilité d’une critique. D’une critique légitime…Pour vous, Monseigneur,  Rome reste immuable sur son Concile, - je dis bien Rome et ne parle pas de tel ou tel prélat, fut-il cardinal…-  et n’envisage aucune discussion possible. De plus, vous ne tenez aucun compte du discours de Benoît XVI du 22 décembre 2005, comme s’il ne changeait pas les données du problème. Non ! Vous renvoyez ce discours d’un simple revers de main méprisable : «  Nous visons bien  autre chose qu’une « fausse interprétation superprogressite du Concile ». Comme si Benoît XVI en était resté à ce seul point…C’est un  peu court. Avouez !
Sur ce sujet, pourquoi ne pas en revenir a la position concrète de Mgr Felici, secrétaire général du Concile et à son enseignement dans la réception du Concile, rappelé très heureusement tout récemment par M l’abbé Philippe Laguérie ? Mgr Lefebvre l’acceptait tout à fait…Pourquoi ne jamais, non plus,  citer la position de Jean Madiran en cette affaire du Concile ? Toutes ses positions étaient partagées par Mgr Lefebvre…
Vos répétitions, toujours les mêmes, deviennent lassantes. Vous découragez ceux qui sont les mieux disposés à votre égard.

Une nouvelle considération cependant…

Sur ce problème des discussions avec Rome, vous ajoutez, cependant,  une considération nouvelle, digne d’intérêt. Vous répondez :
« La discussion doctrinale a bien pour but d’obtenir la reconnaissance par Rome de cette cause, (NDLR, à savoir que  le Concile est la cause du drame que connaît l’Eglise)  mais étant donné les principes modernes dont sont imbues les autorités romaines depuis Vatican II, cette discussion ne peut avoir lieu sans le concours d’une leçon donnée par les faits eux-mêmes, ou encore plus précisément :  elle ne peut se faire sans la considération de l’œuvre concrète que  la Tradition peut accomplir en vue d’une solution à la crise des vocations, de la pratique religieuse…
De notre point de vue, ce sont les effets de l’apostolat traditionnel qui feront voir a contrario où est la cause de la crise. Voilà pourquoi des préalables pratiques me paraissent indispensables au bon déroulement des discussions doctrinales.
La liberté d’action rendue à  la Tradition doit lui permettre de faire ses preuves et de départager dans les faits les deux parties qui ne s’accordent pas doctrinalement sur la cause de la crise. Cette leçon des faits que nous demandons à Rome de bien vouloir accepter, repose avant tout sur notre foi en la messe traditionnelle. Cette messe réclame d’elle-même l’intégrité de la doctrine et des sacrements, gage de toute fécondité spirituelle auprès des âmes ».
Je crois, Monseigneur,  que, là, dans cette réflexion,  vous avez raison. Aujourd’hui, les  actes auraient plus d’impact que toutes les discussions possibles. C’est pourquoi  je me suis réjouis de la fameuse messe célébrée par le cardinal Castrillon Hoyos, le 24 mai 2003 C’était un geste, le premier…Il y en aura d’autres, bientôt… Disons qu’il faut les deux. C’est ce que vous demandez. Je partage votre avis lorsque vous dites : « il faut affirmer et la nécessaire leçon des faits et l’indispensable discussion doctrinale »
Mais cela le voulez-vous vraiment…J’en doute…Vous ne concevez possible « l’expérience des faits » qu’en troisième étape, la première étape étant les préalables acceptés par Rome, la seconde,  le problème doctrinal réglé. Viendrait enfin le règlement canonique qui vous permettrez d’agir et de faire la preuve par les faits de la valeur de  la Tradition dans le sein de l’Eglise.   Cette succession d’étapes me parait très factice et un peu contradictoire. Disons que vous ne semblez pas prendre les bonnes décisions pour pouvoir faire la preuve de la bonté de  la Tradition et faire ainsi, selon votre désir, évoluer les autorités vers la bonne doctrine. Seriez-vous finalement velléitaire ? C’est du moins l’impression que vous donnez. Vous voulez sans vouloir. Vous cogitez et hésitez. Vous tournez en rond ! Quoi !

