12 février 2000

[FSSP] Communiqué de presse du Supérieur de la Fraternité Saint Pierre

Fraternité Saint Pierre - 12 février 2000

La Fraternité Saint Pierre s'est réunit à Albano près de Rome, convoquée par le cardinal Felicci les premiers jours de février, du 8 au 11 février 2000.

La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre a tenu une assemblée générale à Rome du 8 au 11 février 2000. Elle a été convoquée par le saint Siège à cause de certaines difficultés internes. A la fin de quatre jours de discussion et de réflexion un accord a été trouvé comme base de réconciliation qui permettra une unité plus grande.

Les prêtres et diacres présents se sont engagés à se pardonner les manquements à la charité et à rester fidèles à l'idéal de la fraternité Saint Pierre et de ses fondateurs. Un comité - à nommer par le supérieur général - sera chargé de trouver des solutions aux problèmes existants et en réfèrera au chapitre général qui se réunira comme prévu au cours de cet été. Comme cela a été indiqué dans la lettre du 13 juillet 1999 de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, le Supérieur général retrouve donc les pleines facultés que le droit de l'Eglise lui accorde.

Rome, le 12 février 2000

Joseph Bisig,
Supérieur de la fraternité Saint Pierre

6 février 2000

[Abbé Tournyol du Clos, fssp] "les raisons de mon absence à l'Assemblée du mois de février 2000..."

SOURCE - Abbé Tournyol du Clos, fssp - 6 février 2000
MOTIFS DE L'ABSENCE DE MONSIEUR L'ABBE TOURNYOL DU CLOS A L'ASSEMBLEE DE FEVRIER A ALBANO

De l'abbé TOURNYOL du CLOS
Assistant
Fraternité sacerdotale Saint-Pierre
A Monsieur l'abbé BISIG
Supérieur Général
Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre

Beyrouth, le 6 février 2000
 
Monsieur le Supérieur Général,

Veuillez trouver ici, succinctement exposées, et telles que vous les connaissez déjà, les raisons de mon absence à l'Assemblée du mois de février 2000.

Après la façon inique dont votre propre autorité a été bafouée par les instances mêmes qui, face à une conspiration, auraient dû la défendre, je ne puis par ma présence, donner ma caution, fut-elle passive et muette, à un affrontement imposé par la même autorité. Je n'accepte pas non plus de me prêter à une manœuvre dont le but évident consiste en l'exploitation de différents internes depuis longtemps encouragés.

En effet, pas davantage que je n'ai approuvé la déloyauté de nos confrères, les accusations auxquelles ils se sont livrés contre vous et leur trahison vis-à-vis de nos actes fondateurs, je ne saurais aujourd'hui me faire complice de l'éclatement savamment programmé de notre Institut par les autorités chargées de le protéger.

Je refuse de me rendre complice du mépris dans lequel sont tenus : nos choix, nos fidélités, nos constitutions, nos vocations sacerdotales, et jusqu'à nos paroissiens.

1. Mépris de nos choix : ceux auxquels nous avons tout sacrifié. La Messe, le Catéchisme, l'Ecriture. Et le Rite tridentin dont la forme exprime plus adéquatement que le rite réformé la foi de l'Eglise au Sacrifice rédempteur; sa transcendance absolue, et sa place dans notre vie, notre apostolat et la conversion des âmes. Dites-moi quelle aurait été notre réaction s'il s'était trouvé quelqu'un, en 1988, pour nous demander la concélébration dans le nouveau rite que l'on tente de nous imposer aujourd'hui ?

2. Mépris de nos engagements : ceux que nous avaient dictés l'honneur - pas le nôtre, celui de l'Eglise - c'est-à-dire la fidélité et l'obéissance que nous n'avons cessé de lui montrer. Sans parler du mépris de nos constitutions, engageant l'autorité de l'Eglise à notre égard, mises à mal - ainsi que vous ne l'ignorez guère - par le non-respect de notre droit propre qui stipule le seul rite traditionnel. Et je voudrais savoir aussi pourquoi il nous est interdit de célébrer la messe selon ce même rite, constitutif de notre société, à Saint-Pierre de Rome ? Si nous ne sommes pas catholiques, qu'on nous le dise.

3. Mépris de nos séminaristes. Je n'insiste pas sur la crise qui n'a pas fini de cribler notre malheureux séminaire d'Allemagne et qui menace celui d'Amérique.

