5 juillet 2018

[Mgr Williamson] Déclaration à l'occasion de l'anniversaire des sacres du 30 juin 1988

SOURCE - Mgr Williamson - via Reconquista - 5 juillet 2018

[A l'occasion du trentième anniversaire des sacres de 1988, Mgr Williamson a fait une déclaration dont voici la première partie traduite en français et revue par Monseigneur. (Texte original ici)]
Durant les 53 ans qui se sont écoulés depuis la fin du concile Vatican II en 1965, le plus grand acte accompli pour défendre la foi catholique a été sans aucun doute le sacre de quatre évêques par Mgr Lefebvre à Écône en Suisse, le 30 juin 1988. Cet acte a été le couronnement glorieux de sa longue et distinguée carrière au sein de l’Église Catholique. Le récent 30è anniversaire de ce grand évènement, se doit d’être commémoré par une présentation de ce qui y a conduit et de ce qui en a découlé.

C’est la dramatique rupture au concile Vatican II entre l’Autorité catholique et la Vérité catholique qui est à la racine de cet acte. L’Autorité catholique existe principalement pour défendre la Vérité catholique : « Pierre, quand tu auras retrouvé la Vérité, alors exerce ton autorité pour confirmer tes frères dans la Foi. », dit Notre Seigneur au chef de son Eglise, juste avant sa passion. Mais lors de Vatican II, la masse des évêques et dirigeants de l’Eglise a voté pour que la liberté, l’égalité et la fraternité de la Révolution Française soient introduites à l’intérieur de l’Eglise sous la forme de liberté religieuse, collégialité et œcuménisme. Pour entrer en harmonie avec le monde révolutionnaire moderne, les hommes d’Eglise ont imposé à l’Eglise entière de quitter l’harmonie avec Dieu. Il en a résulté une crise dans l’Eglise, sans aucun précédent dans toute son histoire, et qui fait toujours rage.

Pour commencer, nous présenterons l’action menée par Mgr Lefebvre pour contrer cette crise. Et comme l’archevêque lui-même est le meilleur commentateur de son action, nous résumerons en seconde partie toutes les réponses importantes qu’il donna aux questions qui lui furent posées lors d’une interview en 1989, un an après les sacres, et chaque réponse sera suivie d’une brève mise-à-jour dans le contexte actuel, 30 ans plus tard. Tout d’abord, ce qui a conduit à son action.

Procédant de la rupture, survenue au Concile, entre l’Autorité catholique et cette Vérité catholique qui aurait dû y être fidèlement défendue, tous les catholiques devinrent forcément plus ou moins schizophréniques. Dans le but de correspondre à l’homme moderne, l’Autorité catholique (le pape et les évêques) avait rompu avec la Vérité catholique (la doctrine immuable de l’Eglise). C’est pourquoi, soit les catholiques obéissaient à l’Autorité catholique et abandonnaient plus ou moins la Vérité catholique, soit ils s’accrochaient à la Vérité catholique et étaient forcés de « désobéir » (au moins en apparence) aux autorités catholiques. De trop nombreux catholiques – aussi bien le clergé que les laïcs – manquaient d’une vraie fermeté en matière de doctrine, et c’est pourquoi le faux Concile – déloyal vis-à-vis de la Vérité catholique – fut quasi universellement accepté dans les années suivant le Concile. Lors de ce Concile, les bergers s’égarèrent et paisiblement la plupart des brebis catholiques suivirent, si bien que l’Eglise catholique se transforma petit à petit en ce que l’on peut appeler l’Eglise conciliaire, juste comme un nid de rossignols, lorsqu’il est occupé par les coucous, peut être appelé un nid de coucous.
  
