31 décembre 2010

[Abbé Aulagnier - ITEM] "Ami ... sois plus modeste, tu en seras plus crédible"

SOURCE - Abbé Aulagnier - Item - 31 décembre 2010

Monsieur l’abbé de Cacqueray vient d’adresser à ses fidèles, le 29 décembre 2010, ses vœux de nouvel an. Il les encourage joliment à assister quotidiennement à la Sainte Messe parce qu’elle est le renouvellement non sanglant du sacrifice sanglant de NSJC, le plus beau des trésors de l’Eglise. C’est une très bonne chose. Son exposé se veut « vibrant ».On ne peut que l’en féliciter. Mais en même temps, il se permet d’en remontrer aux prêtres « Ecclesia Dei » et de leur faire la leçon tombant même dans un « paternalisme » de mauvais goût. C’est fort désagréable.

Voici ses deux phrases « pénibles »: « Pour être complet sur ce sujet, il nous faut encore citer ces autres messes de saint Pie V célébrées à la faveur des indults successifs, puis finalement du motu proprio. Il est vrai que nous vous en déconseillons la fréquentation. Placés sous la dépendance et sous la surveillance des évêques, les prêtres qui la disent, en supposant même qu’ils aient conscience de la gravité des erreurs propagées dans l’Eglise depuis quarante ans, ne se hasardent pas à s’y opposer fermement. Ils expriment le plus souvent leur choix de célébrer la messe de saint Pie V au motif décevant qu’elle s’accorde mieux à leur sensibilité ou à celle de plusieurs de leurs fidèles.
Certes, nous voulons encourager ces prêtres dans leur itinéraire. Mais, même pour les y aider, nous ne voulons pas que vous vous placiez dans des circonstances dangereuses où, allant assister à ces messes, vous risqueriez, vous-mêmes ou vos enfants, cette corrosion parfois insidieuse qui provient des imprécisions dans l’expression de la Foi, des libertés persistantes que l’on s’autorise dans la liturgie et surtout de silences et de complicités en présence des racines du mal qui existe à l’intérieur de l’Eglise. Nous savons avec quelle facilité s’opèrent les glissements doctrinaux et comment s’introduisent insensiblement les doutes et les remises en cause ».

Ce n’est pas très habile.

Il semble nous reprocher de célébrer ces messes « à la faveur des indults successifs, puis finalement du motu proprio » Summorum Pontificum.
Mais à quel titre lui-même célèbre-t-il la messe tridentine sinon dans le cadre d’un « indult », celui prévu par la Bulle « Quo Primumù Tempore » ? N’est-ce pas le même indult qu’invoquent les prêtres « ecclesia Dei » ? Car les indults successifs de 1984, 1988, 2007, l’Eglise les a donnés, au milieu de la crise de l’Eglise, qu’eu égard au caractère immémorial de la messe tridentine. C’est l’argument de la Bulle « Quoi Primum Tempore ». C’est, également la pensée de Benoît XVI dans son Motu Proprio « Summorum Ponticum ». Et l’on peut démontrer très facilement que Jean-Paul II en était déjà convaincu en 1986. Les ennemis de l’Eglise auraient, peut-être, bien voulu ne plus entendre parler de cette messe…Mais cela n’a pu se faire. « Ils voulaient la supprimer…Ils ne le purent » disait Jean Madiran. L’Esprit Saint protège toujours son Eglise. Alors pourquoi nos messes seraient-elles moins recommandables, au titre du motu proprio de Benoït XVI, que la sienne et celles de ses confrères dans la FSSPX ?

Serait-ce parce que ces prêtres « ecclesia Dei » y sont attachés plus par « sentiments » que par conviction doctrinale et que toutes les dérives sont dès lors possibles ? Il le laisse entendre. C’est très désagréable. Mais qu’était-il encore, lui, quand nos anciens luttaient pour la conservation de cette messe tridentine, quand ils argumentaient doctrinalement adressant le « Bref examen critique » du Novus Ordo Missae à Paul VI par les mains du cardinal Ottaviani ? Qu’est-il encore quand nous étudions tout cela pour nous forger des convictions solides, à toutes épreuves ? Qu’étaient quand les laïcs s’organisaient pour sauver cette messe de la ruine ne refusant pas de faire kilomètres sur kilomètres pour aller chercher les vieux prêtres qui acceptaient, à la barbe de leurs évêques et dans l’opposition à leurs amis « recyclés », d’une manière héroïque, la célébration de cette messe? Il était dans ses langes et faisait encore « pipi au lit ». Et aujourd’hui, fort de quelques années supplémentaires, il se permet de faire la leçon à ceux qui lui ont passé tout de même « le flambeau ». Mgr Lefebvre ne fut pas le seul dans ce merveilleux travail de fidélité. Certes, il était pour nous une vraie « sentinelle »…Mais il ne fut pas seul à « veiller ». Il ne faut pas qu’il oublie lui aussi qu’il est un « héritier » et qu’il veuille bien avoir l’humilité que cette situation inspire à toute âme bien née.

Il voudrait bien « encourager, dit-il, ces prêtres, nous, dans leur itinéraire ». C’est très « paternaliste » et à ce titre difficilement supportable par les plus anciens. Et puis qui est-il pour le vouloir ? Qui est-il pour le prétendre ? Qui est-il pour seulement le penser ? Croit-il que sa seule appartenance à la FSSPX lui en donne l’obligation et lui donne une force invulnérable ? Croit-il que la FSSPX est plus forte que tous les autres « instituts » et qu’elle peut, à ce titre, en remontrer à tous ? Qu’il demande donc à Mgr Tissier de Mallerais s’il était si fort que cela en cette matière alors qu’il était directeur du séminaire d’Ecône subissant les influences qui auraient été fatales d’un abbé Cantoni… Mais Cantoni! Il ne le connait pas. Il devait être encore trop petit… Heureusement Mgr Lefebvre veillait…

Ami, prends garde toi aussi de tomber ! Et sois plus modeste, tu en seras plus crédible.

30 décembre 2010

[Nicolas Senèze - La Croix] Réponse

SOURCE - Nicolas Senèze - La Croix - 30 décembre 2010

Je m'interdis d'habitude d'intervenir sur le Forum (merci à XA pour m'avoir remémoré les codes...), mais face l'ignominie du procédé employé, trop c'est trop.

Voici donc la copie de la mise au point publiée sur mon réseau social :

Il est un sport répandu dans les milieux traditionalistes : prendre une photo sur un site diocésain ou paroissial et la commenter à l’envi pour montrer toute l’horreur de la réforme liturgique et de l’Église conciliaire.

Et de souligner ces « aubes-burkas » qui rendent les prêtres difformes (alors qu’ils existent de si belles aubes-violons pour corseter les prêtres), de s’indigner que, dans une célébrations d’enfants, garçons (et filles, ô horreur !) se retrouvent autour de l’autel en se tenant la main, ou encore de souligner que tel prêtre ne met pas le petit doigt là où il faut, signe évident de son manque de foi en la Présence Réelle…

Au fil de ces sites, photo commentée après photo commentée, se distille ainsi une haine tranquille de l’Eglise où les sarcasmes le disputent aux rires moqueurs contre tout ce qui n’est pas « Tradition ». Voire carrément des accusations d’« hérésie » atteignant jusqu’à nos évêques et certains cardinaux…

Mais quand l’exercice se retourne contre eux, plus de rire chez les tradis : l’Eglise est en danger !

Voilà donc une photo du cardinal Raymond L. Burke, préfet du Tribunal Suprême de la Signature apostolique : celui-ci était dimanche 26 novembre en l’église romaine Sainte-Marie-de-Nazareth.

Pour cette messe, Son Éminence avait revêtu la cappa magna, une longue cape de 6 mètres de soie. Sur sa page personnelle de Face book, un journaliste de La Croix sourit de cet accoutrement qui tient plus du ridicule que de la dignité que l’on est en droit d’attendre d’un cardinal en 2010.

Bien au-delà du cas d’espèce du cardinal Burke, qui n’est plus alors évoqué dans la discussion, il s’ensuit alors un débat sur le retour en force de ces attributs liturgiques dans certains milieux de l’Eglise, ces dernières années. Car, tout de même, il y a là un mouvement de fond, qui va bien au-delà du seul attachement, somme toute légitime, à des formes anciennes et respectables de la liturgie.

Les ressorts d’une telle attitude sont multiples. Mais, à la suite d’Anne Soupa (que je ne suis pas toujours dans sa critique de l’Eglise que je trouve trop systématique et revendicative) on peut quand même se demander si ce retour aux « dentelles et froufrous » n’est pas, chez certains prêtres, l’expression d’une homosexualité refoulée. Comment ne pas s’étonner, d’ailleurs, que ce soit justement ceux-là qui, mettant abominablement en rapport homosexualité et pédophilie, déclenchent de véritables « chasses aux homos » dans les séminaires ?

Ces mêmes sites Internet cités précédemment ont aussi l’habitude de prendre ici un bout d’une phrase et là le bout d’un autre pour faire dire à quelqu’un ce qu’il n’a pas dit.

Les commentaires Face book tiennent plus de la conversation de sacristie que de l’étude théologique : grâce à un rapide copier-coller, il était donc facile de tenter un rapprochement ignoble entre le début et la fin de la conversation pour insinuer que c’est au cardinal Burke que j’attribuais le qualificatif d’« homosexualité refoulée »…

Ce n'est certainement dans les discussions du FC qu'on parviendrait à extraire l'une ou l'autre phrase permettant d'insinuer que l'un ou l'autre liseur insulte le pape ou les évêques, voire mette en doute leur orthodoxie !

[summorum-pontificum.fr] Nicolas Senèze fait une fixation sur la dentelle

SOURCE - summorum-pontificum.fr- 30 décembre 2010

Sur son blog, Daniel Hamiche a dénoncé l’incroyable insulte émise par Nicolas Senèze, journaliste au quotidien La Croix, envers le cardinal Burke. Ce dernier a, dimanche dernier, célébré la messe à Rome pour les Franciscains de l’Immaculée. Il avait revêtu la « capa magna » et c’est ce vêtement qui a déplu au journaliste de La Croix.

C’est évidemment son droit. Mais, je cite Daniel Hamiche (qui cite lui-même le journaliste de La Croix) le port de la capa magna ferait du cardinal Burke un adepte de « la pompe de dentelles et guipures” et dans le port desquelles Senèze a du mal à ne pas voir “une homosexualité refoulée” ».

Ce jugement n’a pas été émis dans le quotidien La Croix mais sur la page personnelle Facebook du journaliste en question. Mais sur cette page personnelle, Nicolas Senèze revendique directement son appartenance à ce journal.

À une intervenante qui lui demandait s’il avait rencontré le cardinal Burke et s’il l’avait interrogé, le journaliste a répondu « Les déclarations du cardinal Burke sur la réforme de la réforme sont assez éloquentes ».

C’est ensuite, pour justifier un jugement sévère à l’encontre de la cérémonie à laquelle a participé le cardinal Burke, que Nicolas Senèze a émis le jugement scandaleux cité par Daniel Hamiche. Sa réponse est exactement celle-ci :
Franchement, cela a-t-il encore sa place aujourd’hui ? Enfin, si cette manière de revêtir le Christ peut suffire à satisfaire l’ego de certains “excellentissimes évêques”… Pour ma part, j’ai du mal à ne pas voir dans ce déploiement de dent…elles et froufrous, une homosexualité refoulée, que ces mêmes évêques sont souvent les premiers à violemment stigmatiser!
Et il est revenu à la charge, ensuite, en déclarant :
« Pourquoi ne pourrait-on pas s’interroger sur cette insistance si forte sur les dentelles souvent accompagnées d’une homophobie si agressive, d’un rapport aux femmes rarement saines et apaisé. De la même façon qu’il faudrait un peu aller plus profondément dans certains séminaires « tradis » comment le rapport à l’autorité est envisagé : cela porte beaucoup d’enseignement sur une certaine (im)maturité affective des prêtres dans ces milieux ».
Répondant à l’article de Michel Janva sur le Salon Beige concernant ses propos, Nicolas Senèze ira jusqu’à l’insulte :
« M. Janva : vous êtes un salopard ! ».
Finalement, il niera avoir accusé le cardinal Burke d’homosexualité (il est vrai que ce n’était qu’un sous-entendu). Finalement, ces contradicteurs sont accusés d’être « rompue aux techniques maurrassiennes » de retourner les phrases dans tous les sens.