Les accords avec Rome ?

Vous poursuivez votre entretien et répondez à la question suivante : « Alors ! l’accord canonique aux calendes grecques » ?
Vous  répondez : «  On parle d’administration apostolique, de prélature personnelle, d’ordinariat…, cela semble prématuré. En souhaitant un accord canonique tout de suite et à tout prix, nous nous exposerions à voir immédiatement resurgir tous les problèmes doctrinaux qui nous opposent à Rome, et cet accord serait aussitôt caduc. Cette régularisation de notre statut canonique devra intervenir en dernier lieu, comme pour sceller un accord déjà réalisé au moins pour l’essentiel au niveau des principes, grâce aux faits constatés par Rome.
D’ailleurs, imaginons un instant que nous acceptions une structure canonique pour n’envisager qu’ensuite - à l’intérieur, dans le « périmètre visible » des diocèses - les questions doctrinales, nous ne pourrions pas accomplir notre ministère avec toute son efficacité pastorale. Les conditions pratiques ne seraient pas réunies pour permettre une leçon des faits pleine et entière, c’est-à-dire convaincante »
Mais Monseigneur l’expérience de Campos est là.  Ces prêtres font un excellent travail. Ils n’ont pas changé de messe, ils n’ont pas changé de catéchisme. Il enseigne toujours la même vérité. Comme du temps de Mgr de  Castro Mayer. Là, déjà « les conditions pratiques sont réunies pour permettre une leçon de faits pleine et entière, c’est-à-dire convaincante »
De plus vous semblez identifier la situation de Campos avec celles des communautés « Ecclesia Dei », ou  plus exactement,  vous ne voulez tenir compte que de la situation dans lesquels se débattent nos confrères dans le cadre d’ « Ecclesia Dei »…Comme si rien n’avez changé dans l’esprit de Rome depuis 1988 ? Vous ne tenez aucun compte de la situation créée par Rome à Campos. Mais pourtant autre la situation créée  par le motu Proprio « Ecclesia Dei »,  autre la situation créée par les statuts donnés par Rome à l’Administration  Apostolique saint Jean Marie Vianney. Vous ne semblez connaître qu’une situation, celle qui date de 1988, ignorant celle, nouvelle, créée en 2002 ?
Vous écrivez en effet : « Comme c’est déjà le cas pour les communautés Ecclesia Dei, notre apostolat traditionnel serait en liberté surveillée, autorisé à ne se manifester qu’avec parcimonie de-ci de-là, comme au compte-gouttes ».
Le tout est de savoir si la situation tragique de l’Eglise aujourd’hui,  - la crise impressionnante des vocations, la chute vertigineuse de la pratique religieuse… - lui permet de se contenter de remèdes à administrer au compte-gouttes »
 Mais nous sommes, Monseigneur, en 2002 et non plus en 1988 ? La situation est différente. Vous datez et retardez. Là,  Monseigneur, à Campos les prêtres de Mgr Rifan ne sont plus en « liberté surveillée, ni seulement «  autorisés à se manifester qu’avec parcimonie de –ci de-là, comme au compte-gouttes ». Non ils ont « pignon sur rue ». Ils se manifestent en toute liberté. Ils ont même, puisque cela semble pour vous un critère d’efficacité apostolique, construit et ouvert un autre séminaire. Il a même fière allure…
Vous écrivez :  «  Cette régularisation de notre statut canonique devra intervenir en dernier lieu, comme pour sceller un accord déjà réalisé au moins pour l’essentiel au niveau des principes, grâce aux faits constatés par Rome ».
Sur ce sujet êtes-vous bien fidèle à la pensée de Mgr Lefebvre. Vous renvoyez le problème canonique en troisième position, « en dernier lieu » dites-vous.
