9 décembre 2015

[Riposte Catholique] Un témoignage de l’abbé Schmidberger sur la normalisation de la Fraternité Saint-Pie X avec Rome

SOURCE - Riposte Catholique - 9 décembre 2015
L’abbé Franz Schmidberger fut le successeur de Mgr Lefebvre. En 1982, ce dernier le choisit comme supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), fonction qu’il assuma pendant douze années. À ce titre, il a collaboré avec le prélat aux grands événements des années 1980 : les pourparlers avec Rome, le sacre de quatre évêques en juin 1988 ou le développement de la FSSPX. Aujourd’hui, il demeure discret et exerce la charge de recteur du séminaire de Zaitzkofen en Allemagne.

Comme il est l’unique ancien supérieur général, celui qui a bénéficié de toutes les confidences du fondateur, ses avis sont particulièrement écoutés au sein de la Fraternité. À l’occasion de ses quarante années de sacerdoce, il est revenu sur sa longue expérience aux côtés de Mgr Lefebvre. On y apprend, par exemple, qu’il échangeait avec le cardinal Thiandoum sur leur père spirituel commun, mais aussi qu’il a choisi avec Mgr Lefebvre les noms des candidats à l’épiscopat en 1988. Il aborde aussi la question de la normalisation des relations entre Rome et la Fraternité et il explique notamment comment le fondateur de cette dernière l’entrevoyait à l’heure où il transmettait le flambeau. Voici un extrait de cet entretien publié par l’agence DICI
Mgr Lefebvre prévoyait très bien, après les consécrations épiscopales, la possibilité de nouveaux entretiens avec Rome. Un jour, au sujet de la direction future de la Fraternité et en particulier du Chapitre général à venir, en 1994, il m’a dit très précisément ceci : « Si Rome reprend à nouveau contact avec vous, il vaut mieux éviter qu’un évêque soit Supérieur général car il sera peut-être difficile pour les autorités romaines de traiter avec un évêque“excommunié” ; si ce n’est pas le cas, un évêque peut aussi reprendre la direction de la Fraternité ».
Il escomptait bien qu’un jour les choses se normaliseraient, et devraient se normaliser, eu égard en particulier à ce que montraient les faits : d’une part le déclin et la décomposition rapide et continuelle de l’Église officielle, de l’autre l’extension continuelle et le développement de la Fraternité. Justement en ce qui concerne de tels contacts, Monseigneur nous a précisé la marche à suivre : il ne peut y avoir aucun compromis sur la doctrine ni sur la foi catholique dans son intégralité, mais on peut faire preuve de souplesse lorsqu’il s’agit de l’application des principes. Autrement dit : fortiter in re, suaviter in modo [inflexible sur le fond, doux dans la manière]. Si les autorités romaines, et en particulier le pape lui-même, nous appellent à unir nos efforts pour rechristianiser la société, alors nous ne pourrons que nous en réjouir en veillant cependant à conserver notre intégrité, à rester tels que nous sommes.