30 avril 2010

[sudouest.fr] "Les Infiltrés" chez les traditionalistes bordelais : la justice va s'en mêler

SOURCE - sudouest.fr - 30 avril 2010
[INTERVIEW] L'avocat Thomas Rivière, le président de l'association qui sert de support à l'école catholique Saint-Projet, mise en cause par la chaîne, dénonce une manipulation et condamne les propos racistes et antisémites tenus par les militants du groupuscule extrémiste Dies Irae piégés par une caméra cachée.

« Sud Ouest ». Pourquoi déposez-vous plainte contre France 2 ? Le journaliste des « Infiltrés » n'a pas inventé les propos tenus au sein de l'école...

Thomas Rivière.
Nous sommes les victimes d'un amalgame écœurant. Les paroles reproduites ont été tronquées ou le plus souvent sorties de leur contexte. Plus grave encore, le journaliste nous assimile à ce groupuscule Dies Irae qui n'a strictement rien à voir avec l'école Saint-Projet. On ne peut pas laisser passer sans réagir le viol de notre établissement, et la façon dont ont été salis nos enfants. (1) L'image donnée par France 2 est une tromperie. Ce n'est pas ce qu'on est, ce n'est pas qu'on veut faire.

Aucun militant de Dies Irae n'a jamais été surveillant ou enseignant au sein de votre établissement ?

Jamais. Le discours de ces gens-là, les bassesses racistes qu'ils véhiculent, leur galimatias sont totalement condamnables. C'est la preuve de cerveaux vides et de tête à claques. Si notre école était fréquentée par des personnages de cette nature, croyez-vous qu'une famille à qui l'État d'Israël a décerné le titre de « Juste » nous aurait confié ses enfants ?

On a du mal à croire que vous ne connaissiez aucun des militants de Dies Irae...

Avant l'émission, j'ignorais qu'ils se retrouvaient dans les caves d'une maison située dans une rue adjacente à celle de l'église Saint-Éloi. Je connaissais simplement de vue Fabrice Sorlin, celui qui est présenté comme leur chef. Il y a quelques années, il fréquentait les offices de Saint-Éloi.

Mais cette épouvantable ritournelle antisémite, ce ne sont pas des militants de Dies Irae qui la chantent mais bien des enfants de votre école...

Des blagues antisémites ou anti-arabes, il y en a hélas dans toutes les écoles qu'elles soient privées ou publiques. Mais ce n'est certainement pas à Saint-Projet que ces gamins ont appris ces refrains. D'ailleurs, ils ne fréquentent plus l'établissement. Jamais la direction ou les enseignants ne l'ont entendu, jamais ils ne l'auraient toléré. Le journaliste qui avait réussi à se faire recruter comme surveillant était venu pour chercher la petite phrase ou le mot de trop. Il les a poussés. C'est pour cela que nous avons déposé plainte pour incitation à commission de délits sur des mineurs.

À la vue du film, on a malgré tout l'impression qu'au sein de l'école, un professeur d'histoire manifeste une certaine complaisance à l'égard du régime de Vichy...

Cet enseignant n'est plus à Saint-Projet. Pour avoir été son élève à Tivoli, je sais que c'est un professeur passionnant. Il n'y a jamais eu le moindre problème avec ses cours. Une fois encore, le journaliste a sorti ses propos du contexte. S'il a dit du bien du maréchal Pétain, c'était uniquement au regard de son rôle pendant la Première Guerre mondiale et la bataille de Verdun. Ce n'était pas une ode au régime de Vichy. Je ne l'accepterais pas. C'est contraire à la tradition familiale. Le grand-père de ma femme a rejoint De Gaulle à Londres à l'âge de 17 ans.

Ce professeur a tout même traité De Gaulle de déserteur...

Dans un récent numéro de l'hebdomadaire « Le Point », on ne disait pas autre chose. C'est un fait historique. De Gaulle a été condamné par désertion par le régime de Vichy. Ceci dit, cet enseignant est issu d'une famille de pieds-noirs. Alors quand il parle de De Gaulle…

Comment le journaliste des « Infiltrés » qui vous accable a-t-il pu gagner votre confiance ?

Je ne l'ai jamais rencontré. J'ai appris par la suite qu'il avait pénétré le Front national des jeunes depuis plusieurs années. Lorsqu'il s'est présenté à Saint-Éloi, il souhaitait suivre des cours de catéchisme. La paroisse l'a accueilli. Il semblait intéressé. Il est resté plusieurs mois. Il se disait disponible pour nous aider. C'est à ce moment-là qu'il lui a été proposé de venir à l'école Saint-Projet assurer quelques heures de surveillance. Il a disparu au moment où il devait se faire baptiser.

(1) Cette école privée dite hors contrat accueille 85 enfants âgés de 3 à 14 ans
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[ouest-france.fr] Après le reportage des «Infiltrés», la justice ouvre une enquête à Bordeaux

SOURCE - ouest-france.fr - 30 avril 2010
La diffusion mardi par France 2 d'un reportage en caméra cachée sur un groupuscule d'extrême droite et le milieu catholique traditionaliste bordelais dans lequel sont tenus des propos racistes et antisémites a suscité l'indignation, poussant la justice à ouvrir une enquête.

Après les réactions politiques, religieuses et associatives, qui se sont succédées tout au long de le semaine, le parquet de Bordeaux a annoncé avoir ouvert jeudi « une enquête préliminaire » suite à la diffusion « dans le cadre de l'émission 'Les Infiltrés' du reportage intitulé 'A l'extrême droite du père', révélateur d'agissements susceptibles d'incriminations pénales ».

Ce reportage, produit par l'agence Capa, s'intéresse à un groupuscule d'extrême droite, Dies Irae, dirigé par un ancien militant du Front national, et fait un lien avec le milieu catholique intégriste, représenté à Bordeaux par l'Institut du Bon pasteur, dirigé par l'abbé Philippe Laguérie, ancien curé de l'église traditionaliste parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet.

Les chants antisémites des enfants

L'Institut du Bon pasteur dispose d'un lieu de culte - l'église Saint Eloi, située en centre-ville - et un de ses proches gère l'école privée hors-contrat Saint-Projet, où le journaliste a été témoin de chants et discours racistes et antisémites proférés tant par des élèves que par certains parents ou enseignants. L'école, ouverte depuis environ 5 ans et qui accueille 85 élèves du primaire au collège, a été contrôlée courant mars par l'inspection d'académie, alertée par les rumeurs entourant la prochaine diffusion du reportage.

Le recteur « horrifié » par le reportage

Ce contrôle a mis en lumière « un certain nombre d'insuffisances graves », notamment concernant les enseignements d'histoire et de sciences, a indiqué le recteur d'académie, Jean-Louis Nembrini, qui, « en tant que citoyen », s'est déclaré « horrifié » par les propos entendu dans le reportage.

Dies Irae compterait environ 150 membres, plutôt jeunes, qui arborent des insignes franquistes et tiennent devant le journaliste infiltré des propos violemment anti-juifs, anti-arabes et anti-noirs.

Au fil des conversations, les militants disent aussi leur attachement à l'église traditionnelle, celle d'avant le concile Vatican II, représentée à Bordeaux par l'abbé Laguérie.

Les accusés réfutent

Apparaissant - le visage flouté - dans une séquence du film, l'abbé Laguérie, ancien proche de monseigneur Marcel Lefebvre, a dénoncé auprès un « amalgame odieux » entre « des fous furieux racistes et antisémites » qu'il « ne connaît pas » et sa paroisse. Sur un blog, Dies Irae a estimé que « le but » de ce reportage était « de salir encore une fois l'église catholique tout en stigmatisant la mouvance traditionnelle ».

Mercredi, M. Juppé a demandé, par courrier, au préfet et au recteur d'académie des « poursuites judiciaires (...) une fois les faits avérés ».

[AFP] Décès du doyen des cardinaux, le Bavarois Augustin Mayer

SOURCE - AFP - 30 avril 2010
CITE DU VATICAN, 30 avr 2010 (AFP) - Décès du doyen des cardinaux, le Bavarois Augustin Mayer

Le doyen des cardinaux, le Bavarois Augustin Mayer, est décédé vendredi à Rome à l'âge de 98 ans, a rapporté l'agence d'information catholique I-Média.

En 1984, Jean Paul II (1978-2005) l'avait nommé à la tête de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements.

Le pape l'avait peu après créé cardinal, le 25 mai 1985, avant de le placer à la tête de la Commission pontificale Ecclesia Dei, dont il fut le premier président de 1988 à 1991.

Dans un télégramme, le pape Benoît XVI a salué l'engagement du cardinal Mayer. Il a noté plus spécialement son "service apprécié au Saint-Siège, d'abord dans la commission préparatoire du Concile Vatican II, puis dans différents dicastères de la curie romaine".

Ses obsèques seront célébrées lundi matin à la basilique Saint-Pierre. Au terme de la messe, Benoît XVI viendra présider le rite final de la célébration et prendra la parole.

Le plus âgé des cardinaux est désormais l'Italien Ersilio Tonini, âgé de 95 ans. Le plus jeune des membres du collège cardinalice est le Hongrois Peter Erdö, né le 25 juin 1952.

Le collège des cardinaux compte désormais 180 membres, dont 108 électeurs en cas de conclave.

[IBP Roma - abbé Louis-Marie Dupin] «Et si vous veniez vivre avec nous?»

SOURCE - IBP Roma - abbé Louis-Marie Dupin - 30 avril 2010

Son Excellence Monseigneur Appignanesi est venu dîner à la Maison. Comme à son habitude, Monseigneur était en pleine forme, pétillant et facétieux. Plus nous nous voyons et plus des liens de complicité se tissent entre nous.

Entre quelques anecdotes, dont sa partie de foot avec l’abbé Laguérie au lendemain des ordinations de juillet dernier, Mgr Appignanesi nous a fait part de nombreuses considérations riches à méditer pour nous. Comment il a vécu Vatican II et la réforme liturgique, comment il affrontait telle ou telle difficulté dans les diocèses dont il a eu la charge, son rôle aujourd’hui au sein de la Conférence épiscopale italienne, ses liens personnels avec le Pape Benoît XVI…

Monseigneur nous a parlé paternellement et dans une confiance toute protectrice. « Vous êtes comme un parrain pour nous », s’est risqué l’un de nous. La réponse fusa aussitôt : « plutôt votre père ». C’est vrai ! Le lien de parenté n’en est que plus fort. D’où la question qui s’ensuivit : « Monseigneur, et si vous veniez vivre avec nous ? »… Sa réponse ?… Chuuut ! A suivre…

[ND de Chrétienté] Mgr. Breton, évêque d'Aire et Dax, bénit les pèlerins non-marcheurs de l'édition 2010

SOURCE - ND de Chrétienté - 30 avril 2010

Chers amis pèlerins,

Malgré l’impossibilité de votre présence physique sur la grande colonne de Chartres, je sais votre implication généreuse à la progression spirituelle de tout le pèlerinage dont vous êtes des membres à part entière.

Par votre prière vous êtes unis mystiquement aux marcheurs. Et par votre participation efficace vous serez acteurs des fruits de grâces que le Seigneur voudra bien donner aux âmes marchantes, et aussi bénéficiaires d’autres grâces que les marcheurs vous auront acquises au prix de leur fatigue.

Vous allez vivre d’une vraie solidarité de Foi d’Espérance et de Charité avec toutes les âmes de bonne volonté qui concourent au succès de ce Pèlerinage.

Sur la proposition de l’Aumônier Général, je bénis volontiers votre « chapitre des non marcheurs » et confie tout spécialement à votre prière notre Sainte Mère l’Eglise : thème particulièrement approprié de votre Pèlerinage en cette année consacrée au sacerdoce par le Saint Père. Malgré les violences et les attaques qu’elle subit, gardez-lui tout votre attachement et une confiance inébranlable. Elle a reçu les promesses de la Vie éternelle et les portes de l’Enfer ne prévaudront jamais contre elle.

Je vous demande aussi de prier, humblement, pour la sanctification des prêtres et le jaillissement de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses dont le monde a tant besoin.

+ Philippe BRETON
Évêque d’Aire et Dax

[Abbé Philippe Laguérie, IBP] Visite canonique au séminaire de Courtalain.

SOURCE - Abbé Philippe Laguérie - IBP - 30 avril 2010

J’en arrive tout droit (27, 28 et 29 avril) et je vous avoue que je suis épuisé, quoiqu’heureux.

Epuisé, parce que j’ai reçu, sans exception, tous les séminaristes, les prêtres et même des laïcs, qui se dévouent inlassablement à cette tâche primordiale, au sens technique du mot, dans l’Eglise de Dieu. Jusqu’à une heure d’entretien pour certains, imaginez l’emploi du temps. Ajoutez à cela le stress du téléphone, des nouvelles de mes avocats, les appels des journalistes et la rédaction de communiqués et interventions diverses. Tout ça pour la cave de Saint-Eloi… qui n’en a pas !

Heureux, parce que j’ai vu et constaté le sérieux dans la piété et les études tout comme l’atmosphère de charité fraternelle, tant chez les prêtres, bien unis, que chez les séminaristes, à leur affaire. Ces derniers, dont nombre d’entre eux peuvent comparer, affirment la haute qualité de l’enseignement comme le dévouement remarquable de leurs formateurs. Ils auraient simplement tendance à se plaindre d’un surcroît de travail, mais, bon, je préfère ça que l’inverse. Les intervenants extérieurs de cet enseignement sont aussi de qualité remarquable. Quelques docteurs en histoire, philosophie, théologie, sans compter l’exégèse reçue par sessions à l’abbaye de Triors, le droit canon par le curé de Belloy en France etc. etc.

C’est ce que me confirme, avec une immense joie, dès mon retour sur Paris, une lettre de la Commission Ecclésia Dei qui accuse réception de la « Ratio Studiorum » que j’ai envoyée voilà quelques semaines : « On note avec satisfaction que les enseignants qui ne sont pas encore docteurs travaillent à acquérir cette qualification, garantie du sérieux de la formation qu’ils donneront ».

