| Lu sur le Forum catholique, d'un scribe sympathique :       "Le premier, j'ai donné mon avis positif sur la possibilité d'une       signature de ce texte qui n'engage à rien sauf à reconnaître que nous       sommes catholiques romains. Mais si Mgr Fellay décide, avec la grâce de       l'Esprit-Saint, de ne pas le signer, je le suivrai quand même". Il       me semble que ce scribe-là est très représentatif des fidèles de la       FSSPX, confrontés, qu'ils le veuillent ou non, à une véritable tornade,       depuis que le cardinal Castrillon Hoyos a solennellement proposé à Mgr       Fellay l'accord en cinq points (ce texte qui n'engage à rien comme dit le       scribe) comme un accord de dernière chance. Les fidèles s'en remettent       donc au chef. Et le chef a dit, lors d'ordinations sacerdotales au Séminaire       de Winona (EU), le 20 juin dernier, qu'il faudrait "continuer pour un       moment, un bon moment", sans signer le moindre engagement avec Rome. 
 Il nous faudra du temps, dit Mgr Fellay, en bon Suisse       qu'il est. Vous avez jusqu'au 30 juin, répond le cardinal, comme s'il       trouvait que l'on en avait déjà assez perdu comme ça, du temps. Les cinq conditions énumérées par Rome (et qui sont       désormais accessibles au grand public sur certains blogs ou forums)       forment simplement une sorte de code de bonne conduite, sans toucher aucun       point doctrinal. Notons simplement que dans l'un de ces paragraphes, on       avertit que les supérieurs de la Fraternité ne devront pas céder à la       tentation de constituer un magistère supérieur à celui du pape. C'est       ce point d'abord qui doit nous arrêter. La réaction du Scribe est caractéristique       d'une fidélité "absolue" aux positions de la FSSPX, quelles       qu'elles soient. Elle est honorable et inquiétante tout à la fois. Il ne       s'agit pas pour moi de sonder les reins et les coeurs, mais il me semble       que sur cette terre la seule autorité à laquelle on puisse et on doive       obéir inconditionnellement (et encore : dans certains cas bien défini       par les règles de l'exercice du magistère), c'est l'autorité du vicaire       du Christ. Cette autorité, dans son principe même, nous devons lui être       fidèles lorsqu'elle prend des formes à travers lesquelles c'est       l'autorité du Christ lui-même qui se donne. Pourquoi la Fraternité       Saint Pie X ne parle-t-elle plus jamais de l'autorité du Vicaire du       Christ, qu'un catholique doit reconnaître a priori ? Qu'il doit reconnaître       pour être catholique ? Rome fait appel au légitimisme catholique des fidèles       de la Fraternité Saint Pie X. Sera-t-elle entendue ? Les premières déclarations       de Mgr Fellay laissent penser que non. Quel est à ce jour l'argument de Mgr Fellay pour ne       pas souscrire au cinq points de bonne conduite réclamés par le cardinal       Castrillon ? En anglais la formule du supérieur de la FSSPX, dans son       discours de Winona, est éloquente, presque grossière : "They just       say : Shut up !". ils ont juste dit : La ferme... La réaction de       Rome à une telle interprétation des fameux cinq points a consisté à       organiser la fuite de ces cinq points, désormais dans le domaine public       grâce à Andrea Tornielli de Il Giornale. Il est clair pour tout le monde       que ce qui est demandé à la FSSPX, ce n'est pas le silence et l'absence       de critique, c'est "le respect de la personne du pape" en       particulier et le respect des personnes en général (et peut-être même       dans leur propre camp), dans la polémique. Ce respect, force est de constater que dans les déclarations       souvent improvisées des autorités de la FSSPX, il n'est pas au       rendez-vous. Le sermon de Mgr Fellay le 1er juin dernier lors des       confirmations à Saint Nicolas du Chardonnet est caractéristique à cet       égard. Le pape, lors de son voyage aux Etats unis, ayant manifesté son       admiration pour ce pays, a manifesté son admiration pour un haut lieu maçonnique       dans le monde. et ce n'est pas étonnant (même si c'est "un grand       mystère") parce qu'il s'agit d'un pape libéral. Honnêtement la critique manque de profondeur. Elle       manque de preuve. Elle consiste en un raccourcis éminemment contestable.       Si Mgr Fellay cherche uniquement à défendre son droit au raccourci       contestable, si c'est cela qu'il appelle "not shut down our mouth",       alors l'affaire est très mal engagée. Mais je ne suis pas convaincu que       ce soit cela que revendique Mgr Fellay. Du reste, le 4 juin dernier, il       s'est excusé devant le cardinal Castrillon Hoyos pour les écarts de       langage qui avait pu être perçus comme autant de manques de respect       envers le pape. Il faut bien insister sur le fait qu'il y a une chose       qui n'est touchée dans aucun des cinq points, une chose qui a été       publiquement reconnue par Rome dans l'acte d'adhésion que j'ai signé moi       même sortant, il y a trois ans de la FSSPX, c'est le droit à une       critique constructive de Vatican II. On peut même dire que le silence du       document en cinq points sur Vatican II laisse grande ouverte cette porte.       Il suffirait à Mgr Fellay de mentionner ce sésame tout en signant. Le moment est historique. Il ne se reproduira pas.       Refuser de signer un simple code de bonne conduite, c'est déconsidérer       l'oeuvre de Mgr Lefebvre. C'est non seulement s'exposer à de nouvelles       sanctions, selon la menace explicite de l'ultimatum cardinalice, mais       c'est se retirer toute légitimité à les braver. La seule légitimité que pourrait trouver Mgr Fellay       à refuser, lui évêque catholique, de signer un code de bonne conduite       envers le pape, c'est le sédévacantisme. On constate d'ailleurs qu'à       part Virgo Maria, les sédévacacantistes du Forum catholique (John Daly,       Anaclet et consorts) poussent la Fraternité à se renforcer dans son       refus. Au fond la question fondamentale est bien celle-ci : Mgr Fellay       reconnaît-il une autorité concrète du pape sur lui ou bien ne reconnaît-il       que l'idée (irréelle forcément) de cette autorité ? Ainsi posé le problème ne laisse aucun doute sur sa       solution : un successeur de Mgr Lefebvre, reconnaissant l'autorité du       pape, doit signer le code de bonne conduite, tout en gardant, pour le bien       de l'Eglise (et non par goût de la polémique) un droit de critique       constructive. Je prie pour que Mgr Fellay le 30 juin soit ce successeur,       digne du fondateur.      |