17 juillet 2009

[Mgr Jacques Masson / Hermas] Pour servir à l'histoire de l'Eglise: fantaisies et messes bâclées + en guise de conclusion provisoire

SOURCE - Mgr Jacques Masson - Hermas - 17 juillet 2009


Pour servir à l'histoire de la crise de l'Eglise (3) Les fantaisies liturgiques et les messes bâclées

Le Nouvel Ordo a introduit un grand choix de Prières eucharistiques (ce que l’on appelait auparavant le « Canon de la Messe ») pour permettre d’enrichir les prières de la Messe. On trouve ainsi un certain nombre de prières « ad libitum », « au choix ». Selon le prêtre.

En soi, on ne pourrait que s’en réjouir, si les prêtres s’en tenaient à ce qui est prescrit. Une chose toutefois surprend, c’est la suppression de nombreuses prières, et la possibilité, pour le prêtre, de choisir l’une des deux prières au lieu de réciter les deux prières. Cela va plus vite ! On pourrait multiplier les exemples ! La conséquence générale, et quasi inévitable (on aurait dû le prévoir), c’est le choix de « ce qui va plus vite ». Le prêtre est un homme pressé : 20 minutes pur une Messe en semaine, 35-40 minutes pour une Messe du dimanche (homélie comprise) ! 40 minutes consacrées à Dieu en une semaine ! Où est la sanctification du, dimanche, du Jour du Seigneur ? Il paraît que, au bout de dix minutes, les fidèles ne font plus attention à ce qui est dit !

Et pourtant, ils passent des heures à la télévision, à écouter des discours politiques, à regarder des parties de football, ou autres choses.

Pauvre troupeau, sans enseignement, qui vit ainsi dans l’ignorance !

Cette possibilité de choisir, pour le prêtre ouvre aussi la porte à sa « créativité ». Au lieu de la formule prescrite, au moment de liturgie pénitentielle au début de la Messe la prière prescrite « Préparons-nous à la célébration de l’Eucharistie, en reconnaissant que nous sommes pécheurs » les fidèles ont droit à toutes les improvisations, à toutes les formules possibles et imaginables ! À un « laïus » pieux !

La formule « ad libitum » a ouvert la porte au prêtre pour introduire ce qu’il ressent, sa sensibilité, sa « piété », le sens qu’il a de la Messe, surtout, et qui, trop souvent, n’est PLUS CATHOLIQUE ! Et c’est là ce qui est grave. Avec l’introduction de la distribution de la communion dans la main, on a vu disparaître, presque en même temps et un peu partout, les agenouilloirs, et les fidèles restent debout pendant toute la Prière Eucharistique, pendant la Consécration :devant Dieu, l’homme est un « homme debout » ! ; Dans beaucoup de paroisses, les fidèles sont invités à réciter les paroles de la Consécration avec le prêtre, voire toute la Prière Eucharistique ! Ou encore, si l’assistance n’est pas trop nombreuse, à se mettre autour de l’autel, non pas comme concélébrants mais comme co-célébrants !

Quant à la distribution de la Sainte Communion dans la main ! Les prêtres, en général obligent les enfants de la Première Communion à recevoir l’Hostie dans la main, même si les parents ne le veulent pas. Gare à celui qui se présente les mains jointes, ou qui fait une génuflexion auparavant : il est fusillé du regard. Malheur à lui s’il ose se mettre à genoux pour recevoir le Corps du Christ. Un ami allemand, participant à une retraite prêchée par l’Evêque du lieu, pour de jeunes étudiants, a communié auprès de l’Evêque, à genoux. Il m’a dit : « Si tu avais vu le regard de haine de l’Evêque, et la manière avec laquelle il m’a donné l’Hostie ! »

Et que dire des corbeilles remplies d’hosties consacrées qui circulent de banc en banc, pendant que le prêtre est assis « faisant son action de grâce » ! Ou des laïcs, ou laïques ou religieuses qui distribuent la Sainte Communion quand le prêtre (ou les prêtres concélébrants, voire l’Evêque célébrant, sont assis ?). Et la purification des ciboires et des calices, les ablutions, comme on les appelle ? Je reviens à ce prêtre danois que j’ai connu quand il était diacre. J’avais remarqué avec quel soin il procédait à la purification des ciboires et du calice : comme cela se faisait avant 1969 : avec le vin, puis avec l’eau. Je lui demandais : « Qui t’a appris à faire ainsi les ablutions ? ». Sa réponse est une condamnation pour beaucoup : « On y croit ou on n’y croit pas »...

