31 mars 2019

[FSSPX Actualités] Mgr Patrick Descourtieux nommé à la tête de la défunte Commission Ecclesia Dei

Mgr Patrick Descourtieux
(prélat au premier plan)
SOURCE - FSSPX Actualités - 31 mars 2019
Le 17 janvier 2019, le pape François a supprimé la Commission pontificale Ecclesia Dei que Jean-Paul II avait créée en 1988 et que Benoît XVI avait rattachée à la Congrégation pour la Doctrine de la foi en 2009 afin de faciliter les discussions avec la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.

Constatant que son but doctrinal, pourtant essentiel, n’était pas atteint, François a décidé de transférer les compétences de la Commission à un bureau spécial de la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Le personnel est resté le même, à l’exception de son secrétaire, Mgr Guido Pozzo, nommé surintendant à l’économie de la Chapelle musicale pontificale.

Le 30 mars, le Saint-Père a nommé Mgr Patrick Descourtieux chef de service au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi. Il se dit en coulisses que le prêtre français sera spécialement chargé des relations avec les communautés dont s’occupait l’ancienne Commission pontificale.

Mgr Patrick Descourtieux est un prêtre français détaché de l’archidiocèse de Paris et mis à la disposition de la Congrégation pour la Doctrine de la foi depuis 2010. Ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm, agrégé des lettres et docteur en théologie, Mgr Descourtieux a été ordonné en 1986. Vicaire à la paroisse Saint-Séverin de Paris, il a été envoyé à Rome en 1989 comme membre de la Section française de la Secrétairerie d’Etat. En 1999, il est devenu Recteur de la Trinité-des-Monts, l’une des cinq églises nationales françaises dans la Ville éternelle, tout en enseignant à l’Institut patristique Augustinianum à partir de 2002.

Depuis 2010, il travaillait au sein de la Commission pontificale Ecclesia Dei comme official, tout en poursuivant son enseignement patristique. Il a publié dans la collection des Sources Chrétiennes, aux éditions du Cerf, deux volumes consacrés à Clément d’Alexandrie et deux autres consacrés aux Commentaires sur les psaumes de saint Hilaire de Poitiers.

Il est à souhaiter que Mgr Descourtieux œuvre efficacement à la protection des intérêts de la Tradition, qui ne se borne pas à une pratique liturgique et spirituelle, mais aussi et essentiellement à la défense et à la transmission de la foi catholique.

30 mars 2019

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Monseigneur Huonder

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 30 mars 2019

Cher Mgr Huonder, deux maîtres nous ne pourrons servir,
Car par des compromis l’Église doit périr.

Il est de notoriété publique que Mgr Huonder (Mgr H), Evêque du diocèse de Coire, doit prendre sa retraite en avril prochain à l’âge de 77 ans, et qu’il devait s’installer, à l’automne de sa vie, dans une école de garçons de la Fraternité Saint Pie X à Wangs (Suisse). Provenant d’un prêtre très proche des deux anciens supérieurs généraux, le bruit circulait même que cet évêque conciliaire allait sacrer, en plein accord avec le Pape François, deux nouveaux évêques choisis parmi les prêtres de la Fraternité. Le Sacre pouvait avoir lieu après Pâques, et Mgr H y aurait été le consécrateur principal. Toutefois, une date aussi rapprochée pour un événement aussi important est surement impossible maintenant. Mais la date mise à part, l’événement en lui-même est d’une logique implacable, étant donné la politique de la Néo-fraternité, laquelle depuis 20 ans cherche à se couler dans la Néo-église.

L’installation de Mgr H pour sa retraite dans l’école de Wangs constituait, elle aussi, un aboutissement logique. Car, en tant qu’évêque en charge d’un des plus grands diocèses de la Néo-église en Suisse, il avait déjà plusieurs fois rendu visite à l’école de Wangs et avait sympathisé avec les prêtres et les élèves alors présents. Ajoutons qu’il n’allait pas couper le contact avec la Néo-église à Rome, au contraire : il y a deux mois son porte-parole diocésain précisait que la retraite de l’évêque en avril prochain était “liée à une mission qui lui était confiée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, à savoir : rester en contact avec la FSSPX”. Il est clair que Mgr H, qui passe pour être un ami personnel du Pape François, avait l’intention d’agir comme une courroie de transmission entre la néo-Eglise et la néo-Fraternité, dans l’espoir de les rapprocher l’une de l’autre.

D’ailleurs cet espoir n’était pas nécessairement malhonnête de sa part. Car beaucoup de clercs conciliaires ne peuvent pas (ou ne veulent pas) voir l’abîme séparant la religion catholique centrée sur Dieu (théocentrique) d’avec la religion conciliaire centrée sur l’homme (anthropocentrique). De part et d’autre, on voudrait faire comme si cette séparation n’existait pas. D’un côté, les catholiques supportent mal de se trouver en dehors de la structure qui incarne l’Autorité visible de l’Église, tandis que de l’autre côté, les disciples de Vatican II ont besoin d’avoir l’assurance de ne pas avoir rompu avec la Tradition immuable de la véritable Église. Il est peut-être tout à l’honneur de Mgr H d’avoir voulu s’installer dans un environnement plus catholique que le diocèse où il n’a probablement pas d’autre choix que de donner la communion à de jeunes femmes mal habillées, ou de rengainer des propos, pourtant tout à fait justifiés, contre l’homosexualité. Mais “Un fait a toujours raison, même contre Monsieur le Maire”, (A fact is stronger than the Lord Mayor) dit un proverbe anglais.

Et ce fait, c’est Vatican II, Concile qui provoqua la plus grande rupture avec la tradition catholique dans toute l’histoire de l’Église. Prenons l’exemple de la Nouvelle Messe, qui est au Concile ce qu’est la pratique à la théorie. Allait-on exiger de Mgr H de ne jamais la célébrer à l’école ? Aurait-il accepté de ne jamais la dire ? Même en admettant qu’il accepte la bonne Messe, irait-il jusqu’à admettre que la théorie et la pratique de son sacerdoce et de son épiscopat ont été totalement plongées dans la capitulation conciliaire de la véritable Église de Dieu devant le monde moderne sans Dieu ? Peut-il effacer du jour au lendemain les convictions qui furent les siennes durant ces dizaines d’années passées dans l’immersion conciliaire ? Ordonné prêtre en 1971, puis consacré évêque en 2007 avec les rites instaurés par la révolution de Paul VI, peut-il admettre que, pour éliminer tous les doutes qui pèsent sur la validité des nouveaux rites, il a besoin d’être réordonné et re-consacré sous condition ? Mais la Néo-fraternité allait-elle seulement le lui demander ? Cela semble peu probable, au vu de sa pratique récente. Mais comment les traditionalistes suisses auraient-ils accepté cela ? Selon toute apparence, Mgr Vitus Huonder est un homme honnête et bien intentionné. Mais son honnêteté reste conciliaire, ce qui signifie qu’il reste loyal à une corruption radicalement malhonnête de la foi et de l’Église catholique.

Hélas, partout dans le monde, les traditionalistes de la FSSPX s’habituent peu à peu à ce que la Fraternité de Mgr Marcel Lefebvre soit remplacée par la Néo-fraternité. Mgr Fellay avait pour projet d’établir la FSSPX dans les murs de la Rome officielle afin d’agir comme un cheval de Troie pour convertir la Rome conciliaire. Même en attribuant à Mgr H toute la bonne volonté qu’on voudra, n’allait-il pas se laisser placer pour agir comme un cheval de Troie dans les murs de la Fraternité Saint Pie X ? On peut toujours espérer que l’école de Wangs aurait permis à l’Evêque conciliaire de voir l’abîme séparant la Tradition et le Concile, mais c’est là un bien beau rêve qui s’apparente à celui d’Alice au Pays des Merveilles, étant donné que c’est désormais la Néo-fraternité qui se veut au Pays des Merveilles.

Kyrie eleison.

[Jacques Bégué - L'Homme Nouveau] Mgr Descourtieux en charge du continent « Tradition » à la Congrégation de Foi : un signe vers la FSSPX ?

SOURCE - Jacques Bégué - L'Homme Nouveau - 30 mars 2019

Quelques temps avant la suppression de la Commission Ecclesia Dei, intervenue le 19 janvier dernier, nous avions suggéré que cette disparition pouvait être notamment une réponse aux désirs de la Fraternité Saint-Pie-X. En effet, cette Commission, créée il y a 30 ans par le motu proprio Ecclesia Dei adflicta, pour contrer l’effet des sacres de 4 évêques accomplis par Mgr Lefebvre, était pour elle une sorte d’épouvantail. 

Voici que la Salle de Presse vaticane prend la peine d’annoncer que Mgr Patrick Descourtieux est nommé chef de bureau au sein de la Congrégation de la Doctrine de la Foi (bulletin du 30 mars 2019). Il faut en fait comprendre qu’il devient le patron de la division de la Congrégation qui a hérité des compétences de la défunte Commission Ecclesia Dei. Ce prélat français, patrologue distingué, qui a été recteur de la Trinité-des-Monts, homme d’une délicate courtoisie et d’une grande discrétion, passe pour avoir un accès direct au Pape François. 

Du côté de la FSSPX, après l’élection d’un nouveau supérieur général, on reparle de « discussions doctrinales », ce qui revient à dire que la FSSPX entend traiter directement avec la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Du côté romain, au contraire, il est notoire que le Pape n’a pas en l’espèce de souci doctrinal, mais un souci de realpolitik. Deux positions qui, paradoxalement, se rapprochent. 

Comme second personnage de la Commission disparue, Mgr Descourtieux a toujours eu le souci d’aider l’ensemble des groupes traditionnels, mais il a spécialement tissé avec les divers représentants de la FSSPX des liens d’autant plus aisés et confiants qu’il était connu, dans le traitement du dossier, pour son « ouverture » (la perspective d’une reconnaissance canonique sans exigences onéreuses). Sa nomination a toutes les apparences d’un signal favorable.

27 mars 2019

[FSSPX Actualités] Une mitaine du Padre Pio confiée au district d’Amérique du Sud

SOURCE - FSSPX Actualités - 27 mars 2018
Le jeudi 21 mars 2019, à San Giovanni Rotondo, le supérieur du district de la Fraternité Saint-Pie X en Amérique du Sud, M. l’abbé Mario Trejo, accompagné du premier assistant et du secrétaire de district, a reçu une mitaine utilisée par le père Pio de Pietralcina pour couvrir ses stigmates. 