Mais par une grâce spéciale de Dieu, Mgr Lefebvre ne cessa jamais de s’agripper à la Vérité catholique, à la différence de la masse de ses confrères évêques et prêtres dans les années 60. C’est pourquoi il ne confondit jamais le chant des coucous avec le chant des rossignols, et voilà pourquoi en 1970 il fonda une école de rossignols, autrement dit un séminaire véritablement catholique avec une Congrégation ou Société véritablement catholique, la Fraternité St Pie X, pour former des prêtres vraiment catholiques, afin que tous les catholiques souhaitant encore sauver leurs âmes eussent à leur disposition pour se sauver éternellement la doctrine et les sacrements de toujours, non-contaminés par les coucous conciliaires, pour parler ainsi. 

Mais les hommes d’Eglise conciliaires à Rome ne souhaitaient pas que l’ancienne religion continue ; de par sa Vérité, elle les discréditait comme autorités catholiques. C’est pourquoi en 1974, ils envoyèrent une délégation pour inspecter le séminaire de Monseigneur à Écône. En 1975, ils le convoquèrent à Rome pour justifier sa constance dans la pratique de l’ancienne religion, et ils le punirent en le relevant de ses fonctions épiscopales. Mgr Lefebvre ne tint jamais compte de cette suspension parce qu’elle avait beau être venue d’une autorité de l’Eglise, elle n’était pas en accord avec la justice parce qu’elle n’était pas en accord avec la Vérité catholique, pour le service de laquelle l’Autorité de l’Eglise existe seulement. Aussi Monseigneur considéra-t-il toujours cette suspension comme étant invalide, et parce qu’il plaçait la Vérité devant l’autorité déloyale, il n’y accorda pas d’importance, ce qui permit à  Écône de continuer.
[Deuxième et dernière partie de la Déclaration de Mgr Williamson à l'occasion des 30 ans des Sacres de 1988. Mgr reprend et actualise l'importante interview que Mgr Lefebvre avait donnée en 1989 - SOURCE
1.Pourquoi avez-vous sacré quatre évêques l’an dernier ?
Mgr Lefebvre : Je devais avoir des successeurs pour la survie de la Fraternité. Lorsque j’ai annoncé en 1987 que je consacrerais des évêques, Rome était prête à faire des concessions pour m’arrêter de les faire, mais je n’avais pas confiance en ces conciliaires Romains après ces 14 années de discussions avec eux. Ils organisèrent une visite de la Fraternité, mais « très vite nous avons réalisé que nous discutions avec des personnes qui n’étaient pas honnêtes. »

