20 février 2009

[Journal Chrétien] Le pape regrette les « polémiques destructrices »

SOURCE - Journal Chrétien - 20 février 2009


Dans un discours improvisé prononcé vendredi lors d’une visite dans un séminaire de Rome, le pape Benoît XVI regrette les « polémiques destructrices » qui touchent l’Eglise Catholique, et qui risquent d’en faire une « caricature ». Il faisait ainsi allusion à la polémique impliquant Mgr Richard Nelson Williamson, évêque traditionaliste de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X.

Benoît XVI estime qu’un examen de conscience est nécessaire" au seind e l’Eglise Catholique après la polémique liée à la levée de l’excommunication de l’évêque Mgr Richard Williamson.

Le 1er novembre 2008, Richard Williamson est présent au séminaire de Zaitzkofen, situé sur la commune de Schierling, proche de Ratisbonne en Bavière, où il procède à l’ordination du premier diacre suédois de la Fraternité Saint-Pie-X. Il accorde ce même jour un entretien au journaliste suédois Ali Fegan qui lui demande de revenir sur les propos sur la Shoah qu’il avait tenus à Sherbrooke au Québec en avril 1989 et qui avaient suscité l’envoi par le président de la conférence épiscopale du Canada, l’archevêque d’Halifax James Martin Hayes, d’un télégramme au Congrès juif canadien désapprouvant ces propos.

Le 15 janvier 2009, en prévision de la diffusion, programmée pour le 21 janvier, de l’émission Uppdrag granskning sur le thème de la Fraternité Saint-Pie-X, la chargée des relations avec la presse du diocèse catholique de Stockholm, Maria Hasselgren, diffuse un communiqué dans lequel le diocèse « rejette complètement toute forme de racisme ou d’antisémitisme ».

Le 19 janvier 2009, le contenu de l’interview est révélé au public par le magazine allemand Der Spiegel.

L’entretien est ensuite diffusé le 21 janvier 2009 par la chaîne de télévision suédoise SVT.

« Je crois qu’il n’y a pas eu de chambres à gaz.« , affirme-t-il. »Je pense que 200.000 à 300.000 Juifs ont péri dans les camps de concentration« , poursuit-il, »mais pas un seul dans les chambres à gaz", a-t-il conclu au cours de l’émission Uppdrag granskning, programme hebdomadaire de la télévision publique suédoise SVT.

Dans une lettre adressée le 21 janvier 2009 à la télévision suédoise et dans un entretien accordé le 23 janvier, le supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, Bernard Fellay, s’est désolidarisé de Richard Williamson, en indiquant que ces propos lui étaient personnels. « Il n’engage que sa personne » a-t-il indiqué, ajoutant : « On va conclure que toute la Fraternité est antisémite. Je m’érige avec véhémence contre une telle accusation. ».

Dans un communiqué du 27 janvier 2009, B. Fellay revient sur les déclarations de R. Williamson, précisant que celles-ci « ne reflètent en aucun cas la position de notre société [sous entendu la Fraternité Saint-Pie X] » et qu’il « lui a interdit, jusqu’à nouvel ordre, toute prise de position publique sur des questions politiques ou historiques ». Il demande ensuite « pardon au Souverain Pontife, et à tous les hommes de bonne volonté, pour les conséquences dramatiques d’un tel acte » au nom de la Fraternité Saint-Pie X.

Le 28 janvier 2009, l’évêque a envoyé une lettre au Saint Père pour lui proposer ses excuses.

Le 4 février 2009, une note de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège précise que « Pour être admis aux fonctions épiscopales de l’Eglise, l’évêque Williamson doit sans aucune équivoque et publiquement prendre ses distances avec ses positions concernant la Shoah. »

Dans une interview à Der Spiegel en date du 9 février 2009, il refuse de retirer ses propos avant d’avoir étudié la réalité des chambres à gaz. Il accuse le concile Vatican II d’avoir provoqué « le chaos théologique que nous avons aujourd’hui » en légitimant une « dictature du relativisme ». Williamson se dit également « étonné » d’être un objet de polémique : « Visiblement, le catholicisme de gauche n’a pas encore pardonné le fait que Ratzinger soit devenu pape. » Cet entretien au Spiegel est perçu comme une confirmation des positions de Mgr Williamson.

Par décret de la congrégation pour les évêques du 21 janvier 2009 signé par le cardinal Giovanni Battista Re, préfet de la congrégation, l’excommunication qui frappait les quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre, Richard Williamson, Bernard Fellay, Alfonso de Galarreta et Bernard Tissier de Mallerais, est levée de façon unilatérale et sans concession de la part des quatre évêques concernés.