Il y a quelques années, le prieur de Buenos Aires, M. l’abbé Ezequiel Rubio, avait demandé au responsable des groupes de prière du Padre Pio en Argentine une mitaine qui avait protégé les stigmates du saint prêtre. Il entendait aider un jeune homme du prieuré, très malade, qui implorait du ciel sa guérison par l’intercession du Padre Pio. Muni de la précieuse mitaine, l’abbé Rubio bénit le malade qui obtint la grâce qu’il sollicitait avec ferveur. 

Depuis ce jour, les demandes pour obtenir la bénédiction avec cette mitaine se sont multipliées en Argentine, pays où le célèbre capucin fait l’objet d’une grande vénération, probablement due à l’importante immigration italienne. 

C’est ainsi que naquit le désir d’obtenir la garde de la mitaine de façon permanente, afin de mieux diffuser parmi les fidèles la piété et la dévotion propagées par le célèbre capucin. L’an dernier, une demande officielle fut déposée au sanctuaire de San Giovanni Rotondo, qui fut appuyée par l’autorité locale. 

Le 21 mars 2019, le Père Gardien a bien voulu accorder aux prêtres de la Fraternité Saint-Pie X la garde de cette mitaine : « En reconnaissance du patient labeur accompli par l’abbé Rubio et ses confrères, pour la persévérance avec laquelle ils ont diffusé le message et la spiritualité du Padre Pio, ainsi que pour maintenir sa charité envers les malades et les personnes qui souffrent ou qui vivent dans des situations de précarité ». 

Dans un communiqué, le Supérieur de district exprime sa gratitude au sanctuaire de San Giovanni Rotondo. Le Padre Pio (1887-1968) demeure un exemple de prière et d’abnégation de soi, mais aussi de dévotion au saint sacrifice de la messe – il refusa tout changement dans la liturgie – et de piété mariale. Fidèle au chapelet quotidien, il brilla par le ministère de la confession et par l’exercice de la charité fraternelle. Il fonda notamment un hôpital destiné à soulager la souffrance des pauvres et des malades. 

Gratifié des stigmates à l’instar de saint François, le capucin est aussi un exemple de sainteté sacerdotale et de renoncement. Il exprime comment le prêtre, en s’offrant comme victime à chaque messe, célèbre un vrai et authentique sacrifice.

[FSSPX Actualités] Mgr Lefebvre et Padre Pio

SOURCE - FSSPX Actualités - 27 mars 2019

Le 27 mars 1967 - il y a tout juste 52 ans - Mgr Marcel Lefebvre visitait Padre Pio, le prêtre stigmatisé, à San Giovanni Rotondo, afin d’échanger sur la tempête qui commençait tout juste de s’abattre sur l’Eglise. Mgr Bernard Tissier de Mallerais, dans sa biographie autorisée du fondateur de la Fraternité-Saint-Pie X, livre un récit circonstancié d’une rencontre demeurée mémorable.

C’est en sa qualité de Supérieur général de la Congrégation du Saint-Esprit que Mgr Lefebvre émit le vœu de rendre visite à l’illustre capucin, dans sa retraite des Pouilles, en Italie.

L’heure était grave : au nom de l’aggiornamento conciliaire, les congrégations devaient opérer leur mue, et modifier leurs constitutions. A l’approche du Chapitre général de son ordre, le prélat souhaitait obtenir le soutien spirituel de l’humble fils de saint François.

« L’entrevue entre le prélat, accompagné du Père Barbara et d’un autre prêtre, et de Padre Pio, soutenu par deux capucins, fut amène dans sa brièveté toute simple », explique le biographe de Mgr Lefebvre.

« Le prêtre stigmatisé promit de prier pour le chapitre spiritain. Lorsque l’archevêque, mû par sa vénération, lui demanda sa bénédiction, Padre Pio répondit : ‘non, Monseigneur, c’est à vous de me bénir !’ C’est ainsi que Mgr Lefebvre implora la bénédiction céleste sur Padre Pio. »



23 mars 2019

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Les Procès Prennent Fin

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 23 mars 2019

”La vérité est puissante et partout prévaudra,”
Tandis que le mensonge un jour disparaîtra.


Nous l’attendions depuis longtemps... Le 31 janvier dernier, la Cour Européenne des Droits de l’Homme a fait connaître sa décision : l’appel requis par l’auteur de ces “Commentaires” est rejeté. Il avait fait appel de la condamnation que sept tribunaux allemands avaient portée contre lui pour avoir commis le “crime” de se demander si, véritablement, six millions de personnes avaient été gazées sous le troisième Reich ; selon le droit allemand ces condamnations étaient possibles du fait que le contrevenant se trouvait, en novembre 2008, sur le territoire de la République Fédérale Allemande. Les deux avocats allemands de la défense ont fait une tentative honorable pour défendre leur client qui, politiquement, était le plus incorrect qui soit ; mais ils ont dû se battre avec une main attachée dans le dos. Car la loi allemande interdit de prendre position sur la vérité historique. Si bien qu’aujourd’hui, en Allemagne comme dans de nombreux pays, la vérité ne constitue plus la mesure des intérêts privés : ce sont certains intérêts privés qui sont la mesure de la vérité.

Mais qu’est-ce qui a bien pu détrôner ainsi la vérité ? Tout comme Dieu Tout-Puissant Lui-même, soit la Vérité passe avant tout, soit elle ne représente plus rien. Dieu ne peut que passer avant toute chose parce qu’Il est le Créateur, infiniment supérieur à toute Sa Création. La Vérité passe avant tout parce que, si nous la définissons comme l’adéquation de l’esprit à la réalité, alors toute diminution ou toute négation de la vérité, toute préférence pour une contre-vérité qui contredit la vérité, implique que, à proportion, l’esprit n’a plus de prise sur la réalité. En conséquence, tout l’être glisse, plus ou moins, dans la fiction et le mensonge. Il est donc évident que pour les lois et pour les tribunaux d’une nation, quelle qu’elle soit, la vérité est d’une importance capitale. Devant un tribunal, les témoins ne doivent-il pas jurer « de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité » ?

C’est pourquoi les grands législateurs sont vus comme les fondateurs de leur nation : Moïse pour Israël, Solon pour Athènes, Lycurgue pour Sparte. Tous tracèrent le cadre de la justice au sein de leur peuple en accordant à chacun son dû. Ils ont ainsi rendu possible les relations sociales et même les sociétés. Un groupe de 22 hommes dans une quelconque partie de football n’a-t-il pas besoin de son propre juge : l’arbitre ? Or, celui-ci ne peut remplir sa fonction sans la vérité. S’agit-il d’un tacle honnête ou d’une faute ? En toute justice, cela mérite-t-il ou non un penalty ? Cela dépend de la vérité de ce qui s’est réellement passé. Ainsi, vivre en société n’est possible qu’avec une certaine mesure de justice, et la justice n’est possible qu’avec une certaine mesure de vérité. Heureux, le pays dont les législateurs et les juges récompensent ce qui, en vérité, est bien et punissent ce qui, en vérité, est mal.

Maintenant, que penser des lois et des tribunaux qui punissent toute remise en question du meurtre de Six Millions de victimes durant la Seconde Guerre mondiale ? Ce meurtre est-il un fait historique ou ne l’est-il pas ? S’il l’est, alors, le remettre en question peut être mal, à proportion du dommage que cause cette remise en question ; mais si le meurtre n’a jamais eu lieu, alors il est conforme à la vérité de le remettre en question. Non seulement cela n’a rien de mauvais, mais au contraire cette action est en tant que telle, bonne. Car enfin, si les Six Millions ne sont qu’un mythe monstrueux pesant sur l’esprit des gens comme le dogme fondateur d’une fausse religion, n’est-ce pas accomplir une œuvre salutaire que de les aider à se libérer du mensonge ? “La Vérité vous libérera “, dit Notre Seigneur (Jn.VIII, 32). Il est donc clair comme le jour que si les Six Millions n’ont jamais été assassinés, la remise en question de leur meurtre ne mérite absolument aucun châtiment mais plutôt une récompense de la part de la société.

Or, il est certain que les politiciens et leurs intérêts personnels peuvent peser sur la vérité dans une certaine mesure, mais la vérité possède une telle force intrinsèque qu’il est bien difficile de la supprimer complètement. C’est ainsi que l’avis de plusieurs historiens sérieux, se fondant sur des preuves objectives, peut s’opposer aux intérêts privés les plus puissants. Tel est bien le cas du « gazage » de « six millions » de victimes sous le troisième Reich. Les intérêts privés peuvent dire ce qu’ils veulent, mais ils ne peuvent rien changer à ce qui a eu lieu objectivement il y a 75 ans. Alors qu’est-ce que disent les historiens sérieux ?

Par conséquent, tout État qui interdit d’affirmer la vérité historique se construit sur du sable. Que tout État se méfie donc de faire passer des lois qui mettent la vérité au second rang, car à tout le moins dans le cas présent, la vérité historique – par opposition à la “vérité’’ émotionnelle – n’est pas nécessairement de leur côté.

Kyrie eleison.

[FSSPX Actualités] Entretien du Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X avec l’Angelus Press

SOURCE - FSSPX Actualités - 23 mars 2019

Du 4 au 18 février 2019, l’abbé Pagliarani s’est rendu aux Etats-Unis pour la première fois depuis son élection comme Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X. Bien qu’il soit venu pour la réunion des prêtres à Winona, et pour la visite annuelle du séminaire Saint-Thomas d’Aquin de Dillwyn, il a accepté de répondre aux questions de l’Angelus (la revue du district des Etats-Unis), pour son premier entretien en langue anglaise.
Il n’y a pas de meilleure façon de servir l’Eglise que de former de saints prêtres.
The Angelus : Vous êtes presqu’inconnu dans le monde anglophone malgré votre récente élection comme Supérieur général. Pouvez-vous vous présentez vous-même?
Abbé Davide Pagliarani : En fait, je pense que le problème ne concerne pas seulement les pays anglophones. Pour donner un exemple, il y a quelques semaines, à Paris, un prêtre m’a demandé mon nom. Il était quelque peu embarrassant pour moi de lui expliquer que j’étais le nouveau Supérieur général ! – et si j’étais un peu gêné, il l’était lui aussi !