En fait, eux et nous travaillions en deux sens contraires. A la dernière minute, les contacts montrèrent que nous souhaitions re-christianiser le monde moderne, alors qu’ils souhaitaient, selon l’esprit de ce monde, aider à sa dé-christianisation. Pour la survie de la Tradition catholique, j’ai été obligé de sacrer.
Mise à jour : En 2018, les Romains, tout spécialement le Pape François, s’accrochent toujours à leur Concile et donc à la dé-christianisation du monde. Mais ils veulent toujours paraître Chrétiens, donc ils sont toujours « des personnes non honnêtes ». L’énorme différence dans les relations actuelles de la Fraternité avec Rome, c’est que Mgr Fellay, Supérieur Général de la Fraternité de 1994 à 2018, ne fut plus sûr que les Romains « ne sont pas d’honnêtes personnes ». En leur faisant virtuellement confiance, il a changé, au cours de ces 24 années, la Fraternité catholique de Mgr Lefebvre en sa propre Néo-fraternité libérale, exactement comme Vatican II a changé l’Église catholique en une Néo-église.
2. Le bruit a couru que Rome pourrait doter la Fraternité Saint-Pierre d’un évêque?
Mgr Lefebvre : Rome ne leur accordera jamais un évêque entièrement traditionnel, mais seulement un évêque qui tout doucement les ramènera au Concile. L’Église est avant tout faite d’évêques. Donc s’ils n’en ont pas, ils se sont en effet rendus au Concile. Il ne peut y avoir de Tradition sans évêques traditionnels. C’est la Foi qui est en jeu. Remercions Dieu que la Fraternité ait maintenant de tels évêques.
Mise à jour : En 2018, pour ce qui est des évêques, la Néo-fraternité s'est enfoncée dans un cul-de-sac. Elle a désespérément besoin de plus d’évêques, mais elle ne veut pas offenser la Rome conciliaire, donc elle va insister pour avoir l'approbation de Rome pour tout candidat qu’elle propose. Mais la Rome conciliaire n’approuvera que des candidats conciliaires. Alors, la Néo-fraternité doit ou bien renoncer à l’approbation conciliaire, ou bien renoncer aux candidats traditionnels. Mais comment alors la Néo-Fraternité pourra-t-elle servir la Tradition ? Mgr Fellay a conduit la néo-Fraternité dans une impasse. Et remarquons en passant que la Fraternité St Pierre n’a toujours pas eu d’évêque.
3. Mais n’auriez-vous pas été plus efficace en restant dans l’Eglise ?
Mgr Lefebvre : Quelle Église ? L’Église occupée et soumise aux modernistes dévoués au Concile ? Comment pensez-vous que la Tradition puisse survivre sous la commande de Conciliaires ? C’est une complète illusion. Les sujets ne forment pas les supérieurs. Ce sont les supérieurs qui forment les sujets.
Mise à jour : Entre 1988 et 2018, nous avons vu quelques groupes traditionnels se soumettre à la Rome conciliaire, en étant persuadés qu’ils seraient capables de préserver la Tradition. Aucun n’en a été capable. « Mais ils n’ont pas eu d’évêque, alors que nous en avons, » répond la Néo-fraternité. Mais le seul des quatre évêques qui aurait réellement résisté, la Néo-fraternité l’a exclu. Quant à Mgr Fellay, il a été entièrement décidé à se soumettre aux conciliaires parce que, en rentrant dans l’Église conciliaire, il a été sous l’incroyable illusion que la Néo-fraternité sera capable de faire revenir la Néo-église à l’Église catholique. Et les deux évêques restant ont suivi Mgr Fellay.
4. Ne risquez-vous pas de créer une Eglise parallèle à ce que certains appellent l’Eglise visible ?
Mgr Lefebvre : La Véritable Église catholique est toujours visible, mais toutes les « églises » visibles ne sont pas catholiques, à moins qu’elles n’aient les quatre notes, à savoir, « Une, Sainte, Catholique et Apostolique. » Ces quatre notes, la Fraternité les a. L’Église conciliaire ne les a pas. Elle n’est pas « une » avec l’Église catholique de tous les siècles qui ont précédé. On ne peut pas non plus affirmer que l’Église conciliaire est infaillible parce qu’elle est l’Église officielle. Les papes et cardinaux conciliaires refusent l’infaillibilité parce qu’ils sont des libéraux qui ne croient ni ne veulent croire à une Vérité immuable. L’Église conciliaire a beau être visible, elle a beau être officielle, mais au regard des quatre notes, elle est virtuellement schismatique et virtuellement excommuniée.
Mise à jour : En 2018, L’Eglise officielle, visible à Rome et partout dans le monde, est toujours conciliaire, et pour cette raison, virtuellement schismatique et virtuellement excommuniée. Cependant, c’est dans cette Néo-église que Mgr Fellay a voulu faire rentrer la Fraternité et il y a travaillé pendant 20 ans avec ses collègues libéraux à la tête de la Fraternité. Mais occuper un nid de rossignols ne change pas les coucous en rossignols. Mgr Fellay et ses collègues ont transformé la Fraternité de rossignols catholiques en leur Néo-fraternité de coucous libéraux.
5. Ne peut-on former des prêtres catholiques sans exiger qu'il y ait des évêques catholiques pour les ordonner ?

Mgr Lefebvre : Dans ce cas-là les séminaristes catholiques devront demander à des évêques conciliaires de les ordonner, avec toutes les conséquences conciliaires fâcheuses. Au contraire, la Fraternité n’a jamais été ni schismatique, ni excommuniée, ni contre le Pape quand il est fidèle, ni contre l’Église quand elle n’est pas conciliaire. La Fraternité s’est simplement mise en retrait de l’Église et des papes conciliaires dans le but de continuer à être catholique.

