SOURCE  - Yves Chiron - Aletheia n°123 - 6 avril 2008
Rapprochements       et éloignements - par Yves Chiron
Si       aucune information ne filtre sur les discussions éventuellement en cours       entre le Saint-Siège et la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, on       constate, à la périphérie de celle-ci, des mouvements divergents.
•        La Transalpine Congregation of the Most Hooly Redeemer, communauté        plus communément appelée « Rédemptoristes Transalpins », a        été fondée par le Père Michael Sim (Michael Mary de son nom de        religion). Il l’a créée après qu’il a été, en 1988, exclu de sa        congrégation d’origine, la Congrégation du Très Saint Rédempteur (C.SS.R.), pour son opposition aux réformes que celle-ci avait connues et        à cause de sa fidélité à la messe traditionnelle. La maison-mère des        Rédemptoristes Transalpins est installée sur Papa Stonsay, une des îles        de l’archipel des Orcades, au nord de l’Ecosse.
Les Rédemptoristes       Transalpins ont figuré, depuis leur fondation, parmi les « ordres       religieux amis » avec lesquels la FSSPX entretenait des relations étroites.       Ses religieux recevaient une partie de leur formation dans les séminaires       de la FSSPX et recevaient les ordinations de la main des évêques de la       FSSPX. Le 19 janvier dernier encore, des prêtres des Rédemptoristes       Transalpins participaient, au côté de Mgr Fellay, aux cérémonies de bénédiction       de la nouvelle église de la FSSPX à Gateshead, près de Newcastle.
Le 8        février dernier, le P. Michael Mary, vicaire général (c’est-à-dire        supérieur) des Rédemptoristes Transalpins, a annoncé, par un communiqué,        que sa congrégation entendait « obéir avec soumission à la        nouvelle Prière pour les Juifs telle que l’a ordonnée Sa Sainteté        Benoît XVI le 4 février 2008 ».
Un        mois plus tard, le 9 mars, il annonçait qu’il avait la volonté de        retrouver une pleine communion avec le Pape et qu’il était prêt à        engager des discussions avec le Saint-Siège en vue de régulariser la        situation de sa communauté avec le Saint-Siège : « Nous        sommes en train de travailler à une réconciliation [we are set upon        working towards reunion]. Si nous restons dans une ”communion        imparfaite” nous deviendrions éventuellement une organisation complètement        séparée. […] Nous avons été des hommes de conscience exclus par        nos frères catholiques et nos supérieurs les plus élevés parce que        nous étions cramponnés à la ”Foi de nos Pères” et à la Sainte        Messe ”malgré le feu et l’épée”. Dans cette époque troublée,        nous avons continué et nous avons joyeusement payé le prix pour cela.        Mais maintenant Pierre a parlé. Il a parlé à tous et il a parlé pour        nous. Le Vicaire du Christ veut faire savoir que l’ancienne Messe n’a        jamais été abrogée. Il demande que l’on nous autorise à la célébrer        librement. Il nous dit : ”notre cœur est ouvert pour vous…”        Oui je veux aller vers lui et parler avec lui par l’intermédiaire de        ses représentants. C’est le Pasteur. C’est le gardien du Troupeau.        C’est notre Père commun : nous sommes ses enfants. »
Le P.        Michael Mary reconnaît : « Oui, il y a encore des problèmes        sur l’œcuménisme et la collégialité, mais les problèmes ne sont pas        nouveaux dans l’Eglise et nous pourrons les traiter si nous avons la        Messe. »
•        La Fraternité Sacerdotale Saint-Josaphat (SSJK), fondée en        septembre 2000, est un autre des « ordres religieux amis » de        la FSSPX. Elle regroupe des prêtres catholiques ukrainiens de rite        oriental. Le 27 novembre 2003, Mgr Tissier de Mallerais a procédé, à        Varsovie, à l’ordination sacerdotale du P. Valodymir Voznyuk. Le 10 février        2004, le cardinal Husar, archevêque majeur de Kiev, a excommunié le Père        Kovpak, supérieur de la SSJK, à cause des liens de sa communauté avec        la FSSPX. Le P. Kovpak a fait appel au Tribunal de la Rote romaine qui a déclaré        nulle l’excommunication. Suite à de nouvelles ordinations, qui ont eu        lieu le 22 novembre 2006, une nouvelle sentence d’excommunication a été        prise contre le P. Kovpak. Le 16 octobre 2007, Mgr Fellay a procédé à        nouveau à des ordinations, portant à dix-huit le nombre des prêtres de        la SSJK. Un mois plus tard, le 16 novembre, la Congrégation pour la        doctrine de la Foi a confirmé la sentence d’excommunication du P.        Kovpak.
