29 août 2018

[Paix Liturgique] 43,4% des pratiquants de Saint-Germain-en-Laye prêts à accueillir la forme extraordinaire dans leurs paroisses

SOURCE - Paix Liturgique - lettre 658 - 29 août 2018

De 2009 jusqu'à 2011, Paix Liturgique a fait conduire par des organismes professionnels et indépendants des sondages dans 12 diocèses français qui nous semblaient intéressants pour compléter et préciser les résultats de nos sondages nationaux de 2001, 2006 et 2008. Les résultats de ces sondages – les seules études statistiques sérieuses menées sur la question pour le moment – révèlent une grande cohérence, dans le temps et dans l'espace, du sentiment des catholiques français à l'encontre de ce qu'il est désormais convenu d'appeler la « forme extraordinaire du rite romain ». Un sur trois au minimum se déclare prêt à y assister régulièrement pour peu qu'elle soit célébrée DANS SA PAROISSE. Cette année, nous avons voulu reconduire ces enquêtes non plus à l'échelle diocésaine mais à l'échelle d'une commune, celle de Saint-Germain-en-Laye, dans le diocèse de Versailles.

I – Pourquoi Saint-Germain-en-Laye ?

Importante commune des Yvelines (40 000 habitants), Saint-Germain-en-Laye compte encore deux paroisses (Saint-Germain et Saint-Léger) et donne son nom à un doyenné comportant aussi les groupements paroissiaux de Fourqueux-Mareil, de Marly-le-Roi et de Chambourcy.

Des la publication du motu proprio Ecclesia Dei adflicta de 1988, des familles de la ville ont demandé à leur curé la célébration de la liturgie traditionnelle. Face au refus de l'évêque de l'époque, elles ont pour la plupart rejoint le groupe de Port-Marly. Au moment du motu proprio de 2007, une demande rassemblant 40 familles représentant près de 200 âmes est exprimée au curé d'alors qui la soumet à son conseil paroissial qui refuse d'y donner suite « en raison des événements de Port-Marly », lesquels datent de près de 20 ans ! Régulièrement renouvelée depuis 2007, cette demande a tout aussi régulièrement été repoussée soit «parce qu'il n'y a pas de prêtre désireux de la célébrer » soit « parce qu'il n'y a pas de lieu de culte disponible ».

Or, depuis le 15 janvier 2017, la chapelle des franciscaines de Saint-Germain-en-Laye accueille chaque dimanche, et même désormais chaque jour, la célébration de la forme extraordinaire du rite romain en raison de la fermeture temporaire de l'église Saint-Louis de Port-Marly pour des travaux qui n'en finissent pas. Et, chaque dimanche ou presque, aux habituels fidèles de Port-Marly, se joignent de nouveaux fidèles habitant Saint-Germain-en-Laye heureux ou tout simplement curieux de participer à cette messe si longtemps prohibée dans leur ville.

II – Les résultats

Voici les résultats de ce sondage réalisé par le cabinet Progress Conseil auprès d'un échantillon de 412 catholiques déclarés sur un échantillon de 664 personnes représentatives de la population de 18 ans et plus résidant à Saint-Germain-en-Laye (62%). La passation des enquêtes a été réalisée par téléphone selon la méthode des quotas du 12 avril au 2 mai 2018.

En compliment figure un comparatif des principaux résultats de cette enquête avec ceux du sondage réalisé du 30 novembre au 8 décembre 2009 par le cabinet JLM Études dans l'ensemble du diocèse de Versailles .

1) Assistance à la messe

33,7% des sondés déclarent assister à la messe chaque semaine 
8,7% une à deux fois par mois 

soit au total 42,4% de pratiquants selon les critères contemporains 

13,8% pour les grandes fêtes 
23,5% occasionnellement 
20,1% jamais

2) Connaissance du motu proprio

52,7% de l'ensemble des catholiques du diocèse déclarent connaître le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI contre 47,3% qui n'en ont jamais entendu parler. Les résultats au niveau diocésain étaient forts différents puisque 69,2% avaient entendu parler du motu proprio contre 30,2% qui l'ignoraient et 0,6% qui ne répondaient pas. L'explication de cette difference réside sans doute dans le temps qui passe puisqu'en 2009 le motu proprio n'avait que deux ans et que le pape était toujours Benoît XVI.
De fait, chez les catholiques qui pratiquent au moins une fois par mois, le résultat se rapproche de celui du sondage diocésain puisqu'ils sont 77,1% à être au courant de l'existence du motu proprio contre seulement 22,9% qui l'ignorent (82,7% contre 17,3% lors du sondage diocésain de 2009).

3) Perception du motu proprio

43,4% des sondés trouvent normale la coexistence des deux formes du rite romain au sein de leur paroisse (contre 60,1% en 2009 pour l'ensemble du diocèse) ; 24,3% la trouvent anormale et 32,3% ne se prononcent pas (18,9% lors du sondage diocésain de 2009). 
Le résultat local de 2018 est en recul par rapport au résultat diocésain de 2009. Toutefois, la part de fidèles qui jugent « anormale » cette coexistence demeure proche de celle relevée par le sondage diocésain : 24,3% aujourd'hui contre 21,1% à l'époque. Plus qu'à un changement d'opinion des catholiques de Saint-Germain-en-Laye à l'égard du motu proprio, c'est à la méconnaissance que les catholiques ont aujourd'hui du motu proprio que ce recul semble devoir être attribué : de fait, le nombre de sondés ne répondant pas passe de 18,9% en 2009 à 32,3% en 2018. N'oublions pas en outre que sous Benoît XVI, à l'époque du précédent sondage, le thème de la plus grande dignité des célébrations liturgiques était central.

4) Participation à la forme extraordinaire

À la question « Si la messe était célébrée en latin et grégorien sous sa forme extraordinaire dans votre paroisse, sans se substituer à celle dite ordinaire en français, y assisteriez-vous ? », les catholiques pratiquants répondent :

Chaque semaine : 24%
1 ou 2 fois par mois : 19,4%

Soit 43,4% des pratiquants actuels de Saint-Germain-en-Laye qui iraient au moins une fois par mois participer à une messe en latin et en grégorien selon le missel de 1962, à la condition que celle-ci leur soit proposée dans leur paroisse. Un résultat au final pas si éloigné que ça de celui enregistré en 2009 au niveau diocésain : 50,3%.

III – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE

1) Le premier enseignement de ce sondage est qu'il confirme tous ceux précédemment réalisés, aussi bien au niveau national que diocésain. Même si les résultats sont un peu moins differents que ceux mesurés dans le diocèse de Versailles en 2009, ils restent très intéressants : - pour un catholique qui juge « anormale » la coexistence paroissiale des deux formes du rite romain, deux la jugent « normale », - plus de quatre pratiquants de Saint-Germain-en-Laye sur 10 assisteraient à la célébration de la forme extraordinaire en paroisse si celle-ci y était célébrée ordinairement. Rapportés au nombre d'habitants de la ville (45 000), voici ce que cela signifie : 62% de catholiques représentent 27 900 catholiques dont 42,4% sont pratiquants, soit 11 830 personnes ; 43,4% d'entre eux assisteraient au moins une fois par mois à la messe traditionnelle, soit 5 134 fidèles. Mais y a-t-il vraiment près de 12 000 pratiquants à Saint-Germain ? Les spécialistes des enquêtes d'opinion savent qu'il y a toujours une sur-réponse des sondés qui tendent à répondre dans le sens induit par le questionnaire qui leur est proposé : en l’espèce, l’attestation de présence hebdomadaire ou mensuelle à l’église est surévaluée par les intéressés. C’est une des raisons pour lesquelles le chanoine Boulard croyait plus aux enquêtes mesurant la pratique effective qu’aux sondages. Il reste que l’intérêt indubitable des sondages est d’indiquer des tendances et des proportions fiables. 

2) Les faits aussi le sont, qui confirment très exactement les proportions. Il y a depuis plus d'un an 10 messes dominicales célébrées à Saint-Germain-en-Laye : 6 dans la forme ordinaire (3 en l'église Saint-Germain, 2 en l'église Saint-Léger et une au Carmel) et 4 dans la forme extraordinaire, soit 4 pour 10 ce qui correspond exactement à la proportion de pratiquants de la ville désireux de bénéficier de la liturgie traditionnelle. En soi, l'offre liturgique actuelle à Saint-Germain correspond donc à la demande mesurée par notre sondage... sauf que les messes traditionnelles offertes actuellement en la chapelle des franciscaines sont supposées retourner demain à Port-Marly. 

3) La pastorale s’adaptera-t-elle à cette « demande » ? Très concrètement, que se passera-t-il donc lorsque l'église Saint-Louis de Port-Marly – dont la restauration prend bien plus longtemps que prévu – ouvrira enfin de nouveau ses portes , dans un mois, six mois ou un an ? L'une des deux paroisses de Saint-Germain-en-Laye offrira-t-elle enfin une célébration dominicale régulière de la forme extraordinaire ou les 40% de fidèles désireux d'en bénéficier devront-ils à nouveau s'en passer ?

4) Répétons encore une fois que plus aucun des obstacles opposés depuis 10 ans par les curés successifs de Saint-Germain-en-Laye à la célébration de la forme extraordinaire ne subsiste : le lieu de culte existe (la chapelle des franciscaines, donc) et les prêtres idoines aussi (au moins un des prêtres du doyenné est familier de la forme extraordinaire). Pourtant, l'été dernier, alors que les travaux en l'église Saint-Louis de Port-Marly semblaient devoir se terminer, le curé de la paroisse Saint-Germain s'était empressé d'annoncer l'arrivée de l'éparchie ukrainienne à la chapelle des franciscaines, comme pour couper l'herbe sous le pied des familles traditionnelles locales qui voulaient y conserver au moins une célébration de la forme extraordinaire chaque dimanche... Bref, aujourd’hui, la paix liturgique concrète existe dans la ville, parfaitement manifestée lors de la dernière Fête-Dieu, organisée conjointement par les communautés ordinaire et extraordinaire. Finira-t-elle avec le retour des « tradis » à Port-Marly ou se prolongera-t-elle pour le bien de tous ?

5) Il faut le souligner, la seule évolution notable que ce sondage local de 2018 révèle par rapport à notre dernier sondage national de 2008 et à notre sondage diocésain de 2011 est un « recul de mémoire » par rapport au motu proprio de Benoît XVI de 2007. Il y a donc pour nous un « devoir de mémoire », qui nous conforte dans notre volonté de continuer à offrir, chaque semaine, une information détaillée sur tel ou tel aspect de l'univers Summorum Pontificum et sur la diffusion toujours plus large de la forme extraordinaire dans le monde. À Saint-Germain-en-Laye comme en France. Dans le diocèse de Versailles comme à travers les 5 continents.

