27 juin 2008

Jour de deuil et messe chrismale
27 juin 2008 - Abbé Guillaume de Tanoüarn - leforumcatholique.org
Cher Azerty, que cherchez-vous ? Que voulez-vous ? Une diversion ? Pour oublier les difficultés dans lesquelles le discours de Mgr Fellay à Ecône plonge, volens nolens, toute sa Fraternité et ceux qui lui sont fidèles. Vous voulez oublier la cuistrerie et la grossièreté d’un négociateur qui après avoir convenu unilatéralement d’une feuille de route, voudrait l’imposer à la plus haute autorité qui soit sur la terre : le Vicaire du Christ. Un peu de tenue ! " Que chacun s’examine " comme dit saint Paul. Nul – pas même vous ni Mgr Fellay – n’est dispensé de considérer la situation dans un examen objectif. Le refus systématique de tout ce qui vient de Rome produit des fruits empoisonnés dans notre cœur de chrétien, qui est un cœur de fils, pas un cœur de flic soupçonnant à tout moment l’infraction, pas un cœur d’agent de la sécurité helvétique, refusant pour soi le moindre risque.
La réponse de Mgr Fellay marque un jour de deuil pour tous les catholiques fidèles aux formes de leur Tradition.
Dans ce contexte extrêmement chargé, au lieu de rentrer en vous-même pour y retrouver la lumière de Dieu, vous ne songez qu’à pratiquer une forme basse d’inquisition. Je crois vraiment que pour vous ce n’est pas le moment.
Quant à ce que vous me demandez, je n’ai pas l’habitude de me dérober. J’ai pris une décision forte, mûrement pesée et conforme aux principes de la théologie. J'ai assisté à la messe chrismale à la cathédrale de Paris. J'ai bien dit assisté. Le fait de pouvoir assister en tant que prêtre catholique à une messe légitime et qui est aujourd’hui la messe ordinaire de l’Eglise catholique (malgré tous ses défauts, ses ambiguïtés et ses insuffisances) me semble être une question de principe. Celui qui refuse en principe toute assistance au rite ordinaire, celui qui déclare que cette liturgie ordinaire est formellement hérétique et donc invalide, celui qui prétend qu’elle est intrinsèquement mauvaise (comme la fornication ou tel autre péché mortel), celui qui prétend qu’il n’est pas possible d’y assister, en principe, comme à une messe catholique, celui-là ne croit pas à l’indéfectibilité de l’Eglise catholique. Il n’est pas catholique.
Avant d’être ordonné, à Ecône, j’ai prêté serment de reconnaître toujours la validité essentielle (la catholicité ou la légitimité) du rite dit de Paul VI. Cela ne m’a pas interdit les critiques. Je dirais même que c’est ce serment (prévu par Mgr Lefebvre lui-même) qui les rend possibles, qui les rend audibles.
Faites attention au caractère très subjectif de toutes les surenchères présentes. La question est bien : Rome ou pas Rome. L’Eglise catholique demeure-t-elle comme le signe du salut possible, comme l’arche dans le déluge ? Ou bien les portes de l’enfer ont-elles prévalu contre elle ?
La résistance de quelques évêques ne constitue pas l’Eglise. Encore moins peut-elle s’y substituer. Leur manque… la légitimité.