Alors on aurait mal compris ses propos ? Il explique donc à ses lecteurs ce qu’il fallait comprendre :
« Je relève seulement que cette attirance pour la dentelle et les frous-frous d’une partie du clergé relève d’une tendance homosexuelle ».
Depuis des siècles donc, s’il on en croit le journaliste de La Croix Nicolas Senèze une partie du clergé relève d’une tendance homosexuelle simplement parce qu’elle porte capa magna, dentelles, etc.

On pourrait s’interroger plus longuement en donnant des noms. Mais je ne tiens pas à tomber dans les « techniques maurrassiennes » (sic). Voici seulement quelques photos. Ces personnes que Nicolas Senèze ne pourra soupçonner d’être en faveur de la réforme de la réforme ou du rite tridentin tombent-elles aussi sous le coup de ses jugements étonnants :

[trois photos: Paul VI et le futur Jean-Paul 1er, avec dentelles - Le Pape Paul VI - Le futur Jean-Paul II en Capa Magna]

Mais le plus étonnant de cette affaire ne réside pas dans les propos plus que légers de Nicolas Senèze, mais dans le fait que ce journaliste soit en charge d’une rubrique religieuse dans le quotidien La Croix, et plus spécialement de la question « traditionaliste » envers laquelle il montre une certaine hargne plutôt étonnantes.

Sa méconnaissance de l’usage de la capa magna pose quand même la question de ces capacités à évoquer la question liturgique et à parler de l’Église.

Nicolas Senèze est journaliste à La Croix, lequel diffuse aujourd’hui L’Osservatore Romano et dont le groupe de presse édite le dernier livre du Pape. Monsieur Vian, directeur général de L’Osservatore Romano ne cache pas son amitié pour ce journal et pour ce groupe de presse. Que pense-t-il de tels propos sur un cardinal de Benoît XVI ? Et qu’en pense la direction de La Croix ?

En tous les cas, dans La Croix d’aujourd’hui, Nicolas Senèze s’explique :
Les commentaires Facebook tiennent plus de la conversation de sacristie que de l’étude théologique : grâce à un rapide copier-coller, il était donc facile de tenter un rapprochement ignoble entre le début et la fin de la conversation pour insinuer que c’est au cardinal Burke que j’attribuait le qualificatif  d’« homosexualité refoulée »
La sacristie pas plus que la théologie n’ont de rapport avec cette histoire. Réjouissons-nous que le cardinal Burke ne fut pas visé par le journaliste de La Croix. Reste, que sans copier-coller, les enchaînements logiques des propos de Nicolas Senèze existent bien. Après avoir rappelé le sens du rouge cardinalice, il écrit : « Assez loin de la pompe en dentelles et guipures que semble affectionner SE le cardinal Burke (et quelques autres éminences avec lui)… » Et c’est après qu’une intervenante lui explique le sens de la capa magna que Nicolas Senèze lance sa phrase sur « une homosexualité refoulée », ajoutant dans la même phrase pour être sûr que l’on comprenne bien qu’il parle des prélats et non des prêtres en général : « que ces mêmes évêques sont souvent les premiers à violemment stigmatiser ».

Mais il ne s’agirait que de prêtres, le journaliste de La Croix tombe quand même dans le jugement de sale gueule envers une catégorie de personnes. Un cas de discrimination négative peu conformes avec les vertus de respect que le journaliste est censé porter et défendre. L’insulte envers Michel Janva appartient-il aussi aux propos de sacristie ?

L’insulte touche enfin les Franciscains de l’Immaculée qui vivent dans une grande pauvreté tout en donnant à la liturgie le faste qui convient à Dieu. Mais ne demandons pas au journaliste de La Croix s’il connaît les Franciscains de l’Immaculée. Puisqu’ils sont traditionalistes, il risque de n’y voir qu’une bande de refoulés…

29 décembre 2010

[Abbé Régis de Cacqueray, fsspx] Les voeux du Supérieur de District aux fidèles pour 2011