28 août 2018

[Le Sel de la Terre] Des évêques pour défendre la foi (éditorial)

SOURCE - Le Sel de la Terre - Été 2018
Le 30 juin 1988, Mgr Lefebvre accomplit l’acte le plus important de sa vie, «l’opération survie», afin de maintenir un foyer vivant au milieu des ténèbres qui se répandent dans l’Église et dans le monde. Ce jour-là il consacrait quatre évêques. Voici le rôle qu’il leur assignait:
Le rôle des évêques consacrés: les ordinations, les confirmations et le maintien de la foi [1] à l’occasion des confirmations [2].
Lors de leur consécration épiscopale, les quatre candidats ont émis la «profession de foi» demandée par l’Église (can. 1406).
Cette profession de foi se termine ainsi:
Cette vraie foi catholique, hors de laquelle personne ne peut être sauvé, que maintenant je professe spontanément et tiens véritablement, moi untel, je promets, voue et jure de la garder et de la confesser constamment, avec l’aide de Dieu, intégrale et immaculée jusqu’à la fin de ma vie, et de prendre soin, autant qu’il dépend de moi, qu’elle soit gardée, enseignée et prêchée par ceux qui me sont soumis, ou par ceux dont le soin concernera ma personne ou ma charge [3].
L’évêque est un docteur et un pasteur [4]. Il fait partie de l’Église enseignante. Il est donc capital qu’il professe et enseigne la vraie foi catholique.
C’est d’autant plus important que le modernisme est entré dans l’Église et a atteint les plus hauts sommets.
En 1849, le pape Pie IX dénonçait déjà ceux qui tentaient de pervertir, dans Rome même, «la sainteté de la Religion catholique et la règle irréformable de la foi»:
Qui donc ignore que maintenant, ô douleur ! la ville de Rome, siège principal de l’Église catholique, est devenue une forêt pleine de monstres frémissants, puisque les hérétiques, les apostats de toutes les nations, les maîtres de ce qu’on appelle le socialisme ou le communisme, animés contre la vérité catholique d’une haine profonde, s’efforcent par leurs discours, par leurs écrits, par tous les moyens en leur pouvoir, d’enseigner, de propager leurs fatales erreurs, et de corrompre les esprits et les cœurs, afin que dans Rome même, si cela était possible, la sainteté de la Religion catholique et la règle irréformable de la foi soient perverties [5]?
Les ennemis de l’Église ont réussi «l’attentat suprême» d’atteindre jusqu’au trône de Pierre pour y installer «un pape selon leur besoin [6]»:
«On a chargé nos épaules d’un lourd fardeau, cher Volpe. Nous devons faire l’éducation immorale de l’Église, et arriver, par de petits moyens bien gradués quoique assez mal définis, au triomphe de l’idée révolutionnaire par un pape.
Dans ce projet, qui m’a toujours semblé d’un calcul surhumain, nous marchons encore en tâtonnant [7].»
«Calcul surhumain», dit Nubius, il veut dire calcul diabolique ! car c’est calculer la subversion de l’Église par son chef lui-même, ce que Mgr Delassus [8] appelle l’attentat suprême, parce qu’on ne peut imaginer rien de plus subversif pour l’Église qu’un pape gagné aux idées libérales, qu’un pape utilisant le pouvoir des clefs de saint Pierre au service de la contre-Église ! Or, n’est-ce pas ce que nous vivons actuellement, depuis Vatican II, depuis le nouveau droit canon? Avec ce faux œcuménisme et cette fausse liberté religieuse promulgués à Vatican II et appliqués par les papes avec une froide persévérance malgré toutes les ruines que cela provoque depuis plus de vingt ans ! Sans que l’infaillibilité du magistère de l’Église ait été engagée, peut-être même sans que jamais une hérésie proprement dite n’ait été soutenue, nous assistons à l’autodémolition systématique de l’Église.
Autodémolition est un mot de Paul VI, qui dénonçait implicitement le véritable coupable: car qui peut «autodémolir» l’Église, sinon celui qui a pour mission de la maintenir sur le roc? […] Et quel acide plus efficace pour dissoudre ce roc, que l’esprit libéral pénétrant le successeur de Pierre lui-même [9]!
Plus que jamais, nous avons besoin d’évêques «qui gardent et confessent constamment la vraie foi catholique, intégrale et immaculée, et qui prennent soin qu’elle soit gardée, enseignée et prêchée par ceux qui leur sont soumis», condamnant sans ambiguïté les erreurs opposées, notamment le libéralisme qui en est la source [10]. Merci donc, à Mgr Lefebvre et à ceux qui poursuivent son « opération survie».
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1 — Souligné dans les notes originales. (NDLR.)
2 — Recommandations de Mgr Lefebvre aux quatre candidats à l’épiscopat, le 12 juin 1988, voir Le Sel de la terre 28, p. 165.
3 — «Hanc veram Catholicam fîdem, extra quam nemo salvus esse potest, quam in praesenti sponte profiteor et veraciter teneo, eamdem integram et immaculatam usque ad extremum vitae spiritum constantissime, Deo adjuvante, retinere et confiteri ; atque a meis subditis, seu illis quorum cura ad me in munere meo spectabit, teneri, et doceri, et praedicari, quantum in me erit, curaturum. Ego idem N. spondeo, voveo, ac juro.»
4 — Voir le schéma préparé par le cardinal Ottaviani pour Vatican II, Le Sel de la terre 29, p. 40
5 — Quibus Quantisque 20 avril 1849, allocution du pape PIE IX prononcée dans le consistoire secret.
6 — «Ce que nous devons demander, ce que nous devons chercher et attendre, comme les juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins» (Instruction permanente de la Haute-Vente de 1820). Ce texte et le suivant proviennent de l’ouvrage de J. C RÉTINEAU -JOLY , L’Église romaine en face de la Révolution, Paris, Cercle de la Renaissance française, 1976.
7 — Extrait d’une lettre de Nubius à Volpe , du 3 avril 1824.
8 — Le Problème de l’heure présente, DDB., 1904, t. 1. p. 195.
9 — Mgr M. LEFEBVRE , Ils l’ont découronné, 2e édition, Escurolles, Fideliter, 1987, p. 148.
10 — Voir l’éditorial du Sel de la terre 14: «A liberalismo, libera nos Domine».

27 août 2018

[FSSPX Actualités] France : le village natal de saint Médard renonce à honorer la vertu

SOURCE - FSSPX Actualités - 27 août 2018

En Picardie, le conseil municipal de Salency, une commune de 900 habitants, a provoqué un tollé en votant une subvention en vue de relancer une manifestation de tradition chrétienne qui remonte au Ve siècle et qui avait disparu du village depuis 1987 : la fête de la Rosière. Initialement prévue le 2 juin 2019, son objectif a pour but de récompenser « la réputation vertueuse » des jeunes femmes. Et c’est précisément ce que lui reprochent ses détracteurs…  

Des associations féministes se sont indignées contre cet événement « rétrograde et sexiste ». Une pétition contre son organisation a même recueilli plus de 40.000 signatures. Evidemment, le maire – sans étiquette – n’a pas tenu : 150 mails reçus en deux jours, c’était trop pour lui. Il s’est senti « blessé » et impliqué dans cette polémique « sans en être l’organisateur ». Prévu pour la mi-septembre, le conseil municipal de Salency s’est réuni en catastrophe le 22 août 2018 - fête du Coeur Immaculé de Marie - et a voté à la hâte et à l’unanimité l’annulation de la subvention de 1.800 euros accordée en mars à la fête de la Rosière.  

Il faut dire que les critères de sélection pour devenir la « Rosière de Salency » sont scandaleux aux yeux du monde : les candidates doivent faire preuve d'une « conduite irréprochable », être « vertueuses », « pieuses » ou encore « modestes »... Selon Bertrand Tribout, l’organisateur des festivités, la « Rosière » doit faire preuve de son « dévouement à sa famille, sa disposition à faire le bien et à éviter le mal, être toujours de bonne humeur et souriante... Être quelqu'un de sympathique au final ! Et ces choses-là se savent, on est un petit village ». Traditionnellement, elles devaient aussi être vierges. Mais, selon l’aveu même de l’organisateur ce critère n'a pas été mis en avant pour cette réédition. Le scandale aurait été encore plus grand. D’autant que la dimension religieuse de l’événement n’est pas cachée : une messe est prévue le matin et la jeune fille élue sera couronnée de roses par un prêtre. Bertrand Tribout lui-même est catholique pratiquant et, selon la presse, assiste à la messe dans « la forme extraordinaire ».  

La fête de la Rosière remonte à saint Médard, évêque de Noyon, né à Salency en 456. Il institua cette cérémonie pour encourager les jeunes filles à se conduire avec piété, vertu et modestie, selon le modèle de la Sainte Vierge. 

Une nouvelle délibération doit être prise prochainement pour décider définitivement de l’avenir de cette manifestation. La préfecture a récemment saisi la Direction des libertés publiques et des affaires juridiques, rattachée au ministère de l’Intérieur. Il s’agit désormais pour elle de « faire une analyse juridique des événements ». Un avis consultatif qui permettra de se prononcer ultérieurement sur l’annulation, ou non, de la fête. Ghyslain Chatel, sous-préfet de l’arrondissement de Compiègne-Noyon, est très réservé : « Il y a aujourd’hui une opposition qui risque de créer des troubles à l’ordre public, explique-t-il. Mais d’ici un an, on a le temps de voir venir. » Il y a de quoi être pessimiste. 

26 août 2018

[John Daly - Le Forum Catholique] Décès de Mgr Dominik Kalata

SOURCE - John Daly - Le Forum Catholique - 26 août 2018

Est décédé le 24 août à Bratislava Mgr Dominik Kalata, né le 19 mai 1925, ordonné prêtre le 12 août 1951, sacré évêque clandestinement le 9 septembre 1955, confesseur de la foi pour laquelle il fut incarcéré par les communistes en ce qui était à l'époque la Tchécoslovaquie.

En vue de la persécution, la communication entre les évêques catholiques de Tchécoslovaquie et le Saint-Siège passait par des intermédiaires laïques et son contenu ne s'écrivait pas. Les archives du Vatican restant fermées pour cette période, on ne connaît pas les détails avec certitude mais Mgr Korec, qui sacra Mgr Kalata, déclarait: « J’avais directement reçu de Rome [en 1951] une instruction précisant qu’il nous fallait toujours être deux évêques, uno nascosto, uno attivo, un caché, un actif, comme disent les Italiens. » Ce fut en vertu de ce mandat que Mgr Kalata fut sacré.