Ce n’est pas comme cela que Mgr Lefebvre envisageait  le problème. Il a  donné sa pensée dans sa lettre du 21 novembre 1987. Pourquoi ne la citez-vous jamais ? Pourquoi ne pas vous y référez ? Lisez-là, relisez la. Vous verriez que Mgr Lefebvre ne réglait pas le problème en ces trois étapes successives que vous nous décrivez. Il proposait une solution globale. Il suggérait que Rome nous prenne « tels que nous sommes » avec notre amour de la messe saint Pie V, avec notre amour de  la Tradition, avec notre catéchisme du Concile de Trente avec les sacrements tels que nous les avons reçus depuis toujours de l’Eglise, avec notre bréviaire de saint Pie X…Il suggérait la création d’une commission romaine dont les membres seraient  animés de l’amour de Rome, certes,  mais aussi de l’amour de sa Tradition . C’était pour lui, la vraie condition « sine qua non ». Et pour ce faire, il suggérait la création d’une structure canonique, inspiré du récent texte de Jean-Paul II réorganisant les « Vicariats aux armées », celui de 1986. Il trouvait particulièrement judicieux le système de la « juridiction cumulative ». Ce qui permettrait, écrivait-il,  « de régler bien des problèmes ». C’est dans ce cadre juridique, clair,  que Mgr Lefebvre proposait à Rome de  « faire, enfin, l’expérience de  la Tradition  ». Ce fut, j’allais dire  son « slogan », toute sa vie. Que de fois ne l’a-t-il pas  dit et redit. Et vous, Monseigneur, vous, au contraire,  vous n’imaginez pas un seul instant qu’une telle solution soit seulement possible. Vous écrivez,  contredisant point par point,  Mgr Lefebvre:
« On parle d’administration apostolique, de prélature personnelle, d’ordinariat…, cela semble prématuré. En souhaitant un accord canonique tout de suite et à tout prix, nous nous exposerions à voir immédiatement resurgir tous les problèmes doctrinaux qui nous opposent à Rome, et cet accord serait aussitôt caduc ».
 Mais c’est bien Mgr Lefebvre qui demandait « cette régularisation de notre statut canonique »  Et en premier. Vous vous dites qu’elle doit arriver « en dernier ».
Vous ajoutez : « D’ailleurs, imaginons un instant que nous acceptions une structure canonique pour n’envisager qu’ensuite - à l’intérieur, dans le « périmètre visible » des diocèses - les questions doctrinales, nous ne pourrions pas accomplir notre ministère avec toute son efficacité pastorale. Les conditions pratiques ne seraient pas réunies pour permettre une leçon des faits pleine et entière, c’est-à-dire convaincante ».
C’était pourtant la position voulue par Mgr Lefebvre. Vous « imaginez », c’est votre mot,  que notre apostolat, dans un tel cadre juridique,  ne pourrait pas parfaitement s’exprimer.
Mgr Lefebvre ne pensait pas comme cela. Il vous déjuge.
Et de fait, nos amis de Campos, dans le cadre juridique que Rome leur a concédé, se rapprochant grandement de la solution suggéré par Mgr Lefebvre, vous déjugent aussi. Dans le « périmètre visible » de leur diocèse de Campos,  - mais aujourd’hui, au-delà, également,  ils accomplissent « leur ministère avec toute son efficacité pastorale ». Les conditions semblent bien réunies, dans leur cadre juridique,  pour leur permettre de « donner à Rome et à l’épiscopat par les faits  une leçon pleine et entière, c’est-à-dire convaincante» -  ils n’ont, du reste, pas cette prétention  - Mais peu importe ici, ils font la preuve que cet apostolat de la Tradition est possible dans un cadre juridique ad hoc. Ce que vous souhaitez pour vos prêtres, la liberté d’un apostolat traditionnel,  Mgr Lefebvre le demandait  de Rome par la création d’un cadre canonique. Nos amis de Campos l’ont obtenu de Rome. Et Rome veut vous le donner. Et vous refusez toujours, restant dans votre propre « imagination » et vos propres conceptions, refusant de vous en remettre à la sagesse de Mgr Lefebvre et de son sens pratique des choses…Et à défaut de ceci, vous refusez de voir le beau ministère des pères de Campos, gardant l’amour de la Tradition et la gardant bien vivante dans leurs mains pour leurs fidèles.

Et vous parlez de « fidélité ?