SOURCE - Abbé Régis de Cacqueray, fsspx - La Porte Latine - 29 décembre 2010

Suresnes , le 29 décembre 2010
Chers Amis et Bienfaiteurs,
Lorsque nous vous entendons parfois émettre le regret de ne pouvoir assister à la messe en semaine ou même le dimanche, nous compatissons de tout notre cœur à la peine intérieure que vous éprouvez de ce manque. Mais en même temps, nous ne pouvons nous empêcher de nous réjouir en constatant que la messe est encore suffisamment comprise et aimée pour que sa privation provoque en des âmes cette sainte douleur. Nous entendons d’ailleurs un autre écho de cette souffrance lorsque de nombreux prêtres évoquent les bancs trop souvent dépeuplés en face desquels ils célèbrent leurs messes de semaine.
Nous avons bien conscience des nombreuses raisons qui, aujourd’hui, rendent cette pratique de l’assistance à la messe de chaque jour difficile, voire impossible pour un bon nombre d’entre vous. Les premières chapelles où la bonne messe est célébrée peuvent se trouver  encore bien éloignées de votre domicile et les moyens pour vous y rendre inexistants ou trop onéreux. L’emploi du temps de certains, par exemple de vous autres, chers pères et mères de famille, est quelquefois tellement chargé qu’il serait déraisonnable de vous astreindre, en plus, à cet effort pendant la semaine. La maladie ou les infirmités en clouent également plusieurs chez eux de telle manière que cette assistance à la messe quotidienne est inenvisageable.
Par ailleurs, cette crise si terrible, qui détruit l’Eglise de fond en comble sous nos yeux atterrés, vous interdit l’entrée de la plupart des églises, alors qu’elles sont souvent toutes proches de chez vous, parce qu’elles sont désormais fermées ou que s’y trouve célébrée cette liturgie nouvelle à laquelle il est impossible de prendre part. Indépendamment des meilleures intentions que nous supposons chez celui qui la célèbre, c’est dans l’expression même de sa prière que la nouvelle liturgie demeure toujours outrageante pour le Cœur de Dieu, notamment par l’édulcoration et la transgression du caractère propitiatoire de son sacrifice. De même que l’on ne va pas acheter le pain dans une boulangerie si l’on sait qu’il y est avarié, même si le boulanger nous semble au demeurant un brave homme ; de même la piété personnelle du prêtre ne suffit pas pour rendre bon le rite corrupteur de la Foi qu’il célèbrerait.
Pour être complet sur ce sujet, il nous faut encore citer ces autres messes de saint Pie V célébrées à la faveur des indults successifs, puis finalement du motu proprio. Il est vrai que nous vous en déconseillons la fréquentation. Placés sous la dépendance et sous la surveillance des évêques, les prêtres qui la disent, en supposant même qu’ils aient conscience de la gravité des erreurs propagées dans l’Eglise depuis quarante ans, ne se hasardent pas à s’y opposer fermement. Ils expriment le plus souvent leur choix de célébrer la messe de saint Pie V au motif décevant qu’elle s’accorde mieux à leur sensibilité ou à celle de plusieurs de leurs fidèles.
Certes, nous voulons encourager ces prêtres dans leur itinéraire. Mais, même pour les y aider, nous ne voulons pas que vous vous placiez dans des circonstances dangereuses où, allant assister à ces messes, vous risqueriez, vous-mêmes ou vos enfants, cette corrosion parfois insidieuse qui provient des imprécisions dans l’expression de la Foi, des libertés persistantes que l’on s’autorise dans la liturgie et surtout de silences et de complicités en présence des racines du mal qui existe à l’intérieur de l’Eglise. Nous savons avec quelle facilité s’opèrent les glissements doctrinaux et comment s’introduisent insensiblement les doutes et les remises en cause.
C’est dans ce contexte délicat qu’à l’occasion de cette lettre de Noël, nous voulons vous parler de la grandeur et de la souveraine amabilité de la messe afin qu’elle soit toujours mieux comprise et mieux aimée pour ce qu’elle est. Nous avons conscience, si nous parvenons un tant soit peu à dévoiler quelque chose de la beauté indicible de la messe, que nous risquons d’aviver encore la souffrance de ceux d’entre vous qui en sont privés. Mais cette souffrance n’est-elle pas finalement pour le bien, et la ressentir encore le signe que les âmes sont tournées vers ce qui est essentiel ? Quelle belle existence que celle qui se déroule toute centrée sur la messe, où la messe est véritablement  comprise et vécue comme le cœur spirituel de la journée ! Et puis, nous ne terminerons pas cette lettre sans avoir évoqué les bienfaits de la communion spirituelle à laquelle tous peuvent s’adonner, en particulier lorsqu’ils sont dans l’impossibilité d’assister au saint sacrifice. Elle leur permet de s’unir chaque jour aux messes qui sont célébrées.
Notre désir ne tend donc, par ces lignes, qu’à favoriser l’amour et la connaissance du trésor de la messe pour encourager tous ceux qui le peuvent à faire l’effort d’y venir très souvent ou tous les jours, et ceux qui ne le peuvent pas à se joindre en esprit aux messes qui sont célébrées, de quelque endroit où ils se trouvent, par la communion spirituelle quotidienne. Que vous ayez la grâce de recevoir la communion eucharistique ou que vous deviez seulement faire une communion spirituelle, il s’agit, dans l’un et l’autre cas, du véritable cœur de chacune de vos journées !
Puissiez-vous donc, mes chers amis, vous accorder quelques instants de calme et de recueillement pour prendre le temps de réfléchir posément sur ce qu’est la sainte messe. Si l’ouverture de votre âme donne réellement à Dieu le loisir de vous faire pénétrer un peu plus avant dans ce mystère, vous vous retrouverez tout saisis et tout émus d’admiration devant sa grandeur. Faites appel à votre Foi, à tous les souvenirs de votre instruction religieuse et de votre piété.
Ressuscitez également en vous, si elles se sont un peu assoupies, les pensées et la ferveur qui furent les vôtres à l’occasion des terribles choix que vous dûtes faire de ne jamais assister ou de ne plus vouloir assister à la nouvelle messe, en dépit de toutes les difficultés et des croix que cette résolution  allait vous coûter. Tous les combats que vous avez menés, depuis que les nouveautés liturgiques se sont répandues dans l’Eglise, ou tous ceux que vous avez rejoints, lorsque une grâce insigne vous en a manifesté l’existence et la nécessité, l’ont été à cause de la messe et pour l’amour de la messe. Mais en réalité, qu’est donc cette messe objet de tant de guerres, de haines et d’amours si violentes ? Que faut-il donc qu’elle soit pour mériter des combats si acharnés ? Vous le savez déjà. La messe vous place devant une réalité d’une telle importance et d’une telle gravité qu’elle légitime amplement toutes les guerres qu’elle a suscitées et la place unique que notre religion lui a octroyée dans le culte qu’elle rend à Dieu.
La messe est le renouvellement non sanglant du Sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de notre Dieu descendu du Ciel sur l’autel du Calvaire. Ce sont les mérites de ce Sacrifice qui, à jamais, ont surabondamment lavé l’outrage infini causé à Dieu par nos péchés. C’est par la vertu divine de ce Sacrifice que nous avons été délivrés de l’asservissement où nous retenaient les démons. C’est par le prix du Sang de Dieu que nous avons été définitivement rachetés et que nous disposons désormais, tout au long des siècles, de ce trésor inépuisable de grâces pour demeurer dans l’amitié divine, nous maintenir et croître dans la conformité à la Loi de l’Evangile. C’est encore par ce Sacrifice que les portes du Ciel, fermées depuis le péché originel, ont été de nouveau ouvertes.
Que nous le sachions et que nous y pensions ou non, c’est tout l’ensemble de notre vie et chacun de nos instants en particulier qui se trouvent liés en permanence et de la façon la plus intime au Sacrifice de la Croix ! Chaque seconde du temps de notre vie qui passe est en dépendance du Sacrifice du Calvaire et est donnée à notre âme pour qu’elle se lave dans ce sang adorable du Fils de Dieu inlassablement placé à la disposition de son rafraîchissement.
Que les hommes et les démons continuent à s’acharner à vouloir détruire et piétiner jusqu’à tous les calvaires et tous les crucifix de la terre, leur rage restera toujours impuissante contre la grandeur et le rayonnement salvifiques de cet acte infini de justice et d’amour : il demeure en effet pour l’éternité et sa puissance se manifeste infailliblement, soit par la place privilégiée que lui reconnaissent les âmes et les sociétés qui s’en trouvent purifiées et illuminées, soit par le dédain où elles le relèguent et qui les claustre alors dans leurs vices et dans leur décadence.
Voici donc que notre Foi nous a conduits au pied d’un autel où un prêtre commence à célébrer la sainte messe. Nous n’allons pas, il est vrai, au cours de ce temps que durera la messe, voir des yeux de notre chair le renouvellement du Sacrifice du Calvaire s’opérer devant nous. En effet, nous nous trouvons, tant que nous sommes encore sur cette terre, sous le régime de la Foi et non sous celui de la claire vision. Mais nous croyons fermement à ce qui nous a été enseigné par Dieu et par l’Eglise. Nous ne voyons pas mais nous croyons.
Nous croyons qu’à la messe, d’une façon invisible mais pas moins  réelle, c’est bien le Sacrifice de Jésus-Christ, tel qu’il nous est raconté par les Evangiles, qui est rendu présent grâce aux rites célébrés par les prêtres. Les gestes, les paroles, la liturgie de la messe ne sont pas seulement les profonds symboles d’une sublime réalité qui s’est déroulée il y a deux mille ans. La messe n’est pas la simple commémoraison solennelle du Sacrifice que le Fils de Dieu a fait de sa vie. Ces signes sont divins. Ils sont parfaitement efficaces : ils accomplissent ce qu’ils signifient et rendent  réellement présent sur nos autels ce sacrifice, exactement comme il eut lieu sur le gibet de la croix, en l’an trente-trois.
La seule différence entre ce jour où Notre-Seigneur Jésus-Christ, suspendu au bois de la croix, a versé tout le sang de son corps supplicié, et les messes qui n’ont cessé de se succéder depuis lors, c’est que tous ces renouvellements de l’unique Sacrifice ne sont plus sanglants. Notre-Seigneur ne souffre pas de nouveau, lorsque son immolation mystique est ainsi présentée à son Père, pour le Salut des hommes. Notre-Seigneur ne souffre plus parce que son corps, qui se trouve dans l’éternité bienheureuse, ne peut plus souffrir. Mais la messe est bien identiquement une seule et même chose que le Sacrifice de la Croix. Ceux qui y assistent sont placés devant la même réalité vivante que les personnes qui se trouvaient au pied du gibet de Jésus, lors de ses souffrances et de son expiation sur le mont du Golgotha.
Mais pourquoi Dieu a-t-Il voulu que les messes puissent ainsi, tout au long de l’histoire des hommes, opérer partout et toujours le renouvellement du Sacrifice de son Fils ? Pourquoi avoir laissé de tels trésors dans les mains des hommes alors que Dieu savait bien à quel point les esprits des hommes sont charnels et le peu d’intelligence qu’ils auraient de cette ineffable cérémonie, l’ennui et l’indifférence qu’elle susciterait souvent ainsi que les outrages dont elle serait la cible ? Quelles mystérieuses raisons peuvent expliquer une telle décision divine ? Il ne s’agit pas de scruter la sagesse de Dieu, si relevée qu’elle aveugle les âmes assez présomptueuses pour croire en leur pouvoir de la pénétrer parfaitement.
Cependant, notre crainte de fixer nos yeux sur le soleil est justement tempérée par les voiles eucharistiques dont notre Dieu s’est recouvert. Tous les jours, à la messe, lumière infiniment plus vive que mille soleils, Dieu veut se laisser contempler par nos pauvres yeux de chair qui n’ont pas besoin de ciller pour Le regarder réellement présent sur l’autel. C’est donc à Lui, toujours condescendant pour venir parmi nous lorsque sont prononcées les paroles consécratoires, que nous nous adressons amoureusement pour qu’Il nous confie les raisons divines du choix du renouvellement de son Sacrifice.
Nous allons dire des réalités qui nous dépassent de toutes parts. Lorsque nous prononcerons ces mots, nous exprimerons d’incroyables choses sans bien savoir ce dont nous parlons. Mais si nous les comprenions, même d’une façon infinitésimale, nous cesserions aussitôt de parler, suffoqués par la prise de conscience de ce que nous disons et par l’incapacité radicale de nos mots pour exprimer de telles merveilles. Les plus sublimes paysages de cette terre, qui laissent les hommes bouche bée d’admiration lorsqu’ils les découvrent, donnent une pauvre idée de ce monde spirituel aux beautés suffisantes pour nous faire oublier tous les plus ravissants spectacles terrestres.
Nous disons donc, sans savoir les réalités que nous disons, qu’à la messe le Fils de Dieu, la deuxième Personne de la Sainte Trinité, présente de nouveau à Son Père le Sacrifice qu’Il est venu accomplir sur la terre. Car il est un saint ange, dont l’opération est attestée à chaque messe, et qui a pour mission de porter cette offrande sur l’autel de Dieu, en présence de sa divine Majesté. Et cet ange si saint, c’est Jésus-Christ Lui-même qui passe toute son éternité à offrir à son Père toutes les oblations de Lui-même renouvelées sur la terre, car rien n’est plus agréable à son Père que cette parfaite immolation et ces flots infinis de l’amour de son Fils montant vers Lui. Le renouvellement de la messe donne ainsi aux Trois Personnes de la Sainte Trinité la jubilation de cette éternelle scène, qui leur est toujours présente : l’amour infini du Fils devenu chair afin de réparer, de la façon la plus exquise et la plus divine qui se puisse concevoir, les outrages que nos péchés avaient commis contre le Dieu trois fois saint : la messe chaque jour pour réparer le mal de nos péchés quotidiens !
Quant à nous, nous nous trouvons donc à vivre dans la proximité de ce mystère qui se déroule à côté de chez nous et auquel nous assistons. Nous n’imaginons pas ce qui se passe en réalité à la messe et l’excellence de cette cérémonie. Notre Foi est si faible ! Lorsque nous croyons, que notre Foi demeure en réalité minuscule ! Comment pouvons-nous côtoyer des réalités si divines, les manier de nos mains, les manger et les boire de nos bouches et conserver nos esprits et nos cœurs si distants et si froids devant de tels mystères ? Pourquoi n’employons-nous pas tous nos instants, comme les vagues incessantes de la mer, à toujours et encore nous élancer, sans jamais nous lasser et du plus profond de nous-mêmes, vers le céleste rivage de l’Eucharistie ? Pourquoi, d’une messe à l’autre, ne sommes-nous pas affamés et altérés de cette nourriture et de ce breuvage qui sont tellement au-dessus de tous les autres ?
Quelle misère, Seigneur, de demeurer si loin de Vous lorsque Vous êtes venu vivre parmi nous ! Votre divin Sacrifice, c’est pour nous que vous avez voulu, de génération en génération, son renouvellement, afin qu’Il nous soit toujours présent et que nous lui soyons toujours présents, tout au long de l’histoire des hommes et de chacun d’entre eux. Vous avez voulu, en votre infinie condescendance, qu’il nous accompagne tout le long de notre pèlerinage terrestre, pour nous procurer notre nourriture quotidienne qui est Vous-même, nouvelle manne divine descendue du Ciel. Vous avez incroyablement favorisé l’émergence et la croissance de notre amour pour Vous par ces délicatesses infinies dont vous avez usé, vous qui avez décidé de rester avec nous sur terre jusqu’à la consommation des siècles. Ainsi, les âmes peuvent inlassablement vous retrouver tous les jours, au moment le plus sublime de votre existence, quand vous vous offrez en victime d’expiation sur la croix !
Cependant, en cet instant où je viens vers Vous, Vous qui êtes mon amour infini et la source de la miséricorde qui ne tarit pas, j’ai péché contre Vous, Seigneur, et j’ai tellement méconnu votre messe. Quelle misère que cet endurcissement de mon âme et mon obstination dans mes péchés ! Vous seul en savez la mesure ! Comment cela se peut-il ? Comment le prêtre lui-même peut-il être en même temps et le ministre quotidien du renouvellement de votre adorable sacrifice et l’auteur d’un autre malheureux renouvellement, celui de ses péchés plus nombreux que ses messes ?
Mais, Seigneur, le prêtre comme le fidèle lève quand même les yeux vers votre autel. Comment désespérer lorsque vous supportez encore que le premier monte à cet autel et que tous deux se trouvent en votre présence ? C’est parce que Vous, vous avez encore la force et l’amour de me maintenir dans l’existence que je dois me supporter encore, moi-même, pauvre pécheur. Mon âme, tu as coûté à Dieu le sang qui inonde cet autel et déborde de cette coupe. Toi qui as causé la mort d’un Dieu par tes péchés, auras-tu le front de mépriser par ton désespoir ce Sang versé pour toi et de lui ravir ton âme par le délaissement d’un tel Amour ?
Pourquoi donc avoir tant retenu mon cœur et le retenir encore ? Qu’attends-je donc ? Pourquoi mes atermoiements, pourquoi mon balancement et mes hésitations qui n’en finissent pas ? Comprenons-le enfin si nous ne l’avons jamais compris : notre vie n’a pas d’autre référence que la messe. Nous ne vivons que de la messe et nous ne mourons que dans son éloignement. Puissions-nous donc laisser nos cœurs un peu libres d’exister vraiment, libres d’aller là où Dieu les veut, libres de vivre de la seule véritable existence, toute de soif et de désaltération de la messe, libres enfin d’aimer cette messe si digne d’être aimée. Il est tellement juste qu’il en soit ainsi et tellement décevant qu’il en soit autrement ! Nous ne devons tout qu’à ce Sacrifice. C’est de lui que nous avons reçu tout ce que nous avons reçu et nous n’avons rien reçu qui vienne d’autre part que de lui. Tout ce que nous pouvons attendre et espérer, c’est de lui que nous l’attendons et que nous l’espérons. Comment donc le bouder encore ? J’irai vers l’autel, vers l’autel de mon Dieu qui a fait la joie de ma jeunesse, de ce Dieu incroyable qui toujours continue à  s’acheminer vers moi, lorsque, toujours, je le fuis. Comme l’enfant prodigue, je reviendrai et j’irai me baigner dans ce bain quotidien de la messe. Mon âme s’en  trouvera encore et toujours refaite et jamais mon Dieu ne me manquera. Telles sont les sentiments que l’âme chrétienne doit chercher à entretenir dans son âme à la pensée de l’auguste Sacrifice.
Mais si la rudesse des circonstances ne vous donne pas, bien chers fidèles, la grâce incomparable de pouvoir assister à la messe quotidienne, il reste que, là où vous vous trouvez, dans votre cuisine, dans votre bureau ou sur ce lit d’hôpital, il vous suffit de quelques secondes ou de quelques minutes pour unir votre âme à toutes les vraies messes qui sont célébrées et pour recevoir en votre âme, dans le plus saint des embrassements spirituels, le Dieu qui s’est fait hostie pour nous.
La puissance et la pratique de la communion spirituelle sont malheureusement souvent méconnues des catholiques privés de la messe.  Parce que Dieu est Esprit et qu’Il nous a également dotés d’un esprit, la grâce nous permet de nous tourner intérieurement vers Lui pour y adhérer par la connaissance et par la charité. Nous pouvons alors, de toute notre âme, nous unir à Lui dans ce que l’on nomme justement une communion spirituelle et en recevoir d’immenses grâces d’affermissement intérieur, de soutien et de consolation pour toute notre journée. C’est grâce à la communion spirituelle que vous éloignerez les démons et les tentations et que vous vous placerez quotidiennement sous le grand rayonnement de la messe qui donne aux âmes la véritable vie, c’est-à-dire rien de moins que la vie de Dieu Lui-même !
La force des catholiques réside d’abord dans la divine union des âmes à Notre-Seigneur Jésus-Christ dont la vie se continue sur la terre par sa Sainte Eglise, et dans l’union spirituelle qui en résulte, les uns vis-à-vis des autres, union accentuée par la commune réfection à cette même nourriture spirituelle qu’est la sainte Eucharistie.
Nous vous souhaitons, chers fidèles, une bonne et sainte nouvelle année que nous confions à la très Sainte Vierge Marie qui, chaque jour jusqu’à son Assomption, reçut sans doute des mains de saint Jean la nourriture céleste qu’Elle-même avait donnée au monde. Elle vécut de communion en communion, de messe en messe, chaque jour plus intérieurement embrasée de cet échange infini d’amour qui la rend toute divine. Que notre propre existence apprenne à se situer dans ce seul sillage qui vaille !
Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du District de France

28 décembre 2010

[Paix Liturgique] Curés, n'ayez pas peur!