Dans les années récentes Mgr Kalata a réalisé plus de 100 confirmations en rite traditionnel utilisant du saint-chrême également confectionné selon le rite traditionnel.

Sauf erreur de ma part il ne reste que deux évêques sacrés sous le pape Pie XII.

Que Mgr Kalata repose en paix.

25 août 2018

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Jeu-Vidéo Truqué – II

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 25 août 2018

Si le Ciel dit qu’ici est la solution,

La voici, et non pas dans la révolution.

A la reine Isabelle, cette grande reine d’Espagne (1451–1504), on demanda un jour ce qu’elle voudrait voir représenté dans un tableau. Elle aurait répondu, “Je voudrais voir un prêtre disant la messe, une femme donnant naissance à un enfant et un criminel pendu au bout d’une corde”. Autrement dit, tout le monde a un rôle à jouer dans la vie et chacun doit jouer son rôle et non un autre. Imaginons ce qu’elle aurait dit à propos d’un monde où les prêtres célèbrent des pique-niques eucharistiques, où les femmes prennent la pilule et avortent en toute liberté, où les criminels sont condamnés à des peines de plus en plus courtes dans des prisons ressemblant à des hôtels de luxe. De nos temps, “Rien n’est que ce qui n’est pas”(Macbeth, I, 3).

Aujourd’hui, beaucoup de gens sentent que la vie moderne repose sur le mensonge, mais peu sont capables d’expliquer pourquoi rien n’est que ce qui n’est pas, ou pourquoi on ne trouve “rien de réel, rien à prendre au sérieux, Strawberry Fields for ever” (Les Beatles). Ils observent la police qui opprime, les journalistes qui mentent, les médicaments qui empoisonnent ; les avocats qui trichent ; les politiciens qui trahissent, les femmes qui se stérilisent, les jeunes qui se suicident, les enseignants qui corrompent, les médecins qui tuent, etc.,etc. ; et le pire de tout : les prêtres qui apostasient. Il est facile de voir autour de soi combien le monde est désordonné, à l’opposé de l’ordre juste que la Reine Isabelle avait en tête pour l’Espagne. Mais le désordre d’aujourd’hui est tellement sophistiqué, qu’il ressemble à l’ordre véritable d’autrefois. C’est pourquoi relativement peu de gens arrivent à déceler l’origine de ce désordre. Beaucoup abandonnent la tentative de l’identifier, préférant s’installer tout bonnement dans le confort matériel qu’il peut offrir. Par exemple, beaucoup de musiciens de rock s’enrichissent en criant contre les fruits pervers du matérialisme, mais peu d’entre eux ne cherchent la racine du mal. Au total, la plupart finissent par devenir matérialistes, confortablement installés, faisant partie intégrante du mensonge qu’ils dénonçaient avec pertinence à l’époque où ils gagnaient beaucoup d’argent.

On chantait autrefois, “Pourquoi, pourquoi, pourquoi, Dalila?”. Oui, pourquoi ? Parce que les gens ont tellement éloigné Dieu de leur vie, qu’il ne leur vient même plus à l’esprit que Son absence soit à l’origine du problème. Et si par hasard il leur arrive d’en avoir quelque soupçon, alors de même qu’autrefois ils se sont débarrassés de Lui, de même vont-ils maintenant chercher la solution en regardant n’importe où, plutôt que dans la bonne direction. Et pourtant, n’est-ce pas le Christ qui a créé, vers la fin des temps, cette chrétienté qui au Moyen Âge a élevé la civilisation à des sommets encore jamais atteints ? La “civilisation occidentale” en est issue, mais s’est passée du Christ. Or, une civilisation venue du Christ mais sans le Christ signifie une civilisation vidée de sa substance.

Toutefois, pour que les hommes ne soient pas tentés de retourner vers le Christ, cette civilisation vide doit concurrencer le Moyen Âge. C’est pourquoi les apparences du droit chrétien, des hôpitaux, des parlements, etc. doivent être conservées, même si elles ont été vidées de leur substance. C’est pourquoi nous souffrons depuis cinq siècles de toute une série de conservateurs qui n’ont rien conservé, si ce n’est les dernières conquêtes des libéraux. D’où cette interminable procession de politiciens hypocrites, extérieurement de droite, mais en fait de gauche, parce que les peuples réclament ces dirigeants qui semblent rendre hommage aux vestiges de Dieu et du Christ, mais qui, en réalité, servent le Diable en donnant libre cours à une liberté toujours plus grande vis-à-vis de Dieu et du Christ.

D’où le Concile Vatican II dans l’Église, qui a maintenu l’apparence extérieure du catholicisme tout en le remplaçant par la réalité du modernisme. D’où le Chapitre de 2012 de la Fraternité de Saint Pie X, prétendant maintenir la Tradition catholique tout en se préparant à l’inféoder à Vatican II. D’où le Chapitre de la Fraternité de 2018, semblant se débarrasser de l’artisan du Chapitre de 2012, tout en le remettant à côté du pouvoir. D’où un Chapitre représentant non pas la réalité de la situation de l’Église ou de la Fraternité, mais ce qui risque de s’avérer un jeu de vidéo truqué, fait pour tranquilliser ceux qui croient résister à la marche de la FSSPX vers la Rome conciliaire, mais un jeu qui de fait protège cette marche. Plaise à Dieu que nous nous trompions.

En définitive, y a-t-il encore une solution, quand le monde entier est en train de faire des jeux de vidéo truqués ? Il est impossible que le Ciel nous ait laissés sans moyen d’en sortir : Depuis le Moyen Âge, Notre Dame nous donne à tous le Rosaire. Dans les temps modernes, elle nous a donné la dévotion des premiers samedis du mois. Si nous négligeons ses remèdes, c’est à nos risques et périls.

Kyrie eleison.

21 août 2018

[Paix Liturgique] Mgr Sample: Comment se fait-il que les jeunes soient attirés par la messe traditionnelle?

SOURCE - Paix Liturgique - lettre 657 - 21 aout 2018

Une vaste foule garnissait la basilique de l'Immaculée Conception de Washington samedi 28 avril 2018 pour la messe pontificale solennelle qu'y célébrait Mgr Alexander Sample, archevêque de Portland, Oregon, selon les livres liturgiques de 1962. Organisée par le Paulus Institute, en présence de près de 2500 fidèles dont un clergé nombreux, cette messe en action de grâces pour le motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI a été retransmise en direct sur EWTN, première chaîne de télévision catholique au monde.

Au cours de cette splendide cérémonie, Mgr Sample a donné un sermon vigoureux, insistant sur le dynamisme de la liturgie traditionnelle, qui attire aujourd'hui tant de jeunes et dont, selon le vœu de Benoît XVI, la diffusion permettra demain à la liturgie habituellement offerte dans nos paroisses de renouer avec la pleine tradition catholique.
I – L'HOMÉLIE DE MGR SAMPLE
Washington, 28 avril 2018

Bien chers frères,

Nous voici rassemblés pour célébrer le dixième anniversaire du grand don fait à l'Église universelle par notre bien-aimé pape émérite, Benoît XVI, avec le motu proprio, Summorum Pontificum. Cher Saint-Père, de la part de tous ceux rassemblés ici, de ceux qui nous regardent sur EWTN et de tant d'autres, merci de la sagesse, de la prévoyance et de la générosité pastorale que vous avez démontrées en permettant à l'usus antiquior du rite romain de refleurir dans l'Église.

Alors que nous sommes réunis aujourd'hui en cette superbe basilique, il est difficile de ne pas remarquer la présence des si nombreux jeunes venus participer à cette Sainte Messe. J'ai rencontré beaucoup de vous en personne : vous êtes un signe, un grand signe, d'encouragement et d'espérance pour l'Église actuellement troublée par la sécularisation et le relativisme. Comme on le dit familièrement : « Vous avez tout pigé ! ». Vous vivez votre place dans le monde et dans l'Église comme une occasion de participer à la reconstruction de la culture de la vie dans la société et au renouveau de la culture catholique au sein même de l'Église.

Depuis la promulgation de Summorum Pontificum, j'ai souvent entendu s'exprimer dans l'Église, y compris de la part de prêtres et d'évêques, de la stupeur et de la consternation vis-à-vis de cette attirance que ressentent tant de jeunes envers la forme la plus vénérable de la liturgie romaine. Cela donne, par exemple : « Je ne comprends pas. Comment peut-on être attaché à une liturgie avec laquelle on n'a pas grandi ? » Quand le commentaire m'était directement adressé, j'ai souvent répondu : « C'est la bonne question. Pourquoi sont-ils attirés par cette liturgie ? Ou, plus exactement : qu'est-ce que cette forme du rite romain leur procure qu'ils ne trouvent pas dans la forme ordinaire avec laquelle ils ont grandi ? Répondre à cette question nous donnerait un aperçu de ce que pourrait être le futur de la liturgie. »

Que je ne sois pas mal compris : je ne remets pas en cause la réforme liturgique telle qu'elle a été réellement demandée par le concile Vatican II. Pas plus que je ne m'interroge sur la légitimité ou la bonté du missel de Paul VI. Toutefois, ne se pourrait-il pas que dans la mise en œuvre concrète des directives conciliaires tout n'ait pas donné de bons fruits ? Les abus et autres aberrations liturgiques, voire simplement la pauvreté de l'ars celebrandi, n'ont-ils pas trop souvent défiguré la forme ordinaire au point qu'elle ait été vécue comme une rupture avec notre passé ?

De nombreux jeunes ont découvert que cette forme de la sainte liturgie faisait pleinement part de leur héritage catholique. Je l'ai moi-même découverte quand j'étais étudiant. Par hasard. À l'époque, ce n'était qu'une relique du passé et je n'imaginais pas la célébrer un jour. 

Se peut-il que l'expérience de ces jeunes qui grandissent avec la forme ordinaire ne leur ait pas apporté la beauté, la révérence, la prière, la plénitude du sens du mystère, la transcendance, l'émerveillement et la sainte frayeur que la messe traditionnelle leur procure ? N'est-ce pas là qu'il faut chercher la réponse à la question posée précédemment sur ce qui attire tant de jeunes vers la liturgie Sainte Messe célébrée selon le missel de 1962 ?