DOCUMENTS

A- Lettre du Souverain Pontife Jean Paul II à Mgr Rangel, le 25 décembre 2001.

Au vénérable frère Licinio Rangel et aux Chers Fils de l'Union Saint Jean Marie Vianney  de Campos au Brésil.
L'unité de l'Eglise est un don que nous offre le Seigneur, Pasteur et Tête du Corps mystique, et qui demande en même temps une réponse empressée de la part de chacun de ses membres qui ont reçu cette garde pressante du Sauveur: « Afin que tous soit un, de même que Vous, Père, vous l'êtes en moi et moi en vous, afin qu'eux-mêmes aussi soient un en vous: afin que le monde croie que Vous m'avez envoyé ». (Jn. 17,21)
 Nous avons reçu avec une très grande joie votre lettre, datée du 15 Août de cette année, par laquelle toute l'Union a renouvelé sa profession de foi catholique, en signifiant « sa pleine communion avec la Chaire de Pierre, en reconnaissant son Primat et son gouvernement sur l'Eglise universelle, ses pasteurs et ses fidèles », en déclarant aussi « ne vouloir pour rien au monde être séparée de Pierre sur qui Jésus Christ a fondé son Eglise ».
Nous avons reçu avec une très grande joie pastorale le fait que vous vouliez coopérer avec le Successeur du bienheureux Pierre à la propagation de  la Foi et de  la Doctrine catholique, recherchant l'honneur de  la Sainte Eglise qui est l'étendard levé parmi les nations (Is. II, 12- Maredsous) et combattant contre ceux qui, en vain, essaient d'ébranler le Navire de Pierre parce que « les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle » (Mtt. 16, 18).
 Nous rendons grâce au Seigneur Un et Trine pour de si bons sentiments !
 Après avoir considéré toutes ces choses et ayant devant les yeux la gloire de Dieu, le bien de  la SainteEglise , ainsi que cette loi suprême qu'est le salut des âmes (cf. can. 1752 CIC), et étant d'accord sincèrement avec votre requête de pouvoir être admis à l'entière communion avec l'Eglise catholique, nous reconnaissons que vous lui appartenez canoniquement. En même temps, nous vous informons, Vénérable Frère, qu'un document législatif va être préparé, document qui établira la forme juridique de la confirmation de vos biens ecclésiastiques et par lequel, le respect de vos biens propres sera garanti.
 Par ce document, l'Union sera érigée canoniquement en une Administration apostolique personnelle qui sera directement soumise au Siège apostolique et aura son territoire dans le diocèse de Campos. La question de la juridiction cumulative avec l'ordinaire du lieu sera traitée. Son gouvernement vous sera confié, Vénérable Frère, et votre succession sera prévue.
 Sera ratifiée à l'Administration apostolique, la faculté (facultas) de célébrer l'Eucharistie et la liturgie des Heures selon le rite romain et la discipline liturgique d'après les préceptes de notre prédécesseur saint Pie V, avec les adaptations introduites par ses successeurs jusqu'au bienheureux Jean XXIII.
 C'est assurément avec une très grande joie, pour que pleine communion soit rendue certaine, que nous déclarons la levée de la censure dont il est traité au can 1382 CIC, à votre égard, Vénérable Frère, en même temps que la levée de toutes les censures et le pardon de toutes les irrégularités dans lesquelles sont tombés les autres membres de cette Union.
 Nous n'oublions pas le jour particulier de la signature de votre lettre, en la solennité de l' Assomption de  la Bienheureuse Vierge Marie. Nous confions à cette même sainte Mère de Dieu et de l'Eglise, cet acte avec le voeu qui se fait intense de voir s'accomplir une communion, de jour en jour, plus étroite entre le clergé et les fidèles de cette même Union et le cher diocèse de Campos afin que soit renouvelée la ferveur authentique en l' apostolat de  la Sainte Eglise.
 A tous les membres de l'Union Saint Jean Marie Vianney, nous accordons, du fond du cœur, notre bénédiction apostolique.
 Fait au Vatican, le 25 décembre, en la solennité de  la Nativité du Seigneur,  en l'an 2001, le vingt-quatrième de notre pontificat.
Jean-Paul II

