SOURCE  - Credidimus caritati, bulletin du Séminaire de La Reja - mis en ligne par La Porte Latine - autome/hiver 2010
Le samedi 18 décembre prochain, Dieu voulant, nos cinq  diacres recevront le sacrement de l'ordination sacerdotale des mains de S.E.R.  Mgr Bernard Tissier de Mallerais, cérémonie à laquelle vous êtes tous très  cordialement invités à assister et à vous unir en ce jour action de grâces.
 Quels facteurs vous ont conduit à la vocation sacerdotale?
 Juan Martín Albisu: Depuis mon enfance, mes parents et ma  famille m'ont inculqué l'importance et la première place que doit occuper Dieu  dans nos vies. Voir que « nous ne pouvions pas arriver en retard à la messe  », que « il fallait prier l'ange gardien avant de dormir », et toute cette  atmosphère difficile à exprimer, favorisa l'inclination que j'eus tout jeune  envers la sainte messe, envers le prêtre et la liturgie, et qui ira croissant  d'année en année. 
Carlos Caliri: La vocation sacerdotale est un appel de Dieu  qui peut se manifester de diverses façons. En mon cas particulier, il s'est  manifesté par une sécurité intérieure, en mon âme, que je devais suivre  Notre Seigneur de plus près, et de ne pas diviser mon coeur. Puis cette  assurance, ce désir, me fut confirmé par un prêtre.
Fabio Calixto: Je peux dire qu'il y eut deux facteurs: le  premier se réfère au salut de mon âme, car, voyant les périls du monde et  ses attraits, mon âme courait le danger de se laisser séduire et ainsi de  perdre pour toujours le bonheur éternel du ciel ; le second est le salut des  autres âmes, qui se perdent pour n'avoir pas de guide qui les aide à  abandonner le péché et leur montre le chemin du ciel. 
Hector Guiscafré: Je crois que le facteur le plus important  furent les Exercices Spirituels de Saint Ignace : ce fut pendant une retraite  que je pris la résolution de donner à la vocation la priorité sur toutes  autres choses. Quand on est absorbé et imbus du monde, il est difficile de  prendre une décision tranchée et généreuse de tout abandonner pour Dieu.  C'est pourquoi le climat favorable des exercices spirituels me permit d'entendre  l'appel de Dieu et, avec sa grâce, d'y répondre courageusement. 
Carlos Ramírez: Les facteurs qui m'amenèrent à suivre ma  vocation furent deux: l'exemple d'un bon prêtre, et la prière en famille (et  spécialement la récitation quotidienne du chapelet).
 Face à un monde plongé dans l'indifférence religieuse,  comment avez-vous réussi à maintenir ferme votre décision d'entrer au  séminaire ?
Juan M. Albisu: A la fin du secondaire, je fis deux retraites  ignaciennes pour voir et discerner plus clairement ce que Dieu avait prévu pour  moi dans ses éternels desseins. A cela s'ajouta le fait de fréquenter les  sacrements plus assidument en semaine. Et ainsi s'est fortifié et purifié le  désir de « être prêtre ». 
Carlos Caliri: Ce qui me détermina le mieux à maintenir ma  décision fut de me confier entre les mains d'un bon prêtre. Ceci est très  important, parce qu'elles sont nombreuses les illusions ou les tentations que le  démon peut opposer à ceux qui veulent suivre leur vocation. Et grâce aux  conseils de ce bon prêtre, je pus mener une vie ordonnée, fréquenter  davantage les sacrements et lire de bons livres. Ce sont des moyens très  simples, mais qui disposent bien l'âme à être fidèle aux grâces reçues.
Fabio Calixto: J'ai pu me garder fermement grâce aux  prières de bonnes religieuses, grâce aussi aux conseils d'un bon entourage et  l'aide d'un bon prêtre, lequel me guida jusqu'au séminaire, m'appuyant de ses  conseils et me montrant les erreurs funestes du modernisme dans l'Église.