Dans sa lettre aux évêques accompagnant la publication de Summorum Pontificum, le pape Benoît XVI a évoqué cette question. Faisant référence aux efforts de saint Jean-Paul II pour répondre aux demandes des fidèles attachés à la luturgie traditionnelle – ce que le saint pape fit avec son motu proprio Ecclesia Dei en 1988 – le pape Benoît écrivait : « Aussitôt après le Concile Vatican II, on pouvait supposer que la demande de l’usage du Missel de 1962 aurait été limitée à la génération plus âgée, celle qui avait grandi avec lui, mais entre-temps il est apparu clairement que des personnes jeunes découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement. C’est ainsi qu’est né le besoin d’un règlement juridique plus clair, que l’on ne pouvait pas prévoir à l’époque du Motu Proprio de 1988. »

En disant cela, je ne veux pas oublier cette autre génération, celle des catholiques demeurés fidèles à l'ancienne liturgie. Vous aussi avez votre importance. Cette messe [que nous célébrons aujourd'hui, NdT] est la messe de toujours qui a nourri la foi de générations de catholiques, y compris celle de mes parents. J'y pense souvent. C'est la messe à laquelle participaient mes grands-parents. C'est la messe qui a nourri la foi et la dévotion de ma maman dans sa jeunesse. Qu'elle repose dans la paix du Seigneur [la maman de Mgr Sample a été rappelée à Dieu en décembre 2017, NdT]. C'est la messe qui a attiré mon père vers l'Église et a soutenu sa conversion. C'est la messe qui a produit tant de saints.

Je crois que l'une plus importantes phrases de la lettre de Benoît XVI aux évêques que je citais à l'instant est celle-ci : « Il n’y a aucune contradiction entre l’une et l’autre édition du Missale Romanum. L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Église, et de leur donner leur juste place.»

Avant de poursuivre notre célébration du dixième anniversaire de Summorum Pontificum, je voudrais aborder un dernier point. Il s'agit de la raison positive qui a poussé le pape émérite à promulguer le motu proprio : parvenir à la réconciliation au cœur de l'Église.

Lors de ma visite ad limina à Rome en 2012, à l'occasion de notre rencontre avec le pape Benoît XVI, j'ai pu le remercier du don du motu proprio Summorum Pontificum. Il répondit longuement à mon intervention en expliquant qu'il avait publié ce texte pour réconcilier l'Église avec son passé. Cette réconciliation dont le pape émérite parlait implique d'apprendre de l'expérience de la sainte liturgie célébrée selon l'usus antiquior afin de mieux nourrir et ordonner notre compréhension du nouveau rite romain. En vivant côte à côte, les deux formes liturgiques de l'unique rite romain peuvent s'enrichir mutuellement et conduire peut-être à d'ultérieurs développements liturgiques. Après avoir mentionné quelques pistes pour l'enrichissement du missel ancien par le nouveau, le pape nous dit ceci à propos de l'enrichissement de la nouvelle liturgie par l'ancienne : « La célébration de la messe selon le missel de Paul VI sera en mesure de manifester plus puissamment que cela n'a été le cas jusqu'à présent la sacralité qui attire de si nombreuses personnes vers l'usus antiquior. La garantie la plus sûre que le missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé par elles consiste à le célébrer avec un grand respect, en harmonie avec les directives liturgiques : cela fera ressortir la richesse spirituelle et la profondeur théologique de ce missel. »

Je crois qu'il y a là une clé pour interpréter le désir du pape Benoît XVI : à savoir que l'essor de la forme plus ancienne de la liturgie produira, avec sa beauté, sa révérence et sa dimension sacrée, un développement naturel et un enrichissement de la façon dont est célébrée la nouvelle messe. Comme il le dit bien, il ne saurait et ne devrait y avoir de rupture entre les deux formes et chacun devrait pouvoir reconnaître l'ancienne forme dans la nouvelle. 

J'ai souvent l'impression que beaucoup de monde dans l'Église vit sa vie comme si l'Église avait remis les compteurs à zéro lors de Vatican II et comme si son passé n'avait plus aucune pertinence, surtout en matière liturgique. Or, il est nécessaire qu'il y ait une croissance et un développement liturgiques ultérieurs, en ligne avec l'herméneutique de la continuité avec le passé, de même que toute expérience de rupture doit prendre fin. Qu'il en soit ainsi.

Rendons grâces à Dieu, chers frères et sœurs, pour la vie, le ministère pastoral et le courage du pape émérite Benoît XVI. Remercions le Seigneur pour le don qu'il nous a fait, celui d'une meilleure disponibilité et d'une plus grande célébration de l'usus antiquior, notre héritage commun dans le rite romain. Prions pour le pape Benoît XVI afin que le Seigneur lui accorde la paix et la joie pendant qu'il lui est permis de demeurer sur la Terre, à prier et à se sacrifier pour nous. Prions maintenant en remerciement du plus grand des actes d'action de grâce – la célébration de la Très Sainte Eucharistie – et avançons-nous jusqu'à l'autel de Dieu.
II – LES RÉFLEXIONS DE PAIX LITURGIQUE
1) « Réconcilier l'Église avec son passé » : voici, selon les paroles mêmes de Benoît XVI, rapportées par Mgr Sample, la « raison positive » du motu proprio Summorum Pontificum. Il est toujours bon de le rappeler surtout quand, comme dans un récent article de l'édition internationale de La Croix, Benoît XVI est accusé d'avoir divisé l'Église avec Summorum Pontificum ! L'accusation, en l'espèce, est des plus spécieuses car l'auteur (le théologien Massimo Faggioli) écrit lui-même, fort justement, qu' « il ne peut y avoir de réconciliation entre catholiques sans réconciliation liturgique, étant donné la position principale de la liturgie dans la vie de l’Église ». Que cet auteur défende l'unicité de la célébration eucharistique soit, mais comment peut-il le faire sans s'interroger sur la brutale rupture représentée par la réforme liturgique de 1969 ??? Sans doute parce que, comme le dit bien Mgr Sample, cet auteur appartient à ce monde qui « vit sa vie comme si l'Église avait remis les compteurs à zéro lors de Vatican II et comme si son passé n'avait plus aucune pertinence, surtout en matière liturgique »...

2) Paradoxalement, ce rapport étroit entre unité de l'Église et foi en la Sainte Eucharistie est parfaitement explicité par Paul VI lui-même dans l'encyclique Mysterium Fidei que nous vous avons proposée la semaine dernière. Dans ce texte magistériel, Paul VI cite neuf fois le Concile de Trente, rappelant qu' « on ne saurait tolérer qu'un particulier touche de sa propre autorité aux formules dont le Concile de Trente s'est servi pour proposer à la foi le mystère eucharistique » et que celui-ci a résumé la doctrine eucharistique en enseignant « que notre Sauveur a laissé à son Église l'Eucharistie "comme symbole de son unité et de la charité par laquelle Lui-même veut voir tous les chrétiens intimement unis entre eux" ». 

3) Tout en rendant hommage à la génération « des catholiques demeurés fidèles à l'ancienne liturgie », Mgr Sample insiste sur l'attrait des jeunes pour la forme extraordinaire du rite romain. Une attirance qui surprend et consterne bon nombre de ses confrères, explique-t-il. Alors que l'immense majorité des évêques actuels ont connu les abus liturgiques post-conciliaires, bien peu semblent en effet établir un lien entre ceux-ci et le désir de beauté, de révérence, de prière, de transcendance, d'émerveillement, de piété, exprimé par les jeunes qui se tournent vers la messe traditionnelle. Mgr Sample, lui, n'hésite pas à faire ce lien, précisément parce qu'il a lui-même été marqué par les abus auxquels il a assisté voire participé, notamment lors de ses années universitaires comme il le racontait lors des rencontres liturgiques de Cologne en 2017 (voir notre lettre 592). 

4) « De nombreux jeunes ont découvert que cette forme de la sainte liturgie faisait pleinement part de leur héritage catholique. Je l'ai moi-même découverte quand j'étais étudiant. Par hasard. À l'époque, ce n'était qu'une relique du passé et je n'imaginais pas la célébrer un jour. » Rendons donc une nouvelle fois grâces à Dieu pour le motu proprio de Benoît XVI qui a officiellement légitimé une liturgie que les persécutions officielles prétendaient enfermer dans un placard au point qu'un évêque exemplaire comme Mgr Sample ait pu un jour la considérer comme « une relique du passé ». Et prions pour que Sa Providence nous donne toujoursplus de pasteurs emplis de zèle eucharistique, de clarté doctrinale et de courage pastoral, à l'image de Mgr Sample.

5) On pourrait ajouter que la diffusion de la messe nouvelle est concomitante de l’abandon massif de la pratique religieuse. L’effondrement de la pratique dominicale se résumant très précisément à ceci : alors que l’assistance à la messe « fonctionnait » jusque-là de génération en génération, les pratiquants engendrant des pratiquants, les jeunes des familles messalisantes ont brusquement cessé d’aller à la messe dominicale après le Concile ; devenus adultes, ils ont engendré tout naturellement des enfants non-pratiquants ; et ainsi de suite. À l’inverse, les fidèles qui sont restés attachés à la messe traditionnelle ont transmis leur manière de vivre leur foi catholique à leurs enfants, qui à leur tour ont fait de même. Ces populations jeunes qui peuplent les messes traditionnelles se gonflant en outre de nouveaux venus attirés par la qualité intrinsèque de ce rite.En résumé, la messe traditionnelle a été, conformément à sa nature, le vecteur d’une transmission, tandis que la messe nouvelle a porté les fruits de rupture de transmission qu’elle représentait.

[FSSPX Actualités] Australie : ordinations au séminaire Holy Cross

SOURCE - FSSPX Actualités - 21 aout 2018

Le 15 août 2018, Mgr Alfonso de Galarreta, Premier Assistant de la Fraternité Saint-Pie X, a conféré le sous-diaconat et les ordres mineurs au Séminaire de la Sainte-Croix à Goulburn, en Australie.

En présence de onze prêtres, d’une demi-douzaine de sœurs de la Fraternité et d’une centaine de fidèles, le premier candidat de la Fraternité originaire du Nigéria a fait le pas en s’engageant définitivement, devant Dieu et devant l’Eglise, dans le célibat ecclésiastique.

Mgr de Galarreta a également conféré les ordres mineurs de portier, lecteur, exorciste et acolyte à cinq séminaristes : deux Philippins, un Australien, un Sud-Coréen et un Néo-Zélandais.