Car il est vrai que tous les professeurs qui ne sont pas encore docteurs travaillent à acquérir ce grade, en plus des cours qu’ils assurent et du ministère dont un prêtre ne doit jamais se départir. L’I.B.P. a trois ans et l’on ne devient pas docteur à trente ans…Certains séminaristes, pourtant, ont cette qualification dans le profane et se destinent déjà à suivre leur aînés dans le canonique…Je leur présente, aux uns comme aux autres, mes félicitations et les encourage à persévérer dans ce dur labeur.

Je félicite spécialement notre Recteur magnifique, M. l’abbé Roch Perrel, qui sait unir les cœurs et les esprits dans cette tâche, ô combien délicate, de la formation sacerdotale. Si l’éducation en général est qualifiée par les papes « d’art des arts », combien plus sublime encore la formation de nouveaux pasteurs qui doivent devenir les témoins vivants et exemplaires de la Parole incarnée, lumière du monde et sel de la terre.

J’invite enfin les jeunes, sur des bases aussi encourageantes, à envisager sérieusement cette vocation sublime du sacerdoce de Notre Seigneur Jésus-Christ, selon la formation héritée de l’Eglise Romaine, Mère et Maîtresse de toutes les églises.

[Romano Libero - Golias] Shoah : La conversion de l’Abbé de Tanouarn..

SOURCE - Romano Libero - Golias - 30 avril 2010

Directeur de publication de « Respublica Christiana », l’abbé Guillaume de Tanouarn a consacré le deuxième numéro de sa revue à un thème passionnant « les Catholiques et la Shoah ». Sur un ton apocalyptique, dans un entretien au blog internet de Monde et Vie, il y décrit les menaces qui pèsent sur le monde moderne. Revenant par exemple sur ce mal apocalyptique qu’est à ses yeux la libéralisation de l’avortement.

En revanche, sur la question de la shoah, ses propos sonnent étonnement juste. Ce qu’il déclare à propos du révisionnisme de l’évêque lefebvriste Williamson est au demeurant toyt à fait intéressant : « Pour moi, les dix minutes durant lesquelles Mgr Williamson a expliqué à la télévision suédoise qu’il y avait eu « seulement » 100000 ou 200000 morts juifs à Auschwitz, ont constitué un véritable traumatisme. Je n’ai pas été ordonné prêtre par Mgr Williamson mais par Mgr Tissier de Malleray, mais j’avoue que je ne peux pas comprendre (je l’ai écrit sur mon blog en janvier 2009) comment il a pu engager médiatiquement un combat aussi absurde alors qu’il était évêque – et donc, comme tous les évêques, l’évêque de tous, l’homme de tous. En tout cas, c’est lui qui m’a donné l’occasion de lire, de réfléchir et d’écrire sur ce sujet décisif dans l’histoire de la culture occidentale qu’est le génocide des Juifs par l’un des pays les plus civilisés du monde ».

Par la suite, l’abbé de Tanouarn écrit encore : « Je crois qu’il ne faut pas essayer de christianiser les Juifs malgré eux, comme si l’on s’appropriait théologiquement leur mort ».

Guillaume de Tanouarn est né le 2 novembre 1962. Il est membre de l’Institut du Bon Pasteur que fonde et dirige l’abbé Philippe Laguérie. Dont on se demande ce qu’il pense des déclarations de son subordonné... Intellectuel brillant, de Tanouarn est avec Claude Barthe l’une des têtes cléricales les mieux faites de la galaxie traditionaliste. Il est directeur du Centre Saint-Paul et de la revue Objections.

On dit de source autorisée qu’il a beaucoup évolué. Dans le passé, en octobre 2002, il a été condamné comme directeur de la publication de Pacte, à 3 000 euros d’amende par le Tribunal de grande instance de Paris pour injures à caractère raciste et incitation à la haine raciale.

29 avril 2010

[soutien.dies-irae.fr] Autopsie d'une désinformation sur Dies Irae

SOURCE - soutien.dies-irae.fr - 29 avril 2010
L'émission « Les Infiltrés » qui a été diffusée mardi 27 avril, remet gravement en cause l'association Dies Irae et son Président Fabrice SORLIN. Une multitude d'accusations diffamatoires ont été portées à ce jour, accusations qui ne proviennent que d'une seule source : l'agence CAPA et France 2. Au mépris des règles les plus élémentaires, aucun média n'a pris la peine d'interroger DIES IRAE ou son président au sujet de ces graves accusations prenant pour argent comptant les affirmations étayées dans le reportage « les infiltrés ».
Préalablement, il convient également d'indiquer que concernant « l'infiltré », le dénommé Mathieu MAYE, dont nous attendons toujours qu'il justifie de sa qualité de journaliste, la société CAPA a prétendu qu'il était infiltré à compter de 2005. Il n'est pas inintéressant de noter que l'association DIES IRAE n'existe que... depuis 2008.

1- Sur le film en lui-même

Rappelons tout d'abord que les 50 minutes de film « documentaire » sont issues d'environ une année d'infiltration, et donc de probablement plusieurs centaines d'heures d'enregistrement.

Tous ces enregistrements ont ensuite été découpés et condensés pour fabriquer une histoire qui ne suit même pas la chronologie réelle des évènements, et qui ne reflète absolument pas l'ambiance, la doctrine, et la mentalité de notre mouvement.

2- Le terrain "d'entraînement militaire" proche de Bordeaux :

On accuse l'association d'avoir construit un terrain militaire sur lequel elle organiserait ses troupes à la guerre civile. Deux axes du reportage sont censés appuyer ces dires : la fréquence de venue sur le terrain, et le parcours du combattant. Or ce terrain est un terrain sportif, situé dans une propriété privée dans lequel l'association ne s'est retrouvée qu'une seule fois (quel entraînement intensif !) en mai dernier pour une journée de cohésion annuelle où sont présents un certain nombre de ses "membres", sympathisants, ou amis.

A l'issue de cette journée, les voisins ont été invités au barbecue de clôture, ce qui s'agissant d'une organisation clandestine se préparant à la guerre civile, manquerait quelque peu de discrétion ! effectivement les photos de ce 23 mai sont montrées à plusieurs reprises dans le reportage sur des légendes différentes, créant ainsi cette impression de venue régulière sur le terrain : mais c'est bien la même journée.

Une simple enquête de voisinage prouvera ces dires : en effet ce "terrain militaire" où l'association est censée s'entraîner est un lieu découvert et jouxté d'habitations ! Il a d'ailleurs été prêté afin d'y mettre en place un parcours sportif qui se franchit en équipes, parcours où le meilleur temps remporte une coupe : ce 23 mai dernier a été une grande réussite et une vidéo a été mise en ligne, preuve qu'il n'y a rien à cacher. A cet égard, la consultation de cette vidéo montrera la jeunesse de ses sympathisants parmi lesquels beaucoup de jeunes filles et l'absence de tenue "paramilitaire". DIES IRAE invite à vérifier ou à contacter la gendarmerie nationale qui a été mise au courant de cette activité : cette préparation à la guerre civile n'a pas eu l'air de les inquiéter autant que l'agence Capa?

Il suffit seulement de comprendre le nouveau langage audiovisuel de la 2 : de même que Honduras signifiait Iran ces derniers jours, il est clair que pour Capa et Fr2, sport, terrain, et équipe se traduisent par guerre, camp, et groupuscule.

3- Sur les propos racistes et antisémites

On accuse également l'association DIES IRAE dans ce reportage d'être un mouvement raciste et antisémite.

Rappelons tout d'abord que le mouvement DIES IRAE, ses membres  et sympathisants condamnent ouvertement ce genre de propos.

A cet égard, l'association ne saurait être tenue pour responsables des propos tenus par certains énergumènes de passage, manifestement incités par « l'infiltré » à s'aventurer sur ce terrain pour faire accroire la théorie d'un endoctrinement des militants et sympathisants à des thèses réprimées par la loi.

Il est d'ailleurs très intéressant de noter que ce sont toujours les mêmes personnes qui reviennent dans le documentaire avec leurs propos odieux.

Ils sont au nombre de deux ou trois !

Est-ce représentatif d'un mouvement qui compte aujourd'hui plus de 150 personnes ?

En tout état de cause, depuis quand est-il de rigueur de faire l'amalgame entre le TOUT et la PARTIE ? Lors de l'émission des  « infiltrés » sur la pédophilie, un élu UMP et membre du CRIF, a été mis en cause. A-t-on accusé l'UMP ou le CRIF d'être un parti pédophile ? de même a-t-on jamais accusé le PS, la ligue des droits de l'homme et les verts auxquels avait adhéré Richard DURN, le tueur fou de Nanterre, d'être des organisations para-militaires ?

Évidemment non ! Alors pourquoi agir de cette façon avec l'association DIES IRAE ? Y aurait-il différents traitements médiatiques?« selon que vous serez puissants ou misérables, » selon vos idées politiques, ou selon votre appartenance religieuse ?

Si l'association DIES IRAE était véritablement ce mouvement d'endoctrinement raciste et antisémite dépeint dans le « documentaire », pourquoi Matthieu Maye et l'agence CAPA n'ont-il pas trouvé les moyens d'insérer dans le film des propos xénophobes qui auraient été tenus par Fabrice SORLIN, le président du mouvement puisque celui-ci n'était pas censé connaître l'existence d'une caméra cachée ? Pourquoi tous les propos racistes et antisémites sont-ils tenus dans des discussions privées, et jamais en réunion ? Pourquoi France Télévision a-t-elle insisté pour que Fabrice SORLIN se rende sur le plateau pour assister au débat ? sans préciser bien entendu l'identité des intervenants ni l'existence de ce reportage ? Pourquoi David Pujadas a-t-il appelé Fabrice SORLIN en personne en lui proposant de prendre à sa charge tous les frais de déplacement, s'il était cette personne aussi peu présentable ?

En un an d'infiltration et des dizaines de réunions plus tard (conférences, ateliers,?) pas un seul propos raciste, ni d'appel à la « guerre raciale » tenu par son président ou l'un des cadres de l'association, que ce soit en privé, ou en public, n'a pu être obtenu par Mathieu Despieds.

N'est-ce pas une preuve confortable pour les plus sceptiques que l'association DIES IRAE n'est en aucun cas un mouvement néo-nazi, raciste, ou antisémite ?

Concernant les fameux « Carnets de Turner » dont l'existence était inconnue des militants de DIES IRAE jusqu'à la projection d'hier, cette allusion émane d'un garçon, Florent B. qui a fréquenté de manière furtive la dite association pendant quelques mois avant de disparaître subitement en juillet 2009, quelques semaines après la fin du reportage (puisque d'après les recoupements effectués, les images ont été prises l'année dernière de fin 2008 à mai 2009). Les propos ont été tenus par ce garçon, en l'absence de la présence d'un quelconque cadre de DIES IRAE ? et pour cause, après vérification, les carnets de Turner diffusent des thèses ouvertement païennes, aux antipodes de la philosophie dont DIES IRAE se réclame - et sont sans doute les plus virulents du reportage.

Il se trouve qu'après avoir rompu tout contact l'année dernière, cet individu a adressé un mail en février 2010 à ses anciens amis leur indiquant qu'il rompait tout contact avec eux pour des motifs idéologiques en affirmant qu'il avait changé radicalement de philosophie. A ce jour, ce garçon vit notoirement avec une militante d'extrême gauche. Curieuse volte-face pour le moins troublante.

Enfin, si les propos tenus par le « journaliste » dans le reportage étaient le fruit d'une enquête d'un professionnel, pourquoi sa voix est-elle totalement changée contrairement à celle de Fabrice SORLIN, qui n'a jamais eu l'occasion d'accorder la moindre autorisation de diffusion ?

Le sensationnel fait plus tourner la machine à papier et à billets qu'une présentation objective d'une association locale à but culturel et politique.

4- Sur les propos concernant le coup d'Etat

Filmé en caméra cachée, le discours a été coupé juste à la fin de la phrase, afin de donner l'impression que nous pensions au coup d'état. La vérité, c'est que nous faisions un cours de sciences politiques sur les différentes façons d'atteindre le pouvoir, cours d'ailleurs dispensé dans les universités. Nous avions donc étudié les façons directes, et les façons indirectes. On est très loin du cliché donné par le «documentaire».

5- Sur les armes

Il est fait grief à l'association DIES IRAE d'être un mouvement qui se préparerait à la guerre civile en manipulant des armes.

Les journalistes pensent-ils avoir à ce point les exclusivités, qu'ils découvrent ainsi des groupes armés prêts à agir, dont la police elle-même ignore l'existence ?

Bien évidemment, il n'y a JAMAIS eu de manipulation d'armes au sein de Dies Irae. L'odieux amalgame réalisé dans le « documentaire » n'a été possible que parce que le faux journaliste Matthieu Maye, s'est fait inviter quelques fois à déjeuner et à dîner par un ami tireur sportif, dont toutes les armes sont régulièrement déclarées, qui ne suit d'ailleurs pas du tout les activités de Dies Irae.

Profitant de son hospitalité, le dénommé Mathieu Maye lui a demandé de voir les armes que sa licence lui permettait de posséder, afin de les filmer en caméra cachée.

Est-ce là ce qu'on apprend à l'école de journalisme ?

Ce montage confus n'est malheureusement pas le seul. Afin de ternir encore un peu plus l'image de DIES IRAE, les journalistes de CAPA ont inséré des images d'archives de groupuscules suprématistes blancs des Etat-Unis. Avec de tels procédés d'amalgame on ne sait plus quelles images appartiennent à qui, de façon à fabriquer cette vision d'un mouvement ultra-violent.

