| Faut- il vous le redire ?     jeudi 29 novembre 2007 
 
 Monsieur l’abbé,Vous semblez étrangement absent du débat qui fait rage sur le Forum       Catholique et met en cause votre confrère. N’est-il pas temps que vous       coupiez court aux rumeurs et aux non-dits et nous donniez officiellement       la position du Bon Pasteur, dont vous avez la responsabilité ?
 Très respectueusement,
 Eric Jacquemin - Paris
 Faut- il vous le redire ? - par Abbé     Philippe Laguérie
 
 Rien de plus simple, cher ami ! Ce ne sera qu’une     redite. Parce qu’à la vérité, on a dit mille et une choses     superfétatoires, alors que la position de l’Institut du Bon Pasteur,     telle que je la formule ici, peut tenir en quelques phrases. A quelques mots     près, cette position était déjà la mienne, il y a quelques mois sur ce     blog. (cf « Vous     avez dit "légitimité" ?  » du 17/04/2007 et     « Droit     ou illégalité ?  » du 22/02/2007…)  1/     Contester la légitimité de la forme ordinaire du rite romain, c’est nier     le pouvoir du Pontife Romain sur la liturgie et ce n’est pas catholique.  2     /Il s’agit de cette légitimité « ab origine », comme dans sa     source, qui d’elle-même garantit la validité du rite, son efficacité et     conséquemment sa « sainteté » objective, comme action du     Christ Lui-même.  3/Le     mot « légitimité » pris dans ce sens, n’a évidemment pas     celui de la vie courante qui indique alors, de surcroît, une rectitude de     fait et une parfaite conformité doctrinale.  4/Par     où l’on saisit que le mot « légalité » serait tout à fait     insuffisant parce qu’il ne garantirait que l’aspect juridique de la     promulgation et non pas la validité du rite ainsi promulgué. Voila     pourquoi nous préférons, à bon droit, utiliser le mot « légitimité ».  5/     Laquelle, ainsi comprise et distinguée de la notion courante, permet de     toute évidence une critique sérieuse du contenu, parce qu’elle ne le     recouvre pas. Le Pape Lui-même, par exemple, en produit une de taille     lorsqu’il affirme (c’est très violent à la réflexion !) que le     rite ancien respecte mieux que l’autre le caractère sacré. Lorsqu’il     s’agit du « Saint des Saints » de l’Eglise…c’est ce que     nous pensons depuis 40 ans et renoncer à cette position alors même que le     Pape Lui-même nous vient à la rescousse serait aussi stupide que     scandaleux.Les questions comportementales sont à déduire de ces     principes, et non l’inverse. Nous ne sommes pas marxistes ! Le témoignage     que nous entendons rendre à la sainteté prouvée et incontestable de     l’usage traditionnel de la messe, sans préjudice de la « légitimité »     que nous reconnaissons à l’autre, nous font une grave obligation morale     de ne participer activement qu’à cette usage-là. Et personne, absolument     personne, ne peut nous faire l’obligation du contraire : il faudrait     pour cela nous démontrer que la communion n’est pas entièrement établie     dans la célébration de l’antique et vénérable forme ! (évêques,     prêtres et fidèles confondus, chacun dans son rôle). Simple monstruosité     théologique dont on ose espérer que le cléricalisme le plus fou n’aille     s’emparer. Comme si nous allions exiger de tous les évêques et prêtres     de la forme ordinaire, qu’ils célébrassent l’extraordinaire pour démontrer     qu’ils sont bien en communion avec l’Eglise. Quelle blague ! Il ne faut guère s’étonner de cette agitation. Voilà 30     ans que, si les questions du Magistère (Munus docendi) font l’objet d’études     régulières, les questions de Juridiction (Munus Sanctificandi et Munus     regendi) sont laissées en friche, tant du côté des traditionalistes que     du côté des conciliaires. On a préféré se jeter au visage des étiquettes     et des insultes (« intégristes », « ralliés »,     « libéraux », « modernistes », « schismatiques »     etc.…) qui masquent, et témoignent aussi, du vide intellectuel ainsi     cultivé. Le FC vient malheureusement de nous donner ces jours-ci, malgré     quelques belles interventions, une petite idée de cette friche. Sans     vantardise et avec beaucoup d’inquiétudes, voilà 20 ans que je me dis     que ce vide va faire de la casse. Il faut donc se mettre à étudier sérieusement     ces questions difficiles et délicates sous peine de sombrer dans l’imbécilité     ou le sectarisme. D’autant que ce nouveau Pape brouille à lui seul toutes     les pistes et que les désobéissants d’hier deviennent les fidèles     d’aujourd’hui et vice-versa. Et parce qu’il l’a déjà bien commencé     dans son livre magistral « Non     lieu sur un schisme  », c’est M. l’abbé Héry que     l’Institut va charger de débrouiller ces questions, avec sa finesse et sa     ténacité légendaires.Ce qui veut dire qu’il est tout à fait inutile     d’inviter quelque prêtre que ce soit de l’ Institut du Bon Pasteur à     concélébrer une messe (par exemple pour le Jeudi ou le mardi saint) et même     à y assister. Et non pas seulement parce que ses statuts le lui     interdisent. Le droit canon (Can. 902 ) affirme expressément ce droit de     tout prêtre à la célébration individuelle et donc au refus légitime de     la concélébration. Sauf, s’il se trouvait déjà-là et que ce refus fît     scandale, parce qu’un office commun va commencer, évidemment (ibidem).     Mais encore et surtout, parce que le témoignage qu’il doit rendre s’en     trouverait obscurci jusqu’à la destruction. Enfin, s’il est besoin,     parce que son supérieur général le lui interdit expressément, conformément     au droit de l’Eglise et du droit particulier de l’Institut. J’en profite pour saluer les sympathiques internautes du     Forum Catholique. Mais de grâce, ce conseil : dormez la nuit. Que de bêtises     ça nous éviterait le jour. Le curé d’Ars avait-il raison :     « tout ce qui est fait après 22h00, l’est pour le diable » ? |