Héctor Guiscafré: Ma vocation fut tardive, vu que je suis  entré au séminaire après avoir terminé des études universitaires et  travaillé deux années. Ceci me permit de me rendre compte de l'ambiance dans  le monde et que, pour nombreux que soient ses attraits, celui-ci ne peut donner  à l'âme la paix et le bonheur qu'elle cherche intensément. C'est pourquoi, en  me décidant à entrer au séminaire, je n'ai pas eu le moindre doute que  c'était le mieux que je pusse faire, et que c'était la volonté de Dieu. Et  au-delà de la considération que Dieu me laisserait ou non parvenir au  sacerdoce, je savais que je devais abandonner le monde, être généreux envers  le Bon Dieu pour répondre à la grande bonté qu'Il avait eu à mon égard, et  renoncer à penser à moi avant de penser à Lui. Une fois au séminaire, il  appartiendrait à Dieu de m'indiquer la poursuite du chemin.
Carlos Ramírez: Pour trois raisons principales, j'ai gardé  fermement ma décision: la paternité sacerdotale, je veux dire en confiant mon  âme aux bons soins d'un prêtre et en faisant ce qu'il m'indiquait ; en second  lieu, le soutien des parents et amis ; et enfin, la prière. 
Quels sont, à votre avis, les raisons principales du  manque de vocations?
Juan M. Albisu: Comment les jeunes verront-ils que le Bon  Pasteur les invite à une vie de plus grande intimité, s'ils ne prennent pas le  temps de penser aux vérités éternelles ? La musique, l'internet, la  télévision, à toute heure et en tout lieu, distraient l'intelligence,  suffoquent la volonté, et font taire la conscience. De cette léthargie au  sensualisme, il n'y a plus qu'un pas. Et Dieu, alors ? « Plus tard. Je suis  jeune, maintenant je dois jouir… »
Carlos Caliri: Il y a une relation très étroite entre le  sacerdoce et la pureté. Et le démon a su étendre ses collets avec l'impureté  sur de nombreux jeunes gens. Il en résulte que ceux-ci ne se posent même pas  la question de la vocation sacerdotale ; ils la voient de très loin,  inatteignable. C'est bien triste, parce que ne pas suivre la vocation à  laquelle Dieu nous appelle, c'est renoncer au bonheur véritable, celui que  Notre Seigneur offrit au jeune homme riche et que celui-ci refusa. 
Fabio Calixto: Nous pourrions dire qu'il y a plusieurs  raisons. D'abord, le manque d'un esprit vraiment catholique dans les familles,  lequel se constate même dans les milieux « traditionnalistes ». On y voit un  manque d'esprit de mortification, de sacrifice, que l'on devrait inculquer dès  le berceau, pour ainsi dire. Également un manque d'esprit de prière en  famille, principalement la récitation du chapelet présidée par le père. Ces  deux choses vont de paire : là où il y a peu ou pas de prière, il y aura peu  ou pas d'esprit de sacrifice, ce qui rendra impossible l'éclosion d'une  vocation sacerdotale ou religieuse.
Héctor Guiscafré: Je crois que la cause principale est  l'attachement excessif des jeunes au monde. Et si nous ajoutons à cet  attachement la grande débilité des jeunes, on mettra facilement de côté  l'idée de tout abandonner pour entrer en religion. Le va-et-vient du monde ne  leur donne pas le temps ni ne leur permet de penser à la vocation, étant  donné que le monde les absorbent avec sa routine tyrannique. Et si, à  l'occasion, des jeunes parviennent à s'élever un moment et se posent la  question de la vocation, bientôt ils n'en ont pas le courage ni la volonté  suffisante pour la mener à terme, en considération des sacrifices et  renoncements que cela implique.
Carlos Ramírez: La cause principale du manque de vocations  c'est le monde moderne, lequel nous constitue rois et seigneurs de tout ce que  nous possédons. Et comme le roi est fait pour commander, se soumettre au Roi  des Cieux et suivre ses exigences devient très difficile. En d'autres termes :  il nous manque l'esprit de sacrifice. 
 À quelques jours de votre ordination, quels conseils  pourriez-vous donner aux familles, et en particulier aux jeunes gens?