6- Sur les insignes franquistes

Au travers d'un nombre important d'articles lus dans la « grande » presse, on nous accuse depuis plusieurs jours déjà d'arborer des brassards franquistes. Il s'avère que parmi tous les ateliers de formation, l'un d'entre eux portait sur le thème : la Guerre d'Espagne. Pour l'occasion, le conférencier avait apporté les insignes qu'arboraient les phalangistes espagnols?

Où est le crime ? Il est d'ailleurs assez troublant de voir que le contenu de cet atelier n'ait pas été retenu dans le montage. Il est pourtant fort probable que s'il y avait eu un seul propos déplacé, l'agence CAPA l'aurait souligné avec force dans le documentaire.

Or, absolument rien ! Ni sur cet atelier, ni sur tous les autres. L'association DIES IRAE en organise pourtant un toutes les trois semaines. Peut-être avons-nous été trop irréprochables ? Mais il est vrai que les thèmes des ateliers (cf la rubrique, Vie du mouvement sur le site de Dies Irae) ne se prêtent guère en effet à l'image d'un mouvement néo-nazi :
  • Le surréalisme ;
  • Le nationalisme arabe ;
  • La dérive terroriste de l'extrême gauche ;
  • Nationalisme et identité ;
  • Michael Collins ;
  • Crise et mondialisme?
Mieux valait pour eux taire cela et montrer du doigt les drapeaux franquistes : rien de tel pour un nouvel amalgame. Une belle leçon d'impartialité de la part de ces journalistes en herbe.

7- Sur le local du mouvement

Laurent Richard, rédacteur en chef de l'agence CAPA affirme avec aplomb, en regardant droit dans les yeux la caméra, que le local de DIES IRAE est la cave de la paroisse Saint-Eloi.

C'est d'ailleurs dit-il, ce qui lui permet de justifier le rapprochement entre l'association DIES IRAE et cette paroisse. Comme cela avait été déjà annoncé sur le site de DIES IRAE, Laurent Richard ment effrontément sur la question. En effet, le local en question appartient à un particulier, et non à une paroisse, laquelle d'après ses responsables? ne dispose pas de cave !

8- Concernant l'absence de Fabrice SORLIN sur le plateau des « infiltrés »

Lorsque Laurent Richard a appelé Fabrice SORLIN un mois avant l'émission, il lui a juste demandé d'être présent sur un plateau de télévision afin d'aborder avec d'autres le thème : Politique et Religion. Sujet passionnant s'il en est, Fabrice SORLIN a donc répondu par l'affirmative. C'est en lui posant des questions complémentaires quelques jours plus tard, notamment sur les autres invités de la soirée que celui-ci a commencé à sentir une gêne de la part de Laurent Richard, et pressenti un certain malaise sur la question.

Le voyant insister, Laurent Richard s'est finalement décidé, quelques jours avant l'émission, à lui dire ce qu'il en était exactement.

Ainsi :
  • parce que Laurent Richard ne voulait pas donner le nom de toutes les personnes présentes sur le plateau
  • parce que dès le début, il a menti en faisant croire au président de DIES IRAE que l'on parlerait d'un sujet qui n'avait rien à voir avec ce pourquoi il le faisait venir
  • parce qu'il se doutait que ce « documentaire » serait un procès à charge contre son association,
  • parce que l'enregistrement était en différé et que sur plus d'une heure de débat, environ 50 minutes seulement seraient retenues dans le film, Fabrice SORLIN a décidé de ne pas se rendre sur le plateau.
Pour toutes ces raisons Fabrice SORLIN ne regrette pas sa décision, mais au contraire, observe que l'absence des principaux protagonistes rend caduque la tentative de déstabilisation à son égard, ce que confirme l'insistance avec laquelle David Pujadas l'a lui-même supplié de venir.

Naturellement, l'association DIES IRAE et son président ont donné instruction à leur avocat de faire valoir leurs droits en justice et attendent avec impatience les offres de preuves que leurs détracteurs seront susceptibles d'apporter.

28 avril 2010

[Disputationes Theologicae] Interview de Mons. Nicola Bux

SOURCE - Disputationes Theologicae - 28 avril 2010

La rédaction de Disputationes theologicae, dans le cadre d’un approfondissement du débat sur la liturgie et sur ce qu’on nomme « réforme de la réforme » a choisi d’interroger l’un des plus célèbres liturgistes actuels, Mons. Nicola Bux.

Né en 1947, ordonné prêtre en 1975, il a effectué ses travaux de recherche à l’Ecumenical Institute, au Biblicum de Jérusalem et à l’Institut saint Anselme de Rome. Professeur de théologie sacramentaire à la faculté théologique de Bari, on le compte parmi les collaborateurs les plus estimés du pape Benoît XVI. Auteur de nombreuses publications en théologie dogmatique et en liturgie, il a récemment publié un ouvrage sur la doctrine liturgique du Saint Père, La réforme de Benoît XVI. Mons. Bux est aussi consulteur à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et à la Congrégation pour la Cause des Saints, en même temps que membre du Bureau pour les Célébrations Pontificales. Il est collaborateur de la revue Communio, et l’un des spécialistes reconnus des liturgies orientales.

Monseigneur, vous êtes professeur de théologie sacramentaire et en même temps l’un des experts en liturgie les plus proches du Pape : est-ce là un signe qu’il est impossible de parler de liturgie sans une doctrine théologique bien fondée ?

La liturgie appartient au dogme de l’Église : c’est à partir de la foi de l’Église qu’on parvient à la liturgie, et c’est par la prière qu’on parvient au dogme. Tout le monde connaît l’adage lex orandi, lex credendi : c’est à partir de notre façon de prier qu’on peut saisir en quoi nous croyons, mais réciproquement aussi c’est de notre façon de croire que découle notre façon de prier. C’est cette réciprocité qui a été exposée et sagement développée par l’encyclique Mediator Dei du vénérable Pie XII.

Désormais, même les plus tenaces partisans d’une « révolution permanente » en liturgie semblent céder devant les sages argumentations du Pape – comme vous l’exposez très clairement dans votre dernier ouvrage. Sommes-nous, à votre avis, devant une nouvelle (ou antique, si vous préférez) vision de la liturgie ?


La liturgie est par sa nature d’institution divine ; elle se fonde sur des éléments immuables déterminés par son divin fondateur. C’est précisément en raison d’un tel fondement qu’on peut affirmer que la liturgie est « de droit divin ». Ce n’est pas par hasard que les orientaux utilisent l’expression de « Divine liturgie », puisqu’elle est l’œuvre même de Dieu, l’opus Dei comme dit saint Benoît. La liturgie n’est donc pas une chose humaine. Dans le document conciliaire sur la liturgie, au n. 22 §3, il est clairement affirmé que personne, pas même le prêtre, ne peut en ajouter, retrancher ou modifier quoique ce soit. Pour quel motif ? Parce que la liturgie appartient au Seigneur. Pendant le carême nous avons lu les passages du Deutéronome dans lesquels Dieu lui-même établit jusqu’aux moindres objets du culte. Dans le Nouveau Testament, c’est Jésus lui-même qui enseigne aux disciples où et comment préparer la Cène. Dieu a le droit d’être adoré comme Il le veut et non pas comme nous le voulons nous-mêmes. Sinon l’on tombe dans un culte « idolâtrique », au sens propre du terme grec, à savoir un culte fabriqué à notre image. Lorsque la liturgie reflète les goûts et les tendances créatives du prêtre ou d’un groupe de laïcs, elle devient idolâtrique. Le culte catholique est un culte en esprit et en vérité, parce qu’il s’adresse au Père dans le Saint-Esprit, mais qu’il doit passer aussi par Jésus-Christ, il doit passer par la Vérité même. C’est pour cela qu’il faut redécouvrir que Dieu a le droit d’être adoré comme Lui-même l’a établi. Les formes rituelles ne sont pas quelque chose à « interpréter », puisqu’elles sont l’aboutissement de la foi méditée et devenue en un certain sens culture de l’Église. L’Église s’est toujours attachée à ce que les rites ne soient pas le produit de goûts subjectifs, mais précisément l’expression de l’Église entière, c’est-à-dire « catholique ». La liturgie est catholique, universelle. Donc même à l’occasion d’une célébration particulière ou en un lieu particulier, il est inimaginable de célébrer en contraste avec la physionomie « catholique » de la liturgie.

Il arrive qu’on rencontre aujourd’hui dans le clergé une attitude qui, bien que ne niant pas ouvertement leur efficacité, néglige cependant trop souvent l’aspect qu’on appelle “ex opere operato” du sacrement, qui est du coup ainsi réduit presque uniquement à un « symbole ». Une des causes de cette déviation n’est-elle pas la perte de la « ritualité » traditionnelle ?


La cause d’une telle dérive est avant tout l’oubli du fait que le culte est rendu non pas à un Dieu imaginaire, mais à un Dieu présent, un Dieu opérant : le Christ Jésus. Le n. 7 de Sacrosanctum Concilium nous explique, d’ailleurs, les modes de cette présence divine : cet article est repris presque mot pour mot de Mediator Dei, auquel il ajoute la présence dans la Parole de Dieu. Il y est clairement expliqué que la liturgie tient sa raison d’être de cette présence de Dieu ; sinon elle deviendrait autoréférentielle, elle serait vidée de son contenu.

L’oubli, la sous-évaluation de la présence du Christ – et tout particulièrement dans l’Eucharistie, où il est présent vraiment, réellement, substantiellement – est la cause du glissement dont vous parlez. Avec cette déformation, on aboutit à définir la liturgie comme un pur ensemble de symboles et de signes, comme on l’entend parfois dire aujourd’hui : dans une telle conception, il faut noter que « signe » est entendu exclusivement comme « ce qui renvoie à quelque chose d’autre », en oubliant que le signe fait un tout avec ce qu’il signifie. C’est pourtant ici qu’on entre dans le sacrement. Lorsqu’on évacue cet aspect, les sacrements sont réduits à de purs symboles, on oublie leur « efficacité » et les effets qu’ils produisent ; ce n’est plus alors le Christ qui « agit », qui « opère », par le moyen des sacrements. C’est là pourtant le sens de l’expression classique « ex opere operato », un peu étrange, mais qui signifie l’opérativité du sacrement à partir de Celui qui opère en lui. On peut donner l’exemple d’un médicament : en apparence on ne voit qu’une fiole ou une pastille ou un liquide ; or ce qui compte n’est pas seulement le symbole du remède que le médecin veut nous donner, puisque si nous les prenons ils nous guérissent, c'est-à-dire qu’on en constate les effets. Dans le sacrement, l’auteur de cet effet est le Seigneur présent et opérant dans le rite sacramentel. Saint Léon le Grand, cité dans le catéchisme de l’Eglise catholique, dit qu’après l’Ascension tout ce qui dans le Seigneur était visible sur terre est passé dans les sacrements. C’est de cette façon qu’aujourd’hui le Christ continue à être présent et visible pour nous. C’est à la lumière de ceci qu’il faut comprendre ce que saint Thomas veut dire lorsqu’il parle de « matière » du sacrement. Si on ne revient pas à ce genre de notion réaliste, il est impossible de comprendre les sacrements. La présence divine n’est pas seulement quelque chose qu’il faut envisager « symboliquement », mais elle est quelque chose qui touche l’homme par le moyen du sacrement, elle est quelque chose qui agit. Moi-même je peux attester, comme beaucoup d’autres prêtres, de la guérison de malades après qu’ils aient reçu l’Onction, et plus encore de la guérison d’une âme après la Confession ou grâce à la réception fréquente de l’Eucharistie. Les sacrements ont des effets, ils ont des conséquences en raison de la cause qui agit en eux. Ce sont les effets de la présence divine, qui est précisément ce qui opère dans la divine liturgie. Le Pape l’a exposé merveilleusement aux curés de Rome, cette année, en leur disant que le sacrement est l’introduction de notre être dans l’être du Christ, dans l’être divin lui-même.

Au-delà de l’opinion de certains utopistes, qui avec peu de sens pastoral voudraient une restauration immédiate de toutes choses, comment pourrait-on agir doucement, mais fermement, dans le but d’améliorer graduellement certains aspects de la liturgie ? Comment agir dans ce processus long mais nécessaire ? Comment s’adapter à la réalité sans mille compromis ?


Il faut avant tout tenir compte du moment historique que nous vivons, et qui inclut une crise générale de l’autorité, qu’elle soit l’autorité du père, de l’Etat, de l’Eglise (et dans l’Église). Comme nous disions tout à l’heure le risque est l’aboutir à une conception de « self-service » dans l’Église. Nous nous trouvons aujourd’hui dans une sorte d’anomie – une absence de loi – diffuse, même si en même temps tout le monde recourt aux lois quand ses propres droits sont mis à mal.

Les droits de Dieu sont systématiquement bafoués. Comment peut-on chercher à obtenir l’observation des règles liturgiques si nous n’avons pas d’abord expliqué ce qu’est le « ius divinum » de la liturgie ? Aujourd’hui personne ne le sait plus : il faut donc avant tout faire comprendre le sens des règles. C’est un peu comme en morale, la détermination d’une loi se fonde avant tout sur la compréhension des ses principes et il est évident que lorsqu’on parle de liturgie et des sacrements il y a bien des aspects moraux. En tout premier lieu, disais-je, il est donc nécessaire de faire comprendre que le sens des règles dérive de la conviction que la « première règle » est d’adorer Dieu – Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et tu n’auras pas d’autre Dieu que Moi. On ne peut pas fabriquer un culte à sa propre image, sinon c’est Dieu que l’on déforme. Or aujourd’hui non seulement on imagine un dieu et après on improvise un culte qui convienne à cette image, mais on va même jusqu’à imaginer d’abord un culte pour inventer ensuite le dieu qui lui correspond. L’idolâtrie signifie « idée déformée de Dieu » : c’est bien là la réalité qui nous entoure.