Je suis effrayé à la pensée des millions de catholiques qui sont en train de perdre la foi parce qu’ils n’osent pas se mettre à l'abri de l’influence conciliaire.
Mise à jour : Non seulement la Néo-fraternité de Mgr Fellay ne se mettait plus à l'abri du conciliarisme, elle s’efforçait positivement de se placer elle-même sous l’autorité des Romains conciliaires ! Mais comment peuvent-ils être aussi infidèles à leur Fondateur ? Par ignorance, par orgueil, ou les deux ? Ils se font illusion, ou bien que Rome ait changé (ignorance), ou bien qu’une fois rentrés, ils pourront convertir Rome (ignorance et orgueil), ou bien qu'ils peuvent « réussir » à accomplir la « réunion » là où Mgr Lefebvre « a échoué» (Orgueil).
Dans tous les cas, ils n’ont pas eu suffisamment de Foi catholique pour comprendre ce que faisait réellement Mgr Lefebvre.
6. Mais ne pouvez-vous vous réconcilier avec Rome ?
 Mgr Lefebvre : C’est la suggestion d’un prêtre catholique particulier qui est obligé en même temps d’admettre que la doctrine du Concile sur la liberté religieuse est un problème sérieux. En effet, le Concile ne définit plus la liberté comme la liberté de faire ce qui est objectivement bon, mais comme la liberté de suivre sa conscience subjective. Mais c’est la mort de l’Église Catholique. Et lorsque nous avons envoyé nos objections officielles à Rome, les Romains conciliaires ont répondu avec des erreurs pires que celles du Concile lui-même. De telles actions favorisent le communisme.
Mise à jour : Depuis les contacts « secrets sans être secrets » entre Rome et Écône dans les années 90, Mgr Fellay a mené ces tentatives de la Néo-fraternité pour se réconcilier avec Rome. En 2018, il ne souhaite pas « tout en souhaitant » être ré-élu une nouvelle fois Supérieur Général de la néo-Fraternité dans le but de parachever la réconciliation. Mais n’a-t-il pas appris à Ecône, à l’époque de Mgr Lefebvre, à quel point la doctrine sur la liberté religieuse du Concile est mauvaise ? Évidemment, il l’a appris, mais il est libéral, et c’est ainsi que ses paroles vont dans un sens pendant que ses actions vont dans un autre. Il connaît la doctrine catholique, mais il ne s’appuie pas sur elle pour agir, parce qu’au fond, il ne la prend pas au sérieux, tout en prétendant le faire !
7. Vous accusez l’Eglise de favoriser le communisme, mais il a été récemment interdit à un Cardinal romain d’entrer en Ukraine.
Mgr Lefebvre : Il a brûlé les étapes. L’amitié communiste-catholique n’en est pas encore là. Mais chaque fois que des Papes conciliaires agissent envers les communistes comme s'ils étaient des personnes normales, ils font beaucoup de mal aux simples Catholiques. Le respect de l’erreur et du vice comme s’ils étaient la vérité et la vertu, ruine la moralité chrétienne et ruine la vie en société.
Mise à jour : En 2018, le problème des hommes d’Église conciliaires fraternisant avec le vice et l’erreur en politique est le même, seulement il se vérifie moins en Russie qui est sur la voie d’un vrai regain de vie religieuse, et d’avantage dans les nations de l’Ouest qui deviennent communistes sans en avoir le nom. Et ceci en raison de l’essence même du communisme qui est l’athéisme matérialiste, actuellement rampant à l’Ouest. Le Conciliarisme équivaut à l’athéisme matérialiste occupant l’Église catholique.
8. Le Pape Jean-Paul II défend-il la morale catholique ?
Mgr Lefebvre : Dans ses orientations générales, oui, mais pour prendre des positions énergiques face à certains problèmes particuliers, non. Par exemple, on laisse faire sans les poursuivre les prêtres qui sont favorables à la contraception.
Mise à jour : Au sujet de plusieurs problèmes particuliers, le Pape François maintenant s’attaque ouvertement à la morale catholique. L’Église conciliaire sombre de plus en plus. Cependant, la néo-Fraternité aspire toujours à se placer elle-même sous l’autorité des Romains conciliaires !
9. Mais n’y a-t-il pas des signes d’un certain retour de Rome à la Tradition ?
Mgr Lefebvre : Quelques signes, oui, mais un vrai retour, non. Et ceci parce que dans toute révolution, il est nécessaire de retenir les extrémistes qui vont trop loin, trop vite. C’est simplement une bonne tactique dans tout combat. Mais les erreurs fondamentales de la révolution conciliaire sont toujours acceptées et mises en pratique même par des évêques supposés être conservateurs. Ce retour à la Tradition n’est pas profond dans l’Église conciliaire, surtout lorsque de très dangereux révolutionnaires comme Mgr Kasper montent toujours plus haut.
Mise à jour : La situation à l’intérieur de l’Église conciliaire suit toujours les mêmes grandes lignes. On prend Mgr Athanasius Schneider comme exemple d’un évêque néo-conservateur, mais il croit toujours au Concile. Quant à Mgr Kasper, il est maintenant Cardinal et joue un rôle de premier plan dans l’Église conciliaire.
10. N’y a-t-il pas des cardinaux qui s’améliorent, par exemple les Cardinaux Ratzinger et Mayer ?
Mgr Lefebvre : Une telle amélioration de leur part semble être plutôt exceptionnelle et temporaire. Par exemple, en permettant l’utilisation du rite tridentin de la Messe, c’est habituellement seulement pour certaines communautés particulières, et ceci seulement en application de l’Indult qui est toujours une permission spéciale qui peut être retirée. En d’autres mots, il n‘est pas question pour ces Cardinaux d’abandonner la nouvelle Messe. Au contraire. (Maintenant les propres paroles très importantes de Mgr Lefebvre) « C’est pourquoi ce qui peut apparaître comme une concession (des conciliaires) n’est en réalité qu’une manœuvre pour parvenir à détacher de nous le plus possible de fidèles. C’est dans cette perspective qu’ils semblent donner toujours un peu plus et aller très loin. Il nous faut absolument convaincre les fidèles qu’il s’agit bien d’une manœuvre, que c’est un danger de se mettre entre les mains des évêques conciliaires et de la Rome moderniste. C’est le plus grand danger qui menace les nôtres. Si nous avons lutté pendant vingt ans pour éviter les erreurs conciliaires, ce n’est pas pour nous mettre maintenant dans les mains de ceux qui les professent. »
Mise à jour : Lorsqu’on observe, tout au long des 20 dernières années, la détermination et la ruse avec lesquelles Mgr Fellay, et le Quartier Général de la Fraternité à Menzingen qu’il a choisi pour l’entourer, ont poursuivi ce but de « se mettre eux-mêmes dans les mains de ceux qui professent les erreurs conciliaires », on ne peut s'empêcher de penser au Petit Chaperon Rouge se mettant elle-même sous le pouvoir du Grand Méchant Loup – excepté que le Petit Chaperon Rouge n’a jamais recouru à d’habituelles ambiguïtés et contre-vérités. Ces avertissements de Mgr Lefebvre ne seront jamais pris trop au sérieux par les catholiques souhaitant sauver leur âme. Les responsables de la Fraternité n’en ont absolument pas tenu compte ces 20 dernières années.
11. Les quatre nouveaux évêques vous ont-ils donné satisfaction depuis leur sacre l’année dernière ?
Mgr Lefebvre : Jusqu’à présent, oui. Sans réclamer aucune juridiction territoriale, tous les quatre me remplacent pour les Ordinations et Confirmations partout dans le monde. Du point de vue du territoire, ce sont les Supérieurs de District de la Fraternité qui répondent à l'appel au secours des catholiques dans telle ou telle région. Après tout, les catholiques ont droit aux sacrements et à la Vérité qui leur permettent de sauver leurs âmes, et c'est le Droit Canon qui accorde aux prêtres de la Fraternité le droit de répondre à leurs appels.