J’ai été en poste en Italie, puis en Extrême-Orient, à Singapour durant trois ans, et plus récemment dans l’hémisphère sud, en Argentine pendant sept ans – jusqu’en juillet dernier.
Q : Vous êtes le quatrième Supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X. Quels sont les défis et les circonstances favorables pour la Tradition en 2019?
DP : Je pense que notre but, ainsi que notre devoir, est de conserver le trésor que nous possédons, notre Foi, la Sainte Messe, et de l’apprécier à sa juste valeur. Je pense qu’il est important que ce trésor soit pour nous quelque chose de vivant, comme l’eau vive dont parle Notre Seigneur à la Samaritaine (Jn 4, 10). Cela est très important. Je pense que nous devons estimer toujours davantage ce trésor, grâce à une vie de prière pleine de ferveur – de ferveur spirituelle. Nous devons de temps en temps la raviver, et cette année où nous préparons le Jubilé de la Fraternité, peut être une bonne occasion de raviver dans notre vie spirituelle un profond attachement à ce trésor.
Q : Votre élection date de six mois à peine. Avez-vous déjà beaucoup voyagé?
DP : Je ne voyage pas beaucoup pour rester disponible à la Maison générale, selon les différents besoins de la Fraternité. C’est en effet un désir exprimé par le Chapitre, que le Supérieur général soit facilement joignable par les prêtres et les supérieurs. J’ai un devoir de fidélité à l’esprit de Mgr Lefebvre, notre Fondateur. Mon premier devoir est de faire de mon mieux pour garder l’esprit et l’enseignement qu’il a laissés à la Fraternité, même si la situation est très différente.
Q : Y a-t-il des signes de croissance visibles de la Fraternité ? De nouveaux prieurés ou de nouveaux pays visités?
DP : Il y a de nombreux signes de croissance, non seulement aux Etats-Unis, mais partout ! C’est certainement un signe de bénédiction : le bon Dieu nous bénit dans notre apostolat. Durant ces dernières années, de plus en plus de catholiques ont pris conscience de la crise qui secoue l’Eglise, et ils comprennent petit à petit ses causes. Nous devons être attentif à cet état de choses, suivre cela de près. Nous devons aussi les aider. Mais par ailleurs, nous ne pouvons aller partout, nous disperser. Nous devons prendre soin de nos prêtres.

Les vocations qui nous arrivent sont un secours, mais nos prêtres ne doivent pas être surchargés ; ils ont besoin de temps pour la vie de communauté, qui est une partie essentielle de nos Statuts et de nos devoirs. Certes, nous ferons de notre mieux pour aller là où la Providence nous appelle, mais nous voulons en priorité prendre soin de nos prêtres.
Q : Comme ancien directeur de séminaire, pouvez-vous dire un mot sur l’importance des séminaires et des vocations, surtout dans le monde moderne?
DP : Nos séminaires sont le cœur de la Fraternité ; elle est édifiée sur ses séminaires, et son existence en dépend. L’Eglise a par-dessus tout besoin de saints prêtres. Il est impossible de trouver une meilleure façon de servir l’Eglise que de former de saints prêtres : nous coopérons ainsi au but même de toute l’Eglise. Cela a été la grande intention du concile de Trente, et la grande intuition de Mgr Lefebvre (cf. son Itinéraire spirituel). Plus cet idéal sacerdotal est dévalué, perdu, plus il est important d’être fidèle à ce but – qui fait partie de notre mission.
Q : Quelles doivent être, pour vous, les principales préoccupations des familles catholiques traditionnelles aujourd’hui?
DP : Le plus grand souci d’une famille catholique aujourd’hui est le salut de l’âme de leurs enfants, le même que nous avons en tant que prêtres. Le monde fait tout ce qu’il peut pour les tromper. Les parents doivent prendre bien garde à cela ; c’est une souci que nous partageons avec eux. Nous devons éduquer les enfants en collaboration avec leurs parents. Et les parents doivent élever leurs enfants avec l’aide du prêtre. Tous doivent leur enseigner les vertus qu’ils ne peuvent trouver ailleurs : abnégation, pureté, chasteté, charité.

Mais cette éducation ne sera efficace que si, dans la famille, à la maison, à l’école, les enfants perçoivent que leurs éducateurs, parents et prêtres, vivent ce qu’ils enseignent. Que l’on ne se contente pas de mots ; mais que l’exemple agisse comme une osmose. Si les parents ont réellement un grand idéal pour préparer des saints, ils pourront l’accomplir avec la grâce de Dieu. Mais cela ne se fera que si les enfants respirent à la maison, par leurs parents, l’esprit de sacrifice, qui est le parfum de la croix.
Q : Que pensez-vous des dernières nouvelles concernant la Commission Pontificale Ecclesia Dei?
DP : Nous ne pouvons faire un commentaire développé pour le moment. Ce ne serait pas prudent. L’intérêt du Motu Proprio supprimant Ecclesia Dei, réside dans le fait qu’il souligne que la question principale toujours pendante, est doctrinale. Cela est vrai. Ce problème doctrinal concerne la Fraternité Saint-Pie X. En ce sens, les choses sont devenues plus claires pour nous, pour Rome, pour tout le monde. Cela dit, ce n’est pas à nous de scruter ce que sera le futur des communautés Ecclesia Dei. Nous prions pour elles. Si nous pouvons faire quelque chose, nous verrons. Mais je pense qu’il est prudent de ne rien dire d’autre quant à l’avenir. Pour le moment, nous contenterons d’observer. Et nous laisserons le dernier mot à la Providence divine.
Q : A l’heure actuelle, le monde et l’Eglise semblent devenus fous. Quels encouragements pouvez-vous prodiguer aux catholiques de la tradition dans cette situation?
DP : Le plus grand danger pour nos fidèles et même pour les prêtres, est de tomber dans le découragement. Nous devons nous rappeler, et leur rappeler, que plus la situation semble désespérée, plus la victoire est proche. Saint Pie X le répétait volontiers en guise d’encouragement. L’épaisseur des ténèbres manifestera avec plus d’éclat la vérité, quand le moment du triomphe arrivera. Nous devons garder une vue surnaturelle. Quoi qu’il puisse arriver, Dieu l’utilisera pour faire luire de manière plus manifeste le triomphe surnaturel de son Eglise et de la Vérité.
Q : Outre le soutien de la prière et les dons matériels, quel pourrait être le meilleur moyen pour un laïc pour assister les prêtres dans leur apostolat?
DP : L'Eglise est une grande famille ; et la Fraternité, qui est une œuvre d’Eglise, est aussi une grande famille. A l’intérieur d’une famille, on partage tout. Le meilleur moyen pour un fidèle pour tout partager avec les prêtres, est de leur apporter son soutien moral ; de partager intérieurement leurs joies et leurs soucis, car les joies et les soucis du prêtre sont les joies et les soucis de Notre Seigneur. Cette proximité par la charité est le meilleur moyen pour accomplir cet idéal de l’union entre les fidèles et les prêtres.
Q : Quelle est votre première impression du district des Etats-Unis?
DP : Les Etats-Unis sont un de ces pays où, dès votre arrivée, vous vous sentez chez vous. Ce qui m’impressionne le plus est le nombre des fidèles ; mais peut être davantage leur simplicité et leur générosité. Je trouve d’ailleurs la même simplicité et la même générosité chez les prêtres. Je pense que ce que montrent les fidèles, est le reflet de ce que les prêtres leur enseignent.
Q : Vous avez passé beaucoup de temps dans différents pays et districts. Pouvez-vous nous raconter une ou deux histoires choisies de votre passé apostolique?
DP : Le plus impressionnant au cours de ma vie sacerdotale, est que, au milieu de cette diversité de pays, de langues, de cultures, entre l’Asie, l’Amérique du Sud, l’Italie, comme Supérieur de District ou Directeur de séminaire, j’ai pu constater que la grâce de Dieu est toujours à l’œuvre, partout, selon des règles universelles. Je ne dis pas quelque chose de nouveau. Mais en faire personnellement l’expérience est impressionnant. C’est la preuve tangible que la loi de l’Evangile, les sacrements, l’Eglise, sont pour tous. Il n’y a rien d’autre qui puisse faire l’unité parmi des peuples si différents les uns des autres. Cela est réellement merveilleux. Vous ne pouvez l’expliquer par un élément naturel. C’est le fruit de la grâce de Dieu.

J’ai pu en faire l’expérience répétée. Plusieurs fois, après m’être efforcé de trouver sans résultat la solution à une situation difficile, celle-ci s’est présentée quand j’ai cessé de me torturer l’esprit et que j’ai tout remis à la volonté de Dieu. Il n’est pas toujours facile de faire ainsi. Mais ce n’est rien d’autre que la loi de la croix : je devrais dire, la loi du plein abandon à Dieu.

21 mars 2019

[Paix Liturgique] Sondage dans l'Ardèche

SOURCE - Paix Liturgique - lettre n°687 - 21 mars 2019

Dans notre lettre 671 du 4 décembre 2018 nous proposions, en conclusion de notre dossier « Ardèche : un diocèse qui contraint certains de ses fidèles à l’exil », de mettre en œuvre, en collaboration avec quelques fidèles du diocèse, une enquête d’opinion auprès des catholiques de l’Ardèche pour connaitre le plus exactement possible leur opinion au sujet de la messe traditionnelle.

Nous avons fait réaliser cette enquête du 14 au 29 janvier 2019 par Progress conseil, un institut professionnel indépendant qui nous a fourni les résultats que nous publions aujourd’hui.

I - Les résultats du sondage dans l’Ardèche

1 – Les catholiques en Ardèche : Un socle important mais un avenir inquiétant.

La première information fournie par ce sondage est la relative importance du nombre des Ardéchois se reconnaissant comme « catholiques » (ce n’est pas pour autant qu’ils vont encore à la messe le dimanche). Avec un résultat nous indiquant que plus de 73 % des personnes sondées se déclarent catholiques nous arrivons en Ardèche à l’un des terroirs les moins déchristianisés de France.

Rappelons qu’à Paris ou à Versailles, des diocèses que l’on imagine assez catholiques, ce sont respectivement 60 et 61 % des personnes sondées qui se déclarent comme catholiques. Dans le diocèse de Nice ils ne sont que 53 %, dans le diocèse de Nanterre 49,7 %, dans le diocèse de Lyon seulement 47,3 % et tout en bas de l’échelle rappelons que dans le diocèse de Saint-Denis ce sont moins de 35 % des personnes qui se reconnaissent comme catholiques, ce qui nous permet d’anticiper ce que sera la situation du catholicisme en France dans les prochaines décennies si aucune réaction ne se met en place.

En effet, si le nombre de ceux qui se déclarent catholiques aujourd’hui dans le diocèse de Viviers est globalement encore assez important, le nombre de jeunes sondés de ce diocèse entre 18 et 29 ans qui le déclarent pareillement est beaucoup plus faible.