Le Pape Benoit XVI, dans la lettre aux évêques qui explique le sens de la révocation de l’excommunication des évêques consacrés par Mgr Lefebvre, voulait faire comprendre à ceux qui lui reprochaient de s’occuper de problèmes secondaires comme la liturgie, qu’à une époque où le sens de la foi et du sacré s’éteint partout, il est au contraire nécessaire que ce soit justement dans la liturgie que l’on trouve la façon privilégiée de rencontrer Dieu. La liturgie est et reste le lieu le plus approprié pour cette rencontre avec Dieu, et pour cela le Pape, lorsqu’il s’en préoccupe, ne traite pas de problèmes secondaires, mais bien de questions primordiales : si même la liturgie se met à parler le langage du monde, comme faire pour aider l’homme ? Quant aux utopistes, il faut leur rappeler qu’il est nécessaire de posséder ce que Benoit XVI appelle : « La patience de l’Amour ».

L’ancien offertoire parlait de Dieu à l’homme avec une éloquence remarquable sur la valeur sacrificielle et sur la nature de la Messe, comme sacrifice offert à Dieu. Pourrait-on penser à un correction dans ce sens du nouveau rite ?

Il est important que l’on connaisse de plus en plus l’ancienne Messe, dite aussi tridentine – mais qu’il serait en fait plus opportun d’appeler « de Saint Grégoire le Grand », comme l’a récemment exposé Martin Mosebach. En effet, elle a pris forme dès le Pape s. Damase et puis sous s. Grégoire le Grand, mais pas avec s. Pie V, qui n’a fait que réordonner et codifier ce qui existait déjà, en prenant acte des enrichissements des siècles précédents et en mettant de côté ce qui était tombé en désuétude. Ceci étant dit, il faut avant tout bien connaître cette Messe, dont l’offertoire est partie intégrante. Il y a eu nombre de travaux de recherche dans ce sens et beaucoup se sont interrogés sur l’opportunité de réintroduire l’ancien offertoire, auquel vous faites allusion. Cependant seul le Saint-Siège a autorité pour œuvrer en ce sens. Il est vrai cependant que la logique qui a dicté la réforme de la liturgie après le concile Vatican II a amené à simplifier l’offertoire, parce qu’on pensait qu’il y avait là plusieurs formule de prières offertoriales : c’est ainsi qu’on a introduit les deux formules de bénédiction de saveur judaïque ; la secrète – qui est devenue « prière sur les offrandes » – et l’ « orate fratres » ont été maintenus, mais on les a estimées plus que suffisantes. A vrai dire cette simplicité, entendue comme un retour à la pureté des origines, se heurte à la tradition liturgique romaine, comme avec la tradition byzantine et avec les autres liturgies orientales et occidentales. La structure de l’offertoire était vue par les grands commentateurs et théologiens du Moyen-âge comme l’entrée triomphale du Christ à Jérusalem, qui va s’immoler en offrande sacrificielle. C’est pour cette raison que les offrandes étaient déjà dites « saintes », et que l’offertoire possédait une telle importance. La simplification moderne que je viens de décrire, il est vrai, en amène aujourd’hui beaucoup à réclamer le retour des riches et belles prières du « suscipe sancte Pater » et du « suscipe Sancta Trinitas », pour n’en citer que quelques-unes.

Cependant ce ne sera que par une plus large diffusion de l’ancienne Messe que cette « contagion » de l’ancien sur le nouveau rite sera possible. C’est pour cela que réintroduire la Messe « classique », si vous me permettez l’expression, peut constituer un facteur de grand enrichissement. Il faut donc mettre en œuvre une célébration festive régulière de la Messe traditionnelle, au moins dans chaque Cathédrale du Monde, mais même dans chaque paroisse : cela aidera les fidèles à apprivoiser le latin et à se sentir membre de l’Église catholique ; cela leur permettra aussi en pratique de participer aux Messes internationales dans les grands sanctuaires. En même temps, je pense qu’il faut à tous prix éviter les réintroductions décontextualisées : je veux dire qu’il y a une ritualité qui est liée à chaque signification exprimée, et qui ne peut donc pas être réintroduite simplement en insérant une prière dans le missel. Il s’agit là d’un travail bien plus complexe.

La gestualité et l’orientation ont évidemment une grande importance, puisque ce que le fidèle voit est le reflet d’une réalité invisible : disposer la croix au centre de l’autel pourrait- être un moyen de rappeler à tous ce qu’est la Messe ?

Effectivement, la croix au centre de l’autel est le bon moyen de rappeler ce qu’est la Messe. Je ne parle pas d’une croix « minimale », mais d’une croix qui puisse être vue, c’est-à-dire dont les dimensions sont adaptées à l’espace ecclésial. Elle doit être replacée au centre, dans l’axe de l’autel, et elle doit pouvoir être vue par tous. Elle doit être le point de rencontre du regard des fidèles et du regard du prêtre, comme le dit Joseph Ratzinger dans son Introduction à l’esprit de la liturgie. Elle doit être placée au centre, indépendamment de la célébration, donc même si celle-ci est faite « vers le peuple ». J’insiste sur un croix bien visible : à quoi sert une image dont on ne peut pas profiter comme il faudrait ? Les images renvoient à leur original. Nous savons tous qu’il y a eu dans l’histoire des doctrines aniconiques, par exemple Épiphane de Salamine, ou encore les cisterciens, mais le culte des images a par la suite prévalu dans l’Église avec le concile de Nicée II en 787, sur la base de ce qui disait saint Jean Damascène : « L’image renvoie au prototype ». Cela vaut encore plus aujourd’hui dans ce que l’on appelle la civilisation de l’image. A une époque où la vision est devenue un instrument privilégié pour nos contemporains, on ne peut pas se contenter de mettre de côté une petite croix ou une esquisse illisible de la croix, mais il est nécessaire que la croix, avec le crucifix, soient bien visibles sur l’autel, quelque soit le lieu d’où on le regarde.

Face à la redécouverte des exigences dont vous nous avez parlé, il y a cependant l’étape difficile des choix pratiques. Comment faire ?

A mon avis la priorité est de faire comprendre le sens du divin. L’homme cherche Dieu, cherche le sacré et ce qui en est le signe ; dans son exigence naturelle de s’adresser à Dieu et de le vénérer, l’homme cherche à rencontrer Dieu dans les formes du rite. Si l’on déforme la véritable sacralité du culte chrétien, alors l’homme en est réduit à marcher à tâtons, et à avancer de travers, parce qu’il est lui-aussi comme perdu. Comment, alors, l’homme doit-il répondre correctement à cette exigence cultuelle envers Dieu ? Avant tout il doit pouvoir rencontrer dans l’Eglise ce qui est la définition par excellence du sacré : Jésus-Eucharistie. Le tabernacle doit donc revenir au centre des églises. Il est vrai qu’historiquement, dans les grandes basiliques ou dans les cathédrales, le tabernacle était placé dans une chapelle latérale. On sait aussi que la reforme tridentine a voulu remettre au centre le tabernacle pour s’opposer aux erreurs protestantes sur la présence véritable, réelle et substantielle du Seigneur. Mais il est vrai aussi qu’aujourd’hui la mentalité qui nous entoure conteste non seulement la présence réelle, mais la présence même du divin dans le Monde. Dans la religion, l’homme cherche naturellement la rencontre avec le divin. Mais cette présence du divin ne peut pas être réduite à quelque chose de purement spirituel : cette présence doit être « touchée » et cela ne se fait pas avec un livre. On ne peut pas parler de présence de Dieu uniquement dans les termes relatifs à la lecture des Saintes Ecritures. Certes quand la Parole de Dieu est proclamée on peut à juste titre parler de présence divine, mais il s’agit alors d’une présence spirituelle, et non pas de la présence vraie, réelle et substantielle de l’Eucharistie. D’où l’importance de revenir à la centralité du tabernacle et avec lui à la centralité du Corps du Christ présent. Ce qui occupe le centre ne peut pas être le siège du célébrant : ce n’est pas un homme qui est au centre de notre foi, mais c’est le Christ, dans l’Eucharistie. Sinon on aboutit à comparer l’église à une salle, à une tribune de ce monde, au centre duquel siège un homme. Le prêtre est le ministre, il ne peut pas être situé au centre de l’action liturgique : au centre du culte il y a le Christ-Eucharistie, il y a le tabernacle, il y a la croix. C’est de cela qu’il faut repartir, sinon on perd le sens du divin. Le tabernacle est ce qui doit attirer le regard comme ce qui est au cœur de chaque église.

Le Card. Castrillon dans son homélie du 24 septembre 2007 à Saint Eloi disait que l’Eglise a besoin d’instituts « spécialisés » dans la liturgie traditionnelle. Pensez-vous que les instituts aujourd’hui liés à la commission Ecclesia Dei peuvent avoir un rôle clef dans la formation des prêtres ou dans la redécouverte des richesses de la Tradition ?

Bien sûr! De tels instituts exercent un charisme propre, et un charisme est quelque chose qui est dans l’Église et au service de l’Église. Un diocèse peut tirer un avantage considérable du fait de se prévaloir de leur aide. L’ordre franciscain aurait-il joué le rôle qu’il a eu (en Italie, les franciscains sont à l’origine d’un grand nombre de paroisses, d’écoles et autres institutions dans tous les diocèses – NdT) si le Pape n’avait pas reconnu son importance et ne l’avait pas mis à disposition pour le bien de toute l’Eglise ?

Interview réalisée par Don Stefano Carusi
Traduction française par M. l'abbé Matthieu Raffray

[Abbé Guillaume de Tanoüarn] Je n'ai pas la télé...

SOURCE - abbé Guillaume de Tanoüarn - 28 avril 2010
... mais j'ai fait mon possible pour regarder l'émission par quoi le scandale a éclaté à l'écran. Je n'ai malheureusement pas vu le premier quart d'heure : problème de clé. Eh oui... Il y a des gens qui éprouvent le besoin de s'enfermer... Finalement j'ai atterri chez un ami copte qui tient une petite pizzéria sympathique. Et j'ai vu.

Les propos antisémites des gamins : même chauffés par un professionnel de la provocation, c'est affligeant et inadmissible. Comme irréel. Le prof d'histoire ? apparemment pas révisionniste (heureusement) mais disant que l'on "parle trop de la shoah pour qu'il en parle": inconscient. Ses élèves ont manifestement particulièrement besoin qu'il leur en parle ! Quant à son "De Gaulle est un déserteur": stupide. Il était sous ministre de la guerre et conseiller de Paul Reynaud. Pendant que d'autres à bord du Massilia larguaient les amarres vers Alger, lui se dirigeait vers Londres, l'Angleterre étant notre allié. Où est la désertion? Quand on se permet de ne pas avoir les idées de tout le monde, il faut être exact, même - et surtout - pour des gamins de 3ème. Quant à DI ou plutôt aux jeunes qui s'en réclament... Des pieds nickelés comme dit Caroline Fourest à deux reprises. Ces jeunes vivent dans le rêve éveillé. Le réveil sera rude.

Je pense que cette émission permettra à chacun de se démarquer clairement des dérives inadmissibles, des approximations fausses et tendancieuses et de la gonflette.

Reste le problème de faire parler des enfants pour condamner des parents et des institutions. Là clairement il y a abus mental sur ces jeunes et désinformation consciente vis à vis du télespectateur. Bref il y a un problème de droit. Que David Pujadas prête son image de grand Impartial du 20 H à un tel reportage, cela a vraiment quelque chose d'inquiétant pour la santé du débat public.

Le débat, après le reportage, dans l'ensemble était faible, comme si les participants abasourdis par ce qu'ils avaient entendu ne trouvaient rien à dire - qu'une dénégation clairement affichée d'ailleurs par Daniel Hamiche et par l'abbé Aulagnier. Caroline Fourest tirant de "J'aime la chrétienté" un "Je déteste la République" était semblable à elle-même, laïcarde jusqu'à l'os, idéologue. Mais elle n'a pas forcé son jeu. Elle ne pouvait pas mettre sur le dos des deux traditionalistes du plateau la grossièreté énorme des propos tenus : "Tout ce qui est excessif est insignifiant". L'abbé de La Morandais n'avait rien à dire et le montrait.

Frédéric Lenoir, après avoir excusé quelques grenouilles de bénitier de préférer encore la messe en latin, est venu dire, en revanche, que les traditionalistes en général (qu'il appelait les intégristes) avaient toujours un double discours. C'est du reste très clairement le message fort du reportage faisant parler de le gérant de l'Ecole : inutile de juger les gens sur leur dire, il faut les juger sur les intentions qu'on leur prête... De tels tics mentaux (je n'ose pas dire : intellectuels) font froid dans le dos. Comme disait Fouquier Tinville : "Donnez moi une phrase de n'importe qui et je le fais monter à la guillotine", parce qu'à partir des mots je vais lui prêter des intentions et en tirer un complot etc.

Complot et complotisme, c'était le deuxième aspect très sombre du reportage, qui tentait de faire croire que les pieds nickelés que filmait l'Infiltré était un simple maillon d'une chaîne qui étendrait son emprise sur la France entière etc. On sait que c'est le complotisme révolutionnaire qui a entraîné la Terreur et le populicide vendéen. Cela m'inquiète toujours quand des Républicains autoproclamés reviennent aux vieux démons de la Première République, qui a été terroriste. La tendance complotiste du Reportage est indigne du Service public et faite, comme tous les complotismes pour susciter la haine envers les présumés comploteurs.

Personnellement je crois qu'une telle émission doit susciter dabord la clarté, et de la part de ceux qui attaquent, parce que leur attaque pue la haine personnelle, et de la part de ceux qui sont attaqués et qui, vue la violence de l'attaque, n'auront pas grand mal à se défendre : je parle ici des catholiques attachés à la Tradition de l'Eglise et qui, en tant que catholiques ne peuvent cautionner aucune forme d'antisémitisme.