SOURCE - Paix Liturgique, lettre 263 - 28 décembre 2010

La scène est à Paris, colline de Montmartre, dans la Basilique du Sacré-Cœur. Nous sommes au mois de décembre 2010, plus de trois années après l’entrée en vigueur du Motu Proprio Summorum Pontificum. Des scouts de passage demandent gentiment si leur aumônier – un prêtre « idoine », appartenant à une Communauté Ecclesia Dei – pourrait célébrer pour eux une messe pour l’unité scoute sur un autel de la Basilique.

On se trouve donc dans le cas tout simple de l’article 5 du Motu Proprio, § 3 (autorisation par le curé d’une messe en forme extraordinaire pour une célébration occasionnelle), cas qui ne fait généralement aucun problème, sauf dans des diocèses particulièrement hostiles, comme par exemple celui de Bourges. La réponse de Montmartre est cependant une franche fin de non recevoir : au Sacré-Cœur de Montmartre il n’y a aucun problème pour célébrer la forme ordinaire (on s’en serait douté !) ; en revanche, il n’est pas possible pour un prêtre de célébrer la messe dans la forme extraordinaire du rite romain sans une autorisation spéciale qu’il faut demander au recteur au moins quarante-huit heures au préalable. Malheureusement, le recteur, extrêmement occupé, n’est pas joignable en ce moment. En revanche, on précise au chef de troupe qu’il peut aller voir ailleurs : certaines églises du diocèse de Paris ont, lui explique-t-on, une « autorisation permanente », pour ce type de célébration occasionnelle, comme la paroisse Saint-Eugène-Sainte-Cécile.

Refus donc d’un curé franchement invisible et franchement injoignable (sans doute le recteur de Montmartre est-il le seul curé de Paris à n’avoir pas de téléphone portable…)

Les canonistes noteront surtout que ledit recteur de Montmartre a établi sa législation à lui, qui « aggrave » le texte pontifical, ce qui est parfaitement injuste, au sens moral et canonique :

- La permission de l’article 5 § 3 du Motu Proprio suppose, à Montmartre, une demande préalable dans un délai de 48 h. Le décompte des jours du délai se fait-il à jours francs ? Les jours fériés se rajoutent-il ? Faut-il une demande écrite ? En plusieurs exemplaires ?

- Et de toutes façons, s’agissant de tolérance, il n’en est pas question à Montmartre, car il y a des maisons pour ça à Paris : St-Eugène, Ste-Odile…

Or, tout le monde sait que les messes extraordinaires occasionnelles, spécialement pour des obsèques, anniversaires de décès, mais aussi pour bien d’autres raisons, sont désormais relativement nombreuses à Paris. Oui, à Paris. Les curés de Paris (sauf le recteur de Montmartre) savent que – hors la messe dominicale, et encore… – ils peuvent parfaitement accorder des permissions de messe extraordinaire à des prêtres de passage. Quant aux messes privées de prêtres qui demandent à célébrer selon la forme extraordinaire, dans un nombre important de paroisses, il n’est fait aucune difficulté (conformément, au reste, à l’article 2 du Motu Proprio).

Cet exemple n’est pas anecdotique et révèle qu’il y a des clercs de Lutèce plus « hors de la ligne, point de salut » que l’administration diocésaine. Dont nul n’ignore qu’après avoir lancé des oukases généraux, elle sait parfaitement adapter sa copie avec réalisme (pour ne donner qu’un exemple : la visite du cardinal de Paris au pèlerinage de Chrétienté).

On a envie de dire : « Curés, n’ayez pas peur ! Vous savez, votre évêque pousse parfois des coups de bouche, mais il est moins méchant qu’on ne le dit ».

[Athanase - Le Forum Catholique] Il y a bientôt dix ans, Mgr Fellay était reçu par Jean-Paul II

SOURCE - Athanase - Le Forum Catholique - 28 décembre 2010

Voilà un événement, peut-être oublié, mais dont certains se souviennent. Celui d'une rencontre qui est, probablement, à l'origine des dernières démarches (Motu proprio de 2007, levée des excommunications de 2009, discussions doctrinales). Pour user de termes empruntés à la terminologie scoslatisque, on peut certainement voir dans la rencontre du 30 décembre 2000 le moteur premier.

Preuve que les fils n'étaient pas rompus, et qu'il était possible de les renouer. Preuve que la FSSPX n'était pas hostile à un rapprochement. Preuve que Rome n'avait nullement renoncé à toute réconciliation.

Les années 1990 ont été ternes, les conversations et rencontres relevant d'une dimension privée. Il semble que Jean-Paul II, après les sacres de 1988, se soit désintéressé de la question. Ce qui est dommageable. Mais en même temps, Rome a évité les qualifications inconvenantes (schisme, etc.). Le MP d 1988 est même plus mitigé sur le caractère de la FSSPX telle qu'elle apparaît à la lumière de l'événement du 30 juin 1988.

Quelles que soient nos positions, il faut reconnaître le chemin parcouru. Certaines questions (statut du rite traditionnel) ne se posent plus, d'autres ont fini par prendre de l'ampleur. Il est certain que la réconciliation est dépendante du climat dans l'Eglise. On notera aussi que des communautés aux structures diverses sont apparues: administration apostolique de Campos, IBP, etc. La donne traditionnelle s'est "complexifiée", même si l'opposition épiscopale demeure.

Entretemps, il y a eu des épisodes douloureux sur lesquels il convient de ne pas entrer. Alors, dans 10 ans, si Dieu le veut, les regarderons-nous avec sourire ?...

Au passage, saluons le travail du Cardinal HOYOS. Qu'il soit remercié pour ce qu'il a fait et aussi pour les rapports, certes complexes, qu'il a pu entretenir avec la FSSPX. Son grand amour de l'Eglise doit être salué.

Alors, ce 30 décembre 2010, une petite pensée et une prière !

27 décembre 2010

[laportelatine.org] Nouvelles de l'apostolat de la FSSPX dans les Pays de l'Est à l'occasion de la sortie du livre de M. l'abbé Stehlin "L'Immaculée, notre idéal"

SOURCE - laportelatine.org - décembre 2010

M l’abbé Karl Stehlin , supérieur de la maison des pays de l’Est de la FSSPX, vient de publier en version française son livre « l’Immaculée, notre idéal » qui résume les grandes pensées, la vie et l’action d’un des plus grands héros de la Sainte Eglise au XXe siècle : saint Maximilien Kolbe. Ce prédécesseur de la Tradition catholique a donné à l’Eglise un des plus puissants instruments pour convertir les infidèles et sanctifier les fidèles. Il nous montre dans la pratique le rôle extraordinaire de la Très sainte Vierge Marie dans nos temps apocalyptiques. Ce livre a déjà été publié en anglais, allemand, polonais et estonien. C’est l’idéal de l’Immaculée qui se trouve à l’origine de toutes les œuvres de la Fraternité dans les pays de l’Est, c’est la conviction qu’Elle seule « a vaincu toutes les hérésies sur toute la terre » et « écrase la tête du serpent », donnant ainsi à ses missionnaires le courage d’affronter une bataille humainement apparemment perdue d’avance. C’est à l’exemple de ce grand saint et avec la bénédiction de la Sainte Vierge qu’ils se sont lancés à la conquête des âmes, sans argent, sans appuis, sans connaître ces contrées. Leur seul rempart a été la confiance illimitée envers Elle qui aime tant ces pays meurtris par le communisme mais héroïques parfois dans la défense de la Foi. Voyons cela.

Estonie

En Estonie, pays à 90% protestant avec seulement 3 000 catholiques dont très peu sont pratiquants, où depuis 7 ans la Fraternité a une petite chapelle au 4ème étage d’un immeuble du centre de la capitale, Tallinn. La cinquantaine de fidèles se compose principalement de jeunes familles.

Le « miracle de l’Immaculée » dans ce pays est le contact très intense avec une quinzaine de pasteurs luthériens, rebutés par les dérives couvertes par leur hiérarchie de mariages homosexuels et autres scandales, qui sont très intéressés à la Tradition catholique. Cela s’exprime par leur assistance assidue aux récollections que leur prêche l’abbé Stehlin presque tous les 2 mois. Depuis quelques mois, les pasteurs invitent aussi certains de leurs fidèles à ces conférences, et ainsi un bon groupe a participé à la retraite de Saint Ignace cet été. Certains pasteurs se préparent sérieusement à la conversion, mais une telle procédure est très longue et très compliquée vu leur situation et les multiples problèmes familiaux et économiques qui se posent à eux. Ils savent qu’il leur reste peut-être très peu de temps avant d’être renvoyés par leurs supérieurs. C’est pourquoi ils redoublent d’efforts pour rapprocher leurs fidèles de la Foi catholique. Notre projet de construction d’une véritable église est pour eux d’un grand réconfort. Ils pensent même à fonder un jour autour de ce futur centre de la Tradition une école catholique où ils pourraient exercer leur profession comme catéchistes et professeurs, car beaucoup de parents même sans religion désirent au moins une bonne éducation pour leurs enfants. Par ce chemin on pourrait attirer des familles entières à la Foi. Le permis de construire en est à ses dernières étapes. Les moyens financiers viendront de vous, généreux donateurs. Il faut voir en tout cela la douce main de Notre Dame qui n’a pas oublié que les aïeux de nos chers pasteurs Lui ont consacré leur pays, le nommant « Mariamaa », Terre de Marie.

Lettonie

Au sud de l’Estonie se trouve la Lettonie, où nous travaillons avec le père Valerijs, du rite gréco-catholique, qui nous invite à nous occuper d’un groupe dynamique de fidèles de rite latin. L’abbé Pezzutti, qui a la charge de l’Estonie et de la Lettonie, a commencé de publier un bulletin « Immaculata » avec l’aide de deux sœurs studites fidèles à la Tradition, qui se signalent aussi par leur capacité à peindre de belles icônes.

Lituanie

Le dernier pays balte c’est la Lituanie où se trouve, à Kaunas, notre prieuré Saint Casimir avec 3 prêtres : les abbés Boesiger (Biélorussie et Russie), Pezzutti (Estonie et Lettonie), et Persie, le prieur, en charge des deux chapelles de Lituanie. Par l’édition d’une vingtaine de livres en langue lituanienne nous touchons une bonne partie du clergé et un groupe de fidèles instruits. Par des prêtres amis nous apprenons que notre apostolat est bien apprécié parmi le clergé mais cela ne se voit pas car ils ont tous peur de leur hiérarchie qui est très hostile à la Tradition. Le motu proprio libérant la messe traditionnelle y est souverainement ignoré. Le seul prêtre qui l’a appliqué a été malmené par son évêque ce qui fait qu’il s’est rapproché de la Fraternité et est maintenant en train de la rejoindre. Il a déjà amené au prieuré tout un groupe de jeunes, dont le premier à venir se prépare à entrer au séminaire l’année prochaine. Prions pour ces âmes généreuses.

Ukraine
En passant par la Biélorussie, nous arrivons en Ukraine où la Tradition est représentée par la Fraternité Saint-Josaphat (FSJ), de rite gréco-catholique, dont le supérieur majeur est notre Supérieur Général. Les 17 prêtres de cette Fraternité s’occupent d’une vingtaine d’églises et de chapelles, surtout autour de Lviv (ex Lemberg, du temps de la domination autrichienne), avec une bonne dizaine de milliers de fidèles. Malheureusement, le libéralisme et le matérialisme de l’Ouest se font horriblement sentir par une véritable dévastation de la jeunesse. On sent cela par le petit nombre de séminaristes dans leur séminaire du Cœur Immaculé de Marie où des prêtres de la FSSPX, dont l’abbé Laroche du séminaire de Zaitzkofen en Allemagne, donnent des cours de philosophie et théologie morale et dogmatique. L’abbé Stehlin a pu instruire quelques uns des prêtres de la FSJ à prêcher la retraite de Saint Ignace, en principe totalement inconnue chez les gréco-catholiques. Cet été, ces prêtres ont prêché pour la première fois 5 retraites avec 83 participants. Grâce à ces retraites, la communauté des 15 sœurs basiliennes de la Tradition, liées à la FSJ, a deux nouvelles postulantes.

