SOURCE - Abbé Gabriel Billecocq, fsspx - Le Chardonnet - mars 2019
Du 3 au 5 février dernier, le pape François s’est rendu aux Emirats Arabes Unis pour un voyage « apostolique ». Il en a profité pour rencontrer plusieurs personnalités du monde islamique. Ces rencontres se sont soldées par un texte intitulé Document sur la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune. [1] Le document est co-signé par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar Ahmad Al-Tayyeb.
Bien révélateur du souffle
œcuméniste qui s’est
emparé de Rome, ce
texte, s’il parle de Dieu,
ne nomme ni Jésus, ni la
très Sainte Vierge, ne parle même pas
du Père, et s’il contient une fois le mot
salut, c’est pour parler « de valeurs
comme ancre de salut pour tous… »
L’avant-propos commence par ces
mots : « La foi amène le croyant à voir
dans l’autre un frère à soutenir et à
aimer. » Le but est clairement explicité : « Ce document [doit devenir]
un guide pour les nouvelles générations envers la culture du respect réciproque, dans la compréhension de
la grande grâce divine qui rend frères
tous les êtres humains ».
À l’imitation d’une prière, le cœur du
document commence par une série
de phrases qui débutent toutes par les
mots « Au nom de ». Inutile d’y chercher une invocation au Père au Fils ou
au Saint-Esprit ! Cependant, dans la
série de thèmes invoqués, on trouvera
la trilogie révolutionnaire : « Au nom
de Dieu qui a créé tous les êtres humains égaux en droits », autrement dit
au nom de l’égalité. « Au nom de la
fraternité humaine qui embrasse tous
les hommes... » « Au nom de la liberté
que Dieu a donnée à tous les êtres
humains... » On ne peut être mieux
servi... L’esprit franc-maçon est là.
Après ces incises, le document se
développe autour des notions de
tolérance, de paix, de fraternité humaine, d’éthique sans fin dernière et
condamne tous les extrémismes.
On notera alors quelques attaques larvées contre le véritable christianisme.
Par exemple l’intégrisme religieux, associé ici au fondamentalisme (il faut donc entendre certes les intégristes
musulmans mais aussi les intégristes
catholiques), est le fruit de la solitude,
de la frustration et du désespoir et
ont tous deux pour conséquence « la
dépendance et l’autodestruction individuelle et collective » ! Autrement dit
les catholiques dit intégristes sont des
malades mentaux.
Un peu plus loin, les Croisades sont
implicitement condamnées au nom
de la tolérance et de la paix puisque
« les religions n’incitent jamais à la
guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence
ou à l’effusion de sang ». D’ailleurs,
ajoute le document parlant de « notre
foi commune en Dieu », « Dieu, le
Tout-Puissant, n’a besoin d’être défendu par personne ». Les martyrs des
premiers siècles ou les missionnaires
ont donc versé leur sang en vain… Le
Pape François ne se fait certainement
pas des amis avec les saints du Ciel...
Il y a derrière tous ces arguments une
notion fausse de père et de frère. Un
père est celui qui donne la vie. Les
frères sont fils d’un même père et il
coule en eux une vie dont l’origine
est la même. Or s’il est bien vrai que
tous les hommes ont été créés par
Dieu, à ce titre ils ont quelque chose
de commun : ils dépendent tous du
même créateur. Mais à titre de créatures seulement. En revanche on ne
dit pas que tout homme est enfant
de Dieu. Cette expression est réservée
à ceux qui ont en eux la vie divine,
laquelle est dans l’âme par la grâce.
C’est pourquoi ne sont donc frères
au vrai sens du terme et par rapport à
Dieu que ceux qui vivent de la grâce et
de la charité. Autrement dit ceux qui
appartiennent à l’Église catholique.
Ainsi, les juifs, les musulmans et les
catholiques ne sont pas frères entre
eux, loin s’en faut. Il y a donc dans ces
expressions faussées un naturalisme
patent, c’est-à-dire que la vie surnaturelle est rabaissée à la vie humaine.
Mais il faut encore lire quelques paragraphes de ce document pour trouver
ce qu’il y a peut-être de plus monstrueux. Arguant que « la liberté est
un droit de toute personne », le texte
affirme aussitôt que « le pluralisme et
les diversités de religion, de couleur,
de sexe, de race et de langue sont une
sage volonté divine ». Autrement dit,
dans sa sagesse infinie, Dieu veut qu’il
y ait plusieurs religions pour sauvegarder la liberté humaine. Rien n’est
plus monstrueux ni même contraire
à la foi. Il s’agit là sinon d’une hérésie,
tout au moins d’un blasphème. Signé
par François. Dans d’autres temps,
Rome aurait déclaré sans hésitation
hérétique un évêque signant de tels
propos. Dans l’avion du retour, François a enfoncé le clou : « Du point
de vue catholique, le document ne
s’est pas éloigné d’un millimètre de
Vatican II… »
En se voulant un consensus a
minima sur des notions religieuses
très vagues, ce document répond là
aux vœux d’une religion noachide,
religion universelle voulue par les
juifs et si bien expliquée par le rabbin
Benamozegh [2]. C’est à se demander
donc si le pape a encore la foi et surtout s’il la professe.
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[1] Le document est disponible sur le site du Vatican à l’adresse suivante : vatican.va - Les
citations de cet article en sont issues.
[2] Élie Benamozegh, Israël et l’Humanité, Albin Michel, 1961