20 août 2018

[Abbé Christian Bouchacourt, fsspx - Fideliter] Deo gratias ! Le district de France est le fils aîné de la Tradition catholique

SOURCE - Abbé Christian Bouchacourt, fsspx - Fideliter n° 244 - juillet-août 2018

Les membres du chapitre général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X m'ayant désigné pour être second assistant de M. l'abbé Davide Pagliarani, nouveau supérieur général, il me faut donc quitter le district de France pour m'installer à Menzingen, maison générale de notre Fraternité.

Je ne voudrais cependant pas laisser le gouvernail de ce beau navire qu'est le district de France sans remercier tout d'abord la sainte Providence, mais aussi mes supérieurs qui m'ont fait l'honneur de me confier la responsabilité de ce district. Il n'y a pas de plus belle tâche que de s'occuper de prêtres et de les aider dans leur charge : un supérieur de district est avant tout le curé des prêtres qui lui sont confiés.

Le district de France de la Fraternité Saint-Pie X est, en effet, une oeuvre magnifique au service de la foi, de la Tradition, de l'Église. Les presque 170 prêtres qu'il compte, mais aussi les 35 frères, les 11 oblates, assistés par plus de 80 Soeurs de la Fraternité Saint- Pie X, constituent une phalange militante d'une valeur et d'une efficacité exceptionnelles.

Le district de France possède une vocation propre dans la Fraternité Saint-Pie X. Il est, si l'on peut dire, comme « le fils aîné de la Tradition catholique ». D'abord, il a donné à notre congrégation son fondateur : c'est pour chacun de nous un immense honneur, mais aussi un appel à être de dignes fils de Mgr Marcel Lefebvre. Ensuite, il lui a fourni un nombre notable de prêtres, de religieux, mais aussi de fidèles : même si certains districts, comme celui des États-Unis sont devenus au fil des années de plus en plus considérables, celui de France reste encore aujourd'hui, sans aucun doute, le plus important. Enfin, la France a vu éclore sur son sol de nombreuses congrégations religieuses amies.

Au terme de ces quatre années de ministère, je voudrais aussi exprimer ma gratitude aux deux assistants, les abbés Émeric Baudot et Loïc Duverger, qui m'ont entouré de leurs conseils et de leurs sages avis, qui m'ont soutenu dans les moments plus difficiles que nous avons pu traverser.

Ma gratitude va ensuite à tous les prêtres et frères du district, qui oeuvrent avec courage et zèle, chacun à leur poste, pour la gloire de Dieu et le salut des âmes, dans nos prieurés et nos écoles. Je remercie aussi nos oblates et les membres du Tiers Ordre qui prient pour les prêtres et les soutiennent par leurs oeuvres dans la discrétion. Je voudrais exprimer aussi ma reconnaissance aux Soeurs de la Fraternité Saint-Pie X qui oeuvrent auprès des prêtres, dans nos prieurés et nos écoles primaires, avec un magnifique dévouement. Comme je voudrais qu'elles soient davantage connues ! Je remercie les Soeurs carmélites qui, dans le silence du cloître, nous soutiennent par leurs prières et leurs sacrifices. Ainsi que les religieuses dominicaines qui travaillent magnifiquement à former des générations de femmes catholiques, et les mères de famille dont notre France a tant besoin. Ma gratitude va aussi aux congrégations amies, nos frères d'armes que sont les communautés des capucins et des bénédictins, ainsi que les religieux et religieuses de la Fraternité de la Transfiguration. Sans oublier les religieuses dominicaines contemplatives, bénédictines, franciscaines, clarisses, et les petites Soeurs du Rafflay.

C'est vous enfin, chers fidèles de la Fraternité, de la Tradition, que je voudrais remercier d'une manière toute particulière, pour l'exemple que vous donnez chaque jour avec vos familles ; pour les sacrifices héroïques auxquels vous consentez dans l'éducation de vos enfants en ces temps difficiles que traversent l'Église et notre pays ; pour votre soutien matériel sans faille ; pour le secours constant de vos prières. Continuez avec vaillance à être le levain dans la pâte pour notre société qui ne cesse de s'affadir et de rejeter Notre-Seigneur ! Portez haut le drapeau sacré de notre sainte religion !

Pour tout cela, Deo gratias !

Je transmets donc le flambeau du district de France à M. l'abbé Benoît de Jorna, qui en fut le supérieur entre 1994 et 1996 et qui, lui aussi, quitta la France en cours de mandat pour assurer la direction du séminaire d'Écône, à la tête duquel il vient de passer vingt-deux ans. Il connaît ainsi la plupart des prêtres du district, qu'il a formés durant ces deux dernières décennies.

Que le Christ-Roi règne sur ce magnifique district de France et que Notre-Dame veille sur vous tous ! J'emporte, croyez-le bien, chacun de vous dans mes prières, et me recommande aux vôtres.

Que Dieu vous bénisse !

Abbé Christian Bouchacourt +, Supérieur du District de France de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X

18 août 2018

[FSSPX Actualités] Première messe en Irlande

Monsieur l’abbé O'Hart
SOURCE - FSSPX Actualités - 18 août 2018

Le 22 juin 2018 à Dillwyn (Virginie), Mgr Bernard Tissier de Mallerais imposait les mains à l’abbé Thomas O'Hart, originaire d’Irlande. Il s’agissait de la première ordination irlandaise pour la Fraternité Saint-Pie X depuis celle de l’abbé David Sherry en 2007.

Le dimanche 29 juillet, l’abbé O'Hart a célébré une première messe solennelle dans son pays, à Athlone, dans l'église Corpus Christi. Une semaine plus tard, le nouveau prêtre célébrait une autre première messe en l’église Saint-Jean l’Evangéliste de Dun Laoghaire. A l’occasion de ces messes, l’Eglise attache de nombreuses grâces que les fidèles peuvent gagner aux conditions habituelles sous la forme d’une indulgence plénière. Seigneur, donnez-nous des prêtres, beaucoup de saints prêtres!

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Chapitre Général – III

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 18 août 2018

Église, ou Fraternité, par Dieu iraient à bon port,
Sauf si les hommes refusent de Lui confier leur sort.

Quand l’autorité catholique se sépare de la vérité catholique, comme il s’est passé à Vatican II, ce n’est jamais la vérité qui a bougé, car la doctrine catholique ne peut pas changer. C’est donc l’autorité qui a bougé. C’est pourquoi la séparation de l’autorité d’avec la vérité à Vatican II n’est imputable qu’aux seules autorités de l’Église. Raison de plus pour chérir les autorités qui restent fidèles à la Vérité, à l’instar de Mgr Lefebvre et de sa Fraternité Saint Pie X. Raison de plus pour jeter encore un coup d’œil à ce qui est arrivé lors du récent Chapitre Général à Écône. La Fraternité reviendrait-elle sur le chemin de son fondateur après le dérapage de 2012, ou bien doit-on appliquer le proverbe français qui dit : « Plus ça change, et plus c’est la même chose » ?

Au début du Chapitre, trois nouveaux candidats ont été élus pour former le triumvirat (conseil de trois hommes) devant diriger la FSSPX. Beaucoup de bons prêtres de la Fraternité ont poussé un soupir de soulagement et, pendant quelques jours, ils se sont pris d’un réel espoir pour l’avenir. Mais, voilà qu’à la fin du Chapitre, le Supérieur Général sortant et son propre prédécesseur à ce poste, ont tous deux été élus au Conseil Général de la Fraternité, là où se prennent les décisions les plus importantes. Cette élection fut rendue possible grâce à la création de deux nouveaux postes de “Conseiller” : une nouveauté dans la Fraternité. Beaucoup de ces bons prêtres ont dû sentir une grande déception. Quel espoir reste-t-il maintenant de voir la Fraternité opérer un changement de cap et renoncer à l’orientation désastreuse qui l’inféode aux autorités infidèles, puisque deux des principaux artisans de cette orientation viennent d’être réintégrés au Conseil Général de la Fraternité ?

Toutefois, au moins un participant au Chapitre a reçu l’assurance que les deux « Conseillers » ne vivront pas en Suisse au siège de la Fraternité, à Menzingen ; qu’ils donneront ensuite des conseils uniquement sur les questions concernant la création ou la fermeture des établissements de la Fraternité, l’admission ou l’expulsion de membres de la Fraternité ; et enfin que la création des “Conseillers” était une mesure judicieuse de la part du Chapitre car elle permettrait d’apaiser les divisions au sein de la Fraternité. Pour autant, se sent-on vraiment rassuré ? Menzingen doit regagner la confiance que sa politique ambiguë, menée depuis 20 ans, a détruite. Voici les propos d’un commentateur, parmi tant d’autres, qui ne se fie pas à ce genre de propos lénifiants tenus récemment par les dirigeants de la FSSPX :

En réalité, le choix, décidé à l’avance, de l’abbé. Pagliarani comme nouveau Supérieur Général, masque la politique, également décidée à l’avance, tendant à confirmer le statu quo quant à la direction future de la Fraternité. Si deux nouveaux assistants furent ajoutés aux côtés du nouveau Supérieur, ce n’est certes pas pour la façon dont ils ont tenu tête à la Rome moderniste. En outre, le Chapitre a eu l’impudence d’inventer la fonction de deux “Conseillers”, fonction inconnue jusqu’ici dans les statuts de la Fraternité, et de “choisir” pour ce travail, les deux personnages les plus favorables à un accord avec Rome que la Fraternité ait jamais eus en son sein : l’abbé Schmidberger, bien connu pour son amitié avec le cardinal Ratzinger, et Mgr Fellay, bien connu pour ses « nouveaux amis » à Rome et pour son dévouement à la liquidation de la Fraternité, jusqu’à ce qu’elle soit remise, pieds et poings liés, aux apostats romains.

L’image qui en ressort n’est pas nécessairement celle d’une reddition inconditionnelle, mais nous y entrevoyons une nouvelle façon de se rapprocher de Rome en usant d’un peu plus de prudence et d’un peu plus de diplomatie envers les prêtres et les laïcs de la Fraternité. Cependant, étant donné que Dieu voit tout et prévoit tout ; que l’homme propose certes, mais que Dieu dispose ; il se peut que Notre-Seigneur intervienne et infuse dans l’âme du relativement jeune abbé Pagliarani, les dons de Conseil, de Force et de Crainte de Dieu dont il aura besoin pour redresser le cours du canot de sauvetage qu’est la Fraternité, et pour l’amener en toute sécurité à bon port. Que telle soit la volonté de Dieu !