[AFP] "Les infiltrés": Juppé pour des poursuites judiciaires "une fois les faits avérés"

SOURCE - AFP - 28 avril 2010

BORDEAUX, 28 avr 2010 (AFP) - "Les infiltrés": Juppé pour des poursuites judiciaires "une fois les faits avérés"

Le maire UMP de Bordeaux Alain Juppé a adressé mercredi un courrier au préfet de la Gironde et au recteur, après la diffusion d'un reportage sur un groupe d'extrême droite lié aux milieux catholiques traditionalistes, pour leur demander des "poursuites judiciaires" "une fois les faits avérés".

"Je demande ardemment, une fois les faits avérés, que cette affaire fasse l'objet de poursuite judiciaires", écrit l'ancien Premier ministre dans un courrier dont l'AFP a obtenu copie.

Selon le maire de Bordeaux, les "propos présentés aux téléspectateurs ont été absolument scandaleux" et "les activités de groupuscules fondées sur des théories horrifiantes qui ont été décrites tombent manifestement sous le coup de la loi et nuisent gravement à l'image de notre ville".

Il demande au préfet de la Gironde et au recteur de l'académie de Bordeaux s'ils envisagent "d'engager les procédures qui conviennent dans le cadre des textes qui répriment les propos et les actes racistes et antisémites".

Dans son blog mercredi, Gilles Savary, conseil général PS de la Gironde, affirme avoir été victime de "censure politique", "l'essentiel" de ses propos et son témoignage sur le plateau de l'émission diffusée par France 2 s'étant "volatilisés".

"Ce qui a été censuré sans vergogne, c'est précisément mon témoignage sur la façon dont Alain Juppé et un préfet (Christian Frémont: NDLR) aujourd'hui en poste à l'Elysée, ont tenté de falsifier le contexte juridique d'une délibération de la mairie de Bordeaux pour installer volontairement (...) ce groupe d'intégristes dans une église de Bordeaux", poursuit cet ancien leader de l'opposition PS à Bordeaux.

De son côté, le groupuscule d'extrême droite bordelais Dies Irae fondé par Fabrice Sorlin, exclu du Front national en février 2008 après avoir été candidat aux législatives, a réagi, estimant que "le but" de ce reportage est "de salir encore une fois l'église catholique tout en stigmatisant la mouvance traditionnelle".

Il développe ainsi huit points "pour démontrer que la thèse présentée dans cette émission ne tient pas la route".

Le documentaire, diffusé dans le cadre de l'émission "Les Infiltrés", est intitulé "A l'extrême droite du père".

Dans le documentaire, on voit certains des membres de Dies Irae, plutôt jeunes, tenir des propos anti-juifs, anti-arabes, anti-noirs.

Les journalistes s'étaient également introduits en caméra cachée dans une école catholique traditionnelle hors-contrat de Bordeaux qui relève de l'Institut du Bon Pasteur (dont le supérieur général est l'abbé Philippe Laguérie, ancien curé de l'église traditionaliste parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet) où des élèves et des enseignants tiennent, selon leurs reportages, des propos racistes.

[AFP] L'archevêché de Bordeaux condamne les propos tenus dans "Les Infiltrés"

SOURCE - AFP - 28 avril 2010
BORDEAUX, 28 avr 2010 (AFP) - L'archevêché de Bordeaux condamne les propos tenus dans "Les Infiltrés"

L'archevêché de Bordeaux a condamné mercredi dans un communiqué "toutes formes d'antisémitisme, de racisme, de haine ou de violence", en référence à des propos tenus dans un reportage sur un groupe d'extrême droite lié aux milieux catholiques traditionalistes diffusé la veille sur France 2.

Le documentaire, diffusé dans le cadre de l'émission "Les Infiltrés", s'intitule "A l'extrême droite du père" et s'intéresse à un groupuscule d'extrême droite bordelais, Dies Irae, fondé par Fabrice Sorlin, militant du Front national qui a été candidat aux législatives.

"Certaines séquences rapportent des propos intolérables, scandaleux et que nous dénonçons comme inacceptables, même si les conditions dans lesquelles le tournage s'est effectué posent de réelles questions de déontologie", écrit l'archevêché.

L'annonce de la diffusion du film avait suscité des protestations des milieux catholiques traditionalistes, auxquels est lié ce groupuscule. Dans le documentaire, on voit certains de ses quelque 150 membres, plutôt jeunes et qui arborent des insignes franquistes, tenir des propos violemment anti-juifs, anti-arabes, anti-noirs.

Les journalistes s'étaient également introduits en caméra cachée dans une école catholique traditionnelle hors-contrat de Bordeaux qui relève de l'Institut du Bon Pasteur (dont le supérieur général est l'abbé Philippe Laguérie, ancien curé de l'église traditionaliste parisienne Saint-Nicolas du Chardonnet) où des élèves et des enseignants tiennent des propos très racistes.

Les responsables de la paroisse Saint-Eloi de l'abbé Laguérie "ont affirmé qu'il n'y a pas, à l'heure actuelle, de lien entre la paroisse et le groupe politique incriminé", selon l'archevêché.

"Les parents de l'école privée Saint-Projet expriment leur condamnation de tout antisémitisme. Leurs déclarations devront être suivies de mesures fermes et appropriées", est-il encore indiqué.

[IBP] Communiqué officiel de l'Institut du Bon Pasteur concernant l’Émission "Les Infiltrés".


SOURCE - IBP - 28 avril 2010

Mercredi 28 avril 2010
L’Institut du Bon Pasteur condamne fermement et sans aucune forme de double langage tout propos racistes et antisémites comme tout recours à la haine et à la violence. Ainsi qu’il l’a toujours fait, comme en témoignent ses précédentes interventions, en particulier lors de ce qu’il est convenu d’appeler l’affaire Williamson.

Il réprouve comme inadmissibles et scandaleux les propos tenus par certains intervenants de cette émission, véritables marginaux déséquilibrés et dangereux.

Il dénonce aussi les procédés illégaux et parfaitement inqualifiables de journalistes sollicitant expressément des mineurs de treize ans à leur faire tenir ces propos, tout comme leur faux amalgames et mensonges et annonce qu’ils seront poursuivis en justice.

Il conteste tout lien du Bon-Pasteur avec quelque mouvement politique, comme aussi entre la paroisse Saint-Eloi et quelque groupuscule que ce soit, pas plus géographique que moral. (La paroisse Saint-Eloi n’a pas de cave).

Il dénonce l’odieuse campagne de dénigrement dont l’Église Catholique et ses représentants, jusqu’au pape lui-même, font l’objet systématique depuis des mois dans les médias et dans laquelle s’inscrit cet épisode scandaleux.

Il invite tous les hommes de bonne volonté à travailler pour la paix dans l’Église et dans la société civile ainsi qu’à la vigilance nécessaire contre toute dérive sectaire.

Monsieur l’abbé Philippe Laguérie, supérieur général
Monsieur l’abbé Guillaume de Tanoüarn, assistant
Monsieur l’abbé Christophe Héry, assistant

26 avril 2010

[paixliturgique.com] Dossier spécial: En Ecosse non plus le motu proprio de Benoît XVI n'a pas droit de cité!

SOURCE - Paix Liturgique lettre 227 - 26 avril 2010
Le courrier d'une fidèle lectrice écossaise résume bien la situation de non-application du Motu Proprio de Benoît XVI en Écosse.
Sachant que le Saint Père doit se rendre dans ce pays en septembre 2010, nous avons tenu à vous présenter un dossier spécial sur la situation écossaise.
Toutes les traductions de l'anglais vers le français sont de Paix Liturgique.


I – Le courrier de notre amie

Chers Amis de Paix Liturgique,

En ce début d'année, un débat a agité une partie de la presse écossaise. Il s'agissait, dans le cadre d'articles de presse qui évoquaient la venue prochaine du Saint Père Benoît XVI en Angleterre et en Écosse en septembre 2010, de s'interroger au sujet de la messe traditionnelle.

Ce débat par articles interposés s'est particulièrement amplifié lorsque James Mac Millan y est intervenu : cette personnalité écossaise est en effet un compositeur et chef d'orchestre bien connu qui est un grand ami de la messe traditionnelle et du Motu Proprio Summorum Pontificum. Comme il était de plus en plus choqué par le silence que maintiennent les évêques écossais sur cette question liturgique il a entrepris en octobre 2009 d'interpeller son Église à ce sujet dans un article important publié dans le Scottish Catholic Observer… Sans ouvrir un vrai débat public, l'archevêché de Glasgow lui a indirectement répondu en expliquant qu'en réalité il n'y avait quasiment aucun catholique écossais prêt à assister à la “messe en latin”.

Je vous joins quelques articles à ce sujet pour mieux vous faire comprendre une situation qui, me semble-t-il, ressemble beaucoup à celle qui vous a incité à lancer votre campagne de sondages en France. Je me souviens qu'un journaliste français avait dit quelque chose du genre : “Les tradis? Ils ne sont rien!”

Notre archevêque, Mgr Conti, a atteint l'âge de la retraite épiscopale l'an dernier mais n'a pour l'instant pas encore de successeur et la génération suivante d'évêques n'est pas beaucoup plus ouverte que lui envers la liturgie "Extraordinaire".

J'en viens donc à ma suggestion : pourquoi ne profitez-vous pas de la prochaine visite du pape et de l'intérêt médiatique pour la question de la messe pour faire chez nous un sondage comme vous en avez fait plusieurs ? Ce pourrait être d'une grande aide pour nous et un excellent moyen de connaître l'opinion des fidèles auxquels on ne demande jamais leur avis…..

IR, Edinbourg le 15 février 2010


II – Le dossier de presse

A) Présentation de la tribune de James Mac Millan dans le Scottish Catholic Observer du 8 octobre 2009

En octobre 2009, le compositeur écossais James Mac Millan publiait dans le Scottish Catholic Observer un texte dans lequel il s'interrogeait sur le peu d'empressement que mettaient les évêques d'Écosse à proposer l'application du motu proprio Summorum Pontificum dans leurs diocèses.

Le prétexte de son propos était le succès d'un séminaire de formation à la messe ancienne, organisé en Angleterre par la Latin Mass Society, auquel avaient participé 25 prêtres. Un séminaire tenu dans une structure dépendant de l'archidiocèse de Westminster, donc tout sauf clandestin. Le nouvel archevêque de Westminster, Vincent Nichols, avait même adressé aux participants le message suivant : “Le Pape Benoît XVI a confié aux prêtres et aux évêques une tâche nouvelle et délicate : la mise en œuvre de la forme extraordinaire de la messe en réponse aux besoins légitimes soulignés par le motu proprio. Je vous suis reconnaissant de nous aider à répondre à cette mission, tout en travaillant à soutenir et alimenter l'unité de l'Église.”
Présent durant une partie de la réunion, Mgr John Arnold, évêque auxiliaire de Westminster, avait pour sa part déclaré : “Je pense que c'est un hommage à la sagesse du Pape Benoît XVI que ce cours sur la forme extraordinaire soit rempli de prêtres ordinaires qui œuvrent dans des paroisses de base comme on en trouve à travers tout le pays et qui se trouvent attirés par le culte de la forme ancienne afin d'ordonner et de nourrir leur vie sacerdotale... ou qui l'apprennent en réponse aux besoins pastoraux de leurs congrégations.”
Se félicitant du succès de ce stage de formation à la forme extraordinaire, James Mac Millan soulignait que ce n'était pas le premier du genre Outre-Manche, indiquant notamment que 97 prêtres avaient découvert la liturgie traditionnelle depuis 2008 au Merton College d'Oxford. Notant le soutien apporté à ces initiatives par “de nombreux évêques d’Angleterre et du Pays de Galles”, Mac Millan allait jusqu'à affirmer : “Une mutation profonde est incontestablement en cours.”
Mais pas en Écosse, apparemment !” poursuivait-il aussitôt. “C'est bien dommage. J'ai parlé à beaucoup de prêtres écossais, de tout le pays, qui seraient ravis d'obtenir une telle occasion, après tout le débat énergique sur la question ces derniers temps. Il y a ici, de façon générale, une volonté évidente de rendre la liturgie plus priante et plus respectueuse. En ce sens, nous ne différons pas de ceux qui, en d'autres endroits, répondent en ce moment de manière active aux instructions et aux encouragements du pape. Ce qui est bon pour les Anglais devrait l'être pour nous aussi !” Et Mac Millan de s'inquiéter du fait que, parmi les prêtres écossais qu'il avait consultés : “certains semblaient effrayés d'aborder ouvertement la question”. De peur de déplaire à leurs évêques ?

B) Damian Thompson, chroniqueur religieux du Daily Telegraph, 23 octobre 2009

Le compositeur James Mac Millan ne s'exprime pas toujours avec diplomatie mais, dans un article du Scottish Catholic Observer, il prend garde à ne faire qu'allusion à ce que beaucoup d'entre nous soupçonnent : que les évêques catholiques écossais ont à peine levé le petit doigt pour l'application du texte du pape libérant la messe traditionnelle en latin. (...)
Oui, il est temps d'agir pour les évêques d'Écosse. Et vite, avant que le Pape n'arrive en Grande-Bretagne et constate que le Motu Proprio Summorum Pontificum ne s'applique pas au nord de la frontière
.

C) The Herald, Glasgow, 18 janvier 2010

De profondes divisions au sein de l'Église catholique écossaise à propos des différentes expressions de la liturgie viennent d'être révélées par The Herald. (...)
Le compositeur James Mac Millan, l'un des artistes catholiques les plus en vue, affirme que la visite pontificale a mis en lumière l'existence en Écosse de visions conflictuelles de la liturgie. (...) M. Mac Millan dit que la sainte liturgie a été dévaluée et considérée simplement comme “un supplément esthétique” à la vie chrétienne et non comme son “cœur” vivant.