Pologne

Pour terminer notre voyage , rendons-nous en Pologne. La FSSPX y dispose de deux prieurés. Le prieuré Saint Pie X à Varsovie, et sa belle église de l’Immaculée Conception, avec 5 prêtres, 3 frères, 2 préséminaristes, l’école primaire de la Sainte Famille avec 30 élèves, l’école secondaire Saint Thomas d’Aquin avec 40 élèves en partie logés dans un internat de garçons et un internat de filles. Grâce à ces écoles, des familles se sont rapprochées de la FSSPX  et le nombre de fidèles du prieuré de Varsovie a presque doublé. L’école actuelle n’en est qu’au tiers construit de sa capacité finale. Le projet final est : 1/ 3 garçons, 1/3 filles, 1/3 chapelle et services communs. Ici aussi la générosité des donateurs est requise. Merci à eux. Le prieuré de Varsovie dessert en outre les chapelles de Lublin, Lodz, Cracovie, Katowice, Tarnow, Rzeszow et Lubatowa.

Le prieuré du Coeur Immaculé de Marie à Gdansk, avec 3 prêtres et un frère, est lui aussi en pleine expansion. Ce prieuré dessert les chapelles de Szcecin, Torun et Bajerze.

L’œuvre des retraites est essentielle. Dans la maison de retraite de Bajerze ainsi qu’au prieuré de Varsovie il est prêché chaque année de 8 à 10 fois les exercices spirituels de Saint Ignace et 3 fois les retraites mariales selon Saint Louis Marie Grignion de Montfort. La plupart des participants, environ 15 pour chaque retraite, sont des nouveaux et des jeunes. La raison en est que depuis le motu proprio de 2007, il y a maintenant 62 lieux où la messe traditionnelle est célébrée, souvent avec l’aide de la FSSPX et des livres traditionnels qu’elle publie.

Mgr Tissier de Mallerais présente son livre au palais royal de Varsovie

Le 6 octobre dernier, à Varsovie, Mgr Tissier de Mallerais a présenté officiellement sa biographie de Mgr Lefebvre en polonais. On en est actuellement à la 3ème édition de ce livre.

Afin de mener à bien tous ses projets, vous l’aurez compris, M l’abbé Karl Stehlin, responsable FSSPX à Varsovie, a besoin de votre aide. Joignez-le à stehlin@piusx.org.pl pour de plus amples informations.

[Les Nouvelles Calédoniennes - Mgr Fellay, fsspx] « Nous ne sommes pas des Martiens »

SOURCE - Les Nouvelles Calédoniennes - Mgr Fellay, fsspx - 27 décembre 2010

Le supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X a fait un saut en Calédonie pour Noël. Il a célébré la messe, à minuit et en latin, à Katiramona, dans le local de cette communauté qui revendique un retour au traditionalisme.

Les Nouvelles calédoniennes : Vous avez débarqué le 23 décembre à Tontouta. Vous souhaitiez être là pour Noël ?
Mgr Bernard Fellay : Ma visite est fortuite. J’étais en tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande pour ordonner des prêtres. Et comme j’ai eu du temps libre à Noël, j’ai décidé de venir encourager notre petite communauté (*) ici, qui vient de construire une chapelle, même si elle n’a pas encore de prêtre à plein-temps. Mais ça viendra.
La Fraternité Saint-Pie X se qualifie de traditionaliste quand on la taxe d’intégriste. Vous vous opposez pourtant à toutes les avancées progressistes de l’Eglise depuis 1962...
Notre situation est controversée, mais elle est aussi liée à ce qui se passe dans l’Eglise catholique. La vie de l’Eglise a changé avec le concile [Vatican II]. Et le bilan est dévastateur. La quantité de prêtres et de religieuses a baissé. Il y a une perte de vitesse religieuse généralisée. Il faut faire quelque chose pour restaurer la situation. La liberté totale démolit la société. Les hommes ont besoin d’une aide spéciale pour connaître le chemin de Dieu et le salut des âmes. D’ailleurs, le pape revient aux idées traditionnelles. Il voit très bien qu’il y a une déviation et qu’il faut la corriger. On est peut-être beaucoup plus proche du pape qu’il n’y paraît.
Avez-vous été supris par Benoît XVI qui a dit tolérer le port du préservatif, dans des cas exceptionnels, pour lutter contre le sida ?
J’ai été un peu déçu par le livre. Mais je suis très heureux du changement intervenu depuis : on voit bien que Rome veut éclaircir cette question du préservatif qui a semé la confusion. Le préservatif n’est pas le moyen pour résoudre ce problème de la santé. Il va contre la nature de l’acte de mariage car il empêche le fruit normal de cet acte. La famille est très importante. L’acte doit se faire dans le mariage. Il y a une discipline à respecter qui avait beaucoup de valeur autrefois, et qui aujourd’hui est dépréciée.
Sentez-vous que vous êtes à contre-courant de l’évolution de la société ?
Oui je m’en rends bien compte. Mais, ça ne me gêne pas. Des fois, je dis même qu’on nous prend pour des Martiens. Mais nous ne sommes pas des Martiens. 
Le but de votre communauté est toujours d’intégrer l’Eglise catholique ?
Oui, on a toujours soutenu qu’on ne veut pas faire bande à part. On maintient qu’on est catholiques et qu’on le reste. Nous souhaitons que Rome nous reconnaisse comme de vrais évêques. D’ailleurs, on n’ose plus le mot schismatique à notre encontre. Alors si on n’est pas schismatiques, ni hérétiques, c’est qu’on est sacrément catholiques. D’ailleurs le pape dit qu’il y a seulement un problème d’ordre canonique. Il suffit d’un acte de Rome pour dire que c’est fini et nous rentrons dans l’Eglise. Ça viendra. Je suis très optimiste.
Vous accepteriez alors les décisions de Vatican II ?
Non, pas comme ça. Nous demandons que les grandes ambiguïtés de Vatican II soient dissipées.
Qu’est ce que vous appelez les grandes ambiguïtés ?
D’abord, la liberté religieuse : est-ce que ça veut dire que tout homme a droit de choisir sa religion ? Non, le bon Dieu n’en a fondé qu’une. Ensuite, l’œcuménisme : est-ce qu’un homme peut être sauvé dans d’autres religions que celle catholique ? Non, il n’y a que l’Eglise qui sauve.
Pourtant plusieurs religions existent de par le monde. Quelle légitimité avez-vous pour les nier ?
Je vois qu’elles existent, mais elles n’arrivent pas à produire les effets de la religion catholique. Pour l’affirmer, on se repose sur ce que dit l’Eglise ancienne. La démarche de l’Eglise est bien expliquée dans Vatican I. Il existe tout un tas de signes extérieurs qui permettent de reconnaître que la religion catholique est la vraie. C’est une science que l’on apprend. L’idéal serait bien sûr de prouver l’existence de Dieu. On s’en approche.

Propos recueillis par Bérengère Nauleau
(*) En Calédonie, la Fraternité Saint-Pie X compterait quelque 200 fidèles, selon l’abbé Laisney qui fait les voyages entre la Nouvelle-Zélande et ici.

25 décembre 2010

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] "Admirable, Conseiller"

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 25 décembre 2010

Le jour de Noël est un bon moment pour nous rappeler pourquoi nous pouvons et devons nous réjouir de la venue de Notre Seigneur Jésus Christ. Lui, et lui seul, est capable de résoudre tous les véritables problèmes humains qui remontent au tout début de la race humaine, et qui sont aujourd'hui plus graves que jamais.

La raison en est que tous ces vrais problèmes des hommes sont des problèmes dus au péché. Tout désordre purement matériel ne devient grave que s'il est de façon ou d'autre spirituel, par exemple si une maladie physique pousse un homme à maudire ou à bénir. Et tout ce qui se passe de spirituel dans mon intérieur ne devient un désordre que s'il est de façon ou d'autre un péché. Par exemple Job s'est lamenté  amèrement sur ses afflictions physiques, mais ses lamentations n'étaient pas peccamineuses, Quant au péché, c'est une offense tout d'abord contre Dieu, ensuite contre moi-même et seulement en troisième lieu contre mon voisin.

Donc tous les problèmes humains qui ne sont pas des problèmes purement matériels, sont des problèmes d'avoir offensé Dieu. Un exemple terrible nous en est fourni par la pauvre femme qui s'est fait avorter. Son problème superficiel est résolu. Le bébé n'existe plus, et sa vie à elle a repris son train « normal ». Mais au fond d'elle-même, ou bien elle endurcit son cœur (et par là rejoint un monde qui arrive à détester et à supprimer Noël), ou bien elle sait et reconnaît dans son for intérieur qu'elle a fait quelque chose d'abominable. Quoi qu'il en soit, quelque chose en elle est disloqué et tordu pour le reste de ses jours, et beaucoup de ces femmes, même si en tant que catholiques elles savent de par leur Foi que Dieu leur a pardonné à travers l'absolution sacramentelle, sont encore tourmentées, car telle est la blessure que ce péché a infligé à leurs âmes. Pourtant l'avortement n'est pas le pire des péchés. Pécher directement contre Dieu est plus grave.

Voilà des pensées plutôt sombres pour le Jour de Noël ?  Oui et non. Le problème du péché est sombre, mais tout aussi joyeuse donc est la certitude qu'il a une solution réelle. Si la pauvre fille qui a avorté va se confesser, quel est le prêtre catholique qui ne fera pas tout dans son pouvoir pour la persuader qu'elle est pardonnée ?  Car si elle a le vrai repentir de son péché (le repentir de Pierre et pas celui de Judas Iscariote), dès qu'elle a reçu du prêtre l'absolution, elle n'a plus le droit de douter du pardon de Dieu. Combien de pénitents sortent dès lors du confessionnal avec un sentiment de soulagement et une joie que rien d'autre ne peut leur donner, parce qu'au cœur de leur tourment était la conscience qu'ils avaient offensé Dieu, et Dieu le leur a pardonné.

Et d'où cette joie puise-t-elle son origine ?  Dans la certitude que Dieu a reçu d'une jeune fille juive une nature humaine, qu'il a vécu sur terre et qu'il nous a donné parmi d'autres le sacrement de la Pénitence dont la force dérive des mérites de la Passion et de la Mort de Notre Seigneur, qu'il n'a pu endurer qu'avec l'aide de cette même Vierge et Mère. Mais comment aurait-il pu mourir s'il n'était jamais né ?  Tout a commencé donc avec sa naissance humaine de la Très Sainte Vierge Marie - Noël.

Alors la solution de tous les problèmes les plus terribles de moi-même et de mes semblables est accessible. Il n'est pas surprenant que les catholiques soient joyeux, ni qu'il puisse y avoir une joie particulière attachée à la Fête de Noël même pour ceux qui n'y croient pas - pourvu qu'ils n'aient pas encore endurci leurs cœurs.

23 décembre 2010

[summorum-pontificum.fr] La messe traditionnelle au séminaire

SOURCE - summorum-pontificum.fr- 23 décembre 2010

Grande nouvelle : le recteur du séminaire de Paris a invité l’abbé Ribeton, supérieur du district de France de la Fraternité Saint-Pierre, a célébré la messe selon les livres liturgiques de 1962 le 10 décembre dernier. Les séminaristes assistaient à cette première.
Vous n’y croyez pas et vous avez raison.
L’événement, c’est en fait déroulé au grand séminaire de Cravovie, à l’invitation de son recteur et devant les séminaristes, le 10 décembre dernier. À la place de l’abbé Ribeton [qui nous pardonnera j’espère cette mise en scène), c’est l’abbé Wojciech Grygiel, de la même Fraternité Saint-Pierre qui officiait.
Il est à noter que dans ce séminaire  les futurs prêtres apprennent aussi à célébrer selon la forme extraordinaire.