L'année dernière nous avons perdu quelques prêtres et fidèles, mais (paroles très importantes de Mgr Lefebvre lui-même) « nous pouvons remercier le Bon Dieu d'avoir permis que ceux-là nous aient quittés qui ne sont pas complètement d'accord avec nous, qui ne comprennent pas vraiment les raisons de notre combat. » Si ceux qui ne sont pas d'accord restaient avec nous, il y aurait désordre et division. Pourtant du point de vue du nombre nos pertes n'ont pas été si considérables que cela.
Mise à jour : Hélas, la Fraternité de Mgr Lefebvre a été très gravement induite en erreur durant ces 20 dernières années, par des libéraux conscients ou inconscients, par des prêtres de la Fraternité qui n’ont jamais « vraiment compris » le fond du combat de Mgr Lefebvre. Au lieu de quitter honnêtement la Fraternité pour rejoindre l’Église conciliaire, ils sont restés à l’intérieur de la Fraternité pour lui faire abandonner les positions prises par Mgr Lefebvre pour défendre la Foi. Oh ! Ils ont camouflé leur abandon, mais s’ils l’achèvent lors du Chapitre Général de 2018, alors les fruits de leur abandon ne tarderont pas à rendre évident ce qui n’est pas encore clair pour de nombreux Catholiques déçus. Que Dieu ait pitié !
12. Vous avez rencontré récemment le Cardinal Thiandoum à sa demande. Cherchait-il à ouvrir une voie de conciliation ?