D) The Herald, Glasgow, 20 janvier 2010

Seulement 26 des 52 000 catholiques du plus grand diocèse d'Écosse ont choisi de suivre la messe traditionnelle en latin, relancée par le pape Benoît XVI à travers toute une série de mesures. Ce chiffre a été révélé par l'archidiocèse de Glasgow en prévision de la visite du Souverain Pontife en Écosse cette année. (...)
Dans une lettre adressée aujourd'hui au Herald, Monseigneur Peter Smith, Chancelier de l'archidiocèse de Glasgow, nous écrit : “Jamais aucun de nos paroissiens n'a manifesté le désir de voir réintroduite la messe traditionnelle, et beaucoup ont au contraire exprimé le souhait inverse. Nos plus récentes analyses font apparaître que le “sensus fidelium” prédominant est que le peuple catholique de l'archidiocèse est satisfait de la liturgie offerte d'une manière digne et priante en langue vernaculaire.”


III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1) James MacMillan, l'homme par la voix duquel s'exprime le ras-le-bol des fidèles écossais, n'est pas un personnage de second rang en Grande-Bretagne. Né en 1959, il a étudié la musique à l’Université d’Edimbourg puis à l'Université de Durham sous la direction de John Casken. Après avoir travaillé à Manchester et à Glasgow, il est revenu à Manchester en 2000 pour rejoindre l'équipe du BBC Philharmonic Orchestra. Pour son cinquantième anniversaire, il est à l'honneur cette année du London Symphony Orchestra et sa Passion selon Saint Jean sera prochainement donnée pour la première fois outre-Atlantique.

2) Comme nous l'écrit notre correspondante, le sujet de la liturgie traditionnelle de l’Église est tabou en Écosse car la ligne officielle de l’épiscopat est que « celle-ci n'intéresse personne » et « qu’il n’y a pas de demande d’application du Motu Proprio »…
Pourtant, malgré cette chape de plomb, quatre messes dominicales hebdomadaires sont célébrées selon la forme extraordinaire du rite romain en Écosse.
On pourrait d'ailleurs en rajouter une cinquième avec celle des Rédemptoristes Transalpins, installés dans l'archipel des Orkney.
Une situation qui grosso modo est celle qui existait avant la promulgation du Motu Proprio de 2007.
Encore faut-il remarquer que la moitié de ces messes célébrées en Écosse “continentale”, sont le fait de la Fraternité Saint Pie X (les fidèles de la FSSPX sont plus de 200 en Écosse et plus d'une centaine à Glasgow…).
Les deux messes célébrées en pleine communion avec Rome réunissent une centaine de fidèles à Edinbourg (Fraternité Saint-Pierre) et environ 80 à Bridgeton (paroisse du Sacré Cœur) malgré des conditions difficiles et peu propices à la fréquentation.

3) En Écosse, en dépit de l’opposition épiscopale farouche à la forme extraordinaire du rite romain, il existe donc bien une demande puisque quelques rares lieux de culte traditionnels ont pu se développer dans un milieu pourtant particulièrement hostile. Notons d’emblée que sur les 5 messes dominicales actuelles, une seule (celle de Bridgeton) est célébrée dans le cadre paroissial, les autres le sont par des communautés traditionnelles. En Écosse comme ailleurs, ces lieux ne donnent pas une image réelle de la demande mais illustrent simplement la situation de quelques fidèles particulièrement motivés et courageux et prêts à de grands sacrifices (pas seulement kilométriques) pour vivre leur foi au rythme de la forme extraordinaire du rite romain.
Telle n’est pas la vocation de tout le monde et la face émergée de l’iceberg que constitue ces 5 lieux de culte ne dit rien des silencieux de l’Église qui ont fait le choix de rester dans leurs paroisses malgré leur préférence pour la liturgie traditionnelle ni de ceux qui ont tout simplement quitté le chemin de l’Église…
En tout état de cause, dès lors que cette forme liturgique, est totalement absente du cadre traditionnel de la paroisse, comment l’immense majorité des catholiques écossais pourrait y avoir accès ?

4) La situation écossaise est comparable à celle de la France. Ce qu’on lit dans les articles ci-dessus n’est il pas ce que l’on entend à Rambouillet, Reims ou Paris ? « Il n’y a pas de demande »… En est-on vraiment certain ? N’est ce pas plutôt qu’en Écosse comme en France l’on ne tolère pas que la demande s’exprime ?

5) Que doivent faire les catholiques écossais qui souhaitent vivre leur foi au rythme de la forme Extraordinaire de la liturgie latine en pleine communion avec l'Église ?
Dans un contexte aussi hostile, il y a fort à craindre qu’en Écosse comme en France, tout ce que pourront entreprendre les demandeurs d’application du Motu Proprio sera contesté par les évêques écossais.
Leurs demandes ? Une provocation, une désobéissance, un manque de communion, un acte quasi-terroriste… ne manqueront pas d’expliquer les évêques. On connaît bien la musique en France avec quelques notes propres à l’hexagone (Maurras, l’Action Française…) mais l’essentiel de la partition épiscopale est bien la même.
En Écosse comme en France, les demandeurs devront comprendre qu'ils n'existent pas et qu’en conséquence ils doivent agir comme tel.
Aussi, ne pouvons-nous que souscrire à la proposition de notre lectrice d’offrir au Saint Père lors de sa prochaine visite en Écosse, les résultats d'un sondage professionnel et indépendant qui se pencherait sur la question de l’attrait des catholiques écossais pour la forme extraordinaire du rite romain.
Cette étude pourrait aider les fidèles à démontrer que leurs pasteurs n'expriment pas l'exacte réalité de ce que veulent les catholiques écossais en matière liturgique et que ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas aimés par leurs pasteurs qu'ils n'existent pas …

L'idée de réaliser un sondage en Écosse d'ici la fin juin est un challenge possible, son coût en est de 6500€ : notre amie écossaise nous assure pouvoir réunir déjà plus de 1000 €. Saurons-nous l'aider à lancer l'opération ? Nous remettons cette intention à vos prières et à votre générosité.

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[Hervé Bizien - Monde & Vie] Abbé Guillaume de Tanouarn "La puissance déchaînée du mal est un appel au Salut"

SOURCE - Hervé Bizien - Monde & Vie (n°826) - avril 2010

Prêtre de l’Institut du Bon Pasteur et directeur de publication de Respublica Christiana, l’abbé Guillaume de Tanoüarn a consacré le deuxième numéro de cette revue aux «Catholiques et la Shoah», dans laquelle il voit une Apocalypse du monde contemporain.
Dans le dossier que vous consacrez au catholiques et à la Shoah, vous évoquez l’« unicité » de ce génocide. Ce n’est pourtant ni le premier, ni le dernier, hélas, de l’histoire…
Il existe bien évidemment d’autres génocides, dans l’histoire du peuple juif comme dans celle de l’humanité. « L’unicité » de la Shoah me semble-t-il, ne tient pas au fait que le nombre de morts ait été supérieur – on peut reprocher à Staline par exemple, en particulier en Ukraine, d’avoir condamné à mourir par la faim et par les camps des millions d’individus –, mais à la fois à ce que Imre Kertesz appelle le génie « éthique » des Juifs et à ce que la Shoah s’est déroulée dans l’un des pays les plus civilisés d’Europe. Si l’Allemagne des musiciens et des philosophes a pu supporter un führer comme Adolf Hitler, c’est que l’humanisme occidental, à son zénith en Germanie, n’a pas pu empêcher cette monstruosité. Pire: la virtuosité langagière d’un Heiddeger, l’intelligence anticipatrice d’un Carl Schmitt, n’ont pas résisté au charme épouvantable de cet homme qui prétendait fonder un Reich pour 1000 ans et dont l’outrance n’a pas duré quinze ans. L’un comme l’autre ont été encartés au NSDAP. Ernst Nolde, entre Danemark et Schleswig-Holstein, a choisi lui aussi l’Allemagne, alors même que ses oeuvres faisaient partie de l’exposition des peintres dégénérés en 1934 et que plusieurs ont été brûlées. Nazi quand même ? Pas sûr, mais silencieux en tout cas, comme tant d’autres que leur culture admirable n’a pas protégés contre l’inhumanité du monstre.
Vous revenez en ouverture de votre dossier sur les propos tenus par Mgr Williamson. Pourquoi ?
Pour moi, les dix minutes durant lesquelles Mgr Williamson a expliqué à la télévision suédoise qu’il y avait eu « seulement » 100000 ou 200000 morts juifs à Auschwitz, ont constitué un véritable traumatisme. Je n’ai pas été ordonné prêtre par Mgr Williamson mais par Mgr Tissier de Malleray, mais j’avoue que je ne peux pas comprendre (je l’ai écrit sur mon blog en janvier 2009) comment il a pu engager médiatiquement un combat aussi absurde alors qu’il était évêque – et donc, comme tous les évêques, l’évêque de tous, l’homme de tous. En tout cas, c’est lui qui m’a donné l’occasion de lire, de réfléchir et d’écrire sur ce sujet décisif dans l’histoire de la culture occidentale qu’est le génocide des Juifs par l’un des pays les plus civilisés du monde.
Le terme de Shoah ne fait-il pas référence à la conception religieuse juive de cette persécution ?
On a d’abord parlé, à propos du génocide juif, de l’Holocauste, c’est-à-dire d’un sacrifice que certains ont même élevé jusqu’au sacrifice du Christ sur le Golgotha. Cette christianisation
d’Auschwitz me semble indue quand il s’agit des morts juifs. Imre Kertesz et beaucoup de ceux qui se sont exprimés sur la Shoah ont souligné le caractère totalement gratuit de cette mort pour les Juifs déportés, qui souvent n’avaient plus aucune conception religieuse et qui aspiraient, comme le souligne Christian Attias, à s’intégrer dans le monde occidental. Parlerde Shoah, c’est-à-dire de « catastrophe », ce n’est pas faire référence à une conception religieuse quelconque, mais c’est montrer l’absence totale de signification de ces morts qui, de leur point de vue, meurent pour rien. Roberto Benigni a raison de montrer, dans son film « La Vie est belle » que, face à la Shoah, le terrible rire du non-sens a sa place.
Le peuple juif a été élu par Dieu pour accueillir, en Marie, l’Incarnation. D’une certaine manière, la Shoah n’entre-t-elle pas en résonance avec l’Incarnation ?
Je crois qu’il ne faut pas essayer de christianiser les Juifs malgré eux, comme si l’on s’appropriait théologiquement leur mort. En revanche, il me semble impossible que la Shoah dans sa brutalité absurde n’ait pas une signification religieuse. Pour moi, loin d’être un Golgotha, c’est une sorte d’Apocalypse du monde contemporain. « Cette génération ne passera pas que tout ne soit accompli », dit le Christ en saint Matthieu. Je pense qu’effectivement, chaque génération a sa propre Apocalypse, manifestant la puissance du mal et l’urgence de la Rédemption et de la Vérité chrétienne. A la naissance du Christ a correspondu le massacre des Innocents (« Rachel pleure ses enfants car ils ne sont plus », commente l’évangéliste.) Ce massacre des Innocents, dans sa gratuité absurde, a choqué l’antiquité au point que Macrobe, historien païen du IVe siècle, en parle encore. Je pense qu’on parlera encore de la Shoah dans plusieurs siècles. Et je crois aussi que les Juifs, à travers l’interprétation qu’ils en donnent, manifestent au monde la puissance du mal, et cela alors que la civilisation et l’humanisme paraissent le seul salut de l’humanité. Or ni la civilisation, ni l’humanité n’ont évité Hitler. Décidément, le Salut est ailleurs !
Dans la lecture juive de cet événement, Auschwitz doit rester un lieu de mort. La lecture chrétienne n’est-elle pas différente ?
Je ne sais pas s’il existe une lecture juive unique de la Shoah. Je me souviens d’un dialogue public avec Théo Klein, durant lequel il assénait: « Dieu s’est tu à Auschwitz! » Notons que Hans Jonas, dans Peut-on penser après Auschwitz ?, expliquait avec les sages de la Kabbale que la puissance de Dieu, qui avait supporté Auschwitz, ne pouvait pas être une puissance infinie… Et pourtant, dans l’Ancien Testament, figurent deux génocides antisémites: celui auquel Moïse a mis fin en Egypte et celui auquel Esther a mis fin en Perse. Et l’on peut dire que la déportation à Babylone par les Assyriens a aussi sous certains aspects l’allure d’un génocide. Ces événements apocalyptiques qui ont jalonné l’histoire du peuple juif ont toujours été interprétés comme les signes de l’approche d’un salut divin. Il me semble que c’est à travers ce modèle apocalyptique que l’on peut, juifs et chrétiens, sans aucune forme d’annexionnisme, penser Auschwitz aujourd’hui : la puissance déchaînée du mal est un appel au Salut.
Il existe aujourd’hui d’autres génocides, banalisés: je pense à l’avortement…
L’horreur, à notre époque, est forcément « soft » et d’autant plus horrible. Ainsi l’avortement, simple « interruption volontaire de grossesse », est une horreur très « soft ». Notre société banalise le mal. Le message de la Shoah est plus que jamais d’actualité pour nous réveiller de notre bonne conscience.

Propos recueillis par Hervé Bizien (monde et vie n° 826)

24 avril 2010

[summorum-pontificum.fr] Un Français à Ecclesia Dei

SOURCE - summorum-pontificum.fr - 24 avril 2010

La Commission Pontificale Ecclesia Dei vient de s’adjoindre un collaborateur français, Mgr Patrick Descourtieux, du diocèse de Paris, 53 ans.

Ordonné à Paris (en l’église Saint-Sulpice) en 1986, il est nommé vicaire à la paroisse Saint-Séverin. Puis, en 1989, il part pour Rome, où il intègre la Section francophone de la Secrétairerie d’État durant 10 ans. Excellent musicien, il exerce les fonctions d’organiste à Saint-Louis-des-Français durant 5ans. Il quitte ensuite la Secrétairerie d’État et devient recteur de l’église de la Trinité-des-Monts en remplacement de Mgr Arrighi, cependant qu’il enseigne à l'Institut Pontifical Patristique, l’Augustinianum.