22 décembre 2010

[summorum-pontificum.fr] Un article de Roberto De Mattei

SOURCE - summorum-pontificum.fr- 22 décembre 2010

J’ai évoqué rapidement hier le nouveau livre du professeur Roberto De Mattei sur le concile Vatican II. Il Concilio Vaticano II. Una storia mai scritta fait déjà débat en Italie. Le professeur De Mattei n’est pas resté sans voix dans la controverse. On trouve sur le site de la Fondation Lépante la traduction en français d’un article qu’il a écrit pour le quotidien italien Libero et publié le 12 décembre dernier. En voici un extrait que je livre à titre d’information. On ira lire l’intégralité sur le site en question.
Si le Concile a l’autorité que le Pape qui le convoque et le dirige veut lui donner, tous les discours de Jean XXIII et de Paul VI, avant, durant et après le Concile Vatican II, en soulignent la dimension, non pas dogmatique, mais pastorale. Ce même but pastoral, étranger à toute définition dogmatique, est attribué aux documents conciliaires par Benoît XVI, dont l’« herméneutique de la continuité » est très mal interprétée par beaucoup de catholiques, tant progressistes que conservateurs. L’affirmation même selon laquelle le Concile Vatican II doit être considéré comme en continuité avec le Magistère de l’Eglise présuppose évidemment l’existence dans les documents conciliaires de passages douteux ou ambigus, ayant besoin d’une interprétation. Pour Benoît XVI, le critère d’interprétation de ces passages ne peut qu’être la Tradition de l’Eglise, comme il l’a maintes fois affirmé lui-même. Si, par contre, comme l’estiment les promoteurs du site web « Vive le Concile », on admettait que le Concile Vatican II était le critère herméneutique pour relire la Tradition, il faudrait donner, paradoxalement, une force interprétative à ce qui a besoin d’être interprété. Interpréter la Tradition à la lumière du Concile Vatican II, et non pas l’inverse, ne serait possible que si l’on acceptait la position d’Alberigo (auteur d’une œuvre monumentale Storia del Vaticano II, en 5 volumes), qui donne une valeur interprétative non pas aux textes, mais à l’esprit du Concile. Mais ceci, bien entendu, n’est pas la position de Benoît XVI, qui critique l’herméneutique de la discontinuité, justement pour la suprématie qu’elle accorde à l’esprit sur les textes. Mgr Gherardini, professeur émérite d’ecclésiologie à l’Université du Latran, dans son livre Le Concile Oecuménique Vatican II, un débat à ouvrir (2009), a bien développé le bon critère de l’herméneutique théologique. Soit l’on estime, comme Gherardini, que les propositions du Concile Vatican II, non liées à des définitions précédentes, ne sont ni infaillibles ni irréformables et donc même pas contraignantes, soit l’on accorde au Concile une autorité telle qu’elle éclipse les vingt autres assises précédentes de l’Eglise, les abrogeant ou les remplaçant. Sur ce dernier point, il paraît qu’il n’y a pas de différence entre les historiens de l’école de Bologne, comme le prof. Alberto Melloni, et les sociologues, comme Massimo Introvigne, qui semblent donner une valeur d’infaillibilité au Concile Vatican II.
Il y a pourtant un deuxième problème qui va au-delà de la discussion sur la continuité/discontinuité des textes conciliaires et ne concerne pas le domaine théologique, mais le domaine historique. C’est le sujet auquel j’ai voulu apporter une contribution dans mon récent livre, Il Concilio Vaticano II. Una storia mai scritta, publié par les éditions Lindau en décembre 2010. Dans cet ouvrage, je ne propose pas une lecture théologique des textes, au sens d’en évaluer la continuité ou la discontinuité avec la Tradition de l’Eglise, mais une reconstruction historique de ce qui se passa à Rome entre le 11 octobre 1962 et le 8 décembre 1965. Il s’agit d’un travail complémentaire à l’approche théologique et qui ne devrait donner du souci à personne. On ne comprend pas en effet les réactions préoccupées de ceux qui craignent que cette histoire puisse apporter de l’eau au moulin de l’herméneutique de la discontinuité. Faudrait-il alors renoncer à écrire l’histoire du Concile Vatican II ?
Ou faudrait-il admettre que seule l’école de Bologne a le droit de l’écrire, elle qui a offert des contributions certes remarquables, mais idéologiquement tendancieuses ? Et si des éléments de discontinuité devaient émerger, sur le plan historique, pourquoi craindre leur divulgation ? Comment nier une discontinuité, non pas dans les contenus, mais dans le nouveau langage du Concile Vatican II ? Un langage fait non seulement de déclarations, mais aussi de gestes, de silences et d’omissions, qui peuvent révéler les tendances profondes d’un événement encore plus que le contenu des textes. L’histoire de l’inexplicable silence sur le communisme, par exemple, de la part d’un Concile qui aurait dû s’occuper des faits du monde, ne peut pas être ignorée.

21 décembre 2010

[Paix Liturgique] Mgr Ranjith: Le cardinal de Mediator Dei

SOURCE - Paix Liturgique, lettre 262 - 21 décembre 2010

Nous publions ci-dessous, avec l'aimable autorisation des éditions de L'Homme Nouveau, l'article de l'abbé Claude Barthe publié dans le numéro 1480.

« Les meilleurs élèves de Ratzinger sont au Sri Lanka et au Kazakhstan », écrivait le vaticaniste, Sandro Magister, sur son blogue Chiesa (LIEN), en parlant de Mgr Ranjith et de Mgr Schneider : « Ils suivent l'exemple du pape en matière de liturgie bien plus et mieux que beaucoup de leurs collègues italiens et européens ». Est-il hasardeux de supposer que l’on retiendra plus tard de ce consistoire de novembre 2010 qu’il aura été celui de l’accession à la pourpre romaine d’Albert Malcolm Ranjith ?

Mgr Ranjith, de son nom complet Albert Malcolm Ranjith Patabendige Don, est né à Polgahawela au Sri-Lanka, le 15 novembre 1947. Clin d’œil de la Providence : c’était l’année de la grande encyclique liturgique du XXe siècle, Mediator Dei, de Pie XII (1). Apparaissant tout de suite comme un des très bons éléments intellectuels et spirituels du séminaire national de Ceylan, il fut envoyé à Rome, pour y achever ses études théologiques à l’Université Urbanienne (l’Université pontificale qui reçoit les prêtres venus des pays « de mission »), qu’il a complétées par des études bibliques à Jérusalem. Ordonné prêtre en 1975 (par Paul VI), ce prêtre déjà polyglotte, d’une intelligence souple et d’un caractère particulièrement avenant, devint évêque auxiliaire de Colombo en 1991, à 44 ans, après seulement 15 ans de sacerdoce, et puis évêque du diocèse de Ratnapura, en 1995.

En 2001, il intégra la Curie romaine, à la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples, la « Propagande de la foi », comme Secrétaire adjoint (c'est-à-dire, d’emblée comme troisième personnage du dicastère dirigé alors par le cardinal Sepe, un homme proche du cardinal Sodano, Secrétaire d’État, et membre de la garde rapprochée de Jean-Paul II en fin de vie). Mais Mgr Ranjith manifesta surtout qu’il faisait partie de la nébuleuse ratzinguérienne.

En l’espèce, les qualités exceptionnelles de ce prélat du Sri Lanka, tout de suite reconnues par tous, en même temps qu’elles gênaient passablement le cardinal Préfet, aux mouvements financiers (accomplis pour la bonne cause !) duquel le Secrétaire adjoint ne voulut en aucune manière se mêler. Mgr Stanislas Dziwisz, Secrétaire du Pape et véritable preneur des décisions au nom du Pape, arbitrait alors entre les personnages les plus influents de l’ultime phase du pontificat de Jean-Paul II : d’un côté, les cardinaux Sepe, Re, Sodano, avec Mgr Sandri, de l’autre le cardinal Ratzinger. Du côté de la banque, et du côté de la morale, comme on disait plaisamment… Malcom Ranjith, pour le dire clairement, n’a jamais reçu de chèque des hautes instances des Légionnaires du Christ.

Les offices curiaux ouvrent souvent à la carrière diplomatique pontificale, et inversement. Mais en général, cela vaut pour les prélats formés à l’Académie ecclésiastique (« l’École des nonces ») et qui sont passés par la Secrétairerie d’État. Mgr Dziwisz écarta tout de même Mgr Ranjith de Rome en lui offrant une nonciature. Malcom Ranjith parvint en effet à éviter, avec l’aide du cardinal Ratzinger qui voyait approcher le Conclave, d’être congelé comme coadjuteur de Colombo. Il reçu donc, en 2004, un poste diplomatique de « 1ère classe », la nonciature apostolique en Indonésie et au Timor Oriental. C’est à ce moment-là que commença à se répandre, à propos du nonce à Djakarta une réputation d’homme de doctrine très orthodoxe, favorable à la liturgie traditionnelle et à la traditionalisation de la liturgie nouvelle, attentif en outre à une réconciliation de Rome avec les « fils de Mgr Lefebvre » presqu’autant qu’à une réconciliation avec Rome des « fils de Mgr Lefebvre », intérêt assez exceptionnel, au moins à ce degré, pour un prélat asiatique qui le rangeait en fait parmi les prélats romains, et plus précisément parmi les prélats de réforme. En réalité cet intérêt pour une « réconciliation », considérée par lui comme l’un des éléments d’un changement de cap dans le post-concile, s’était manifesté déjà de manière active et discrète lorsqu’il était Secrétaire adjoint de la Propagande.

De sorte que, six mois après son élection, Benoît XVI le rappela à Rome pour lui confier un poste sensible dans son plan de redressement de l’Église : il devint le deuxième personnage de la Congrégation pour le Culte divin et les sacrements. Le préfet en était alors le cardinal Arinze, prélat certes classique mais peu favorable à la liturgie traditionnelle (surtout dans les dernières années de son mandat), ensuite remplacé par le cardinal Cañizares (décembre 2008), archevêque de Tolède, de même ligne que Mgr Ranjith. Malcom Ranjith défendit avec vigueur – et imprudence, susurraient ses nombreux adversaires – le Motu Proprio Summorum Pontificum, mais aussi la nécessité de recadrer la réforme liturgique de Paul VI.

Pas si imprudemment qu’on ne le disait, au reste, car il faisait en sorte de n’intervenir désormais jamais publiquement dans les lefebvriana. Or, si l’on me permet cette comparaison provocante, on prétendait alors qu’il était favorable à une forme de réconciliation beaucoup plus audacieuse que celle du cardinal Castrillón, à savoir à quelque chose comme des accords d’Évian entre Benoît XVI et la FSSPX, où la FSSPX tiendrait le rôle du FLN, et les évêques français conciliaires celui des partisans de l’Algérie française…

Les plus frileux de ses amis eussent aimé qu’il reçût un plus haut poste curial (et le cardinal Cañizares ne voulait pas lâcher un si précieux collaborateur). Tous se souvenaient que le clan des sodaniens avait déjà voulu, en 2004, le reléguer à Colombo. Mais les temps étaient autres : Benoît XVI préféra lui donner ce siège, plus important que ceux où il avait déjà fait ses preuves pastorales. Il fut donc promu à l’archevêché de Colombo, en juin 2009, l’an passé.

Diocèse très riche en prêtres, comme ceux de l’Inde voisine, Colombo sentit rapidement passer un vent de réforme, au sens traditionnel du terme. Certes, il arrive aussi à l’archevêque de Colombo de se montrer « ouvert » d’une manière qui fait sursauter ses amis romains : n’a-t-il pas accepté à l’occasion de sa réception par son ami l’évêque de Ratnapura, le 31 octobre 2009, diocèse suffragant de l’archevêché de Colombo, une sorte de réédition de la journée d’Assise ? Il est vrai que cet Assise-là était particulièrement « encadré » : cela se passait dans la cathédrale ; Mgr Ranjith avait la préséance et la présidence sur les membres des autres religions. En fait, Malcom Ranjith, le haut prélat qui célèbre sans doute le plus fréquemment la messe traditionnelle, est un homme d’audace atypique, un homme du « dépassement inclusif ».