En toute justice, rappelons que le Chapitre a réussi à changer le Supérieur Général, ce qui était la chose la plus importante à faire. Mgr Fellay et l’abbé Schmidberger, en tant que « Conseillers », pourront continuer à intriguer auprès des Romains pour combiner comment ramener ce qui reste de l’œuvre de Mgr Lefebvre sous la houlette de la Rome conciliaire. Il n’empêche que le pouvoir suprême appartient désormais à l’abbé Pagliarani. En fera-t-il bon usage ? Seul Dieu le sait. “La charité croit tout, espère tout” (I Corinthiens XIII, 7). Nous devons prier pour lui.

Kyrie eleison.

[Mgr Williamson - Initiative St Marcel] Jeu-Vidéo Truqué – I

SOURCE - Mgr Williamson - Initiative St Marcel - 18 août 2018

Politique, paix, ou guerre, à l’encontre,
Tout tourne autour du Christ, que l’on soit pour ou contre.

La charité commande certainement de prier pour le nouveau Supérieur Général de la FSSPX afin que Dieu lui donne le discernement et la force nécessaires pour ramener la Fraternité sur le chemin que Mgr Lefebvre avait tracé pour elle – et pour le bien de l’Église universelle. Mais, à regarder les choses de façon réaliste, il est probable que l’abbé Pagliarani n’ait pas de tels projets. En réalité, humainement parlant, tout indique qu’il est sur la même longueur d’onde que Mgr Fellay. Ne doit-il pas son élection comme Supérieur Général à un plan prévu et soutenu à la fois par Rome et par Mgr Fellay, au cas où ce dernier ne serait pas réélu, comme, en effet, cela s’est avéré ? Voici une notion de l’accord : si l’abbé Pagliarani consentait à s’occuper des intérêts de Mgr Fellay, en retour celui-ci soutiendrait en cas de besoin la candidature de l’abbé au poste de Supérieur Général. Voici quelques indications permettant de penser qu’ils conspirent pour amener la Fraternité Traditionaliste sous la coupe de la Rome Conciliaire –

On se souvient que, lors du Chapitre Général intermédiaire (non électif) de 2012, c’est l’abbé Pagliarani qui a sauvé Mgr Fellay des arguments dévastateurs présentés au Chapitre exigeant la démission de Mgr Fellay et son remplacement au poste de Supérieur Général. C’est l’abbé Pagliarani qui a affirmé alors devant tous que le Chapitre ne pouvait pas administrer une gifle au Supérieur Général ; et par une veulerie typique le Chapitre est immédiatement passé à d’autres sujets.

Peu après ce Chapitre, l’abbé Pagliarani a été promu (comme récompensé ?) par Mgr Fellay au poste éminent de Recteur du séminaire de la Fraternité d’Amérique latine, en Argentine, à La Reja. Là-bas, on a entendu plusieurs fois l’abbé Pagliarani critiquer ceux qui ne comprenaient pas la nécessité d ’un accord de la Fraternité avec Rome – ce qui était en parfaite conformité avec la politique de Mgr Fellay.

Quant à l’ajout des deux “Conseillers” au Conseil Général de la Fraternité, rapprochant ainsi Mgr. Fellay du pouvoir de la FSSPX dont il venait d’être évincé quelques jours auparavant, il est possible qu’un jour nous sachions exactement comment cela s’est passé. En tout état de cause, est-il probable que les Capitulants, dociles et respectueux comme ils l’étaient, eussent voté pour une telle mesure si elle n’avait pas semblé agréable au nouveau Supérieur Général ? En fait, ne serait-ce pas plutôt l’abbé Pagliarani en personne qui l’a proposée ?

Certes, tant que les faits ne sont pas encore connus, ces questions restent à l’état de spéculations. Cependant, ces spéculations ne sont en rien oiseuses car, au cours des prochaines années, le sort de la Fraternité aura une grande influence sur l’Église universel le. La Fraternité redeviendra-t-elle le rempart majeur de la résistance à l’apostasie conciliaire qui continue ses ravages au sein de l’Église, ou bien va-t-elle se joindre à ce mouvement d’apostasie ? Numériquement, la Fraternité a toujours été négligeable au sein de l’Église universelle en comparaison avec toutes les autres institutions qui la composent. Mais la fidélité sans faille de la Fraternité à la doctrine catholique et aux sacrements de toujours, abandonnés ou pervertis par les plus hauts dignitaires de l’Église, a fait de la Fraternité une force qu’ il fallait prendre en compte. La fermeté de Mgr Lefebvre sur la vérité l’a rendu redoutable. Les Papes conciliaires ne pouvaient ni l’avaler ni le cracher, alors qu’ils ont depuis longtemps avalé et dévoré Mgr. Fellay.

Le temps nous dira comment l’abbé Pagliarani assumera ses énormes responsabilités. En attendant, nous prions pour lui, mais humainement, nous n’avons pas trop d’espoir. Le risque est trop grand que les dirigeants de la Fraternité suivent l’ensemble des dirigeants du monde en transformant la Fraternité en un “jeu vidéo truqué”, expression qui est une bonne trouvaille pour décrire le monde qui nous entoure. Pour punir l’humanité qui abandonne Dieu partout, le Créateur semble donner à ses ennemis le pouvoir d’extirper les derniers vestiges du Christ et de la civilisation chrétienne. Cependant, au moins pour un certain temps encore, les apparences du Christ et de son Église doivent être maintenues jusqu’à ce qu’elles n’éveillent même plus de nostalgie chez les hommes en voie de déchristianisation. D’où le jeu vidéo sans réalité d’aujourd’hui sous des apparences d’hier. D’où le truquage des élections et des chapitres pour faire naître le Meilleur des Mondes, sans Christ ni Dieu.

Hélas, pour ces pauvres ennemis. Dieu existe... et le bras de Notre Seigneur se fait de plus en plus lourd !

Kyrie eleison.

16 août 2018

[FSSPX Actualités] France : Prier Notre-Dame du Puy pour une chapelle dans sa ville

SOURCE - FSSPX Actualités - 16 aout 2018

La Croix du 30 juillet 2018 se fait l’écho d’une polémique suscitée par l’opposition au Conseil municipal du Puy-en-Velay (Haute-Loire), à propos de l’acquisition de l’ancienne chapelle de la Visitation par la Fraternité Saint-Pie X. Quatre élus de gauche ont en effet adressé, le 18 juillet, une lettre au préfet de Haute-Loire, où l’on peut lire : « L’installation de cette secte catholique intégriste au Puy-en-Velay n’est pas anodine et pourrait engendrer des troubles à l’ordre public » (sic).

Selon Laurent Johanny, signataire du courrier, cette vente est révélatrice de la politique de Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes et ancien maire du Puy-en-Velay. « Dans sa politique nationale, il fait graviter autour de lui des cercles traditionalistes et ce rapprochement résonne à l’échelle locale », affirme-t-il à La Croix, tout en disant rester assez lucide sur l’impact de cette lettre, l’achat ayant déjà été acté.

De fait l’acquisition a été possible, grâce à la générosité des fidèles, mais il reste à réhabiliter le bâtiment laissé à l’abandon depuis de nombreuses années. Un site internet montre les plans du projet : chapelledupuyfsspx.com, et l’on peut adresser un don soit en ligne, soit au Prieuré Saint-François-Régis - 31 rue Holtzer - 42240 Unieux.

Afin de voir bientôt la messe traditionnelle célébrée dans cette belle chapelle, on peut aussi s’inscrire à la Confrérie de la Reine du Puy dont la double fin est d’honorer Notre-Dame du Puy et de se sanctifier par elle. Nul doute que l’intercession de la Mère de Dieu hâtera la réalisation de ce magnifique projet. 

La Confrérie de la Reine du Puy a été fondée, avec l’accord du supérieur du district de France, à la suite du Jubilé de 2016, pour répandre la dévotion à Notre-Dame du Puy et pour prier à ses intentions. Dans cet esprit, il est demandé aux fidèles la récitation ou le chant du Salve Regina – qui est l’Antienne du Puy – à chaque Angélus et à la fin du chapelet. C’est une incitation à croître dans l’amour filial de Marie, et à demeurer en esprit au pied de son trône au Puy.

Pour se renseigner et s’inscrire à la Confrérie de la Reine du Puy, prière de s’adresser à l’abbé Philippe Godard - Séminaire du Saint-Curé-d’Ars - 21150 Flavigny-sur-Ozerain.

15 août 2018

[RTS] Deux prêtres accusés de pédophilie aux Etats-Unis sont liés à la Fraternité Saint-Pie X

SOURCE - RTS - 15 août 2018

Trois cents prêtres sont soupçonnés de pédophilie aux Etats-Unis, selon un rapport américain révélé mardi. Cet immense scandale recèle des liens avec la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, établie à Menzingen (ZG) et à Ecône (VS).

Deux prêtres dont les noms figurent dans le rapport du procureur de Pennsylvanie ont été membres de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX). Il s'agit d'un religieux argentin et d'un autre américain, tous deux accusés d'abus sexuels à l'encontre de mineurs.

L’abbé Christian Thouvenot, secrétaire général de la FSSPX, a confirmé à la RTS que ces deux prêtres, aujourd'hui congédiés, ont fait partie de cette communauté catholique traditionaliste fondée en Suisse en 1970.

L’un des prêtres a été écarté alors qu'il résidait au Paraguay. Le scandale avait été rendu public en 2014, près de 15 ans après le départ de l'ecclésiastique de la FSSPX. Le Vatican était intervenu directement dans cette affaire.
Prêtre envoyé en Suisse puis en Ecosse
Le second prêtre semble lui avoir été écarté plus discrètement de la FSSPX. Le rapport du procureur de Pennsylvanie évoque des actes indécents avec des adolescentes alors qu'il exerçait en Californie en 2000. Ce religieux avait alors été renvoyé en Suisse au quartier général de la FSSPX.

L'abbé Christian Thouvenot précise qu'il est possible - mais il ne peut pas confirmer à 100% - que le prêtre soit bien passé par la Suisse pour un recadrage. Mais il assure que le religieux n'a jamais exercé dans le pays. Sanctionné rapidement, il aurait été envoyé en pénitence en Ecosse.

En 2001, un an après la révélation des abus sexuels en Californie, le prêtre aurait quitté de son propre chef la FSSPX pour retourner aux Etats-Unis. Il aurait alors essayé de se rapprocher de l'Eglise catholique romaine en tentant de rejoindre le diocèse de Scranton, en Pennsylvanie.
Pas d'autres cas, affirme la Fraternité Saint-Pie X
Mais le Vatican était intervenu en urgence et l'avait écarté définitivement. Le Saint-Siège avait invoqué des abus sexuels commis par le prêtre ainsi que son attitude de prédateur. Des informations rendues publiques par le rapport du procureur de Pennsylvanie.