Mgr Lefebvre : C’est vrai, je l'ai rencontré, mais il n’a pas offert de réelle ouverture de la part de Rome. En fait, les actions parlent plus fort que les paroles, donc s’il y a quelque chose qui peut persuader Rome de prendre la Tradition au sérieux, ce ne sont pas les paroles doucereuses, mais plutôt l’ouverture, par la Fraternité, de nouvelles maisons sur le terrain, l’une après l’autre. Rome se rend bien compte que cela n’est pas rien. Donc je pense qu’il est inutile pour moi de tenter de les contacter. Hélas ! Nous devons attendre que la situation devienne de plus en plus grave pour leur ouvrir les yeux.
Mise à jour : Hélas, depuis 1989, la situation dans l’Église et le monde est devenue encore beaucoup plus grave. Mais loin d’ouvrir les yeux à Rome, cela n'a servi qu'à fermer les yeux des dirigeants de la Fraternité. Ils n’ont pas saisi le plus profond des problèmes, qui est en train de ruiner l’Église et le monde, à savoir la perte de la Vérité et la perte correspondante de la Foi, parce que ces responsables sont des enfants de ce monde moderne. Ils peuvent être pieux, et penser que leur piété fait d’eux des surnaturels, mais leur piété n’a pas de solides fondements dans la réalité, donc leur « esprit surnaturel » est irréel. Ils devront souffrir pour apprendre que c'est Mgr Lefebvre qui a eu raison.
13. Pourquoi Rome ne vous a-t-elle pas accordé un seul évêque ? Sûrement ce n’était pas trop vous donner ?
 Mgr Lefebvre : La raison en est certainement leur crainte de la Tradition. Un seul évêque travaillant pour la Tradition, c’est un de trop pour eux.
Mise à jour : C’est sans doute pour la même raison que depuis 20 ans Rome a habilement mené en bateau Mgr Fellay et Menzingen. Cette Rome doit paralyser toute opposition sérieuse à son Concile.
14. Que pensez-vous du récent « Serment de Fidélité » de Rome ?
Mgr Lefebvre : Il est en trois parties et les deux premières sont catholiques, il n’y a pas de problème. Mais la troisième partie est très mauvaise, parce qu’elle exige que toute personne prononçant ce Serment soit en plein accord avec les évêques diocésains, autrement dit avec le Concile. Mais ce Serment de loyauté au Concile est absolument opposé au Serment Anti-moderniste qui était, lui, fidèle à la Tradition. Ce nouveau Serment est une fourberie.