4. Mépris de nos paroissiens : scandaleux mépris. Plus fidèles que leurs inqualifiables "chapelains" aux textes fondateurs de notre Fraternité, abandonnés sans réconfort aucun au sabotage d'une minorité de conjurés, désorientés par le silence qui vous était imposé. Et à qui, dans ces circonstances terribles, nous n'avons eu à offrir que le lamentable spectacle de la division. Sans parler du mépris de nos bienfaiteurs, ceux qui assurent aujourd'hui les frais (somptuaires) de ce rassemblement; les mêmes qu'on sollicite pour construire des séminaires à la sortie desquels nous ne sommes plus en mesure de garantir l'exclusivité de la messe de saint Pie V.

Eh quoi, faudra-t-il un nouveau Néron pour nous aider à distinguer le bien du mal, rendre au sel sa saveur, et purifier dans le sang des martyrs un cléricalisme qui n'a rien à envier aux pharisiens de l'Evangile ?

Je ne me ferai pas complice de cette vilenie.

Je saisis aussi l'occasion pour vous rappeler quelques points d'échanges passés, voire de controverses, sur lesquels il est plus que jamais d'actualité d'apporter des solutions :

1/ Amélioration de la communication interne.
2/ Approfondissement de l'esprit de la Fraternité
3/ Explication de notre option en manière de liturgie
4/ Exercice du pouvoir

Vous priant pour leur expliquer ma défection, de faire état des lignes qui précèdent auprès des participants de votre assemblée, je vous prie Monsieur le Supérieur Général de trouver ici l'expression de tout mon respect,

In Christo.

Abbé Tournyol du Clos

2 février 2000

[Abbé Troadec, fsspx - Lettres aux Amis et Bienfaiteurs du Séminaire Saint-Curé-d’Ars] " Pourquoi la soutane ?

Abbé Troadec, fsspx - Lettres aux Amis et Bienfaiteurs du Séminaire Saint-Curé-d’Ars (Flavigny-sur-Ozerain) - 2 février 2000

A une époque où la plupart des prêtres ont jeté leurs soutanes aux orties, dans un siècle où l’homme moderne a de moins en moins le sens religieux, il est bon de réfléchir sur les raisons de notre attachement à cet habit. N’est-il pas un peu incongru, déplacé, exagéré de revêtir un habit qui n’est plus de mode aujourd’hui, et qui peut parfois attirer les quolibets ? Pour répondre à cette question, nous devons nous rappeler tout d’abord le rôle du vêtement et voir ensuite l’intérêt de la soutane à la fois pour celui qui la porte et pour son entourage.
 
En soi, le vêtement a pour but de couvrir le corps. C’est ce qui apparaît dans la Sainte-Ecriture après la chute de nos premiers parents. Le péché originel a entraîné la perte des dons prénaturels et notamment la perte du don d’intégrité qui assurait la soumissions parfaite des passions à la raison, et de la raison à Dieu. C’est pourquoi aujourd’hui où nous sommes atteints par la blessure de concupiscence, le vêtement nous permet de nous protéger contre cette faiblesse.
 
Mais le vêtement a encore un autre rôle. En effet, comme vous l’avez constaté, les vêtements sont divers en fonction des sexes, des cultures et du rang social. Ainsi au-delà de sa fonction première, le vêtement est un signe, c’est-à-dire qu’il désigne autre chose que lui-même. Il est un signe de reconnaissance, un signe qui permet de reconnaître ce que nous sommes. Il y a par exemple des vêtements féminins et des vêtements masculins ; il y a des vêtements civils et des vêtements propres à certaines fonctions sociales. Le gendarme, le soldat ou le contrôleur se reconnaissent à leur uniforme.
 
Or ce qui est vrai de la société civile est vrai également de la société religieuse. On reconnaît un capucin, un dominicain, un prêtre séculier à son habit. La soutane est donc un signe de reconnaissance. Elle est aussi un signe de séparation en raison de sa spécifié : elle nous met à part du monde. Le prêtre, le frère sont des séparés.
Un aveu bien éclairant
Et c’est bien ce que la soutane rappelle à celui qui la porte. Partout où il se trouve, le prêtre ou le ferre sait qu’il n’est pas un homme comme les autres ; il sait qu’il n’est plus du monde et qu’il doit vivre en conséquence. Voilà certainement un des plus grands bienfaits de l’habit religieux, et pour mieux nous en convaincre, nous n’avons qu’à laisser parler un ennemi de l’Église, Monsieur Ferdinand Buisson. Le 4 mars 1904, à la chambre des députés, ce parlementaire franc-maçon s’exprimait ainsi : " Je connais le proverbe qui dit : l’habit ne fait pas le moine. Eh bien, moi, je soutiens que l’habit fait le moine. L’habit est en effet, pour lui et pour les autres le signe, le symbole perpétuel de sa mise à part, le signe qu’il n’est pas un homme avec tous les hommes. Cet habit, c’est une force, c’est la force et la mainmise d’un maître qui ne lâche jamais son esclave. Et notre rêve, c’est précisément de lui arracher sa proie.
 