Il a, en outre, lancé une année spéciale de l'eucharistie, réunissant ses prêtres (tous en soutane) à Colombo durant trois journées d’études, pour lesquelles il a fait venir le cardinal Antonio Cañizares, le P. Uwe Michael Lang, membre de la même Congrégation et consulteur du Bureau pontifical des célébrations liturgiques, auteur du livre Se Tourner vers le Seigneur (Ad Solem, 2006), de même qu’un écrivain catholique allemand de premier plan, Martin Mosebach, lui aussi auteur d’un livre qui a beaucoup fait parler de lui, La liturgie et son ennemie (Hora Decima 2005).

L’intérêt réformiste de Mgr Ranjith va d’ailleurs bien au-delà de la liturgie, et s’applique notamment au catéchisme, à la formation des clercs, au relèvement des vocations. Mais il sait aussi que la liturgie est un critère décisif. En fait, pas plus aujourd’hui à Colombo que hier à Djakarta, Malcom Ranjith n’a vraiment quitté le gouvernement central de l’Église, dont il devient désormais un personnage avec lequel il va falloir compter. Car il n’est pas douteux que dans la deuxième partie du pontifical de Benoît XVI qu’ouvre vraisemblablement ce consistoire de 2010, sous un Pontife d’âge vénérable, qui réserve à juste titre ses forces, et qui plus que jamais se montrera un homme de doctrine lumineuse plus que de gouvernement direct, des hommes comme les cardinaux Piacenza (Clergé), Cañizares (Culte divin), Ouellet (Évêques), Burke (Signature apostolique = « Cour de Cassation »), Rodé (encore pour quelques temps aux Religieux), Amato (Cause des Saints), De Paolis (l’homme de l’assainissement des finances et des Légionnaires du Christ), entourés de nombreux prélats (Mamberti, 2ème substitut à la Secrétairerie d’État, de Almeida aux Textes législatifs, Ladaria et la Commission Ecclesia Dei au Saint-Office, Di Noia et Ferrer au Culte divin, et bien d’autres), vont peser d’un grand poids.

Ces « barons », beaucoup moins disparates que n’étaient les Re, Ratzinger, Sodano, Sandri, de l’époque de la fin du règne de Jean-Paul II, pourraient jouer, dans les années 10 du XXIe siècle, le même rôle subsidiaire qu’ont tenu ces derniers à partir de la fin des années 90 du XXe siècle. Et parmi eux, le cardinal Malcom Ranjith pourrait être un des hommes, et non des moindres, de ce que Benoît XVI aime qualifier de « nouveau mouvement liturgique ».

(1) Parmi les thèmes des partisans les plus influents de ce que l’on nomme la « réforme de la réforme », dont Malcom Ranjith, se trouve celui de la restitution (ou de l’institution) d’une continuité entre Sacrosanctum Concilium, la constitution conciliaire sur la liturgie avec l’encyclique Mediator Dei, par-delà la « rupture » constituée par la réforme de Bugnini.

[summorum-pontificum.fr] Une autre histoire du Concile

SOURCE - summorum-pontificum.fr- 21 décembre 2010

Dans un livre qui vient de paraître en Italie, le professeur Roberto De Mattei propose une histoire inédite du Concile Vatican II. Il le présente comme un travail historique plutôt que théologique, même s’il n’évite pas de s’interroger sur la question de la continuité ou de la discontinuité du Concile avec le magistère antérieur. Il semble que son livre soit surtout à voir comme une réponse aux travaux de l’école de Bologne, d’orientation progressiste et dont la monumentale histoire du Concile a été éditée en France par les éditions du Cerf. Plusieurs échos se sont déjà fait jour en Italie, où, insistons sur ce point, le débat est possible et les conditionnements historiques et idéologiques bien différents de ceux qui persistent en France. Certains sont en accord avec l’auteur, d’autres prennent leur distance.
Roberto De Mattei s’attache dans ce livre à reconstituer ce qui s’est passé à Rome entre le 11 octobre 1962 et le 8 décembre 1965. Il ne faut pas cacher que l’auteur fait émerger dans ce travail historique des éléments de discontinuité entre le Concile Vatican II et le magistère antérieur. C’est d’ailleurs ce que certains lui reprochent. Selon ces critiques, en mettant ces aspects en lumière, l’auteur ne facilite pas la tâche d’une interprétation du Concile selon une herméneutique de la continuité.
De fait, Roberto De Mattei se retrouve dans un équilibre délicat. Au début de son livre, il souligne son attachement au pape Benoît XVI et à son désir de redonner aux textes conciliaires une interprétation conforme à la Tradition. Mais son travail montre toute la difficulté de l’affaire. Vatican II a introduit un langage nouveau, a limité ses ambitions, a laissé sous silence certains domaines. L’historien ne peut l’ignorer. Le théologien le peut-il ? On l’a cru et, de ce fait, les questions touchant la compréhension de Vatican II perdurent.
De Mattei, d’ailleurs, fait remarquer que l’on ne peut séparer le Concile du contexte dans lequel il est né, pas plus que l’on ne peut séparer le Concile des effets qui l’ont suivi. Aucun événement humain ne peut être appréhendé par l’historien, sans qu’il soit relié à ce qui le précède et à ce qui le suit. Vatican II n’est pas une parenthèse de trois ans. On ne peut certes le réduire à son épaisseur historique, ce qui serait une autre erreur. Mais pour une juste perception de ce qu’il fut et de ce qu’il est, le travail de l’historien est nécessaire. Il sert alors de matériaux au jugement du théologien, et plus encore, aux précisions du magistère.
Publié à Turin, aux éditions Lindau, Il Concilio Vatican II, Una storia mai scritta, comprend outre l’introduction, la bibliographie, la conclusion et l’index, sept parties découpées chacune en plusieurs chapitres.
1°) LA CHIESA NELL’ETÀ DI PIO XII ;
2°) VERSO IL CONCILIO
3°) 1962: LA PRIMA SESSIONE
4°) 1963: LA SECONDA SESSIONE
5°) 1964: LA TERZA SESSIONE
6°° 1965: LA QUARTA SESSIONE
7°) L’EPOCA DEL CONCILIO (1965-1978)

18 décembre 2010

[Mgr Williamson - Commentaire Eleison] Dénoument du capitalisme

SOURCE - Mgr Williamson, fsspx - Commentaire Eleison - 18 décembre 2010

L'égoïsme ne peut faire une société. Or l'argent représente essentiellement le pouvoir de son propriétaire de revendiquer les services d'autrui. Si donc on définit le capitalisme, en des termes plus que seulement économiques, comme une façon d'organiser la société entière de telle manière que tout membre doit être laissé libre de s'approprier autant de capital, autrement dit d'argent, qu'il peut et qu'il veut, il s'ensuit que le capitalisme fourmille de contradictions. Pour faire une société qui requiert des altruistes, il pousse tout le monde à faire des égoïstes !

Aussi le capitalisme ne peut-il survivre que le temps que les membres d'une société capitaliste gardent encore des valeurs pré-capitalistes, telles le bon sens, la modération dans la poursuite de l'argent et le respect du bien commun. Mais le capitalisme entendu comme ci-dessus ne fait rien pour promouvoir ces valeurs qu'il présuppose. Au contraire, il s'y oppose, comme l'égoïsme s'oppose à l'altruisme. Donc le capitalisme est un parasite qui ronge le corps social dont il mine les valeurs pré-capitalistes qui sont pourtant nécessaires à la survie du corps.

Cette contradiction intrinsèque à toute société centrée sur la poursuite de l'argent atteint son paroxysme dévastateur dans la situation actuelle de la finance et de l'économie mondiales. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale en particulier les nations du monde se sont mises de plus en plus à la recherche de l'argent pour fournir les conforts matériels qu'elles préfèrent désormais aux conforts spirituels qui donnaient avant un sens à leur vie. En admirant et en recherchant l'argent, elles ont été contentes de permettre aux maîtres de l'argent de s'emparer de leurs sociétés. Admirés et recherchés, ces maîtres de l'argent se sont arrachés toujours plus d'argent et de pouvoir. En effet, quels freins intrinsèques à l'argent ou au pouvoir y a-t-il qui mettent des limites à leur accumulation ?  Aucun. Les banquiers deviennent de véritables gangsters.

D'où l'invention il y a une douzaine d'années des « dérivés » par exemple, instruments financiers qui font fortune pour les banquiers-bandits qui les créent, mais qui agissent sur les mécanismes délicats de la finance mondiale comme des armes de destruction massive, parce qu'ils créent facilement un monde irréel de dettes colossales et impayables. Dans ce monde de dette impayable, déstabilisé par la fraude, voilà qu'un gouvernement après l'autre maintient une semblance d'ordre en fabriquant à partir de rien des quantités fabuleuses d' « argent » pour « payer » la dette, processus qui ne peut se terminer que dans une inflation enlevant à la monnaie concernée toute sa valeur et utilité. Pour cette raison tout l'argent dans le monde aujourd'hui qui est à base de papier ou d'électronique - et depuis des années le monde n'en a pas d'autre - est condamné à mort.

Or l'argent est à une société ce que l'huile lubrifiante est à un moteur. Sans lubrifiant, le moteur se grippe et « meurt ». Sans l'argent dans une société, l'échange devient beaucoup plus difficile et le commerce peut se ralentir jusqu'à l'arrêt total. Si donc pour une raison semblable les transports de nourriture ne pouvaient plus circuler et que la nourriture en venait à faire défaut, surtout dans les grandes villes, qu'est-ce que pourrait faire un politicien pour apaiser le peuple affamé, et pour empêcher que ce peuple vienne le trouver, fourche à la main? Lancer une guerre !

La Troisième Guerre mondiale s'approche. Seigneur, ayez pitié !

Kyrie eleison.

[summorum-pontificum.fr] Mgr Schneider demande au magistère de condamner les interprétations fausses du Concile

SOURCE - summorum-pontificum.fr- 18 décembre 2010

J’ai annoncé déjà le colloque qui se déroule à Rome, à l’instigation des Franciscains de l’Immaculée, sur le Concile Vatican II. Loin des frilosités françaises, des personnalités romaines, pas forcément du même avis, ont commencé un débat sur le décalage entre Vatican II et sa réception, et sur la claire perception des liens entre les textes et leur application.
Les observateurs romains le savent, et mes sources d’information sur place me le confirment, il y a de ce point de vue un véritable effet Motu Proprio Summorum Pontificum. En reconnaissant officiellement que la messe traditionnelle n’avait jamais été légalement interdite, le Pape Benoît XVI a créé le climat intellectuel nécessaire pour un questionnement sur Vatican II.
Le livre de Mgr Gherardini s’inscrit dans ce climat. On lui a fait beaucoup de reproches, mais on a oublié que l’essentiel du livre du théologien de la vieille école romaine était de demander au magistère de remplir son office en précisant de manière solennelle les points qui sont l’objet d’interprétation diverses. Lors du colloque sur le « Concile Vatican II, un concile pastoral – analyse historique, philosophique et théologique », Mgr Gherardini a répondu à ses contradicteurs qui viennent majoritairement des milieux conservateurs.
Il a reçu sur l’essentiel du sujet, c’est-à-dire sur l’intervention du magistère – un renfort de la part de Mgr Schneider qui a demandé quant à lui un Syllabus condamnant les erreurs d’interprétation du Concile Vatican II. Son intervention était consacrée au « culte de Dieu comme fondement théologique de la pastorale conciliaire ». L’évêque auxiliaire de Karaganda a proposé un ensemble de citations théologiquement orthodoxes du Concile Vatican II ; de là il a pointé les interprétations hétérodoxes voire leurs négations qui sont apparues dans la période post conciliaire. On comprend dès lors sa conclusion qui a suggéré la réalisation d’un nouveau syllabus, terme qui effraiera certains mais qui a le mérite d’être clair.
Le Concile Vatican II a donné lieu à des interprétations multiples et à des polémiques nombreuses, associées à de véritables incompréhensions. On dira que ce n’est pas la première fois dans l’histoire de l’Église. Certes ! Et, justement ! Le magistère, dont c’est le rôle premier, s’est toujours employé à préciser et à expliciter ce qui était interprété de manière différente. Il est certain qu’il ne suffit pas que des théologiens donnent leur avis. Il faut que le magistère parle. N’est-ce pas ce qu’il avait commencé à faire, par exemple, avec Dominus Iesus ? De la même manière que le Saint-Père a précisé que la messe traditionnelle n’avait jamais été interdite, il serait utile qu’il précise de manière solennelle les aspects litigieux de Vatican II. En recourant aux condamnations des propositions contraires ? Pourquoi pas !…

17 décembre 2010

[Credidimus caritati] Interview de nos futurs prêtres

SOURCE - Credidimus caritati, bulletin du Séminaire de La Reja - mis en ligne par La Porte Latine - autome/hiver 2010


Le samedi 18 décembre prochain, Dieu voulant, nos cinq diacres recevront le sacrement de l'ordination sacerdotale des mains de S.E.R. Mgr Bernard Tissier de Mallerais, cérémonie à laquelle vous êtes tous très cordialement invités à assister et à vous unir en ce jour action de grâces.
Quels facteurs vous ont conduit à la vocation sacerdotale?

