| Quelques esprits ont récemment souri de l'attitude de     la FSSPX à Amiens, ont pensé qu'elle se contredisait, qu'elle demandait     l'impossible. En réalité, regardez bien, elle intervient à point et, même,     elle joue grand seigneur…     Les évêques ont, le 11 septembre dernier, indiqué que les communautés     ED n'auraient plus leur place dans les diocèses. Leurs jours sont comptés     et encore une fois, les évêques essayent de construire ce qu'ils attendent     : l'après Benoît XVI. Oui, il faut bien le reconnaître, nous entamons une     course contre la montre. Enfin, c'est ce qu'ils semblent penser. Mais réfléchissons. Si la Fraternité tient (obtient même     provisoirement) une église à Amiens, c'est un véritable coup de tonnerre     qui retentira dans le ciel de l'Église de France. À l'heure où les     communautés ED (FSSP ou IBP) se font recaler aux portes des évêchés ou     sont peu à peu démises de leurs bastions, un tel événement ne peut qu'être     loué par elles qui trouveront là une véritable aubaine. Par là, la FSSPX     engage un acte qui dépasse ses propres intérêts et qui servira l'intérêt     de toute l'Église de France. Je ne suis pas certain que tous aient considéré     l'ampleur et l'enjeu d'Amiens.
 Ce qui se joue à Amiens, c'est non seulement la présence de la     Fraternité en Picardie, mais c'est surtout l'avenir des communautés     traditionalistes en France . Les vannes en faveur de la Tradition     vont-elle s'ouvrir ou seront-elles définitivement fermées ?
 Soyez bien certains que les faits ne tombent pas au hasard. La réaction     de Mgr Ranjith dans ce contexte laisse songeur. Un des principaux prélats     de la Curie qui appelle au respect du Motu Proprio et qui admoneste les     autorités diocésaines en leur demandant de se libérer de l'idéologie et     de l'orgueil n'est pas le fruit du hasard. Il donne la mesure de ce que la     Curie peut penser de l'attitude de nos évêques. Ce week-end, Rome compte     sur les ouailles… Le succès de ce dimanche peut donner des arguments au     Saint Siège pour reconsidérer la situation d’autant plus que Rome     n’est pas dupe de l’état statistique de l’Église de France. (Hier,     le journal Matin Plus annonçait que les églises du pays allaient     probablement être affectées à d'autres destinations qu'au culte...)
 Rome sait que les évêques de France sont décidés à contrecarrer le     Motu Proprio en le minimalisant. Le pape nous a donné le Motu Proprio et il     a fait ce qu'il a pu. Il nous demande implicitement de réagir : Soit le     Motu Proprio obtient une réponse de fidèles décidés à réagir et une œuvre     de restauration pourra être envisagée. Soit il demeurera lettre morte sous     l'action conjuguée des évêques décidés à l'enterrer.
 L'application du Motu Proprio ne passe pas simplement par des     regroupements et des demandes de groupes stables, il passe aussi par des     actions particulièrement symboliques. Amiens en est une. Il me semble que     tous ceux qui ont lucidement compris que cet événement dépassait le sort     de la FSSPX devraient se mobiliser sans compter les distances. C'est     vraiment l'avenir de l'Église de France qui se joue sur un parvis de cathédrale.
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