29 septembre 1986

[Abbé Franz Schmidberger - FSSPX - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs (n°31)] "La tradition de l’Eglise et le vrai sacrifice de la messe sont sauvés!"

SOURCE - Abbé Franz Schmidberger - FSSPX - Lettre aux Amis et Bienfaiteurs (n°31) - 29 septembre 1986

Chers amis et bienfaiteurs !

La tradition de l’Eglise et le vrai sacrifice de la messe sont sauvés ! La prière incessante et le sacrifice ardent d’âmes innombrables, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, la fidélité inébranlable de prêtres amis et la courageuse fermeté de religieux et religieuses du monde entier, l’ordination, pour la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et les communautés amies, de 280 nouveaux prêtres depuis 1971, ont opéré ce miracle. De nouvelles sanctions viendraient-elles nous frapper, de la part de l’occupation étrangère de Rome, ou des Évêques, le modernisme destructeur ou la théologie marxiste de la libération viendraient-ils encore poursuivre à l’intérieur de l’Eglise leur travail de démolition, l’Eglise, elle, vit ! On ne peut plus éteindre la tradition !

Bien plus, il n’a fallu que la petite étincelle de prêtres et de religieux éparpillés, de quelques jeunes-gens rassemblés autour d’un évêque, pour allumer un vaste incendie qui se propage de jour en jour : les bénédictins du Barroux et les bénédictines d’Uzès sont bénis de vocations abondantes. – Les capucins de Morgon, fondés par le Père Eugène, comptent 5 religieux prêtres et sont en train d’édifier solidement leur Société. – Les dominicains d’Avrillé comptent 12 membres ; selon la tradition de leur Ordre, ils prêchent publiquement dans les rues et sur les places des villes. – L’évêque de Bourges voulait de nouveau cette année chasser des églises paroissiales de son diocèse les Pères de la Fraternité de la Transfiguration de l’abbé Lecareux ; il n’y a pas réussi, grâce à la résistance résolue de la population catholique. – Les dominicaines de Fanjeaux et de Brignoles ouvrent une école après l’autre ; leurs anciennes élèves fournissent une large part de leurs nombreuses recrues. – Les petites Sœurs de Saint-François d’Assise viennent de vendre leur maison mère de Flavigny à la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, pour s’installer en Bretagne. – Les carmélites, qui avaient commencé à deux en 1978 leur reconstruction à Quiévrain, comptent aujourd’hui 70 Sœurs réparties en 4 carmels, et un cinquième s’ouvre le 6 octobre à Bas-en-Basset (France). – Les Sœurs du Précieux Sang de Schellenberg (Liechtenstein), revenues à la messe de toujours en 1977, voient depuis leur couvent refleurir. – Les Sœurs Expiatrices du Saint Esprit de Mayence, devenues de véritables martyres en Tchécoslovaquie purent partir en Allemagne en 1966 ; leur bienfaisance et générosité auprès des malades, des vieillards et des pauvres est connue dans toute la ville. – La branche des Sœurs de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, enfantée en 1973 par Sœur Marie-Gabriel, propre sœur de Monseigneur Lefebvre, compte aujourd’hui trois noviciats et sept petites communautés auprès de nos Prieurés.

La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, de son côté, compte en cette nouvelle année académique 178 prêtres, 260 séminaristes, 25 Frères et 25 Oblates ; et à la fin 86 elle comptera ses 190 prêtres. Avec ses séminaires, écoles, maisons de retraites et prieurés, la voilà à présent en action dans 22 pays des cinq continents : les dernières fondations ont eu lieu en juillet à Santiago du Chili, en août en Nouvelle Zélande et aux Antilles françaises, et en septembre en Inde. L’ouverture d’un Prieuré en Rhodésie est en préparation. A cela s’ajoutent des voyages missionnaires au Liban, au Sri Lanka, en Nouvelle Guinée, aux Philippines et au Japon, également dans divers pays d’Afrique et d’Amérique du Sud ainsi qu’en Scandinavie.

Plus nombreux que jamais, retraites, récollections et camps de jeunes ont été assurés cet été par nos prêtres.

Cependant le plus important est et demeure pour nous la formation de prêtres. Ainsi ouvrons-nous en France, le 5 octobre, le séminaire International Saint-Curé d’Ars auquel se sont actuellement inscrits 35 jeunes gens du monde entier. Ainsi commence en même temps, dans notre mission de Libreville au Gabon, le séminaire Saint-Joseph où sont inscrits 4 candidats d’Afrique noire. Ainsi pensons-nous à l’érection d’un Séminaire en Australie l’année prochaine. – A notre grande joie, Mgr de Castro Mayer viendra, cette année encore, assister aux ordinations de La Reja (Argentine) le 30 novembre, et joindre pour sa part à nos dix ordinands deux candidats formés dans son séminaire de Campos. – Seul le Christ non falsifié, toujours vivant et toujours en action, transmis tel quel à travers les siècles par son Eglise – c’est cela la tradition – est l’auteur de toute fécondité spirituelle et sainteté véritable.