Les fidèles remarquent cela, et ils en souffrent : voir des prêtres célébrer avec l’aube et l’étole, voir les prêtres arriver à l’autel les bras ballants, voir les prêtres manipuler les Saintes Espèces comme si c’était du simple pain ; devoir se confesser à un prêtre en clergyman « tenue de camouflage » avec seulement l’étole violette : cela les choque.

Mais cette façon de faire, montre, ce qui est plus grave, une perte grave du sens du Sacerdoce, du Sacré, du sens de ce qu’est la Messe, qui se réduit à être une assemblée de fidèles qui participent à l’Eucharistie. Auparavant, on disait : célébrer la Saint Sacrifice de la Messe ; puis on a dit : « célébrer la Messe », puis enfin « dire la Messe » ! « Dire la Messe ! C’est déjà tout un programme qui s’annonçait. A présent on dit « célébrer l’Eucharistie ».

Le Pape Benoît XVI parlait dernièrement des Sacrements de la Confession et de l’Eucharistie. Il ne parlait pas du Sacrement de la Messe. On n’a jamais parlé du Sacrement de la Messe. Dire « célébrer l’Eucharistie » me semble être une réduction de la Sainte Messe à l’Eucharistie, à la Dernière Cène, donc, en oubliant que, à ce moment, le Christ Seigneur « renfermait » sous les signes du Pain et du Vin, tout son Sacrifice du lendemain. La Dernière Cène ne peut être séparée du Sacrifice Sanglant de Jésus sur la Croix. C’est sur la Croix que Jésus offre son Sacrifice, donne son Corps et son Sang. La Messe est donc le Saint Sacrifice, le seul et unique Sacrifice du Christ, « anticipé » sacramentellement et de manière non sanglante à la Dernière Cène, qui Lui permet de rester présent au milieu de nous par sa Présence dans l’Eucharistie, instituée lors de la Dernière Cène.

Pour beaucoup de prêtres, seule reste l’Eucharistie. Mais qu’est-ce que l’Eucharistie ? Un exemple entre mille, hélas ! : Un vicaire d’une paroisse de la Capitale de la Lorraine a déclaré en chaire : « A la consécration, nous faisons mémoire d’un fait qui s’est passé il y a 2000 ans : il ne se passe rien : le pain reste du pain, le vin reste du vin ! ».

« Dire la Messe » c’était le prélude à ce que nous voyons trop souvent : « le prêtre qui « récite » la Messe, il lit, ou récite de mémoire, les textes. Comme s’il ne parlait pas à Dieu, comme si rien ne sa se passait ! Et pour beaucoup, hélas, il ne se passe rien !!!

Et c’est ainsi que nous en arrivons à des MESSES BACLEES, dites le plus vite possible, en prenant les formules « ad libitum » les plus courtes, les lectures sous leur « forme brève », les textes lus de manière monotone, en hâte. Le Nouvel Ordo, n’a pas voulu cela. Mais il a donné la possibilité, sans le vouloir, d’en arriver à ce point. Auparavant on parlait de « Messe Basse » pour indiquer une Messe célébrée en semaine, sans chant. Mais la Messe durait au moins une demi-heure.

La « Messe Basse » a été remplacée par « la messe brève ». Après le Sanctus, les fidèles se retrouvent à la fin de la Consécration sans avoir eu le temps de s’en rendre compte. En effet à peine terminé le « saintsaintsaint », le prêtre commence la Prière Eucharistique II (la plus courte, utilisée presque de manière unanime, quelquefois, mais rarement, la Prière Eucharistique III,), et le fidèle entend le prêtre dire « il est grand le mystère de la foi ! La Consécration ? Il n’a pas eu le temps de s’en rendre compte ! Comme me disait un ami : on va bien bientôt remplacer la Messe par un coup de sifflet bref !

Le moment de la Consécration n’est plus, dans beaucoup de cas, le Centre du Sacrifice de la Messe : on ne parle plus d’ailleurs de « Consécration » mais de « récit de l’Institution de l’Eucharistie ». Si c’est un simple récit, il est clair que le pain reste du pain et que le vin reste du vin. Tout comme lorsqu’un lecteur lit, le Jeudi-Saint, le récit de l’institution de l’Eucharistie, tiré la Première Epitre de saint Paul aux Corinthiens (chapitre 11, versets 23-27). Et, malheureusement, beaucoup de prêtres « récitent ces paroles » comme des paroles ordinaires !

Et, encore heureux quand les prêtres célèbrent la Messe chaque jour. Ce qui est loin d’être le cas. Et c’est pourquoi le Pape Benoît XVI insiste tellement sur la célébration de la Sainte Messe chaque jour, et a proclamé une Année Sacerdotale pour prier pour la sanctification des prêtres.