Juan Martín Albisu: Depuis mon enfance, mes parents et ma famille m'ont inculqué l'importance et la première place que doit occuper Dieu dans nos vies. Voir que « nous ne pouvions pas arriver en retard à la messe », que « il fallait prier l'ange gardien avant de dormir », et toute cette atmosphère difficile à exprimer, favorisa l'inclination que j'eus tout jeune envers la sainte messe, envers le prêtre et la liturgie, et qui ira croissant d'année en année.
Carlos Caliri: La vocation sacerdotale est un appel de Dieu qui peut se manifester de diverses façons. En mon cas particulier, il s'est manifesté par une sécurité intérieure, en mon âme, que je devais suivre Notre Seigneur de plus près, et de ne pas diviser mon coeur. Puis cette assurance, ce désir, me fut confirmé par un prêtre.
Fabio Calixto: Je peux dire qu'il y eut deux facteurs: le premier se réfère au salut de mon âme, car, voyant les périls du monde et ses attraits, mon âme courait le danger de se laisser séduire et ainsi de perdre pour toujours le bonheur éternel du ciel ; le second est le salut des autres âmes, qui se perdent pour n'avoir pas de guide qui les aide à abandonner le péché et leur montre le chemin du ciel.
Hector Guiscafré: Je crois que le facteur le plus important furent les Exercices Spirituels de Saint Ignace : ce fut pendant une retraite que je pris la résolution de donner à la vocation la priorité sur toutes autres choses. Quand on est absorbé et imbus du monde, il est difficile de prendre une décision tranchée et généreuse de tout abandonner pour Dieu. C'est pourquoi le climat favorable des exercices spirituels me permit d'entendre l'appel de Dieu et, avec sa grâce, d'y répondre courageusement.
Carlos Ramírez: Les facteurs qui m'amenèrent à suivre ma vocation furent deux: l'exemple d'un bon prêtre, et la prière en famille (et spécialement la récitation quotidienne du chapelet).

Face à un monde plongé dans l'indifférence religieuse, comment avez-vous réussi à maintenir ferme votre décision d'entrer au séminaire ?

Juan M. Albisu: A la fin du secondaire, je fis deux retraites ignaciennes pour voir et discerner plus clairement ce que Dieu avait prévu pour moi dans ses éternels desseins. A cela s'ajouta le fait de fréquenter les sacrements plus assidument en semaine. Et ainsi s'est fortifié et purifié le désir de « être prêtre ».
Carlos Caliri: Ce qui me détermina le mieux à maintenir ma décision fut de me confier entre les mains d'un bon prêtre. Ceci est très important, parce qu'elles sont nombreuses les illusions ou les tentations que le démon peut opposer à ceux qui veulent suivre leur vocation. Et grâce aux conseils de ce bon prêtre, je pus mener une vie ordonnée, fréquenter davantage les sacrements et lire de bons livres. Ce sont des moyens très simples, mais qui disposent bien l'âme à être fidèle aux grâces reçues.
Fabio Calixto: J'ai pu me garder fermement grâce aux prières de bonnes religieuses, grâce aussi aux conseils d'un bon entourage et l'aide d'un bon prêtre, lequel me guida jusqu'au séminaire, m'appuyant de ses conseils et me montrant les erreurs funestes du modernisme dans l'Église.
Héctor Guiscafré: Ma vocation fut tardive, vu que je suis entré au séminaire après avoir terminé des études universitaires et travaillé deux années. Ceci me permit de me rendre compte de l'ambiance dans le monde et que, pour nombreux que soient ses attraits, celui-ci ne peut donner à l'âme la paix et le bonheur qu'elle cherche intensément. C'est pourquoi, en me décidant à entrer au séminaire, je n'ai pas eu le moindre doute que c'était le mieux que je pusse faire, et que c'était la volonté de Dieu. Et au-delà de la considération que Dieu me laisserait ou non parvenir au sacerdoce, je savais que je devais abandonner le monde, être généreux envers le Bon Dieu pour répondre à la grande bonté qu'Il avait eu à mon égard, et renoncer à penser à moi avant de penser à Lui. Une fois au séminaire, il appartiendrait à Dieu de m'indiquer la poursuite du chemin.
Carlos Ramírez: Pour trois raisons principales, j'ai gardé fermement ma décision: la paternité sacerdotale, je veux dire en confiant mon âme aux bons soins d'un prêtre et en faisant ce qu'il m'indiquait ; en second lieu, le soutien des parents et amis ; et enfin, la prière.
Quels sont, à votre avis, les raisons principales du manque de vocations?
Juan M. Albisu: Comment les jeunes verront-ils que le Bon Pasteur les invite à une vie de plus grande intimité, s'ils ne prennent pas le temps de penser aux vérités éternelles ? La musique, l'internet, la télévision, à toute heure et en tout lieu, distraient l'intelligence, suffoquent la volonté, et font taire la conscience. De cette léthargie au sensualisme, il n'y a plus qu'un pas. Et Dieu, alors ? « Plus tard. Je suis jeune, maintenant je dois jouir… »
Carlos Caliri: Il y a une relation très étroite entre le sacerdoce et la pureté. Et le démon a su étendre ses collets avec l'impureté sur de nombreux jeunes gens. Il en résulte que ceux-ci ne se posent même pas la question de la vocation sacerdotale ; ils la voient de très loin, inatteignable. C'est bien triste, parce que ne pas suivre la vocation à laquelle Dieu nous appelle, c'est renoncer au bonheur véritable, celui que Notre Seigneur offrit au jeune homme riche et que celui-ci refusa.
Fabio Calixto: Nous pourrions dire qu'il y a plusieurs raisons. D'abord, le manque d'un esprit vraiment catholique dans les familles, lequel se constate même dans les milieux « traditionnalistes ». On y voit un manque d'esprit de mortification, de sacrifice, que l'on devrait inculquer dès le berceau, pour ainsi dire. Également un manque d'esprit de prière en famille, principalement la récitation du chapelet présidée par le père. Ces deux choses vont de paire : là où il y a peu ou pas de prière, il y aura peu ou pas d'esprit de sacrifice, ce qui rendra impossible l'éclosion d'une vocation sacerdotale ou religieuse.
Héctor Guiscafré: Je crois que la cause principale est l'attachement excessif des jeunes au monde. Et si nous ajoutons à cet attachement la grande débilité des jeunes, on mettra facilement de côté l'idée de tout abandonner pour entrer en religion. Le va-et-vient du monde ne leur donne pas le temps ni ne leur permet de penser à la vocation, étant donné que le monde les absorbent avec sa routine tyrannique. Et si, à l'occasion, des jeunes parviennent à s'élever un moment et se posent la question de la vocation, bientôt ils n'en ont pas le courage ni la volonté suffisante pour la mener à terme, en considération des sacrifices et renoncements que cela implique.
Carlos Ramírez: La cause principale du manque de vocations c'est le monde moderne, lequel nous constitue rois et seigneurs de tout ce que nous possédons. Et comme le roi est fait pour commander, se soumettre au Roi des Cieux et suivre ses exigences devient très difficile. En d'autres termes : il nous manque l'esprit de sacrifice.

À quelques jours de votre ordination, quels conseils pourriez-vous donner aux familles, et en particulier aux jeunes gens?

Juan M. Albisu: Pères de famille, soyez d'autres Jean-Baptiste, préparez les âmes de vos enfants, ôtez les pierres et les obstacles qui sont sources (appareils) principales de tentation, et menez une vie intense de prière. Aux jeunes gens : pensez clairement que l'assistance à la messe dominicale ne suffit pas ; priez le chapelet, ne soyez pas catholiques à moitié. Il vaut mieux subir le blâme et les moqueries du monde que, au Jour du Jugement, entendre des lèvres de Notre Seigneur et Rédempteur : « Je connais tes oeuvres : parce que tu n'es ni froid ni chaud… je te vomis de ma bouche » (Apoc. III, 15-16). Courage ! Ne vous laissez pas surpasser en générosité, parce que seul celui qui se vainc, recevra la récompense éternelle.
Carlos Caliri: Aux pères de famille, je leur dis: fiez-vous en l'autorité que vous avez reçue de Dieu, et exercez-la sur vos enfants. Par-dessus tout, veillez sur vos enfants, les protégeant des tromperies de l'impureté. Et aux jeunes gens, trois choses. La première : accomplissez avec fidélité les petits devoirs de chaque jour, car, personne ne devient bon subitement. La seconde : luttez pour être purs, et soyez des modèles de pureté pour les autres ; et le meilleur moyen pour cela, est la dévotion tendre envers la Vierge Marie, particulièrement par la récitation quotidienne du chapelet. En troisième lieu : préservez-vous du monde moderne, par la vie en famille et les bonnes amitiés.
Fabio Calixto: Que les familles soient vraiment catholiques, dans tous les sens du terme. Monseigneur Antoine de Castro Mayer (évêque émérite de Campos, Brésil) disait que « si la société se paganise, si elle s'éloigne de la mentalité chrétienne telle que la définissent les maximes évangéliques, ce ne peut être qu'avec la connivence et la coopération des familles catholiques ». Que les époux prient ensemble avec leurs enfants, qu'ils se retrouvent à la table commune, qu'ils ôtent de leur maison la télévision, l'internet, qu'ils pratiquent et enseignent à leurs enfants à pratiquer l'amour du sacrifice et de la pauvreté, et spécialement la pureté et la modestie dans le vêtement. Que leur foyer soit comme celui de Nazareth. Jeunes gens : ayez un coeur généreux, qui sache aimer Dieu et se faire violence, car notre idéal est élevé. Aimons la vertu, pratiquons l'amour du sacrifice, la sainte pureté, et imitons Jésus et Marie, nos modèles.
Héctor Guiscafré: Aux familles, je souhaiterais leur conseiller de se maintenir unis dans la prière et l'apostolat. Pour moi, ce fut très important que, à la maison, nous priions ensemble les prières du matin, le saint rosaire, ainsi que l'assistance à la messe dominicale. En outre, mon père nous fit toujours participer à des groupes d'action catholique, qui remplissaient nos esprits de bonnes pensées et d'idéaux élevés. De cette façon, lorsque je me retrouvai seul dans le monde, celui-ci chercha à m'absorber et pénétrer jusque dans mon esprit et mon coeur, mais il ne put triompher, car ces principes que j'avais reçus à la maison étaient bien enracinés en moi. Aux jeunes, je leur recommande qu'ils ne se contentent pas de la messe dominicale et un peu de prière vocale chaque jour. C'est insuffisant ! Le monde exerce une influence très grande, et si le jeune homme ne contrarie cette séduction par des actes bons, il finira par être du monde. Il est nécessaire faire des efforts immenses pour recevoir les sacrements avec assiduité, maintenir une oraison quotidienne avec Dieu, lire fréquemment des livres qui élèvent l'âme, avoir de bons amis, de bonnes conversations, pratiquer des oeuvres de charité, et essayer de convertir et secourir le prochain, etc.
Carlos Ramírez: Le R.P. Raymond Sarmiento (Q.E.P.D.) avait l'habitude de nous dire: “Res non verba”, afin de nous faire entendre que le catholicisme ne consiste pas en paroles vaines qui ne mènent à rien, mais qu'il faut que se voient les oeuvres nées de la foi professée en paroles.?