Sans doute l’année 1987 verra-t-elle peu de nouveaux prieurés, nous voulons en effet achever les fondations existantes, en faire effectivement, selon nos statuts, des maisons de vie commune, et laisser le moins possible de confrères isolés ; sinon l’extension extérieure risquerait de provoquer à la longue un relâchement intérieur ou même une exténuation complète, ce qui ne servirait à personne, ni à l’Eglise, ni aux fidèles. Nous devons à tout prix sauvegarder chez nos prêtres la fraîcheur de l’élan missionnaire et la joie de l’engagement apostolique. Avant tout, notre but à long terme doit être la formation d’une jeune génération de prêtres bien formés, zélés et remplis d’esprit de sacrifice.

Chers amis et bienfaiteurs, laissez-moi, en cinq points, confier à votre cœur ce qui me paraît spécialement important pour vous aujourd’hui :

1. Soyez fermes dans la foi, inébranlables dans votre confession du mystère et de la loi de Jésus-Christ. Céder sur les principes c’est affaiblir chaque fois notre résistance et nuire au travail si nécessaire de la reconstruction. Avant tout, avec toute votre famille, n’assistez qu’à la messe de toujours ; elle seule est la garantie du maintien de la foi catholique, elle seule est la vraie profession de Notre Seigneur crucifié et ressuscité.

2. En ce temps de confusion, pratiquez bien le discernement des esprits. Saint Ignace de Loyola en a donné les règles exactes dans son livre des Exercices spirituels. Glorifiez chaque jour le Saint-Esprit et demandez-lui sa lumière, afin que vous ne soyez pas trompés par de faux prophètes qui, en définitive, ne travaillent qu’à la révolution mondiale ou tout au moins à leur propre gloire au lieu de travailler pour la gloire de Dieu. Le diable est malin et trompe les âmes.

3. Soutenez en paroles et en actes la tradition vivante de l’Eglise. Toutes les institutions que je vous ai énumérées vivent uniquement de la force de la foi du peuple catholique. « Si tu as beaucoup, donne beaucoup ; si tu as peu, tâche de donner de ce peu avec joie », dit Tobie en exhortant son fils, dans les Livres saints. L’établissement dans les pays du Tiers Monde, surtout, exige de vous un témoignage énergique de charité chrétienne. Et laissez-moi vous remercier ici de tout cœur du soutien généreux que vous nous apportez jusqu’ici. Dieu vous en récompense ! Lui seul connaît tous vos bienfaits cachés, ils seront inscrits au livre de vie.

4. C’est seulement en menant une vie intérieure, vous adonnant tout au moins à une petite méditation quotidienne, en priant le chapelet régulièrement dans votre famille, en recevant souvent les saints sacrements et en accomplissant la loi du Christ de tout cœur, spécialement la loi de la charité, que vous traverserez sans dommage cette sombre époque. « Celui qui prie se sauve, celui qui ne prie pas se damne » nous dit saint Alphonse de Liguori.

Une vie chrétienne exige de vous de prendre soin du catéchisme à donner à vos enfants, de leur trouver des écoles catholiques, de vous dévouer auprès des vieillards, des malades et des pauvres de votre entourage, de mettre en vigueur les commandements de Dieu dans votre lieu de travail, et de pénétrer de l’esprit surnaturel tout l’ordre temporel.

5. C’est à la croix qu’on reconnaît le vrai chrétien, à la croix dont il a été signé au front à son baptême et à sa confirmation. Plus l’apostasie, le terrorisme et l’anarchie se répandent, plus nous devons être prêts, résignés et aimants, à monter au calvaire avec le Seigneur souffrant.
A une famille courageuse qui mettait la main à la pâte avec un grand dévouement dans les préparatifs d’un nouveau prieuré, j’avais recommandé avant tout la prière et le sacrifice comme base spirituelle de cette nouvelle fondation. Or peu avant l’arrivée de nos prêtres, le père, qui était dans la force de l’âge, fut rappelé à Dieu par un infarctus. En réponse à ma lettre de condoléances, je reçus de la veuve le mot suivant : « Oui, les voies de la Providence divine sont souvent très mystérieuses. Mais il y a des moments dans la vie où l’on reconnaît clairement Ses desseins. Et tandis que nous nous tenons frappés de crainte devant les voies de sa toute-puissance et que nous allons, chargés du poids de la Croix, nous ressentons en même temps une certaine joie à nous soumettre à Sa Sainte Volonté, et un sentiment de sécurité à savoir toutes choses parfaitement entre Ses mains. Rappelez-vous, M. l’abbé, que vous nous avez demandé de préparer la voie par la prière et le sacrifice. Nous avons prié et nous prions beaucoup. C’est Dieu lui-même qui a décidé du sacrifice. Nous avons compris cela, mon fils et moi, auprès du lit de mort, au moment de sa mort. Nous connaissons la profondeur du sacrifice et sommes pleinement confiants que le prieuré et la Fraternité dans notre pays seront abondamment bénis ».

Ce ne sont pas la réussite extérieure et l’expansion mondiale qui sont la preuve de notre authenticité, mais le fait de porter quotidiennement la croix rédemptrice du Christ dans la foi, l’espérance et la charité, en tant qu’enfants de cette Mère qui sait transformer l’amertume en consolation et la souffrance en joie.

En la fête de Saint Michel Archange, le 29 septembre 1986
Abbé Franz Schmidberger
Supérieur Général