Par exemple ils ne sont que 37,5 % dans le diocèse de Nanterre, que 37% dans le diocèse de Nice, et seulement 35% dans le diocèse de Versailles. Mais ils ne sont que 25,5 % dans le diocèse de Viviers qui sur ce point n’est « dépassé » dans sa chute que par le diocèse de Saint-Denis avec ses 24,1 % de jeunes entre 18 et 29 ans qui se déclarent encore comme catholiques.

2 – Une bonne connaissance de l’existence du Motu proprio

La seconde information que nous fournit notre enquête est le nombre important de catholiques pratiquants qui connaissent l’existence du motu proprio Summorum Pontificum publié le 7 juillet 2007 par le pape Benoit XVI, qui réaffirme que la célébration de la messe ancienne n’a jamais et interdite et que les prêtres qui voudraient la célébrer en ont le droit… Le fait que 68% des catholiques pratiquants connaissent le motu proprio éclaire d’une manière particulière la position de ces mêmes catholiques vis-à-vis de l’éventuelle célébration de messe traditionnelles dans leurs diocèses.

3 –Charité et bon accueil

En effet en ayant la connaissance du motu proprio 59 % des catholiques pratiquants du diocèse trouveraient normal que les deux formes du rite soient célébrées dans leur paroisse alors que seulement 24 % de ces mêmes catholiques pratiquants le trouveraient « anormal ». Nous avons dans l’Ardèche un nouvel indice que la grande majorité - près des deux tiers – des fidèles sont des hommes de paix qui, quels que soient leurs choix propres, sont adeptes du bon accueil dans la charité de leurs frères qui sont attachés à l’usus antiquior.

Ce chiffre très important permet de relativiser grandement l’argument, qui est souvent opposé aux fidèles qui sollicitent une célébration dans leur paroisse, que si jamais cela leur était concédé, cela aurait des conséquences désastreuses pour l’unité et l’harmonie des paroisses. Les chiffres fournis par cette enquête - et la totalité des enquêtes menés en France et dans le monde par Paix liturgique - démontrent le contraire.

Rappelons-nous qu’il y a quelques années des fidèles de Notre-Dame de Versailles étaient allés au contact de leurs frères paroissiens et avaient démontrés que rarissimes étaient ceux qui refusaient le partage et que plus de 80 % de ceux qui n’avaient pas exprimé leur désir de vivre leur foi catholique au rythme de la forme extraordinaire étaient tout à fait d’accord que leur curé accorde cette possibilité DANS LEUR PAROISSE à ceux qui le sollicitaient.

4 - Désir important d’assister à la messe extraordinaire

Mais l’information la plus extraordinaire fournit par l’enquête est que plus d’un tiers des catholiques pratiquants assisteraient régulièrement à la messe traditionnelle si celle-ci était célébrée dans LEUR paroisse et que seulement 19 % de ces mêmes pratiquants n’y assisteraient jamais. Un chiffre important certes mais représentant moins d’un cinquième des catholiques pratiquants. Et le plus extraordinaire est que, parmi les jeunes pratiquants, le chiffre de ceux qui assisteraient régulièrement à la messe traditionnelle est plus important que chez les seniors et représenteraient près de 40 %...

II – Quelles conséquences pour le diocèse de Viviers ?

Certains diront « mais quel intérêt apporte ce sondage pour l’église de Viviers ? »

Les voies souvent impénétrables de la Providence nous donne une occasion inespérée de répondre en ce mois de mars 2019 qui voit la publication d’un texte du Père Emmanuel de Jerphanion curé de la paroisse Notre-Dame des Boutières dans le diocèse de Viviers. Il propose une voie pour l’avenir du diocèse maintenant qu’il apparaît que tout ce qui devait être tenté l’a été… sans résultat ! Voici pour nous une occasion de donner un avis au moment où nous publions les résultats de notre enquête.

Voici le texte du Père Emmanuel de Jerphanion diffusé aux fidèles de sa paroisse à partir du 1er mars 2019 


Ce qui nous étonne de prime abord dans la proposition du Père Emmanuel de Jerphanion c’est qu’il n’explore que les pistes aujourd’hui suivies pour faire face à la disparition du clergé et qui se mettent en place dans de nombreux diocèses sous la forme d’Équipes d’Animation Pastorale : remplacer de facto les prêtres en trop petit nombre par des équipes de laïcs. Bref, il s’agit de gérer (provisoirement, et jusqu’à situation pire encore) la pénurie, sans chercher de solution de fond pour tenter d’y remédier. On évite bien entendu de se poser la question : comment recréer un terreau de vocations sacerdotales et religieuses ?

Le Père aurait par exemple pu inviter ses ouailles à « prier le Maître de la moisson pour qu'Il envoie des ouvriers à sa moisson" car Jésus lui-même nous a invité à demander au Père ce dont nous aurions besoin. Ne pas lui demander est peut-être le signe que l’on se satisfait de la situation présente plus qu’on ne la déplore…

Même si nous acceptions de croire en la bonne foi de ceux qui, par leurs choix, hier et aujourd’hui, nous ont entrainés vers le chaos ou le néant, nous nous étonnons cependant de leur incroyable aveuglement à ne pas regarder le monde et les choses en face et, comme on ferait dans n’importe quelle entreprise, de procéder à un bilan réaliste. Mais l’idéologie tient, hélas ! ceux qui n’imaginent à aucun moment qu’ils auraient pu ne pas avoir raison. Nous savons que c’est bien cette attitude sectaire qui est celle du Père Emmanuel de Jerphanion refusa absolument la célébration, parfaitement légale et autorisée, d’une messe dans la forme extraordinaire par un prêtre agréé lorsque cette opportunité s’est présentée à lui il y a peu dans une des églises de sa paroisse, préférant donc le néant à l’émergence d’une autre pastorale que la sienne au sein de l’Eglise qui est à Viviers (dans ce cas c’était très occasionnel et pour un groupe restreint de fidèles catholiques fervents attachés à la forme extraordinaire qui se réunissaient sur le territoire de sa paroisse et parmi lesquels se trouvait un prêtre "en règle"), Or l’enquête mené en Ardèche montre clairement que nombreux sont les catholiques du diocèse qui désireraient vivre leur Foi catholique au rythme de la forme extraordinaire, alors pourquoi ne pas avoir la Charité de le leur permettre en communion avec leur Eglise ?

On peut aussi relever que l'abbé EJ, tout en faisant le constat que "ça ne marche pas", préconise cependant de s'inspirer de ce que font les protestants… Pourquoi pas dirons-nous mais pourquoi ne pas écouter aussi les fidèles catholiques qui attendent un peu de charité de la part de leur pasteur ?

Dans cet indispensable réexamen d’une pastorale qui a donné d’aussi catastrophiques résultats, doit entrer en ligne de compte le traitement qu’a subi la liturgie. Aujourd’hui, les seules aires du catholicisme où la transmission générationnelle de la foi se fait encore et où des vocations se manifestent en nombre notable sont celles qui pratiquent totalement la liturgie traditionnelle, où qui se rapprochent de cette pratique. Or, l’enquête que nous venons d’entreprendre sur l’Ardèche est la vingtième que nous avons menée en France depuis près de 20 ans et ses résultats sont pratiquement les mêmes depuis ces vingt années. Nous pouvons les résumer en quelques mots : il existe en France une proportion importante de catholiques qui veulent conserver la foi et la liturgie traditionnelle. Et pratiquement partout, mais encore plus dans le diocèse de viviers, ils ne sont pas entendus comme si leurs pasteurs étaient autistes (selon les paroisses et selon le degré d'opposition ou de tolérance de leurs curés respectifs, il se trouve que, dans le diocèse de Viviers, pour des circonstances "exceptionnelles" - mariages, enterrements, baptêmes - des prêtres étrangers au diocèse puissent très ponctuellement célébrer selon le missel traditionnel, mais de manière quasi générale dans les paroisses il est rigoureusement exclu que l'on puisse avoir une messe dominicale habituelle ! L'abbé de Jerphanion a affirmé au prêtre auquel il a refusé l'une de ses églises à l'été 2018 : "Le diocèse ne veut pas voir se généraliser des célébrations selon l'ancien ordo" : est-ce seulement l'avis du Père de Jerphanion qu'il attribue aux autorités diocésaines ou bien a-t-il réellement retransmis une consigne émanant de l'évêché ? On ne peut le dire pour le moment. N’est-ce pas un des principaux facteurs qui devrait être pris en compte par les pasteurs et responsables qui veulent une vraie renaissance catholique ?

Qu’on se souvienne : Le Progrès de Lyon, déjà en 1976, révélait que plus du tiers des catholiques pratiquants estimaient que l’église allait trop loin dans ses réformes. Alors, demandons au Père E.J. si aujourd’hui, quarante ans après, il ne serait pas temps de faire quelques expériences « dans le sens de la tradition ». Ce qui suppose d’ouvrir son cœur à une vraie charité fraternelle, de permettre aux autres d’exister et d’aider l’Eglise à vivre avec ses différences ?

Et donc, une nouvelle fois, les fidèles du diocèse se tournent vers leur évêque et le supplie de les laisser tenter dans son diocèse l’expérience de la vie ecclésiale et liturgique qui pendant des siècles à permis au Vivarais de vivre chrétiennement.

III – LES REFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1 – Rappelons que le diocèse de Viviers est l’un des trois derniers diocèses de France à ne pas proposer directement ou indirectement une célébration selon la forme extraordinaire du rite romain à ses fidèles catholiques près de 12 ans après la promulgation par Benoit XVI du motu proprio Summorum Pontificum.

2 - Ce qui est exceptionnel c’est que nous retrouvons dans un diocèse essentiellement rural la même réaction chez les fidèles que dans les diocèses urbains et globalement les mêmes chiffres de fidèles « bon-accueil » ou attirés par la messe traditionnelle que dans les 17 autres diocèses où nous avons mené des enquêtes semblables ce qui démontre la solidité et la réalité de cette attitude le plus souvent silencieuse.

3 – Le nombre important de jeunes attachés aux formes traditionnelles nous éclaire sur le choix que font de plus en plus de jeunes hommes attirés par le sacerdoce de s’orienter vers des maisons traditionnelles, qu’elles suivent la liturgie traditionnelle comme la Fraternité Saint-Pierre, l’Institut du Christ-Roi , l’Institut du Bon Pasteur ou la Fraternité Saint-Pie X ou qu’elle ne la suivent pas entièrement comme la communauté Saint-Martin, tout en ayant fait le choix d’un catholicisme « identitaire ».