B- Lettre de l’Union Saint Jean Marie Vianney au Pape du 15 Août 2001

Très Saint Père,
Humblement prosternés aux pieds de Votre Sainteté, nous prêtres de l'Union Sacerdotale St Jean Marie Vianney du diocèse de Campos, état de Rio, Brésil, désirons présenter une demande au Vicaire du Christ et lui exprimer notre gratitude.    
Nous n'avons aucun titre à mettre en avant ; nous sommes les derniers prêtres de Votre presbyterium ; nous ne possédons ni distinction, ni qualité, ni mérite. Mais notre état, d’ailleurs honorable, est de faire partie des brebis de Votre troupeau et cela est assez pour retenir l'attention de Votre Sainteté. L'unique titre que nous revendiquons avec honneur est celui de catholiques apostoliques et romains.
Et, au nom de notre foi catholique apostolique et romaine, nous nous sommes efforcés de garder la sainte Tradition doctrinale et liturgique que la Sainte Eglise nous a léguée et, dans la mesure de notre faible force et soutenus par la grâce de Dieu, de résister à ce que Votre prédécesseur d' illustre mémoire le Pape Paul VI a appelé l' "autodémolition" de l'Eglise. C'est de cette manière que nous espérons  rendre le meilleur service à Votre Sainteté et à la Sainte Eglise.
Très Saint Père,
Nous avons toujours considéré être dans l'Eglise catholique, dont nous n'avons jamais eu l'intention de nous séparer malgré la situation de l'Eglise et les problèmes qui ont affecté les catholiques de la ligne traditionnelle, que Votre Sainteté connaît, et qui, nous le croyons, remplissent Votre cœur comme les nôtres de douleur et d'angoisse : cependant juridiquement nous avons été considérés comme vivant en marge de l'Eglise.
Voici donc notre demande : que nous soyons acceptés et reconnus comme catholiques. 
Venant au devant de notre désir, Votre Sainteté a chargé Son Eminence le cardinal Dario Castrillón Hoyos, Préfet de la Sacrée Congrégation pour le Clergé, de procéder à la reconnaissance juridique de notre position de catholiques dans l'Eglise.
Que nous en sommes reconnaissants à Votre Sainteté!
Nous demandons, officiellement, à collaborer avec votre Sainteté dans l'œuvre de la propagation de la foi et de la doctrine catholique, avec zèle et pour l'honneur de la Sainte Eglise  - «Signum levatum in nationes » -; dans le combat contre les erreurs et les hérésies qui menacent de détruire la barque de Pierre, inutilement puisque " les portes de l'Enfer ne prévaudront pas contre elle."  Nous déposons dans les augustes mains de Votre Sainteté  notre profession de foi catholique : nous professons une parfaite communion avec la Chaire de Pierre dont Votre Sainteté est légitime successeur. Nous reconnaissons Votre primauté et Votre gouvernement sur l'Eglise universelle, pasteurs et fidèles . Nous déclarons que, pour rien en ce monde nous ne voulons nous séparer de la Pierre sur laquelle Jésus-Christ a fondé son Eglise.
Et si par hasard dans la chaleur de la bataille pour la défense de la Vérité catholique nous avons commis quelque erreur ou causé quelque déplaisir à Votre Sainteté, en dépit du fait que notre intention ait toujours été de servir la Sainte Eglise, nous implorons humblement Votre pardon paternel.
Nous renouvelons l'expression du plus profond sentiment de vénération envers l'auguste personne du Vicaire de Jésus-Christ sur la terre, et sollicitons pour nous et pour notre ministère le bienfait précieux de la bénédiction Apostolique.
Nous sommes de Votre Sainteté, les fils humbles et obéissants,
Campos de Goytocazes, Etat de Rio de Janeiro, Brésil, le 15 août 2001, fête de l'Assomption de la Très Sainte Vierge Marie
( suivent les signatures de Mgr Rangel et de tous les autres membres de l'Union Sacerdotale Saint Jean-Marie Vianney )