Je me demande si Rome ne reprend pas du terrain perdu lors de la signature du Protocole du 5 mai de l’an dernier. Comme de mon côté je me suis rendu compte que j’avais été trop loin en le signant, Rome pouvait regretter de n’avoir pas assez exprimé dans le Protocole la nécessité de nous soumettre au Concile. Tous ceux qui signent ce Serment se trouveront dans l’obligation de faire un acte officiel de ralliement à l’Église conciliaire.
Mise à jour : Il n’y a aucun moyen pour la Rome conciliaire de reconnaître officiellement la Fraternité sans une certaine acceptation du Concile et de la Nouvelle Messe. Mgr Fellay doit soit trahir la Tradition en les acceptant, soit admettre qu’il a mal dirigé la Fraternité depuis 20 ans, ce dont il est peu probable qu’il le fasse.
15. Finalement, n’avez-vous aucun doute ni regret à propos des Sacres de l’an dernier ?
Mgr Lefebvre : Non. Je pense que tout cela a été mené vraiment providentiellement et presque miraculeusement. J’aurais pu le faire plus tôt, mais je suis content d’avoir attendu, montrant ainsi à Rome que j’ai fait tout ce que je pouvais pour obtenir d’eux une autorisation officielle. Tout en signant le Protocole qui garantissait un évêque, Rome refusait l’évêque. Si nous avions mis en pratique le Protocole, nous aurions eu toutes les peines du monde. Je pense qu’il fallait bien arriver à la décision que j’ai prise, et nous en étions à la toute dernière limite. J’ai eu raison de reprendre ma signature et de sacrer sans leur permission.

Juste un an plus tard, Mgr de Castro Mayer est si fatigué qu’il ne pourrait plus prendre part aux Sacres des quatre évêques comme il le fit l’an dernier. Mais sa participation a été une preuve cruciale que je n’étais pas seul à inventer dans ma propre tête cet événement. Sa présence et son admirable profession de Foi ont prouvé que cet événement était catholique et pas seulement « lefebvriste ».

Quant à moi, je me sens bien, mais j’ai atteint mes limites. Je ne peux plus célébrer des cérémonies importantes, ni entreprendre tous ces voyages à travers le monde. Je laisse cela à mes successeurs. La cérémonie elle-même a été un grand cadeau de Dieu. Ce que l’on peut espérer, c’est que les fidèles soient de plus en plus nombreux, qu’ils ouvrent les yeux et finissent par voir où se trouve la vérité, et qu'ils reconnaissent que le salut est dans la Tradition et non dans l’Église conciliaire.
Mise à jour : De plus en plus de catholiques sont en effet venus vers la Tradition depuis la mort de Mgr Lefebvre en 1991, mais le Démon n’a pas dormi face à la Fraternité. Dans les années qui suivirent, un diplomate français proposa que Rome et Écône se réconciliassent, en laissant de côté les questions de doctrine et en modérant chacun leur antagonisme. Et quelques années plus tard, grâce au GREC, des contacts discrets « mais qui n'étaient pas discrets » furent rétablis, tout le monde découvrit de nouveau que tout le monde est si gentil, et sans tarder, en 2012, officiellement, la Fraternité laissa de côté la doctrine dans l’espoir d’arriver à un accord non-doctrinal. Comme le monde moderne, comme l’Église conciliaire, la Fraternité se libérait de la Vérité. 
Cependant, avec ou sans la Fraternité, Dieu sauvera Son Église, par Sa Mère. Nous La prions d’obtenir le salut du plus grand nombre possible d’âmes, et nous La remercions profondément pour les vrais principes et l’exemple héroïque que nous a donnés son fidèle serviteur, Mgr Marcel Lefebvre.
+ Richard Williamson
Brewster, État de New-York, le 5 juillet 2018.