4 – Dans un dossier intitulé « Le Grand Bouleversement », le magazine Le Point, du 28 février 2019, faisait une large place au livre de Jérôme Fourquet, L’archipel français. Naissance d’une nation multiple et divisée (Seuil, mars 2019), en insistant sur le fait que, pour Jérôme Fourquet, nous sommes entrés dans une ère « postchrétienne », de nombreux symptômes attestant de cette situation nouvelle et sans précédent. Le diocèse de Viviers, lui aussi – même si le nombre de ceux qui s’y disent encore catholiques, selon notre sondage, est encore conséquent – est entré dans ce post-christianisme : d’où les réflexions, de type constat de faillite, du Père E.J. . Sauf que, selon tous les analystes (entre autres, Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d'être chrétien, Anatomie d'un grand effondrement (Seuil, février 2018), le catholicisme qui reste vivant et pratiquant en France (1,8% de messalisants hebdomadaires, selon un sondage Ipsos de 2017), est infiniment plus « identitaire » que celui de la fin des années soixante. C’est ce petit reste, comme le « petit reste » du peuple hébreux après l’exil, le seul à partir duquel peut s’imaginer une renaissance, qu’il faut examiner et interroger pour savoir à quoi il aspire. C’est ce que nous faisons dans nos sondages. C’est ce que nous avons fait à Viviers. Le résultat est, une fois de plus probant et massif : il aspire à un « retour », notamment liturgique.

19 mars 2019

[F. Louis-Marie - Le Barroux - Lettre aux Amis du Monastère] Mea Culpa

SOURCE - Le Barroux - F. Louis-Marie - Lettre aux Amis du Monastère - 19 mars 2019

Il y a des psaumes que l’on ne comprend vraiment qu’en les vivant. Le psaume 31, par exemple, composé par un homme qui refuse d’abord de reconnaître son péché et, donc, de le confesser. Et il avoue que le fait de refuser de reconnaître ses torts le rendait malade. Ses os se consumaient, sa bouche hurlait et il se retournait dans sa douleur alors que les épines s’enfonçaient dans son âme. Plus il refusait sa faute, plus il en souffrait intérieurement. 
   
Il est étrange d’attribuer ce psaume au roi David. Ce dernier, en effet, après avoir commis un adultère avec Bethsabée, la femme d’un soldat qui se battait pour lui, après avoir essayé de faire porter à ce soldat la paternité de l’enfant conçu, après avoir manigancé pour le faire tuer au cours d’une bataille arrangée avec le général Joab, ne manifeste aucun remords et semble dormir tranquille comme un bébé innocent. Il a fallu le prophète Nathan, envoyé par Dieu, pour lui ouvrir la conscience en lui demandant de juger un crime commis par autrui : un homme riche d’un nombreux troupeau a volé la brebis unique d’un pauvre pour faire un banquet avec des amis. David explose alors de colère. Quelle lucidité quand il s’agit des fautes d’autrui ! Quel aveuglement quand il s’agit de sa propre faute ! Nous voyons là une des conséquences les plus immédiates du péché originel. Quand Yahvé a demandé des comptes à Adam, celui-ci a accusé Ève, la femme que Dieu lui avait donnée et, ainsi, de façon, très subtile, il accuse Dieu lui-même. Ève, quant à elle, accuse le serpent. Tous ont raison et tort en même temps. Raison de voir la responsabilité de l’autre mais tort de cacher leur propre responsabilité. Quand la Genèse dit que l’homme et la femme se sont cachés aux yeux de Dieu, il faut voir là le refus de reconnaître leur responsabilité et pas seulement la honte d’être nus. 
   
Mais David a reconnu sa faute devant Yahvé et il a fait pénitence. La vérité douloureuse a finalement été un baume sur sa conscience. 
    
Que cela nous serve de leçon ! La conscience a été créée à l’image du Dieu infiniment juste et, même si elle peut être tordue, elle garde en son fond une trace de cette justice et elle hurle, même si c’est de façon très profonde. Seuls le remords vrai, la contrition juste peuvent ouvrir le chemin à une vraie justice, dont l’âme a tant besoin, et seule la reconnaissance de sa faute peut mettre un coup d’arrêt à la spirale des ressentiments, d’où naissent les conflits destructeurs. 
     
+ F. Louis-Marie, o. s. b., abbé

16 mars 2019

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Un Converti d’Aujourd’Hui – III

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 16 mars 2019

Dieu ne lâche pas une âme qui dérive
Sauf si, Le reniant, elle-même est fautive.

Cher jeune ami,

Il y a deux semaines, ces “Commentaires” relataient l’histoire de votre conversion qui vous a permis de quitter le désert d’une université moderne pour rencontrer la vérité de la foi catholique. Vous terminiez votre lettre en nous demandant conseil. Certes, vous aviez compris que Dieu vous avait donné la Vérité, mais vous aviez encore besoin de vous orienter dans la situation actuelle où l’Église et le monde se trouvent dans une grande confusion. Le numéro de la semaine dernière de ces “Commentaires” vous donnait les conseils de base généraux, valables en tout temps et en tout lieu pour un converti catholique. Le numéro d’aujourd’hui vous offrira des conseils plus personnels qui devraient vous permettre de vous orienter dans le chaos actuel, chaos sans précédent en vingt siècles d’histoire de l’Église.

Cette crise est sans précédent parce que le monde va vers sa fin, et nous nous en approchons. Lisez la description des derniers temps faite par Notre-Seigneur lui-même (Mt XXIV, Lc XXI), et l’avertissement que donne saint Paul sur cette période, quelque 44 ans plus tard (II Tim. III, 1–9). Il faut noter, en particulier, les versets 5 et 8 : les hommes auront “l’esprit corrompu et seront réprouvés quant à leur foi”, “ils auront une apparence de piété, tout en ayant renié ce qui fait sa force. Éloigne-toi de ces gens-là.” Excellent conseil pour 2019, car il importe de voir qu’aujourd’hui les hommes en général et les catholiques en particulier ne sont pas, dans leur ensemble, des gens “normaux”, car ils sont parvenus au terme d’un long processus de dégénérescence. Une telle prise de conscience ne doit certes pas inspirer le mépris, ni porter quiconque au désespoir, mais il s’agit de prendre l’exacte mesure de ce qu’exige vivre en catholique dans un monde post-chrétien voire anti-chrétien. C’est possible si l’on reste en Dieu – “Je peux faire toutes choses en Celui qui me fortifie ”(Phil. IV, 13).

Le chaos de l’Église d’aujourd’hui à ceci de particulier que jamais, avant Vatican II, dans les années 1960, l’Église officielle de Rome ne s’était départie officiellement de la foi catholique. La Vérité catholique et l’Autorité catholique n’ont-elles pas été conçues par Notre Seigneur pour aller de pair ? Il faut que Pierre soit confirmé dans la Foi (Vérité catholique) pour qu’il puisse confirmer dans la foi les autres Apôtres (Autorité catholique), cf. Lc. XXII, 32. On voit par là que la Vérité est le but même de l’Autorité, mais que la Vérité a besoin de l’Autorité pour être protégée. Toutes deux ont besoin l’une de l’autre. Mais avec Vatican II, elles se sont trouvées séparées, du fait que les Papes, les Cardinaux et les Évêques (Autorité), tombés sous l’emprise du monde moderne, ont abandonné l’ancienne religion (Vérité). Désormais, tous les catholiques ne pouvaient être que schizophrènes : soit ils restaient attachés à la Vérité, et ils abandonnaient la fausse autorité ; soit ils restaient attachés à l’Autorité, et abandonnaient la Vérité ; soit, enfin ils se situaient entre ces deux pôles. Il en résulte que, maintenant, chaque brebis catholique doit trouver son propre chemin à travers la haie d’épines érigée par les mauvais bergers de Vatican II.

Si l’on juge l’arbre à ses fruits (Mt VII, 15–20), la façon dont Mgr Lefebvre a résisté aux faux bergers tout en reconnaissant leur autorité, s’est avéré l’un des moyens les plus fructueux pour faire face à la confusion consécutive au Concile. Mais ses successeurs à la tête de la Fraternité choisissent de ne pas rester fidèles à son équilibre à lui entre vérité et autorité. Même maintenant, beaucoup cherchent à s’enliser dans cette fausse Rome moderniste, alors qu’elle est plus fausse que jamais ! Que cela vous avertisse du danger qu’il y a, aujourd’hui, de penser que l’apparence du catholicisme est la même chose que sa substance. Mais alors, comment saurez-vous où se trouve la substance ? La meilleure réponse est celle que nous venons de mentionner et que donne Notre-Seigneur : il faut juger l’arbre à ses fruits. Quels fruits ? Ce sont la foi surnaturelle, telle que Dieu vient de vous la faire comprendre, ainsi queque cette véritable charité surnaturelle qui doit la suivre.

Donc, prenez le temps de fréquenter un moment toutes sortes de catholiques ; écoutez, plus que vous ne parlerez. Ne soyez pas pressé d’embrasser une vocation, car Dieu n’est jamais pressé (Gal. I, 18 ; II, 1). Ayez une confiance absolue en Sa Sagesse et en Sa Providence, et veillez à ne pas vous accrocher sans condition à un ou à plusieurs leaders humains, jusqu’à ce que Dieu remette Son Église sur pied (comme Il le fera certainement). Honorez toujours votre père et votre mère, aussi mal avisés qu’ils puissent paraître (car Dieu ne leur a pas donné la grâce qu’Il vous a donnée). Ayez une immense compassion pour la multitude d’âmes désorientées qui vous entourent, mais ne confondez surtout pas la sincérité subjective avec la vérité objective. Aimez la Mère de Dieu, et priez tous les jours aussi longtemps que vous le pouvez, les 15 mystères du Saint Rosaire. Et que Dieu soit avec vous.

15 mars 2019

[Abbé Pierpaolo Maria Petrucci, fsspx - Le Chardonnet] Foi et liturgie

SOURCE - Abbé Pierpaolo Maria Petrucci, fsspx - Le Chardonnet - mars 2019

Avec le concile Vatican II naît une nouvelle ecclésiologie fondée sur le faux principe que l’Église du Christ serait une réalité plus vaste que l’Église catholique, une réalité qui comprendrait d’autres religions ayant des valeurs de salut et des éléments de sainteté. (Lumen gentium 8 ; Unitatis redintegratio 3 et Nostra ætate 2). Ces graves erreurs ont été affirmées de façon encore plus explicite dans la récente déclaration du Pape François à Abu Dhabi (4 février), selon laquelle “la diversité des religions” serait « une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ». 
   