Saint Curé d’Ars, priez pour les prêtres.


Pour servir à l'histoire de la crise de l'Eglise (4) : en guise de conclusion provisoire

[Note de TradiNews: la suite du texte a été publiée le même jour dans un second message sur le site Hermas]

Le Pape Benoît XVI, la Communion à genoux et dans la bouche, la Croix au milieu de l’autel, tournée vers le prêtre

Ecoutons les paroles du Successeur de Pierre, car « ubi Petrus, ibi Ecclesia », là où est Pierre, là se trouve l’Eglise !

Le 22 mai 2007, solennité du « Corpus Domini », de la Fête-Dieu, dans l’homélie de la Messe solennelle célébrée par le Saint-Père sur le parvis de la Basilique Saint Jean de Latran, Messe suivie de la Procession solennelle du Saint-Sacrement dans les rues de Rome, jusqu’à la Basilique Sainte Marie Majeure, le Saint-Père a déclaré :

« Nous trouvons ici le sens du troisième élément constitutif du Corpus Domini: s'agenouiller en adoration devant le Seigneur. Adorer le Dieu de Jésus Christ, qui s'est fait pain rompu par amour, est le remède le plus valable et radical contre les idolâtries d'hier et d'aujourd'hui. S'agenouiller devant l'Eucharistie est une profession de liberté: celui qui s'incline devant Jésus ne peut et ne doit se prosterner devant aucun pouvoir terrestre, aussi fort soit-il. Nous les chrétiens nous ne nous agenouillons que devant Dieu, devant le Très Saint Sacrement, parce qu'en lui nous savons et nous croyons qu'est présent le seul Dieu véritable, qui a créé le monde et l'a tant aimé au point de lui donner son Fils unique (cf. Jn 3, 16). Nous nous prosternons devant un Dieu qui s'est d'abord penché vers l'homme, comme un Bon Samaritain, pour le secourir et lui redonner vie, et il s'est agenouillé devant nous pour laver nos pieds sales. Adorer le Corps du Christ veut dire croire que là, dans ce morceau de pain, se trouve réellement le Christ, qui donne son vrai sens à la vie, à l'univers immense comme à la plus petite créature, à toute l'histoire humaine comme à l'existence la plus courte. L'adoration est une prière qui prolonge la célébration et la Communion Eucharistique et dans laquelle l'âme continue à se nourrir: elle se nourrit d'amour, de vérité, de paix; elle se nourrit d'espérance, parce que Celui devant lequel nous nous prosternons ne nous juge pas, ne nous écrase pas, mais nous libère et nous transforme ».

En entendant ces paroles, j’ai compris qu’il allait se passer quelque chose de nouveau : le successeur de Pierre, le « doux Christ en terre avait parlé » : quelque chose allait changer.

Et de fait, au moment de distribution de la Sainte Communion par le Saint-Père à un groupe de fidèles, un prie-Dieu a été placé entre le Saint-Père et le communiant, et chacun à genoux, pieusement, les mans jointes, a reçu le Corps du Christ, dans la bouche !

Il n'en a été de même lorsque le Saint-Père s’est rendu en Italie du Sud, à Santa Maria di Leuca et à Brindisi. Et il en est toujours ainsi, où que le Saint-Père aille célébrer la Sainte Messe ; dans les paroisses de Rome, en Italie, à chacun de ses Voyages Apostoliques dans le monde, à Paris et à Lourdes notamment, malgré certaines réticences du clergé local, Curés ou Evêques.

Déclaration officielle du Maître des Cérémonies Pontificales

L’Osservatore Romano du 26 juin rapporte le texte suivant d’un entretien avec Monseigneur Guido Marini (à ne pas confondre avec son prédécesseur, S. Exc. Mgr Piero Marini), Maître des Cérémonies Pontificales.

