12 juin 2017

[Abbé René Frison - La Croix (courrier des lecteurs)] Fraternité St-Pie-X

SOURCE - Abbé René Frison - La Croix (courrier des lecteurs) - 12 juin 2017

Il y a environ deux ans, j’ai assisté à une première messe célébrée, à l’ancienne, par un jeune prêtre qui a été mon paroissien au moment de sa confirmation. Rite « extraordinaire », donc, mais célébré par une communauté ralliée à Rome. Moi-même ordonné en 1961, donc avant le Concile, j’ai retrouvé, pas changé d’un iota, le rite autrefois en vigueur, y compris ce qui n’a plus rigoureusement aucun sens, par exemple, le port du manipule, organe-témoin des linges qu’utilisaient autrefois les assistants de l’évêque pour recevoir les dons en nature et, surtout, la patène vide, dévotieusement portée par le sous-diacre, alors qu’autrefois elle recevait une portion du pain consacré qu’on portait à une autre paroisse, en signe de communion… Mais peu importent ces détails. Quelle a été mon impression principale au sortir de cette célébration ? C’est que nous n’avions­ pas la même conception du baptême ! Certes, les « traditionalistes » croient à la nécessité du baptême, sans lequel on est bon pour les limbes, dans le meilleur des cas. Mais ce baptême fait de vous un fidèle passif, qui n’a qu’à écouter docilement le sermon, à chanter le Sanctus pendant que le prêtre continue la prière eucharistique, qu’à adorer de loin l’hostie consacrée… et bien sûr à donner à la quête. Seule entorse au rite d’autrefois : le Pater chanté par toute l’assemblée et non par le seul prêtre. Il me semble que la restauration pleine et entière du baptême a été une des lignes de force majeures du Concile, sinon la ligne de force majeure… Nos différences de théologie sur ce point constituent-elles seulement un pluralisme légitime de théologie, de spiritualité, comme il y en a eu de tous temps dans l’Église ? Peut-être… Je serais personnellement tout disposé à célébrer selon le rite extraordinaire si une demande légitime m’était adressée… Je saurais encore faire… Mais je ne pourrais pas me sentir en pleine communion avec un prêtre relevant de telle ou telle prélature personnelle, qui, lui, se refuserait de célébrer, même occasionnellement, dans le rite ordinaire. Je précise, au cas où il se reconnaîtrait, que le curé de la paroisse où a été célébrée cette première messe, célèbre régulièrement le dimanche en rite extraordinaire et le samedi soir en rite ordinaire. Honneur à lui, lors que ce bi-­ritualisme doit lui attirer des critiques sur sa droite… L’unité, oui nous devons ardemment la désirer, mais elle ne peut se réaliser que dans la vérité.

Abbé René Frison (*)
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(*) prêtre retraité, Diocèse de Strasbourg