Depuis le Concile, l’œuvre missionnaire de l’Église pour la conversion des hérétiques et des infidèles s’est donc transformée en un dialogue visant à un enrichissement mutuel et en une prière commune, spécialement lors de rencontres interreligieuses, inaugurées à Assise le 30 octobre 1986. 
   
Puisque la liturgie est l'expression de la foi, il était important de transmettre ces nouvelles doctrines à travers un rite commun, au moins aux protestants et aux catholiques (en attendant d’en créer un auquel puissent s’unir tous les croyants, peut-être le culte écologique de la nature…).
   
L'union ne doit plus se faire dans la foi  ; elle se fera dans une prière commune cherchant “ce qui nous unit”. La messe traditionnelle était un obstacle de taille car elle exprime parfaitement la doctrine catholique, spécialement quant au sacrifice propitiatoire, au sacerdoce ministériel et à la présence réelle de Notre-Seigneur dans l'eucharistie en son “corps, âme, sang et divinité”. Le Pape Paul VI, avec l’aide de Mgr Bugnini, a donc voulu forger un nouveau rite de la Messe pour pouvoir célébrer avec les disciples de Luther le « mémorial du Seigneur  ». Six pasteurs protestants furent consultés pour dépouiller la Messe de toujours de tout ce qui pouvait déplaire aux « frères séparés » et donc bâtir un rite qui, comme l’ont signalé dès sa naissance les cardinaux Bacci et Ottaviani, « s'éloigne de façon impressionnante, dans l'ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe, telle qu'elle a été formulée à la XXème session du Concile de Trente ». 
    
M. Siegvalt, professeur de dogmatique à la faculté protestante de Strasbourg, n'hésitera pas à affirmer que « rien dans la messe maintenant renouvelée ne peut gêner vraiment le chrétien évangélique »  (Lettre à l’évêque de Strasbourg, citée dans Le Monde du 22 novembre 1969).
     
Comme Mgr Lefebvre l’avait prévu, les effets dévastateurs de ce nouveau rite ne tardèrent pas à se manifester. Exactement comme la réforme liturgique anglicane de Cranmer en Angleterre, dont elle a suivi les pas, la nouvelle Messe a produit une protestantisation des fidèles. Un rite religieux est une profession de foi. C’est pourquoi, malgré l’éventuelle validité du nouveau rite, un fidèle ne saurait mettre sa foi en danger en y assistant ni adhérer, par sa participation active, aux fausses doctrines qu’il transmet. 
    
La vraie Messe catholique, c’est la croix de Jésus rendue présente dans l’histoire, c’est la victoire sur Satan. Elle peut produire des effets extraordinaires de sanctification des âmes et de régénération de la société, à condition qu’elle soit célébrée dans un contexte qui indique clairement la foi catholique et non utilisée pour conduire les fidèles dans le panthéon de toutes les religions du concile Vatican II où il pourrait même y avoir une place pour la messe traditionnelle, pourvu qu’on accepte, au moins par son silence, la nouvelle ecclésiologie. Que Dieu nous conserve l’amour de la Messe et de toute la foi qu’elle exprime. 
   
Abbé Pierpaolo Maria Petrucci

[Abbé Gabriel Billecocq, fsspx - Le Chardonnet] Le pape du pluralisme

SOURCE - Abbé Gabriel Billecocq, fsspx - Le Chardonnet - mars 2019

Du 3 au 5 février dernier, le pape François s’est rendu aux Emirats Arabes Unis pour un voyage « apostolique ». Il en a profité pour rencontrer plusieurs personnalités du monde islamique. Ces rencontres se sont soldées par un texte intitulé Document sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune. [1]  Le document est co-signé par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb.
Bien révélateur du souffle œcuméniste qui s’est emparé de Rome, ce texte, s’il parle de Dieu, ne nomme ni Jésus, ni la très Sainte Vierge, ne parle même pas du Père, et s’il contient une fois le mot salut, c’est pour parler «  de valeurs comme ancre de salut pour tous… » 
     
L’avant-propos commence par ces mots : « La foi amène le croyant à voir dans l’autre un frère à soutenir et à aimer. » Le but est clairement explicité : « Ce document [doit devenir] un guide pour les nouvelles générations envers la culture du respect réciproque, dans la compréhension de la grande grâce divine qui rend frères tous les êtres humains ». 
     
À l’imitation d’une prière, le cœur du document commence par une série de phrases qui débutent toutes par les mots « Au nom de ». Inutile d’y chercher une invocation au Père au Fils ou au Saint-Esprit ! Cependant, dans la série de thèmes invoqués, on trouvera la trilogie révolutionnaire : « Au nom de Dieu qui a créé tous les êtres humains égaux en droits », autrement dit au nom de l’égalité. « Au nom de la fraternité humaine qui embrasse tous les hommes... » « Au nom de la liberté que Dieu a donnée à tous les êtres humains... » On ne peut être mieux servi... L’esprit franc-maçon est là. 
     
Après ces incises, le document se développe autour des notions de tolérance, de paix, de fraternité humaine, d’éthique sans fin dernière et condamne tous les extrémismes. On notera alors quelques attaques larvées contre le véritable christianisme. Par exemple l’intégrisme religieux, associé ici au fondamentalisme (il faut donc entendre certes les intégristes musulmans mais aussi les intégristes catholiques), est le fruit de la solitude, de la frustration et du désespoir et ont tous deux pour conséquence « la dépendance et l’autodestruction individuelle et collective » ! Autrement dit les catholiques dit intégristes sont des malades mentaux. 
    
Un peu plus loin, les Croisades sont implicitement condamnées au nom de la tolérance et de la paix puisque «  les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang ». D’ailleurs, ajoute le document parlant de « notre foi commune en Dieu », « Dieu, le Tout-Puissant, n’a besoin d’être défendu par personne ». Les martyrs des premiers siècles ou les missionnaires ont donc versé leur sang en vain… Le Pape François ne se fait certainement pas des amis avec les saints du Ciel... 
    
Il y a derrière tous ces arguments une notion fausse de père et de frère. Un père est celui qui donne la vie. Les frères sont fils d’un même père et il coule en eux une vie dont l’origine est la même. Or s’il est bien vrai que tous les hommes ont été créés par Dieu, à ce titre ils ont quelque chose de commun : ils dépendent tous du même créateur. Mais à titre de créatures seulement. En revanche on ne dit pas que tout homme est enfant de Dieu. Cette expression est réservée à ceux qui ont en eux la vie divine, laquelle est dans l’âme par la grâce. C’est pourquoi ne sont donc frères au vrai sens du terme et par rapport à Dieu que ceux qui vivent de la grâce et de la charité. Autrement dit ceux qui appartiennent à l’Église catholique.  
    
Ainsi, les juifs, les musulmans et les catholiques ne sont pas frères entre eux, loin s’en faut. Il y a donc dans ces expressions faussées un naturalisme patent, c’est-à-dire que la vie surnaturelle est rabaissée à la vie humaine. 
     
Mais il faut encore lire quelques paragraphes de ce document pour trouver ce qu’il y a peut-être de plus monstrueux. Arguant que « la liberté est un droit de toute personne », le texte affirme aussitôt que « le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine ». Autrement dit, dans sa sagesse infinie, Dieu veut qu’il y ait plusieurs religions pour sauvegarder la liberté humaine. Rien n’est plus monstrueux ni même contraire à la foi. Il s’agit là sinon d’une hérésie, tout au moins d’un blasphème. Signé par François. Dans d’autres temps, Rome aurait déclaré sans hésitation hérétique un évêque signant de tels propos. Dans l’avion du retour, François a enfoncé le clou : « Du point de vue catholique, le document ne s’est pas éloigné d’un millimètre de Vatican II… » 
     
En se voulant un consensus a minima sur des notions religieuses très vagues, ce document répond là aux vœux d’une religion noachide, religion universelle voulue par les juifs et si bien expliquée par le rabbin Benamozegh [2]. C’est à se demander donc si le pape a encore la foi et surtout s’il la professe.
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[1] Le document est disponible sur le site du Vatican à l’adresse suivante : vatican.va - Les citations de cet article en sont issues. 
[2]  Élie Benamozegh, Israël et l’Humanité, Albin Michel, 1961

13 mars 2019

[Abbé Xavier Beauvais, fsspx - Acampado] En réponse au conflit, la vaillance

SOURCE - Abbé Xavier Beauvais, fsspx - Acampado - mars 2019

La vie de l’homme moderne est un continuel conflit. La cause de ce conflit n’est pas toujours le milieu. Judas qui était entouré du milieu le plus favorable que l’histoire ait connu, mourut dans l’ignominie et la honte. 
     
Ce conflit peut être dû parfois à l’ignorance, ce conflit est dû à la nature humaine. S’il faut trouver la véritable origine du conflit non pas dans l’individu exclusivement mais dans la nature humaine, il convient d’examiner cette nature humaine qui nous est commune à tous. Et là deux faits se détachent. 
     
En premier lieu : l’homme n’est ni ange ni démon. Il est blessé par le péché originel mais pas totalement corrompu. Il n’est pas non plus intrinsèquement divin. L’homme a des tendances au bien qu’il lui est impossible de réaliser complètement par lui-même ; et en même temps une inclination au mal qui le sollicite et le détourne de son idéal. Il ressemble à celui que sa propre stupidité a fait tomber dans un puits. II sait qu’il ne devrait pas y être, mais il ne peut s’en sortir seul. 
     
En second lieu : ce conflit est dû à un abus de la liberté humaine. La nature humaine a, par un acte de choix, perdu cette bonté originelle dont Dieu si bon l’avait dotée Comme le dit saint Augustin : « Quels que nous soyons, nous ne sommes pas ce que nous devrions être ». Jusqu’à la fin du temps, quelque part dans l’univers de Dieu, il y aura une rupture de l’harmonie, introduite par la libre volonté de l’homme. A l’origine les passions de l’homme étaient guidées par la raison et l’homme était épris de l’amour qui est Dieu. 
       
L’homme et la femme étant libres, pouvaient obéir à Dieu. Ils pouvaient aussi lui désobéir. Le diable, par ses suggestions, détruisit leur liberté. 

La femme succomba la première à l’idée que la liberté est licence ou absence de loi ; elle voulut prouver son indépendance, puis elle induisit l’homme à faire de même. De l’un à l’autre, à travers toute la race humaine, cette dissonance originelle se propagea, elle affecta tous les êtres humains, à l’exception de la Très Sainte Vierge Marie. Cette discordance eut ses répercussions même dans l’univers matériel ; la faute originelle comme une eau polluée à sa source porte la souillure sur toute sa longueur, la faute originelle fut transmise à l’humanité. Cette dissonance originelle ne pouvait être arrêtée par l’homme lui-même, car avec son être fini, borné, limité, il ne pouvait réparer une offense contre l’infini. Il avait contracté une dette si grande qu’il était incapable de la payer. Grâce aux mérites anticipés du Fils qu’elle devait porter plus tard, la Très Sainte Vierge était affranchie de la tache du péché originel. 
      