Il reste sept ans à la Trinité-des-Monts. A la suite de la fermeture de la maison des religieuses de la Trinité-des-Monts, remplacées par des religieux de la Fraternité de Jérusalem (les « moines dans la ville ») fondée par le P. Pierre-Marie Delfieu, il rentre à Paris, et est nommé prêtre résident à la paroisse Sainte-Clotilde, puis chapelain à Notre-Dame depuis 2008.

Spécialiste de patrologie (il publié des traductions de saint Hilaire de Poitiers et de saint Clément d’Alexandrie aux éditions du Cerf, collection des « Sources chrétiennes), il enseigne à la Faculté Notre-Dame de l’École cathédrale.

Mgr Descourtieux a une bonne  connaissance de la liturgie traditionnelle et de la demande de cette liturgie : à Rome, il avait satisfait aux vœux des fidèles qui désiraient célébrer le Triduum pascal dans la forme dite aujourd’hui « extraordinaire », et à Paris, il faisait partie des prêtres diocésains délégués pour la célébration selon cette forme selon les besoins.

On trouvera un très bon article sur ce sujet sur le blog Osservatore Vaticano.

[Abbé Claude Barthe - L'Homme Nouveau] Le sens de l’élection de Benoît XVI

SOURCE - Abbé Claude Barthe - L'Homme Nouveau N° 1468 du 24 avril 2010 - via le Forum Catholique - 24 avril 2010

Le 24 avril 2005, place Saint-Pierre à Rome, le cardinal Ratzinger était intronisé sur le trône de saint Pierre. Ceux qui avaient suivi de près les préparatifs de son élection, le 19 avril précédent, ne furent pas étonnés de ce choix des cardinaux électeurs. Bien connu de ces derniers, le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi semblait être le seul à pouvoir sauver la barque de l’Église qui prend l’eau de toute part.

Abbé Claude Barthe

« D’une fois à l’autre à mes retours de Rome, je trouvais l’atmosphère de plus en plus effervescente dans l’Église et parmi les théologiens. On avait l’impression que rien n’était stable dans l’Église, que tout était à revoir », se souvenait Joseph Ratzinger, qui avait été conseiller théologique du cardinal Frings, archevêque de Cologne, un des ténors de la majorité du Concile (1). C’est à l’intérieur des débats propres à la majorité conciliaire que le futur Benoît XVI, alors jeune théologien allemand renommé, a fait entendre une voix prudente, très vite inquiète, globalement réformiste.

Un homme du « oui, mais… »

Le cardinal Frings l’avait fait nommer expert dès la fin de la première session, en 1962. Il n’était nullement de l’école romaine – le personnel théologique de Pie XII – mais s’il était un homme du monde théologique nouveau, c’était avec une nuance de « oui, mais… ». Ce « mais », il l’exprima très vite à sa manière propre, celle de conférences professorales : il donna un premier signal d’alarme, à Münster, en 1963, sur « le vrai et le faux renouveau dans l’Église » ; mais surtout, il intervint au Katholikentag (2) de Bamberg, en 1966, de manière si alarmiste, au sujet de la nouvelle théologie et de la nouvelle liturgie, qu’un soupçon de « conservatisme » pèsera désormais sur lui.

Professeur à Ratisbonne en 1969, il était nommé à la Commission théologique internationale, en même temps qu’il participait au lancement de la revue internationale elle aussi, Communio, avec ses amis Balthasar, Lubac, Bouyer, Medina, Le Guillou. Ces deux instances, la Commission et la revue, en soi tout à fait distinctes, mais très proches en réalité, très proches en tout cas à l’origine, devaient servir de barrage à la « mauvaise interprétation » du Concile. Ce combat contre le « faux esprit du Concile » va dès lors devenir le combat essentiel, pour ainsi dire substantiel, de Joseph Ratzinger, comme théologien, comme cardinal, comme pape. Il est d’ailleurs très important de retenir que par Hans Urs von Balthasar, il a connu dès l’origine l’un de ces nombreux mouvements qui, sous des aspects divers, vont représenter une réaction à la crise de l’Église, le mouvement Communion et Libération, fondé par l’Italien don Giussani. Proche de Communion et Libération, mais avec des amitiés allemandes plus traditionnelles encore, celle du philosophe Robert Spaemann, par exemple. À Ratisbonne, très proche de Mgr Gamber (3), il vécut très mal la réforme liturgique : « On démolit le vieil édifice pour en construire un autre… ».

Archevêque de Munich et Freising

C’est ce Joseph Ratzinger-là, une des personnalités les plus marquantes, et les plus marquées, à l’intérieur de la tendance que représentaient la revue Communio et annexes, qui fut appelé par Paul VI à devenir archevêque de Munich et Freising en 1977. Consacré le 28 mai, il devint cardinal le 27 juin 1977, un an avant la mort de Paul VI (le 6 août 1978). Il avait connu au Concile l’évêque auxiliaire puis archevêque de Cracovie, Karol Wojtyla, autre personnalité marquante de sa tendance. Lors du premier conclave de l’été 1978, qui devait élire l’éphémère pape Luciani, Jean-Paul Ier, le cardinal Ratzinger fit partie de ceux qui lancèrent « l’hypothèse Wojtyla », avec les cardinaux Koenig, de Vienne, et Hoeffner, de Cologne. Et lors du conclave d’octobre, ils repassèrent les plats, cette fois avec succès. Tout naturellement, Jean-Paul II appela près de lui celui qui était devenu son ami. Il lui confia le poste de confiance par excellence, celui de Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 25 novembre 1981.

Le numéro deux de l’Église

Dès lors, durant pratiquement un quart de siècle ce Préfet, du fait de sa personnalité et de l’épais brouillard doctrinal qui s’était abattu sur l’Église, fut le véritable numéro deux de l’Église romaine, ayant de fait plus d’importance morale que les différents secrétaires d’État. Il orchestra, Jean-Paul II régnant (et participant, surtout dans le domaine moral), une colossale tentative de « bon ne interprétation » de Vatican II : dans le domaine moral, avec l’instruction Donum vitæ, du 22 février 1987, l’encyclique Veritatis splendor, du 6 août 1993, sur les fondements de la morale catholique, l’encyclique Evange-lium vitæ, du 25 mars 1995 ; dans le domaine de l’œcuménisme, avec l’encyclique Ut unum sint, du 25 mai 1995 ; mais aussi, l’encyclique Fides et Ratio, du 14 septembre 1998, sur les rap ports de la foi et de la raison ; et encore l’encyclique Ecclesia de Eucharistia, du 17 avril 2003. Sans parler d’une série d’instructions « restauratrices » publiées par la Congrégation de la Doctrine de la foi ou en collaboration avec d’autres congrégations, comme l’instruction sur les synodes diocésains (1997), l’instruction « sur quelques questions concernant la collaboration des fidèles laïcs au ministère des prêtres » (1997), le motu proprio Apostolos suos sur la nature théologique et juridique des conférences épiscopales (21 mai 1998).

Face à la théologie de la libération

Il mena en première ligne la bataille doctrinale – car il y eut aussi une bataille « politique » – avec la théologie de la libération, qui de 1968 à la Chute du Mur fut très virulente en Amérique latine (Instruction sur quelques aspects de la théologie de la libération, du 6 août 1984 ; Instruction sur la liberté chrétienne et la libération, du 22 mars 1986). Il y eut aussi la guerre d’usure avec les revendications ultralibérales en faveur de la structure démocratique de l’Église, du sacerdoce des femmes, de la libéralisation morale, scandées de « sanctions » nouveau style, c’est-à-dire fort bénignes, contre Drewermann, Curran, Knitter, Guindon, Küng, Schillebeeckx, etc. D’où la Profession de foi et le Serment de fidélité (25 février 1989), l’Instruction sur la vocation ecclésiale du théologien (24 mai 1990), et la lettre apostolique Ad tuendam fidem (1998), qui insère dans le Code de Droit canonique des précisions concernant l’autorité des actes magistériels.

Un travail de remise en ordre

Et au sommet de cette tentative – une utopie, au meilleur sens – de remise en ordre : la lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, du 22 mai 1994, sur l’ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes, le Catéchisme de l’Église catholique, promulgué le 11 octobre 1992, et l’instruction Dominus Iesus, sur l’unicité et l’universalité salvifique de Jésus-Christ et de l’Église, du 6 septembre 2000. Devant une telle masse de documents, dont la note dominante est indubitablement la volonté d’encadrer l’interprétation du Concile, ne peut-on pas parler de pré-pontificat ratzinguérien ?

Mais c’est avec l’Entretien sur la foi (4), en 1985, qu’a commencé le chemin qui l’a mené à l’élection de 2005 : « Si par restauration on entend la recherche d’un nouvel équilibre, après les interprétations trop positives d’un monde agnostique et athée, eh bien alors, une restauration entendue en ce sens-là, c’est-à-dire un équilibre renouvelé des orientations et des valeurs à l’intérieur de la catholicité tout entière, serait tout à fait souhaitable ». Concrètement, cet ouvrage est devenu le vecteur du projet de « remontée de l’intérieur », selon une expression très ratzinguérienne.

Lequel va s’appuyer sur, et être appuyé par – c’est ce qui l’a distingué des Lubac, Balthasar – le monde traditionaliste, héritier de la minorité conciliaire, et dont le refus s’était cristallisé dès la fin des années soixante en un rejet de la réforme liturgique de Paul VI. On sait aujourd’hui que le nouveau Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi avait organisé dès 1982 (le 16 novembre) une réunion au Palais du Saint-Office « au sujet des questions liturgiques », c’est-à-dire portant à la fois sur la question liturgique en elle-même et sur la question lefebvriste. Le cardinal Ratzinger avait obtenu que tous les participants sans exception (le cardinal Baggio, Préfet de la Congrégation des Évêques, le cardinal Baum, archevêque de Washington, le cardinal Casaroli, secrétaire d’État, le cardinal Oddi, préfet de la Congrégation du Clergé, Mgr Casoria, pro-préfet de la Congrégation pour le Culte et les Sacrements) affirment que le missel romain « ancien » devait être « admis par le Saint-Siège dans toute l’Église pour les messes célébrées en langue latine ». 25 ans exactement avant le motu proprio Summorum Pontificum : ce long temps pour parvenir au but, c’est tout Joseph Ratzinger.

Un projet avorté

La suite de ce grand projet concernant la liturgie ancienne et ses pratiquants, dans les deux domaines distincts et imbriqués, est connue : d’une part, la lettre circulaire Quattuor ab-hinc annos, de la Congrégation pour le Culte divin, dite « indult » du 3 octobre 1984, permettra la célébration du missel ancien ; elle sera suivie, en 1988, du motu proprio Ecclesia Dei qui l’amplifiera. Entretemps, le cardinal Ratzinger et Mgr Lefebvre étaient parvenus à un accord, le 5 mai 1988, lequel fut dénoncé après bien des hésitations par Mgr Lefebvre qui procéda à la consécration autonome de quatre évêques, à Écône, le 30 juin 1988, suivie d’une sentence d’excommunication. En vérité, à partir de 1988, c’est le Préfet de l’ex-Saint-Office qui supervisa la Commission Ecclesia Dei, créée à cette occasion pour prendre en charge l’ensemble de ce problème, moins directement après 2000, lorsqu’il lui fit donner pour Président son ami le très actif cardinal Castrillón, préfet de la Congrégation du Clergé. Dans le même temps, ses critiques plus ou moins frontales de la nouvelle liturgie se multiplient : La célébration de la foi (5), Ma vie (6) ; L’Esprit de la liturgie (7) ; Un chant nouveau pour le Seigneur (8). En fait, c’est bien au-delà des cercles traditionnels proprement dits que l’ensemble de cette posture – résumée par le Catéchisme de l’Église Catholique et la critique des abus liturgiques et même d’une liturgie abusive – va accroître la popularité du cardinal en France, en Allemagne, aux États-Unis, et dans le reste du monde. Ainsi à Paris, la foule se pressait, le 6 novembre 1992, autour de l’Institut lors de la réception du cardinal à l’Académie des Sciences morales et politiques, à l’initiative de Jean Foyer. Et lorsque le 23 janvier 1995, il revint y prononcer une conférence sur « La théologie de l’Alliance dans le Nouveau Testament », assurément bien bâtie mais dont le sujet restait très académique, on entendit Jean Guitton résumer l’étonnante émotion de ses confrères : « Nunc dimittis… J’ai vécu aujourd’hui le plus beau jour de ma vie ».

Communion autour du cardinal

En Italie, où il n’existait pas de mouvement traditionaliste au sens strict, le cardinal se montrait à l’unisson des prêtres et laïcs du mouvement Communion et Libération. Je citerai deux moments particulièrement intenses de cette fusion autour du préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Le 1er septembre 1990, lors du meeting annuel grandiose organisé par CL à Rimini, devant une foule chauffée à blanc par son propre enthousiasme, Joseph Ratzinger avait prononcé un étonnant « discours programme » sur l’Église « toujours à réformer », dans lequel, sans évoquer une seule fois Vatican II, il avait traité de la réforme, non pas à continuer, non pas à appliquer, non pas à réactiver, mais de la réforme à faire, et même « à découvrir », stigmatisant « la réforme inutile » – suivez son regard –, celle intégrant le modèle de la liberté des Lumières et dont la liturgie est refabriquée en permanence par les communautés vivantes, etc. L’autre grand moment fut lors des obsèques de don Giussani, qui eurent lieu le 24 février 2005, très peu avant la mort de Jean-Paul II (2 avril), dans la cathédrale de Milan : le cardinal Ratzinger présidait aux côtés du cardinal Tettamanzi, archevêque de la ville. Il se trouvait que, notoirement, l’un et l’autre étaient les deux premiers « papables ». Chacun prononça une homélie. La foule des ciellini (partisans de Communion et Libération) acclama Ratzinger à tout rompre et resta de glace pour Tettamanzi.

