14 juillet 2009

[Minute / Le Salon Beige] Mondialisation et mondialisme

SOURCE - 14 juillet 2009


Dans Minute, l'abbé de Tanoüarn revient sur l'encyclique :

"Entendons-nous bien : il y a le mondialisme, qui est la dernière idéologie occidentale d’origine américaine, idéologie qui a pour but la disparition des nations dans un melting pot qui devra permettre l’extension du modèle américain à l’univers, et il y a la mondialisation qui est un phénomène à la fois technologique (Internet est un instrument, le développement des moyens de communication en est un autre) et commercial (parce que le marché mondial est devenu un fait lui aussi, un fait qui s’impose à toutes les entreprises, les pays dits émergents apparaissant comme la principale source de richesse à court et à moyen terme). [...]

Le pape s’oppose au mondialisme. A plusieurs reprises dans cette encyclique, il défend les nations et les identités. Il insiste aussi sur le rôle de l’Etat face au marché : « L’économie intégrée de notre époque n’élimine pas le rôle des Etats, elle engage plutôt les gouvernements à une plus forte collaboration réciproque. La sagesse et la prudence nous invitent à ne pas proclamer trop tôt la fin de l’Etat » (n°41). [...]

On a beaucoup reproché au pape de mettre en avant l’idée d’un gouvernement mondial au n°67. Mais que cherche-t-il, ce faisant, sinon à opposer au marché mondialisé une instance politique capable de résister au court-termisme et à l’impératif du rendement immédiat ? Oh ! Il y a là bien sûr une dimension utopique. Ce qu’il faut comprendre, c’est que cette idée d’un gouvernement mondial opposé aux forces mondialisées d’un marché devenu centrifuge signifie avant tout, chez Benoît XVI, un antilibéralisme viscéral. Il ne se résout pas à laisser le dernier mot aux impératifs économiques. Pour lui le marché ne peut pas être autonome, il est en quelque sorte sous la tutelle bienfaisante des gouvernements. La faiblesse des institutions internationales, dont Benoît XVI éreinte au passage l’opacité et le manque d’efficacité, invite à poser les problèmes de régulation non seulement en termes administratifs, comme on l’a fait jusqu’à maintenant, mais bien en termes politiques, en faisant appel à «quelques hommes droits» (n°71) qui poseront des limites aux ardeurs spéculatives, destructrices du « capital social »."

Michel Janva