Il convenait que Celui qui est l’innocence même entrât par les portes d’une chair que le péché commun n’avait pas souillée, privilège de l’immaculée Conception. Puisqu’un ange déchu a tenté la première femme pour l’amener à la révolte, c’est par l’entremise d’un ange fidèle, Gabriel, que Dieu consulte Marie, la Nouvelle Eve, et lui demande d’être la Mère du Sauveur. L’ange demande à la Vierge si elle consent à être Mère. On sait qu’elle répondit « qu’il me soit fait selon votre parole ». Et le Verbe s’est fait chair, une chair qui va verser son sang pour notre rédemption, car sans effusion de sang il n’y a pas de rémission des péchés. L’histoire est remplie d’hommes qui ont prétendu venir de Dieu : Bouddha, Mahomet, Confucius, Luther et d’autres. La raison nous affirme que si l’un de ces hommes est vraiment venu de Dieu, le moins que Dieu puisse faire pour soutenir ses titres, c’est d’annoncer à l’avance sa venue. Si Dieu envoyait quelqu’un de sa part ou s’Il venait lui-même apporter un message d’une importance vitale pour tous, il semblerait raisonnable qu’Il fit d’abord savoir aux hommes quand viendrait son messager, où il naîtrait, où il habiterait, quelle doctrine il enseignerait, quels ennemis il se ferait, quel programme il adopterait pour l’avenir, de quelle façon il mourrait. Par la manière dont le messager se conformerait à ces prédictions, on pourrait juger de la validité de ses titres. Or il n’en est rien pour ces faux prophètes, ou prophètes de malheur. De plus la raison nous assure que si Dieu n’agissait pas ainsi, rien n’empêcherait un imposteur d’apparaître dans l’histoire et de dire : « Je viens de Dieu » ou « un ange m’est apparu dans le désert et m’a donné ce message ». En de tels cas, il n’y aurait aucun moyen objectif, historique, de mettre à l’épreuve le messager.
   
Nous devrions nous fixer à sa seule parole et, bien sûr, il pourrait se tromper.
   
Quant à Notre Seigneur Jésus-Christ, à cause des prophéties de l’Ancien Testament on s’attendait à sa venue. C’est à la lumière de leur accomplissement qu’on peut le mieux comprendre les prophéties de l’Ancien Testament. Les antiques prédictions désignaient Jésus et le royaume qu’il a établi. La promesse de Dieu aux patriarches qu’en eux seraient bénies toutes les nations de la terre, la prédiction que la tribu de Juda régnerait sur les autres tribus des Hébreux jusqu’à l’avènement de Celui à qui toutes les nations seraient soumises, la prophétie d’Isaïe touchant le serviteur patient qui offrira sa vie pour les péchés du peuple. Et une fois ces prophéties historiquement accomplies dans la personne du Christ, non seulement toutes les prophéties ont cessé en Israël, mais les sacrifices furent interrompus quand le véritable Agneau Pascal eut été immolé.
     
Un second fait distinctif, c’est que sa venue produisit dans l’histoire en tel choc qu’elle se sépara en deux et se divisa en deux périodes : celle qui précéda et celle qui suivit son avènement.
     
Tout autre individu qui ait jamais paru en ce monde y est venu pour vivre. Notre Seigneur Jésus-Christ y est venu pour mourir. Pour le Christ, la mort fut le but et l’accomplissement de sa vie, le trésor qu’il cherchait. Il est peu de ses paroles ou de ses œuvres qui soient intelligibles sans leur relation à sa croix. Il s’est présenté comme sauveur plutôt que simplement comme docteur. Il n’aurait servi à rien d’enseigner aux hommes la vertu sans leur donner la force d’être vertueux après les avoir arrachés au juste sentiment de culpabilité qu’entraîne le péché. L’histoire de toute vie humaine commence à la naissance et s’achève à la mort. Pour le Christ Jésus on peut dire que sa mort vient d’abord et sa vie en dernier lieu. L’Ecriture le décrit d’ailleurs comme « l’Agneau immolé dès le commencement du monde ». Il fut immolé en intention par le premier péché, la première révolte contre Dieu. Sa naissance nous parle du mystère du gibet de la croix. Il alla de la raison de sa venue manifestée par son nom « Jésus » ou « Sauveur » jusqu’à l’achèvement de l’œuvre par laquelle il est venu, c’est-à-dire sa mort sur la croix.
   
Il y a peu nous fêtions Noël, ce jour où le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous. La terre n’entendit pas, elle dormait. Les hommes n’entendirent pas ce cri « Le Verbe s’est fait chair », ils ignoraient qu’un enfant pouvait être plus grand qu’un homme. Les rois ne l’entendirent pas non plus, ils ne savaient pas qu’un roi pouvait naître dans une étable. Mais les bergers et les rois mages l’entendirent car seuls les très simples et les très savants savent que le cœur de Dieu peut se faire entendre dans le cri d’un enfant. Et ils vinrent avec des présents et l’adorèrent. Si grande était la majesté empreinte sur le front de l’enfant couché devant eux qu’ils ne purent retenir ce cri « Emmanuel, Dieu est avec nous ». De nouveau Dieu se révélait aux hommes. Cette fois, il brillait à travers le prisme de l’Incarnation et apportait la vie divine à la vie humaine. « Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance ». Non pas la vie physique qui meurt, mais la vie surnaturelle qui dure jusqu’à la vie éternelle. Il est le Fils du Dieu vivant qui vient nous donner la vie. Alors cette vie divine reçue au baptême, qu’en avons-nous fait ? Elle est ballottée par les eaux du péché, par les vents violents de la tentation. C’est vrai !
   
Il faut bien avouer que l’homme est un peu comme un marin. Il affronte la dure traversée de la vie, son existence est souvent menacée, secouée.
     
Nous espérions une vie calme comme un lac, et voilà les fortes tempêtes, la guerre, la maladie, la mort, l’incompréhension, l’hérésie qui continue à ravager l’Église ; les vagues de souffrance et de découragement passent par-dessus bord provoquant effroi, détresse, lassitude, révolte même chez certains qui ne comprennent pas que Dieu semble parfois dormir. La révolte révèle et montre à tous la tempête qui envahit une âme et cette nouvelle tempête ne viendra pas calmer celle qui nous vient du dehors. Un jour, sainte Thérèse d’Avila avait été terriblement tentée ; il lui semblait être seule et impuissante malgré sa prière. Quand le calme fut revenu dans son âme et qu’elle eut une vision, elle ne put s’empêcher de sa plaindre à Notre-Seigneur : « Vous m’avez délaissée, où étiez-vous Seigneur, alors que mon âme était si violemment portée au mal ? J’étais dans ton cœur lui répondit Notre-Seigneur , je ne t’ai pas quittée un seul instant. » Notre âme est-elle bien exposée à chavirer ? Notre bateau est-il en perdition ? On s’inquiète et on gémit, on ne comprend plus. Il semble que Notre-Seigneur soit insensible, indifférent au danger, apparemment il laisse tout aller. Mais non ! Quelle est la signature de Notre-Seigneur ? « Un grand calme ».
   
Telle est la signature de Notre-Seigneur qui réalise pleinement la promesse de Noël « Paix sur terre aux hommes de bonne volonté ».
   
Alors Notre-Seigneur se leva, commanda le vent et la mer et il se fit un grand calme. Celui à qui le vent et la mer obéissent saura apaiser toutes les tempêtes que les fidèles ou l’Église doivent traverser au cours de l’histoire. Il saura apaiser tous les drames qui déchirent le cœur des hommes, pourvu qu’avec une foi confiante, ils sachent crier, mais sans lâcheté, et c’est le dernier point que je voudrais aborder. « Chez l’homme prudent la crainte est naturelle dit le poète, mais savoir la vaincre c’est être vaillant ». Que la vaillance soit nécessaire pour une vie chrétienne, nous le savons que trop. Le christianisme n’a pas été inventé pour la vie facile, il comporte une certaine difficulté.
     
Regardez le jeune homme riche, qui était vertueux et que Notre-Seigneur regarde avec tristesse ; il n’a pas voulu suivre Notre-Seigneur par manque de vaillance. Et ainsi se perdent de très nombreuses personnes, jusqu’à nous fatiguer de le constater. Prenez par exemple ces personnes qui se mettent dans des situations irrégulières, qui filent du mauvais coton. Au début il est facile de rompre cela, mais cela devient chaque fois plus difficile jusqu’au jour où l’on n’a plus la vaillance suffisante pour rompre une chaîne qui devient infernale, qui dépasse nos forces. Si encore on reconnaissait la situation et si l’on disait « Je n’ai plus de forces », ce serait encore un moindre mal, mais il arrive quelque chose de pire bien souvent, on s‘invente une justification, ce qu’Aristote appelle « le syllogisme de l’ivrogne » on rationalise comme diraient les psychologues modernes. Beaucoup sont spécialistes en la matière, ceux qui arrangent la religion à leur manière.
   
Il faut donc beaucoup de vaillance pour regarder en face nos erreurs et nos défauts, car nous avons tendance à les occulter. II faut même beaucoup de vaillance pour nous regarder nous-mêmes si enclins à déformer le miroir intérieur.
Seigneur, nous périssons,
donnez-nous cette vaillance.

[FSSPX Actualités] Quand la Chine laisse célébrer 50.000 baptêmes

SOURCE - FSSPX Actualités - 13 mars 2019

En République populaire de Chine, près de 50.000 baptêmes ont été célébrés dans l’Eglise catholique en 2018, confirmant la fin du ralentissement observé sur la période 2010-2014.

Au moins 48.365 baptêmes ont été célébrés dans les églises et les communautés catholiques de la République populaire de Chine en 2018.

C’est le très officiel institut culturel Faith, basé à Shijiazhuang, capitale de la province chinoise du Hebei, qui a publié ces chiffres, incluant des données provenant de 104 diocèses catholiques reconnus par les autorités chinoises.

Quoique partielles - en l’absence des statistiques des diocèses de l’Eglise dite « souterraine », alors qu’un accord entre la Chine et le Vatican a été signé en septembre 2018 -, ces données semblent confirmer celles de l'année précédente, et attester une augmentation du nombre de baptêmes.