Un homme recherché

Entre-temps, il m’avait été donné d’assister, en prima fila, à une conférence donnée par le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, le 15 décembre 1998, dans un amphithéâtre de l’Institut Jean-Paul II, à l’Université du Latran, sur « la fin du monde ». Le sujet était certes intéressant, mais il n’expliquait pas que l’aula Paolo VI fût pleine à craquer, et que la conférence fût suivie grâce à un circuit interne de télévision dans un autre grand amphithéâtre tout aussi rempli, et fût en outre retransmise en direct au Chili, en Argentine, à Madrid. La conférence follement applaudie s’acheva par une indescriptible bousculade, chacun voulant obtenir un baciamano ou à tout le moins toucher la frange de la soutane du cardinal, salut de l’Église… Ce qui explique que, m’accueillant au Saint-Office, en novembre 2000, où je venais recueillir de lui un entretien pour Spectacle du Monde, il me prévenait en souriant : « Monsieur l’Abbé, nous ne parlerons pas de “programme de pontificat” » (le thème d’un de mes précédents articles dans la revue Catholica avait été : à la différence du cardinal Martini, les ratzinguériens ne proposent pas de « programme de pontificat »). Et d’ajouter splendidement : « Notre programme, c’est le magistère ! ».

Un candidat populaire…

En fin d’entretien, lui posant ma dernière question, très journalistique j’en conviens : « Vous savez, Éminence, que vous êtes un cardinal très populaire : un sondage Internet vous donne, sur cinquante sept mille réponses, 28 % d’opinions favorables, etc. », je commis un fâcheux lapsus : « Vous savez, Éminence, que vous êtes un candidat très populaire… ». Le cardinal-candidat éclata de rire, mais sa réponse fut celle d’un homme prêt très modestement à répondre à l’appel de Dieu : « Pour ce qui est de ces candidatures et de ces sondages, je trouve cela tout à fait ridicule : nous avons un pape et c’est le Seigneur qui décide en tout du quand, du comment. Mais c’est vrai qu’être pasteur aujourd’hui dans l’Église exige un grand courage. Avec notre faiblesse – je suis un homme faible – nous pourrons tout de même prendre le risque de faire notre devoir de pasteurs. Parce que c’est le Seigneur qui agit et qu’Il a dit à ses apôtres qu’à l’heure de la confrontation ils ne réfléchissent pas avec inquiétude comment se défendre et que dire, mais que l’Esprit leur enseignera ce qu’il faut dire. Cela aussi est pour moi une chose très réaliste. Même avec mon peu de force, et je dirais même à cause de cela, le Seigneur pourra faire en moi ce qu’Il voudra. » Cinq années passèrent, ou presque. Tel prélat de Curie, qui avait imaginé une élection presque par acclamation – un cardinal se lèverait dans le Conclave, et dirait : « Je propose d’élever le cardinal Ratzinger au trône de Pierre » – n’y croyait plus. Le fidèle secrétaire, Mgr Clemens, non plus semble-t-il, qui demanda un autre poste, en prévision de la retraite définitive du cardinal.

Le seul pape possible

Au reste, la faveur de l’ensemble du catholicisme « identitaire » ne pouvait pas suffire à faire un pape. Les élections pontificales nécessitent les deux tiers des voix du collège des cardinaux électeurs (ceux de moins de 80 ans), et comme toutes les élections du monde, celles de la Sixtine se jouent au centre. Le centre du collège s’était, il est vrai, considérablement déplacé vers la « droite » au cours du pontificat de Jean-Paul II. Et la signification de l’élection pontificale s’était modifiée. Celle de 1963 (Paul VI), la première de 1978 (Jean-Paul Ier) et la deuxième de 1978 (Jean-Paul II) avaient vu, en effet, s’opposer trois tendances : d’un côté, les traditionalistes issus de la minorité conciliaire (Siri en 1963 et 1978) ; de l’autre, le centre gauche (Lercaro en 1963, Pignedoli en 1978) ; et le centre droit qui l’avait emporté à chaque élection (Montini en 1963, Luciani en 1978, puis Wojtyla, toujours en 1978 en raison de l’échec de Benelli). Autrement dit, pour sauver le « vrai » Concile tant contre les « progressistes » que contre les « intégristes », les cardinaux de centre droit avaient choisi des « hypothèses » toujours plus conservatrices (Montini, Luciani, Wojtyla). Mais en 2005, le traditionalisme (Siri, Oddi, Palazzini, etc.) n’étant plus représenté chez les cardinaux électeurs, et les « progressistes » étant de poids négligeable, c’était l’explosion de l’Église que l’on veut éviter et non plus celle du Concile.

Les prévisions

Le samedi 16 avril, deux jours avant l’ouverture du conclave, avant l’heure du pranzo (déjeuner), je me suis faufilé pour saluer le cardinal doyen du Sacré-Collège, Joseph Ratzinger, qui rentrait à son domicile, place Sainte-Anne, escorté d’un appareil policier de chef d’État, car je voulais « prendre la température » de son entourage. Les « aides de camp » ecclésiastiques étaient d’ores et déjà jubilants : tous les comptes de voix faits et refaits par les spécialistes donnaient à Joseph Ratzinger une très large avance (on racontait que l’austère cardinal Ruini, le principal grand électeur de Joseph Ratzinger, était rentré dans ses appartements du Vicariat, au Latran, en esquissant des pas de danse…). La tension qui persistait venait du fait qu’on savait aussi que Joseph Ratzinger se désisterait si l’élection n’était pas très rapide, à défaut de quoi l’Église serait encore plus ingouvernable qu’elle ne l’était.

Il fallait donc qu’en quelques tours de scrutin, 77 voix se portent sur son nom. Or, il n’était pas exclu que les opposants cimentent durant un certain temps la fameuse « minorité de blocage » (39 voix pour cette fois), pour obliger ensuite les partisans du cardinal Ratzinger à transiger sur un nom de compromis, comme par exemple celui du cardinal Antonelli, archevêque de Florence. La force des ratzinguériens était dans les personnalités restauratrices qui entouraient le préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi : Ruini, le cardinal vicaire de Rome, Scola, patriarche de Venise, Biffi, ancien cardinal de Bologne, Bertone de Gênes, le pieux Herranz de l’Opus Dei qui s’était chargé de lancer la « candidature », etc. S’ajoutaient des grands électeurs qui dépassaient ce cercle restaurationiste : le cardinal Lustiger de Paris, le mouvant cardinal Schönborn de Vienne.

Les divers « partis »

En face, les libéraux (des libéraux très modérés, mais qui avaient l’appui de la « gauche », notamment celle du clan Silvestrini, qui ne votait pas en raison de l’âge tout en conservant une grande influence) ont été pris de court par la montée de Ratzinger, ou plus exactement par le fait que le cardinal jésuite Martini, ancien archevêque de Milan, était devenu trop malade pour prétendre au Souverain Pontificat. Les prétendants de remplacement ne pesaient pas, loin de là, le même poids : Dionigi Tettamanzi, archevêque du plus gros diocèse de la chrétienté, Milan, dont tout le monde savait qu’il « en voulait » parce qu’il l’avait dit à tout le monde ; Angelo Sodano, 77 ans, secrétaire d’État de Jean-Paul II, de couleur plus conservatrice que le précédent, qui s’imaginait curieusement être populaire ; Giovanni Battista Re, 71 ans, qui d’abord à la Secrétairerie d’État, puis comme préfet de la Congrégation des Évêques, s’était imposé (avec le cardinal Sepe, préfet de l’Évangélisation des peuples) comme l’un des personnages indispensables et incontournables de la fin du pontificat précédent, faiseur d’évêques, de nonces, de cardinaux.

Mais pendant ce temps, les millions de pèlerins venus à Rome pour saluer la dépouille de Jean-Paul II désignaient en quelque sorte aux cardinaux électeurs par leurs acclamations le doyen du Sacré Collège qui présidait les funérailles. Le climat émotionnel aidant, il apparaissait comme le seul possible. Le seul qui semblait apte à « faire du ménage », alors que les rapports plus qu’alarmants sur l’état du sacerdoce circulaient entre cardinaux, cristallisant une formidable et très légitime inquiétude. Lors du Chemin de Croix au Colisée qui avait précédé la mort de Jean-Paul II, le 25 mars 2005, il avait dit : « Que de souillures dans l’Église, et particulièrement parmi ceux qui, dans le sacerdoce, devraient lui appartenir totalement ! Combien d’orgueil et d’autosuffisance ! » (méditation de la 9e station). Le seul qui paraissait capable de prendre en main une Église exsangue, qui malgré le formidable charisme de Jean-Paul II, voyait s’accélérer, se nourrissant lui-même, l’effondrement historique du catholicisme d’Occident (vocations, fidèles, catéchismes, etc.). Toujours, lors du Chemin de Croix du 25 mars : « Seigneur, ton Église nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part. Et dans ton champ, nous voyons plus d’ivraie que de bon grain. Les vêtements et le visage si sales de ton Église nous effraient. Mais c’est nous-mêmes qui les salissons ! » (prière de la 9e station). Le seul dont on pouvait croire qu’il avait des chances de redresser l’image morale et ecclésiale du prêtre en Amérique, en Afrique, aux Philippines, et de réchauffer peut-être un peu la foi refroidie de l’Occident. « Comme s’il n’y avait plus eu d’autres candidats envisageables ! », s’exclamera plus tard le cardinal anonyme interrogé par Olivier Le Gendre dans la Confession d’un cardinal (9).

L’opposition

En fait c’est sur le cardinal jésuite Bergoglio, archevêque de Buenos-Aires – beaucoup plus « progressiste » qu’il n’y paraissait et véritable continuateur du cardinal Martini –, et non sur les Italiens balayés au premier scrutin, que se reportèrent les voix opposées. Les voix de Bergoglio montèrent à 40 voix au 3e vote, mais Joseph Ratzinger dépassait déjà les 70 voix. Dans l’après-midi du deuxième jour, le 19 avril, au 4e vote, quand, à 17 h 30, le scrutateur annonça pour la 77e fois : « Ratzinger », l’assemblée, tendue comme un arc, éclata en applaudissements qui se prolongèrent durant toute la fin du dépouillement, lequel donnait à l’élu 84 voix. Peu après, la fumée blanche s’élevait sur l’angle droit de la Place Saint-Pierre et la grosse cloche de bronze de l’Arco delle campane commençait à s’ébranler : « Il papa e fatto ! ». Peut-on tenter d’imaginer, cinq ans plus tard, les jugements que porteront les historiens du futur ? On a parlé, en 2005, d’élection d’un « pape de transition », comme en 1958, lors de celle de Jean XXIII, non seulement à cause de l’âge avancé de l’un et l’autre pontifes, mais aussi parce ce que l’on sentait, dans les deux cas, que se préparait une évolution importante.

En sens inverse ? Inverse sans aucun doute était le contexte. En 1958, l’Église entrait dans une espèce de bulle d’optimisme, dans laquelle elle allait vivre jusqu’en 68, malgré de nombreux signes annonciateurs d’une déferlante de sécularisation avec ses conséquences internes gravissimes. En 2005 – et aujourd’hui plus encore – le contexte, surtout en Occident, est celui de la continuation de l’effondrement pastoral, sacerdotal, catéchétique, mémoriel diraient aussi les sociologues, auquel personne ne sait vraiment quelle réponse donner. Le long trou noir de l’enseignement catéchétique inexistant, ou tout comme, depuis le Concile, fait que cette tendance ne pourra être inversée de longtemps.

Des textes rares mais importants

Un point de convergence cependant étonne. Le cardinal Roncalli avait été élu, grosso modo parce qu’une part des cardinaux voulait sortir du « trop de doctrine » du règne de Pie XII. Or, le pape Ratzinger, déjà maître d’œuvre d’une avalanche de textes doctrinaux de « restauration » lorsqu’intervint son élévation au Souverain Pontificat, a semblé s’autocensurer lui-même : depuis son élection, pratiquement plus aucun texte de ce type n’est publié (une encyclique sur la charité, une autre sur l’espérance, une troisième sur les principes les plus élevés de la « doctrine sociale »). Mais dans cette espèce de grand silence – tout relatif, bien sûr – sont intervenus quelques textes et quelques actes d’apparence modeste, mais cependant possiblement « prophétiques » d’importants ébranlements et développements futurs : le discours à la Curie romaine du 22 décembre 2005, qui tout en privilégiant une interprétation de Vatican II (l’herméneutique de continuité) dit en définitive officiellement que 40 ans après, la signification de Vatican II est encore à débattre ; la conférence de Ratisbonne, du 17 septembre 2006, qui ébranle les certitudes en matière de dialogue interreligieux ; le motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007, dont la portée dépasse de la même manière son objet propre (affirmer que la messe ancienne n’est pas abolie) en ce qu’il pousse à un remodelage du culte des paroisses ; l’ouverture enfin d’un processus d’« uniatisme » en direction des anglicans qui rebat les cartes en matière d’œcuménisme.

Vers un début de « conclusion » ?

Au fond, l’acte principal du pontificat de Jean XXIII aura été l’annonce de l’ouverture du Concile, faisant de son règne un préalable à la formidable mutation que cette assemblée allait engendrer sous son successeur. L’initiative historique principale de Benoît XVI ne sera-t-elle pas d’annoncer en quelque sorte la « conclusion » à venir de l’évènement de Vatican II et de ses suites ?

Abbé Claude BARTHE

1. Joseph Ratzinger, Ma vie, Fayard, 144 p., 15 €.
2. Congrès des catholiques qui se déroule en Allemagne (où il se réu -nit tous les deux ans), en Autriche et en Suisse.
3. Klaus Gamber, La Réforme liturgique en question, Éditions Sainte-Madeleine, 128 p., 12 € ; Tournés vers le Seigneur !, Éditions Sainte-Madeleine, 90 p., 8 €.
4. Joseph Ratzinger, Entretien sur la foi, Fayard, 252 p., 17 €.
5. Joseph Ratzinger, La Célébration de la foi, Téqui, 154 p., 9,20 €.
6. Cf. note 1, idem.