Selon ce document, qui cite des archives des diocèses américains, le prêtre aurait admis avoir effectué des "caresses" et avoir exposé ses parties génitales à une jeune fille de 16 ans. La FSSPX aurait d'ailleurs communiqué avec le Saint-Siège pour dénoncer les abus du religieux.

Pour l'abbé Christian Thouvenot, ces deux cas représente une honte pour la FSSPX et pour l'Eglise catholique.

[Abbé Philippe Toulza, fsspx - Fideliter] Le féminisme à Innsbruck et Jean-Paul II et la femme

SOURCE - Abbé Philippe Toulza, fsspx - Fideliter - juillet-août 2018

Le féminisme à Innsbruck
« Solange Gott einen bart hat, bin ich feminist. » « Tant que Dieu aura une barbe, je serai féministe. » C'est ainsi qu'on pourrait traduire la réflexion scandaleuse qui s'affiche sur la façade de la cathédrale d'Innsbruck. Elle est apposée sur une armature montée pour des travaux de restauration ; aussi laide que l'échafaudage. Est-elle l'oeuvre d'un farceur ? Point du tout : c'est l'évêque du lieu, Mgr Hermann Glettler, qui a décidé qu'on afficherait cette insanité sur la cathédrale Saint-Jacques. Et ce n'est pas un farceur.

Il a choisi cette inscription en concertation avec son vicaire général, Florian Huber. Ils ont confié la « création » de l'oeuvre à Katharina Cibulka, une artiste branchée (les bobos ne sont pas tous en France, il y en a en Autriche aussi) qui lutte contre les discriminations envers les femmes. Ils n'ont rien trouvé de mieux pour décorer la façade pendant les travaux.

Décryptons le message ; il signifie : « Aussi longtemps que la religion verra en Dieu un Père et non une Mère, et que l'Église sera patriarcale, je lutterai comme féministe. » Le père Huber, aux dires du Spiegel online, fait sienne cette devise pourtant contreévangélique. Cela ne le dérange pas qu'on évoque avec désinvolture la paternité divine, encore moins qu'on participe à la révolution sociale que représente le féminisme.

Qu'on ne nous chante pas le vieil air : « C'est l'abus localisé d'un évêque autrichien. On pense autrement, à Rome. » Le pape François, s'il n'a pas péroré sur la « barbe » de Dieu, a jugé que « les femmes doivent être plus considérées dans l'Église », qu'« il est nécessaire d'agrandir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l'Église », que « l'Église a besoin d'une théologie féminine ». Des « espaces pour la présence féminine », il en a désormais, puisque le message putride de Mme Cibulka domine le sanctuaire de Dieu. Une « théologie féminine », Mgr Glettler lui en a servi une, puisqu'il voudrait que Dieu soit au moins autant femme qu'il serait homme.

Le pape ne s'en tient pas qu'aux paroles, il y joint les gestes. En 2014, un an après son élection, François a nommé une femme à la présidence de l'Académie pontificale des sciences sociales, une femme à la tête d'une université pontificale, cinq femmes au sein de la Commission théologique internationale. Il n'ira pas jusqu'à la fameuse « parité » puisqu'il exclut l'ordination sacerdotale des femmes, mais c'est la seule vraie limite annoncée.
Jean-Paul II et la femme
L'autre vieil air, « c'était mieux avec les prédécesseurs du pape actuel », qu'on ne nous le chante pas non plus. Pour s'en tenir à Jean-Paul II, il a publié en 1988 l'encyclique Mulieris dignitatem. Ce texte prétend exalter la dignité de la femme, mais c'est la dignité du pape qui en sort blessée.

Aux yeux de Jean-Paul II, avant le péché originel, entre Adam et Ève il y avait égalité. Lorsqu'il dit à Ève : « ton mari dominera sur toi », Dieu constate une domination, conséquence déplorable du péché, car elle rompt l'égalité. Il n'est pas possible de comprendre autrement le texte, dont voici seulement un extrait : « Cette "domination" désigne la perturbation et la perte de stabilité de l'égalité fondamentale que possèdent l'homme et la femme dans l'"unité des deux", et cela surtout au détriment de la femme, alors que seule l'égalité qui résulte de la dignité des deux en tant que personnes peut donner aux rapports réciproques le caractère d'une authentique communio personarum. » (§ 10). Il ne nie pas que c'est en correspondant à son rôle propre, donc en cultivant ce qu'il y a de féminin en elle, que la femme peut grandir et exceller. Mais à ses yeux il n'y a pas de hiérarchie naturelle entre l'homme et la femme. D'ailleurs, l'autorité n'est pas pour lui une supériorité, elle n'est qu'un service (alors qu'en réalité, elle signifie l'un et l'autre).

Mulieris dignitatem est une encyclique affligeante. Le souverain pontife y développe également l'idée que Dieu, en engendrant le Verbe, n'est pas davantage Père que Mère. Sur quoi se fonde-t-il pour cela ? Sur la sainte Écriture. Dieu dit par exemple en s'adressant aux hommes : « De même qu'une mère console son enfant, moi aussi, je vous consolerai » (Is 66, 13) ; il n'est donc pas que Père, il est aussi Mère, soutient le pape Wojtyla. Or c'est un faux sens. Dans la Bible, Dieu est parfois comparé à une mère (« de même »), mais il n'est jamais dit mère, alors qu'à de nombreuses reprises, il est dit Père, par exemple dans le Notre Père.

Si l'on fait le bilan, le féminisme qui prend l'Église en tenailles a donc deux mâchoires. L'une, la principale, c'est d'émanciper la femme, non seulement dans la famille en la libérant de la tutelle masculine, mais aussi dans la société en instituant une parité professionnelle, enfin dans l'Église en la faisant accéder à l'autorité. L'autre, c'est de réfuter l'idée que Dieu serait davantage Père que Mère.

Derrière la première idée, il y a ce principe subversif selon lequel l'homme et la femme seraient naturellement égaux en tout, et ce constat excessif qui voudrait que, de tout temps, la femme ait été maltraitée par l'homme. Sa dignité demanderait donc une émancipation. Pie XII a répondu à ces billevesées. Le 10 septembre 1941, il rappelait aux époux que la famille est patriarcale : « Toute famille est une société, et toute société bien ordonnée réclame un chef, tout pouvoir de chef vient de Dieu. Donc la famille que vous avez fondée a aussi un chef, un chef que Dieu a investi d'autorité sur celle qui s'est donnée à lui pour être sa compagne, et sur les enfants qui viendront par la bénédiction de Dieu. » C'est clair et net : il y a, en vertu de la nature des choses, donc antérieurement au péché originel, une hiérarchie qui veut que la femme, dans la famille, soit soumise à l'homme. Cette soumission n'est pas celle d'une servante, ce que le paganisme a souvent oublié, mais la hiérarchie est indéniable.

Comme l'explique l'abbé Daniel Couture f.s.s.p.x dans une conférence donnée au Canada, le féminisme est une forme de libéralisme. De même que l'homme peut refuser son rôle de responsable et le châtiment lié à ce rôle – à savoir la peine dans le travail – par la paresse, l'égoïsme, le manque d'autorité ; de même la femme peut refuser son rôle et le châtiment lié, par exemple par le féminisme. Le progrès technique et les législations modernes lui ont donné la possibilité de s'affranchir de l'ordre divin, non seulement par les machines qui allègent heureusement sa peine, mais par la contraception, l'avortement, le divorce. Or les conséquences sur l'unité conjugale et sur la maternité en sont catastrophiques.

Qui veut exalter la femme doit l'aider à remplir la mission que Dieu lui a confiée. Si elle est épouse, voire mère, c'est en étant parfaitement l'une et l'autre qu'elle s'accomplit et excelle comme femme ; comme compagne de l'homme, comme mère de ses enfants, sa richesse est du côté de la sensibilité, de l'intuition, de la générosité et de l'amour qui la rendent si précieuse ; dans ces domaines, de soi, l'homme lui est inférieur. Si elle n'est ni épouse ni mère, c'est dans la pureté et la vie intérieure qu'elle grandit. Autre est la hiérarchie du commandement pour le bien commun, autre est la hiérarchie des qualités et des vertus.

Pour répondre à la deuxième idée, Dieu n'est bien entendu, en tant que tel, ni homme ni femme. La génération du Verbe est asexuée. Alors, pourquoi le décrire comme Père plutôt que comme Mère, comme le fait le Christ ? C'est parce que le rôle de la paternité contient une « supériorité », tandis que le concept de maternité exprime une certaine « infériorité ». Cela doit être compris comme il faut et se fonde, au bout du compte, sur les rôles dans l'acte conjugal et dans toute la vie familiale et sociale.

L'abbé Georges de Nantes s'écriait à la lecture de Mulieris dignitatem : « Les femmes modernes ne le veulent pas (de l'ordre naturel) ? Jean-Paul II non plus ! Mais il n'est pas en leur pouvoir de changer l'ordre des sexes, encore moins l'ordre de la nature et la hiérarchie divine même !»

Dieu est Père ; il n'est pas Mère. La plus sainte des créatures est une femme. Ce n'est donc pas parce que la femme est, ici-bas, appelée à suivre et non à précéder, que l'essentiel, l'au-delà, est moins à sa portée.

L'auto-destruction de l'Église se continue ; l'évêque d'Innsbruck n'a rien compris, il se fait un agent de la révolution et de la déesse liberté ; les catholiques autrichiens feraient bien de tourner le dos à sa banderole et à sa révolution. Il n'emportera ni l'une ni l'autre en paradis.

[Abbé Jean-Michel Gleize, fsspx - Courrier de Rome] Nova et Vetera

SOURCE - Abbé Jean-Michel Gleize, fsspx - Courrier de Rome - juillet-août 2018

1. Dans une conférence donnée le 18 juillet 2018 à Licheń en Pologne [1] , Mgr Guido Pozzo, s’est à nouveau [2] exprimé sur les problèmes suscités par la mise en application du concile Vatican II, spécialement dans le domaine de la liturgie. «L’antique liturgie romaine et la crise contemporaine de la foi»: tel était en effet l’intitulé de son propos.
    
