11 mai 2012

[cath.ch] Profondes divisions à l'intérieur de la Fraternité Saint-Pie X

SOURCE - cath.ch- 11 mai 2012

Le site traditionaliste Riposte catholique a rendu public le 10 mai un échange de lettres en avril entre le supérieur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X (FSSPX), Mgr Bernard Fellay, et les trois autres évêques ordonnés par Mgr Lefebvre en 1988. Ces messages mettent à jour de grandes dissensions à l’intérieur de la Fraternité au sujet des rapprochements avec Rome.
 
"Nous vous en conjurons: n'engagez pas la Fraternité dans un accord purement pratique", ont lancé Mgr Alfonso de Galarreta, Mgr Bernard Tissier de Mallerais et Mgr Richard Williamson, dans une lettre datée du 7 avril. "Depuis Vatican II, poursuivent-ils, les autorités officielles de l'Eglise se sont séparées de la vérité catholique, et aujourd'hui elles se montrent tout aussi déterminées que toujours de rester fidèles à la doctrine et pratique conciliaires". Les trois évêques fustigent tour à tour le Préambule doctrinal remis par le Saint-Siège, la dernière rencontre pour la paix à Assise et le "subjectivisme" de la pensée de Benoît XVI. Ils demandent enfin à Mgr Fellay de renoncer à tout accord avec Rome, sans quoi la Fraternité vivrait "une profonde division sans retour".
Ligne de Rome clairement en faveur de la Tradition
Une réponse ferme, datée du 14 avril, a été adressée aux trois évêques par Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la FSSPX, et ses deux assistants, les abbés Niklaus Pfluger et Alain-Marc Nély. "Vous nous reprochez d'être naïfs ou d'avoir peur, mais c'est votre vision de l'Eglise qui est trop humaine et même fataliste", lancent-ils. "Vous y voyez les dangers, les complots, les difficultés, vous ne voyez plus l'assistance de la grâce et du Saint-Esprit. Si l'on veut bien accepter que la divine Providence conduit les affaires des hommes, tout en leur laissant leur liberté, il faut alors aussi accepter que les gestes de ces dernières années en notre faveur sont sous sa gouverne. Or ils indiquent une ligne – pas toute droite – mais clairement en faveur de la Tradition".
Le supérieur affirme que "la solution de la Prélature personnelle proposée n'est pas un piège". "La situation présente en avril 2012 est bien différente de celle de 1988. Prétendre que rien n'a changé est une erreur historique", affirment Mgr Fellay et ses assistants, qui relèvent "les gestes et actes de Benoît XVI envers la Tradition", même si "les mêmes maux font souffrir l'Eglise" et "les conséquences sont encore plus graves et manifestes qu'alors".

Mgr Fellay note au passager que ce n'est pas la Fraternité qui a cherché un accord pratique. "Nous n'avons pas refusé à priori, comme vous le demandez, de considérer l'offre du pape. Pour le bien commun de la Fraternité, nous préférions de loin la solution actuelle de statu quo intermédiaire, mais manifestement, Rome ne le tolère plus.

Pour eux, en comparant "les arguments que Mgr Lefebvre avait donnés à l'époque, nous concluons qu'il n'aurait pas hésité à accepter ce qui nous est proposé".
De moins en moins croient aux gloires de Vatican II
Mgr Fellay et ses assistants mettent en évidence un mouvement nouveau dans l'Eglise, né il y a au moins une dizaine d'année, et qui va encore se renforcer. "Il touche bon nombre (encore une minorité) de jeunes prêtres, de séminaristes et même déjà un petit nombre de jeunes évêques qui se distinguent nettement de leurs prédécesseurs, qui nous disent leur sympathie et leur soutien, mais qui sont encore passablement dominés par la ligne dominante dans la hiérarchie en faveur de Vatican II." "J'ai pu constater à Rome, relève Mgr Fellay, combien le discours sur les gloires de Vatican II que l'on va nous ressasser, s'il est encore dans la bouche de beaucoup, n'est cependant plus dans toutes les têtes. De moins en moins y croient."

Dans leur lettre, le supérieur et ses assistants relèvent que l'attitude des trois évêques "a été dure pour nous". C'est elle qui a empêché Mgr Fellay de "communiquer " et "partager ces grands soucis auxquels il vous aurait si volontiers associés s'il ne s'était pas trouvé devant une incompréhension si forte et passionnée". "Depuis un certain temps déjà, vous essayez – chacun de manière différente – de lui imposer votre point de vue, même sous forme de menaces, et même publiquement", reprochent les trois responsables, qui espèrent encore que "dans ce combat qui est loin d'être terminé nous nous retrouvions tous ensemble, pour la plus grande gloire de Dieu et pour l'amour de notre chère Fraternité".