Quand l’homme aura déposé son uniforme du milieu où il est enrôlé, forcément il retrouvera la liberté de s’appartenir, il n’aura plus une règle qui enserre, moment après moment, toute sa vie, il n’aura plus un supérieur à qui demander des ordres pour chaque acte de son existence… il ne sera plus l’homme de la congrégation, il deviendra tôt ou tard, l’homme de la famille, l’homme de la cité, l’homme de l’humanité.
 
Il faudra bien que le religieux sécularisé se mette à gagner sa vie comme tout le monde. Nous n’en demandons pas plus, le voilà libre… Longtemps peut-être, il restera attaché à ses idées religieuses et autres. Gardons-nous de nous en plaindre… Laissons-le se laïciser tout seul, la vie aidant. Comptons sur la nature pour reprendre tous ses droits… C’est par la liberté que nous le gagnerons à la liberté. " (Discours repris par l’Abbé Dulac dans la revue Itinéraires de novembre 1971 in L’auto-démolition de la vie religieuse, page 152).
 
Ce texte montre très clairement le désir de nos ennemis de nous voir quitter notre habit et il en donne la raison : l’habit étant un signe extérieur de ce que nous sommes, et cela nous aide à rester ce que nous devons être, à savoir des hommes de Dieu.
 
Par conséquent, en cherchant à arracher aux prêtres et aux religieux leur habit, nos ennemis savent bien que la suppression du signe entraînera tôt ou tard la suppression de la réalité qu’il signifie : Enlevez au prêtre la soutane et vous verrez que le prêtre finira par perdre la conscience de sa vocation.
[…]
Autres bienfaits de la soutane
La soutane est une aide pour le prêtre en lui rappelant sans cesse sa vocation. Elle est également une protection dans les tentations. Elle a encore l’avantage de nous protéger du respect humain : si nous étions en civil, peut-être n’oserions-nous pas aborder certains sujets religieux, et la soutane nous engage à le faire.
 
La soutane a dons bien des effets positifs sur nous. Mais elle en a aussi sur les autres. Si l’uniforme quel qu’il soit ne donne pas la fonction, il aide à la remplir. N’est-il pas, par exemple, plus impressionnant de se faire arrêter par des gendarmes en uniforme que par des gendarmes en civil!  L’uniforme inspire le respect. De même, la soutane facilite l’ouverture des âmes. Combien de fois ne le voit-on pas dans notre ministère ! l’habit laisse rarement indifférent : il est source d’interrogations. cet été encore je l’ai remarqué au cours de plusieurs voyages : des gens m’ont abordé pour me donner des intentions de prières mais aussi pour parler religion… sans ce signe extérieur, ils ne se seraient pas ouverts.
 
La soutane est donc source de respect pour l’entourage et permet facilement d’élever les conversations au niveau spirituel. Mais elle est également une prédication. On raconte, dans la vie de Saint François d’Assise, que le saint demanda un jour à l’un de ses moines de l’accompagner pour prêcher ; et celui-ci fut tout surpris parce qu’ayant fait le tour du village, ils sont rentrés au couvent sans avoir prononcé une seule parole. C’était une leçon que saint François voulait donner à ces religieux : il voulait lui faire comprendre que l’habit est à lui seul une prédication.
 
Aussi, chers fidèles, vous comprenez pourquoi les séminaristes sont fiers de porter la soutane et de la porter avec honneur, sans complexe, heureux d’avoir été choisis par Notre Seigneur pour le faire connaître et aimer, par la leur vie tout d’abord mais aussi par leur habit.
 
Priez bien par conséquent, par tous ceux qui viennent de prendre l’habit ecclésiastique : qu’ils se confirment aux exigences de leur vocation et deviennent ainsi de dignes ministres de Dieu, capables de guider vos âmes sur le chemin du ciel."
 
Abbé Patrick Troadec, Directeur
Le 2 février, en la Fête de la Purification de la Sainte Vierge