19 mars 2019

[F. Louis-Marie - Le Barroux - Lettre aux Amis du Monastère] Mea Culpa

SOURCE - Le Barroux - F. Louis-Marie - Lettre aux Amis du Monastère - 19 mars 2019

Il y a des psaumes que l’on ne comprend vraiment qu’en les vivant. Le psaume 31, par exemple, composé par un homme qui refuse d’abord de reconnaître son péché et, donc, de le confesser. Et il avoue que le fait de refuser de reconnaître ses torts le rendait malade. Ses os se consumaient, sa bouche hurlait et il se retournait dans sa douleur alors que les épines s’enfonçaient dans son âme. Plus il refusait sa faute, plus il en souffrait intérieurement. 
   
Il est étrange d’attribuer ce psaume au roi David. Ce dernier, en effet, après avoir commis un adultère avec Bethsabée, la femme d’un soldat qui se battait pour lui, après avoir essayé de faire porter à ce soldat la paternité de l’enfant conçu, après avoir manigancé pour le faire tuer au cours d’une bataille arrangée avec le général Joab, ne manifeste aucun remords et semble dormir tranquille comme un bébé innocent. Il a fallu le prophète Nathan, envoyé par Dieu, pour lui ouvrir la conscience en lui demandant de juger un crime commis par autrui : un homme riche d’un nombreux troupeau a volé la brebis unique d’un pauvre pour faire un banquet avec des amis. David explose alors de colère. Quelle lucidité quand il s’agit des fautes d’autrui ! Quel aveuglement quand il s’agit de sa propre faute ! Nous voyons là une des conséquences les plus immédiates du péché originel. Quand Yahvé a demandé des comptes à Adam, celui-ci a accusé Ève, la femme que Dieu lui avait donnée et, ainsi, de façon, très subtile, il accuse Dieu lui-même. Ève, quant à elle, accuse le serpent. Tous ont raison et tort en même temps. Raison de voir la responsabilité de l’autre mais tort de cacher leur propre responsabilité. Quand la Genèse dit que l’homme et la femme se sont cachés aux yeux de Dieu, il faut voir là le refus de reconnaître leur responsabilité et pas seulement la honte d’être nus. 
   
Mais David a reconnu sa faute devant Yahvé et il a fait pénitence. La vérité douloureuse a finalement été un baume sur sa conscience. 
    
Que cela nous serve de leçon ! La conscience a été créée à l’image du Dieu infiniment juste et, même si elle peut être tordue, elle garde en son fond une trace de cette justice et elle hurle, même si c’est de façon très profonde. Seuls le remords vrai, la contrition juste peuvent ouvrir le chemin à une vraie justice, dont l’âme a tant besoin, et seule la reconnaissance de sa faute peut mettre un coup d’arrêt à la spirale des ressentiments, d’où naissent les conflits destructeurs. 
     
+ F. Louis-Marie, o. s. b., abbé