Une       autre excommunication est intervenue le 23 mars dernier. Elle a été portée       par le cardinal Husar contre quatre prêtres gréco-catholiques qui ont été       consacrés clandestinement et illicitement évêques : Markian V.       Hitiuk, Metodej R. Spirik, Elias A. Dohnal, Samuel R. Oberhauser. Le       premier est ukrainien, les deux autres sont tchèques et le dernier est       slovaque.
Contrairement        à ce qui a été écrit, ici ou là, ces quatre nouveaux « évêques »        n’étaient pas, semble-t-il, proches de la FSSPX. Ils se revendiquent de        l’OSBM, l’Ordre Basilien de Saint-Josaphat. Malgré la proximité        de la dénomination, il n’y a pas de liens entre la SSJK et ce groupe        qui se revendique de l’OSBM. Le consécrateur aurait été Mgr Mychaljo        Osidach, un évêque gréco-catholique.
Selon        des sources bien informées, il s’avère que ces quatre nouveaux        « évêques », qui se réclament de l’OSBM, ont été exclus        de leur ordre en 2005, décret confirmé par la Congrégation pour les        Eglises orientales. Et que le supposé évêque consécrateur est inconnu        de la hiérarchie gréco-catholique.
Un livre        d’entretiens avec Mgr Fellay
Mgr        Fellay a reçu, le 31 juillet dernier à Menzingen, deux journalistes        italiens, Alessandro Gnocchi et Mario Palmaro, pour de longs entretiens        qui font l’objet, maintenant, d’un livre, en italien.
Le        Supérieur de la FSSPX explique, en termes très clairs, qu’ « elle        est une réponse d’aujourd’hui à un problème actuel : celui du        sacerdoce [1]. » La rénovation        du sacerdoce a été « le motif fondamental pour lequel est née la        Fraternité ».
Concernant        les relations actuelles de la FSSPX avec le Saint-Siège et le nouveau        climat créé par l’élection et l’action de Benoît XVI, Mgr Fellay déclare :        « Maintenant l’air a un peu changé. Mais il est nécessaire        d’accomplir un pas supplémentaire : s’il y a un problème, il y        a une cause. » (p. 20). Le Motu proprio sur la messe traditionnelle        a été « un jour très important pour l’Eglise » (p. 48).
Selon        Mgr Fellay, ceux qui s’opposent à la « réhabilitation » de        la FSSPX sont « les épiscopats français, allemand, hollandais,        suisse, avec une bonne partie de l’épiscopat anglais et de celui des        Etats-Unis » (p . 45). Mgr Fellay rapporte encore une anecdote        significative : il a demandé au Président de la Conférence épiscopale        française (le cardinal Ricard, à l’époque) de rendre visite à tous        les évêques français. La réponse a été la suivante : « N’allez        pas tous les voir : vous perdrez votre temps » (p. 49).
• Alessandro Gnocchi-Mario Palmaro, Rapporto sulla tradizione. A colloquio con il successore di monsignor Lefebvre, Edizioni Cantagalli (Via Massetana Romana 12, Casella postale 155, 53100 Siena), 96 pages, 12,50 euros.
[1]       Permettra-t-on une remarque de bas de page ? Mgr Fellay affirme :        « Depuis une quarantaine d’années […] on parle de l’épiscopat,        on parle du laïcat, on ne parle pas du sacerdoce. Même dans Lumen        Gentium, la Constitution conciliaire sur l’Eglise, on ne parle pas        de ce thème, il n’y a pas un chapitre pour les prêtres. On a quasiment        l’impression que les prêtres ne sont plus nécessaires pour l’Eglise »        (p. 11).  Sans faire référence à la Lettre aux prêtres que        Jean-Paul II a publiée, chaque année, le Jeudi Saint, on doit rappeler,        tout de même, qu’au cours du concile Vatican II ont été élaborés et        promulgués un important décret sur le ministère et la vie des prêtres,        Presbyterorum ordinis, et un autre sur la formation des prêtres, Optatam        totius Ecclesiae renovationem.