Juan M. Albisu: Pères de famille, soyez d'autres  Jean-Baptiste, préparez les âmes de vos enfants, ôtez les pierres et les  obstacles qui sont sources (appareils) principales de tentation, et menez une  vie intense de prière. Aux jeunes gens : pensez clairement que l'assistance à  la messe dominicale ne suffit pas ; priez le chapelet, ne soyez pas catholiques  à moitié. Il vaut mieux subir le blâme et les moqueries du monde que, au Jour  du Jugement, entendre des lèvres de Notre Seigneur et Rédempteur : « Je  connais tes oeuvres : parce que tu n'es ni froid ni chaud… je te vomis de ma  bouche » (Apoc. III, 15-16). Courage ! Ne vous laissez pas surpasser en  générosité, parce que seul celui qui se vainc, recevra la récompense  éternelle.
Carlos Caliri: Aux pères de famille, je leur dis: fiez-vous  en l'autorité que vous avez reçue de Dieu, et exercez-la sur vos enfants.  Par-dessus tout, veillez sur vos enfants, les protégeant des tromperies de  l'impureté. Et aux jeunes gens, trois choses. La première : accomplissez avec  fidélité les petits devoirs de chaque jour, car, personne ne devient bon  subitement. La seconde : luttez pour être purs, et soyez des modèles de  pureté pour les autres ; et le meilleur moyen pour cela, est la dévotion  tendre envers la Vierge Marie, particulièrement par la récitation quotidienne  du chapelet. En troisième lieu : préservez-vous du monde moderne, par la vie  en famille et les bonnes amitiés. 
Fabio Calixto: Que les familles soient vraiment catholiques,  dans tous les sens du terme. Monseigneur Antoine de Castro Mayer (évêque  émérite de Campos, Brésil) disait que « si la société se paganise, si elle  s'éloigne de la mentalité chrétienne telle que la définissent les maximes  évangéliques, ce ne peut être qu'avec la connivence et la coopération des  familles catholiques ». Que les époux prient ensemble avec leurs enfants,  qu'ils se retrouvent à la table commune, qu'ils ôtent de leur maison la  télévision, l'internet, qu'ils pratiquent et enseignent à leurs enfants à  pratiquer l'amour du sacrifice et de la pauvreté, et spécialement la pureté  et la modestie dans le vêtement. Que leur foyer soit comme celui de Nazareth.  Jeunes gens : ayez un coeur généreux, qui sache aimer Dieu et se faire  violence, car notre idéal est élevé. Aimons la vertu, pratiquons l'amour du  sacrifice, la sainte pureté, et imitons Jésus et Marie, nos modèles. 
Héctor Guiscafré: Aux familles, je souhaiterais leur  conseiller de se maintenir unis dans la prière et l'apostolat. Pour moi, ce fut  très important que, à la maison, nous priions ensemble les prières du matin,  le saint rosaire, ainsi que l'assistance à la messe dominicale. En outre, mon  père nous fit toujours participer à des groupes d'action catholique, qui  remplissaient nos esprits de bonnes pensées et d'idéaux élevés. De cette  façon, lorsque je me retrouvai seul dans le monde, celui-ci chercha à  m'absorber et pénétrer jusque dans mon esprit et mon coeur, mais il ne put  triompher, car ces principes que j'avais reçus à la maison étaient bien  enracinés en moi. Aux jeunes, je leur recommande qu'ils ne se contentent pas de  la messe dominicale et un peu de prière vocale chaque jour. C'est insuffisant !  Le monde exerce une influence très grande, et si le jeune homme ne contrarie  cette séduction par des actes bons, il finira par être du monde. Il est  nécessaire faire des efforts immenses pour recevoir les sacrements avec  assiduité, maintenir une oraison quotidienne avec Dieu, lire fréquemment des  livres qui élèvent l'âme, avoir de bons amis, de bonnes conversations,  pratiquer des oeuvres de charité, et essayer de convertir et secourir le  prochain, etc. 
Carlos Ramírez: Le R.P. Raymond Sarmiento (Q.E.P.D.) avait  l'habitude de nous dire: “Res non verba”, afin de nous faire entendre que le  catholicisme ne consiste pas en paroles vaines qui ne mènent à rien, mais  qu'il faut que se voient les oeuvres nées de la foi professée en paroles.? 