Question : « Lors de la récente visite à Santa Maria di Leuca et à Brindisi le Pape a distribué la communion aux fidèles agenouillés et sur les lèvres (note : l’expression du journaliste est incorrecte : c’est dans la bouche !). Cette pratique est-elle destinée à devenir habituelle dans les célébrations pontificales ? »

Réponse : « Je pense que oui. À cet égard, nous ne devons pas oublier que la distribution de la communion dans la main est toujours, d'un point de vue juridique, un indult (note : et pas un droit pour les fidèles comme cela a été dit de manière abusive) par rapport à la loi universelle. La communion dans la main a été permise par le Saint-Siège aux conférences épiscopales qui en ont fait la demande. Le mode de distribution de la communion adopté par Benoît XVI vise à souligner la validité de la règle valable pour toute l'Église. En outre, nous pourrions peut-être y voir aussi une préférence pour cette manière de distribuer la communion qui, sans s'opposer à l'autre, souligne mieux la vérité de la présence réelle dans l'Eucharistie, contribue à la dévotion des fidèles et introduit plus facilement le sens du mystère. Aspects que d'un point de vue pastoral, à notre époque, il est urgent de souligner et de retrouver. »

Dans ce même entretien, Mgr Marini revient aussi sur deux aspects essentiels de la Messe, mis en évidence lors de la Fête du Baptême du Christ, fête à l’occasion de laquelle le Saint-Père avait célébré la Messe dans la Chapelle Sixtine au maître-autel et non à l’autel face au peuple qui avait été enlevé, et avais baptisé plusieurs enfants.

Monseigneur Guido Marini précise : « L'architecture, le style, la beauté et l'harmonie particulière d'un lieu sacré peuvent justifier que l'on préfère célébrer la messe au maître-autel ancien plutôt qu'à l'autel moderne tourné vers l'assistance; de plus, cela permet d'exprimer symboliquement ce vers quoi, ou plutôt Celui vers qui est dirigée la Célébration Eucharistique, à savoir le Christ, Jésus.

« C'est le sens de la Croix placée sur l'autel, qu'il soit ancien ou moderne, et tournée vers le prêtre: elle indique la place centrale occupée par le Crucifié, et la direction exacte qui doit capter l'attention des fidèles au cours de la Célébration Eucharistique ». Et Mgr Marini ajoute: « On ne se regarde pas les uns les autres, mais tous regardent vers Celui qui, pour nous, est né, mort et ressuscité, vers notre Sauveur ».

Une question (parmi tant d’autres !)

Le Saint-Père poursuit les visites dans les paroisses de Rome. Il effectue aussi des Voyages Apostoliques dans le monde entier, et notamment en France (Paris, Lourdes). Partout, il célèbre comme il le fait à Saint-Pierre de Rome : la Croix est placée au centre de l’autel, entourée de six cierges, la communion est distribuée aux fidèles qui s’agenouillent sur un prie-Dieu placé tout exprès pour cette occasion.

Quand le Saint-Père s’en va, que fait ensuite le Curé de la paroisse visitée ? Que font les Evêques qui ont concélébré la Sainte Messe avec le Saint-Père ?

Ils ne changent rien. Ils « subissent », avec certaines réticences les règles imposées par le Maître des Cérémonies, qui suit la volonté expresse du Saint-Père. Mais AUCUN ne suit l’exemple donné par le Successeur de Saint-Pierre.

Même si ce n’est pas un ordre, s’il n’y a pas de loi nouvelle sur ces questions, et si les Curés et les Evêques ne sont pas « tenus à l’obéissance », il me semble que les Evêques, Successeurs des Apôtres, et les Curés, Pasteurs du troupeau de Dieu dans une paroisse, devraient spontanément, dans un esprit de docilité et de confiance filiale, comprendre la volonté de Pierre et le suivre : « Qui vous écoute, m’écoute ».

« Ils ont des yeux pour ne pas voir, et des oreilles pour ne pas entendre ».

Oui, S. Exc. Mgr Bruguès a raison : il faudrait organiser une année de formation, pour enseigner le Catéchisme de l’Eglise Catholique aux jeunes qui se présentent dans nos Séminaires.

Mais il faudrait le faire aussi pour les prêtres nés et ordonnés après 1969, pour les prêtres nés avant 1969 et ordonnés après 1969, et enfin pour les prêtres nés et ordonnés avant 1969, dont plusieurs ont reçu la plénitude du Sacerdoce et sont maintenant Pasteurs d’un Troupeau, Evêques.

Le Père Congar nous disait en 1967, lors d’une semaine de formation permanente, qu’il avait donné des cours du soir aux Evêques français, à l’occasion du Concile Vatican II « car ils avaient oublié leur théologie » (sic !)

Le Père Congar a été un expert écouté au Concile Vatican II. L’Abbé Joseph Ratzinger lui aussi a contribué de façon remarquable au Concile Vatican II en tant qu’expert; il assistait le Cardinal Joseph Frings, Archevêque de Cologne, comme Conseiller théologique.

L’Abbé Joseph Ratzinger, selon ses propres paroles, « s’est converti » (sic !), entrevoyant les dangers futurs au sein de l’Eglise. Le Père Congar « a perverti ».