Les rapports annuels sur les baptêmes catholiques fournis chaque année par Faith à partir de 2000 ont permis de décrire une tendance fluctuante, alternant entre croissance (jusqu’en 2010), baisse significative entre 2010 et 2015, et renouveau à partir de 2016.

Faith, en fidèle porte-parole du régime maoïste, estime - au moyen d’une rhétorique convenue - qu’il reste à l’Evangile « une longue marche à parcourir » en Chine, invitant de façon pressante les responsables de la hiérarchie catholique, à tenir soigneusement à jour et à transmettre les registres... dans lesquels sont consignés les noms des fidèles.

Mais vu la sinisation systématique et aveugle du christianisme, voulue par le régime de Xi Jinping - dans un pays où l’Eglise représente 1% de la population – ce vœu ressemble davantage à un leurre.

[Paix Liturgique] La messe traditionnelle à Angoulême

SOURCE - Paix Liturgique - lettre n°686 - 13 mars 2019

Nous avons évoqué à plusieurs reprises* la situation de la messe traditionnelle à Angoulême car cette situation est emblématique d’un déni d’existence des fidèles attachés à la liturgie ancienne.
Un diocèse exsangue
Il est vrai que bien d’autres soucis accablent l’évêque d’Angoulême. La situation diocésaine laissée par le très moderne Mgr Dagens, de l’Académie française, est dramatique, notamment du point de vue économique. Le nouvel évêque, nommé en 2016, Mgr Hervé Gosselin, se plaignait d’avoir dû redresser un bilan économique désastreux : « À mon arrivée, cela a été un coup de découvrir le diocèse en grande difficulté économique. Nous devions redresser les finances. C’est comme si nous vivions au-dessus de nos moyens et que les ressources étaient trop faibles par rapport à nos réelles capacités. Nous avons dû réaliser des coupes budgétaires, vendre des biens et remplacer des postes. Nous n’étions pas déficitaires dans le bilan annuel mais le diocèse d’Angoulême n’avait pas de réserves. Nous partions vers la catastrophe. Aidés par des experts, nous avons pu redresser la barre financière et espérons rééquilibrer nos comptes pour 2020 ».

Ce lourd héritage économique a son pendant sur le plan religieux (voir notre Lettre n. 617). Nombre des églises d’Angoulême sont fermées de façon quasi permanente : Saint-Ausone est fermée depuis plusieurs années ; de même, Saint-André pour des travaux qui restent Hypothétiques ; Saint-Pierre Aumaître, Saint-Cybard et Saint-Jacques ont des messes épisodiques le dimanche ; la chapelle de l’Hôtel-Dieu, dans la ville haute, est désaffectée depuis des années ; à cela s’ajoute le récent incendie de l’église du Sacré Cœur, indisponible pour deux mois au moins (la paroisse a été relocalisée en l’église Sainte-Bernadette, jusque-là peu utilisée) ; sans oublier la Cathédrale, ouverte à la visite, très lumineuse, mais comme une grande coquille vide, déserte de clercs et de fidèles.
Une messe traditionnelle marginalisée
Mgr Dagens avait voulu faire de son diocèse « une terre déserte, altérée et sans eau », comme dit le psaume 63, du point de vue de la liturgie dite extraordinaire. « Angoulême est rouge depuis des siècles, dit un vieux catholique charentais, et a pâti d’évêques translucides, hérités de l’Histoire locale qui ont toujours eu un gros blocage vis à vis de la Tradition. Après il y a eu Mgr Dagens, une sorte d’évêque de cour sans l’intelligence et la finesse de Talleyrand. Il plastronnait mais au fond il se fichait de son diocèse et des tradis ».

Et cependant, le nouvel évêque, Mgr Hervé Gosselin, homme consensuel, a accordé en janvier 2017, il y a deux ans, que l’un de ses prêtres, l’abbé Jean-Baptiste Texier, puisse offrir une fois par mois la forme extraordinaire en l’église Notre-Dame d’Obezine. Quel dimanche ? Pour le savoir, il faut téléphoner…

Et ce fut tout : une seule messe par mois dans tout le diocèse ! Depuis, plus rien… Les fidèles Summorum Pontificum d’Angoulême, de Cognac, de Ruffec et de Confolens, avec lesquels nous sommes en contact, se désolent du mépris qu’ils subissent, dont témoigne le fait que l’abbé Texier est oublié de l’Annuaire diocésain en tant que célébrant du sanctuaire Notre-Dame d’Obezine. Prêtre fort classique, l’abbé Texier, 67 ans, fut formé à l’origine au séminaire de Paray-le-Monial. Ordonné en 1990, vicaire à Saint-Yrieix, en périphérie d’Angoulême, il avait de 2008 à 2010, de son propre chef, dans l’esprit du motu proprio Summorum Pontificum, célébré la liturgie traditionnelle chaque dimanche pour une quarantaine de fidèles. Confronté à de nombreuses pressions, fort mal inséré dans le diocèse, il a été prêté, en 2010, au diocèse de Bayonne. Retourné à Angoulême, sa seule mention dans l’annuaire diocésain d’Angoulême est : « prêtre chargé de célébrer la messe mensuelle dans la forme extraordinaire du rite romain ».
Dans un sanctuaire délaissé, une crypte en ruine
Située sous le flanc sud de l’acropole sur laquelle est perché le centre-ville d’Angoulême, Notre-Dame d’Obezine, sanctuaire marial de la ville, dont l’architecture néo-gothique de la fin du XIXe siècle, librement copiée sur celle la Sainte-Chapelle, pourrait être un centre religieux d’envergure. Or, sa seule activité officielle est un chapelet hebdomadaire, pour laquelle elle n’est ouverte que le mercredi de 14h à 16h30, pour quelques participants, dont la moyenne d’âge semble dépasser 80 ans.

Et malgré cela, les traditionnels se sont confinés dans la crypte pour ne pas mourir de froid en hiver dans une église sans chauffage, et une fois par mois seulement. Ils sont comme des étrangers de passage auxquels on a concédé d’occuper les parties les plus sordides de l’édifice, dans lesquelles on leur laisse déposer leurs bagages. On y voit des missels en rang et une caisse de graduels, mais aussi des statues récupérées çà et là, et même un chemin de croix posé par terre. Au fond, la chaufferie sert de dépôt de chaises, de caisses et même de vitraux posés en vrac contre un mur. Sur le côté, l’escalier en colimaçon qui mène à la sacristie haute –fermée – et à la flèche de l’église, mène aussi dans une sacristie basse qui sert de dépotoir, avec des armoires qui ne servent guère et une caisse de livrets de cantiques au beau milieu. Tout au fond, derrière deux poêles Godin rouillés qui feraient le bonheur d’un brocanteur, une pièce dont le plafond s’effondre et une porte à demi-condamnée qui donne sur une courette. L’on aperçoit encore des chandeliers dépareillés et une étagère pleine de canons d’autels divers.

Par un escalier à gauche de l’entrée – après une pièce sous la tribune qui sert de dépôt à de vieilles valises – on accède à la tribune poussiéreuse. Sur le côté, une armoire tout aussi délaissée recèle des cantiques mariaux, et même des vêpres en grégorien. Rien ne semble servir.

Symboliquement sans doute, l’édifice, dont cette partie a été concédée aux traditionalistes, ne dispose même pas d’eau courante, ni de toilettes…
Et pourtant, les fidèles existent
Il est clair qu’une messe mensuelle, dans de telles conditions matérielles, ne peut pas permettre la constitution d’une communauté vivante et croissante, comme partout ailleurs. Hervé Tertrais, qui s’est occupé de l’entretien de l’église et venait régulièrement au début, abonde : « Une fois par mois, ce n’est pas facile. On se désinvestit de sa paroisse pour ne rien pouvoir vraiment construire ici. Et la communication se fait très mal ici – les paroisses du centre-ville d’Angoulême ne diffusent pas nos jours et heures de messe. Les quêtes vont pourtant à la paroisse du centre-ville, mais leur responsable, Michel Manguy , 73 ans,voit les tradis d’un très mauvais œil ». Un autre paroissien enchaîne « Nous ne méritons pas d’être traités comme des chiens… nous avons montré notre bonne volonté et ce serait l’honneur du diocèse de nous accorder une messe tous les dimanches et fêtes dans une église chauffée avec le produit de nos quêtes ».

Or, un potentiel de pratiquants existe, comme partout, que prouve la demande récurrente et insatisfaite réalisée par des militaires d’Angoulême (le ville accueille, en effet, le 515e régiment du train et le 1er RIMA), ou encore le fait que les religieux de la Fraternité de la Transfiguration, proches de la FSSPX, rassemblent 100 fidèles tous les dimanches, à Saint-Aptone.

Et malgré tout, les fidèles de l’abbé Jean-Baptiste Texier ne se découragent pas. Ils sont une cinquantaine lors de la messe mensuelle. Le 3 janvier, lorsque l’évêque est venu les visiter, ils étaient 100. Ils savent qu’à la fin, il leur sera rendu justice, que ce statu quo indigne cessera et que leur droit à l’existence sera reconnu.
LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1 – Oui les fidèles attachés à La forme extraordinaires existent à Angoulême puisque plus d’une centaine d’entre-deux assistent chaque semaine à Saint-Aptone à la messe célébrée par les prêtres de la Fraternité de la Transfiguration.

2 – Oui les fidèles qui veulent vivre leur foi catholique au rythme de la liturgie traditionnelle en lien avec leur évêque existent puisqu’ils étaient plus de 100 à la messe du 3 janvier 2019 à laquelle a assisté, à leur grande joie, leur évêque Mgr Hervé Gosselin.

3 – Oui il se trouve à Angoulême des églises disponibles – et notamment Notre-Dame d’Obezine - pour accueillir dignement chaque dimanche et fêtes une messe célébrée selon l’usus antiquor même si cette édifice nécessiterait quelques aménagement pour être " habitable".

4 – En 2007 au moment de la promulgation du motu proprio Summorum pontificum, plusieurs pasteurs ont demandé aux catholiques qui venaient les solliciter, de vérifier si leur demande était bien réelle avant d’accorder des célébrations « extraordinaires ». 12 ans plus tard le constat existe que leur demande était bien réelle et qu’avec un peu de bienveillance elle pourrait constituer un poumon catholique, parmi d’autres, de la ville d’Angoulême…

5 – Alors Pitié Monseigneur ! Et à l’entrée de vos fidèles en Carême ceux-ci vous implorent pour être traités comme vos enfants avec amour et charité, pour que cesse leur injuste mise à l’écart.
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* dernièrement dans notre lettre 643