2. Avec une persévérance certainement digne d’un meilleur objet, le secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei expose ce qui serait selon lui le véritable motif de la débâcle post-conciliaire. S’il faut bien reconnaître qu’après Vatican II «une déchirure» s’est produite dans la liturgie et le culte, «le danger ne vient pas des livres liturgiques ou du nouveau rite mais du paraconcile, climat de l’époque servant à la fois d’inspiration à la constitution Sacrosanctum concilium mais aussi à des déviations». Autrement dit, ni le concile Vatican II, avec la constitution sur la liturgie, ni la réforme liturgique de Paul VI, avec le Novus Ordo Missæ, ne sauraient être tenus pour responsables de la crise qui sévit encore dans l’Église, spécialement au double niveau de la profession de la foi et de la célébration du culte.
    
3. Reprenant à son compte les réflexions de Joseph Ratzinger, à propos du lien observable entre cette crise ecclésiale et la décadence liturgique, Mgr Pozzo insiste avec force sur cette grille de lecture, à ses yeux fondamentale: «Encore une fois, le problème essentiel n’est pas le renouveau ordonné par le Concile, mais sa réception et la manière de l’appliquer dans la pratique». […] «Les contrastes qui sont apparus dans la réalité ne viennent pas du Concile. Je veux le souligner. Dans la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium il est dit que le latin doit être conservé avec large place pour les langues vernaculaires. On demande donc de conserver le latin. Sommes-nous donc vraiment fidèles au Concile en causant l’abandon presque total du latin?» Non seulement la constitution conciliaire devrait être absolument disculpée de toutes ces dérives, mais le rite postérieurement réformé en 1969 devrait rester lui aussi indemne de tout reproche: «Il est évident, qu’il n’y a pas de telles dérives dans les livres liturgiques, mais on les retrouve surtout dans la manière de former la conscience chrétienne du peuple de Dieu, ainsi que des prêtres. Le manque d’équilibre apparaît aussi dans la manière de comprendre, d’interpréter, et enfin de pratiquer concrètement la célébration.»
    
4. Tous les déboires de la nouvelle liturgie s’expliqueraient donc en raison d’un «contexte culturel marqué par la sécularisation». De telle sorte que, dans un contexte différent, dans un climat doctrinal où la formation catéchétique et liturgique eût été correcte, «les nouveaux livres seraient compris et appliqués conformément au mystère de la foi». Si le culte de la sainte Église a subi une éclipse dans sa dimension sacrée, dans la présence réelle et dans la nature sacrificielle de la Messe, il faudrait en imputer la responsabilité profonde à la sécularisation de la théologie et de la vie chrétienne, qui a «changé la liturgie en activisme». À cet égard, Mgr Pozzo va jusqu’à évoquer une «protestantisation de la liturgie catholique», qui viendrait du fait que l’on en est venu, dans les différentes célébrations, à «souligner unilatéralement la signification de la communauté et de la cène, non pas comme un banquet sacré (le sacrum convivium thomiste), mais comme simple repas fraternel». Pour avérée qu’elle soit, et dénoncée comme telle par les plus hautes instances dans l’Église, cette protestantisation ne viendrait pas du nouveau rite, pris en tant que tel. Elle procéderait de trois racines profondes: la sécularisation de la foi, de la liturgie et de la charité. La sécularisation de la foi consiste à imprégner la culture catholique du relativisme doctrinal, religieux et moral, réduisant la foi chrétienne «à une opinion subjective, égale à d’autres convictions subjectives parallèles». La sécularisation de la liturgie consiste à remplacer la catégorie du sacré par la catégorie de profane, la liturgie devenant ainsi avant tout un évènement social et communautaire. La sécularisation de la charité remplace la charité évangélique (l’amour de Dieu et du prochain) par la réalisation de la fraternité humaine, dans laquelle le rôle principal revient à l’activité humaine: cette sécularisation de la charité représente «une nouvelle forme du pélagianisme, qui élevant l’activité humaine prive l’action chrétienne de la force et de la primauté de la grâce». Selon Mgr Pozzo, cette triple sécularisation serait la cause (ou du moins l’occasion prochaine) de la désacralisation observable dans la nouvelle liturgie, et non point l’effet propre et immédiat de la réforme du Novus Ordo Missæ.
    
5. Le moyen d’échapper à cette sécularisation serait alors de susciter un autre climat, dans lequel le nouveau rite réformé par Paul VI pourrait enfin donner toute sa mesure. Pour ce faire, «le Motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI a joué un rôle primordial». Et pour bien caractériser, une fois pour toutes, ce rôle, Mgr Pozzo commence par rappeler quel est le principe de base de ce Motu Proprio: «La réforme liturgique du Concile Vatican II ne peut pas être considérée comme une rupture avec la tradition liturgique, mais il faut la comprendre comme un renouvellement en continuité avec ce qui est essentiel.» Par conséquent, il ne saurait être question de mettre en évidence quelque opposition doctrinale ou liturgique entre l’Ordo traditionnel de saint Pie V, qui correspond désormais à une «forme extraordinaire» du rite romain, et le nouvel Ordo réformé par Paul VI, qui correspond à la «forme ordinaire» de ce même rite. «Les formes extraordinaires et ordinaires du rite romain ne doivent pas être considérées comme étant une exception d’un côté, une règle de l’autre, mais comme des formes d’égale valeur, même si la forme ordinaire est plus répandue et plus courante, et la forme extraordinaire plus spéciale et exceptionnelle, c’est pourquoi on lui dédie une législation propre qu’il faut respecter en la célébrant.» En vertu de ce principe de base, avec la réforme de Paul VI (cf. l’Institutio generalis, n° 3) «la doctrine catholique n’a pas été changée dans le rite romain de la Messe, car la liturgie et la doctrine sont inséparables et par nécessité indivisibles». Ce qui a pu changer entre les deux formes du rite romain, «ce sont des accents qui n’influent pas sur l’unité essentielle de la liturgie». Car «le Concile voulait réformer la liturgie de façon à garder l’unité avec la Tradition».
    
6. Fort de ce principe, Mgr Pozzo croit découvrir dans le Motu proprio Summum Pontificum le remède grâce auquel le véritable esprit du Concile, sa «mens», pourrait enfin prévaloir sur toutes les dérives du paraconcile, du moins en matière liturgique. Le remède ne doit pas consister à désavouer les principes de la réforme liturgique, tels qu’ils se sont exprimés à travers la constitution Sacrosanctum concilium de Vatican II et le Novus Ordo de Paul VI. Le remède consiste à «reprendre à nouveau ces principes et à les appliquer aussi dans la célébration de la forme ordinaire», mais à la condition de dissiper les fausses interprétations du paraconcile. Et c’est justement pour remplir cette condition que le recours à la forme extraordinaire, que Mgr Pozzo qualifie d’«usus antiquior de la liturgie», s’avère «un trésor précieux qu’il faut ouvrir pour tout le monde afin de garder la foi authentique, la liturgie et la charité». L’usage du Missel de saint Pie V serait en effet le moyen de restaurer dans l’usage du nouveau rite de Paul VI «la signification et la sacralité de la liturgie catholique, qui doit s’exprimer par des gestes et exprimer l’intégralité de la saine doctrine liturgique». Bref: «Les deux formes de la liturgie romaine, l’ordinaire et l’extraordinaire, représentent un exemple de développement et d’enrichissement mutuel». En ce sens, «le Motu proprio Summorum Pontificum promulgué par Benoît XVI, grâce auquel la richesse de la liturgie romaine est devenue accessible à l’Église universelle, constitue la continuation du magistère de ses prédécesseurs». Car le recours à la forme extraordinaire du Missel de saint Pie V, aussi élargi et normalisé soit-il, ne saurait remettre en cause la légitimité et la bonté foncière, sur le double plan doctrinal et liturgique, du Novus Ordo de Paul VI. «Les observations critiques sur les manières discutées d’appliquer le renouvellement liturgique ne doivent pas remettre à nouveau en question le Missel publié par Paul VI, puis, édité pour la troisième fois avec l’approbation de Jean-Paul II, et qui demeure la forme ordinaire de liturgie eucharistique. En revanche, la célébration de la Sainte Messe selon l’usus antiquior aide sans doute à saisir et rendre visibles avec plus de clarté et précision certains aspects, certaines vérités doctrinales, qui peuvent être éclipsées par une manière banale ou incorrecte de célébration du rite nouveau.» Les différences qui peuvent exister entre les deux formes du même rite tiendraient donc à des manières diverses de mettre en relief les mêmes principes, mais il n’y aurait pas «deux manières contradictoires d’être catholique ou de célébrer la gloire et le sacrifice du Seigneur»; les deux formes doivent être appréciées «comme un héritage commun», même s’il comporte «des accentuations différentes de la même foi». L’enrichissement mutuel consisterait alors à «retrouver l’unité fondamentale du culte catholique au-delà de la diversité des formes». Telle est l’intention principale du Motu proprio de Benoît XVI, selon l’explication qu’en donne Mgr Pozzo.
    
7. En définitive, cette intention est de conserver l’unité de l’Église, telle qu’elle doit nécessairement reposer sur les réformes doctrinales et disciplinaires, entreprises par le concile Vatican II et par Paul VI. La conclusion du discours tenu par Mgr Pozzo est très claire sur ce point. «Aujourd’hui d’une manière particulière je dirais que face aux abus et erreurs, qui défigurent la liturgique telle que l’a voulue Paul VI, telle que l’a voulue le Concile, et qui sont souvent un effet de la crise de la foi qui éclipse la dimension surnaturelle de l’existence chrétienne et du mystère de l’Église même, nous devrions être reconnaissants pour le Motu Proprio Summorum Pontificum et l’instruction Universæ Ecclesiæ qui l’accompagne, car ces deux textes ont restauré l’antique forme de la liturgie de l’Église à la vie de l’Église, comme un don qui sert à renforcer tout le corps de Christ, dont nous sommes tous membres et serviteurs selon le mode qui convient à chacun d’entre nous.»
    
8. Peut-on alors dire que le Motu proprio de Benoît XVI a redonné, véritablement, droit de cité dans l’Église à la liturgie catholique traditionnelle? Les propos récemment tenus par le secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei, même s’ils vont jusqu’à dire que la forme extraordinaire ne doit pas être considérée comme «une exception», obligent tout de même à nuancer considérablement une pareille appréciation. Il est clair que, dans l’intention de Benoît XVI, assez fidèlement explicitée ici par Mgr Pozzo, l’initiative de Summorum Pontificum intervient plutôt pour renforcer la mise en pratique du Novus Ordo Missæ de Paul VI. En somme l’ancien rite de la Messe de toujours serait mis à contribution pour purifier des abus qui en ternissent l’usage le nouveau rite de Paul VI et de Vatican II, nouveau rite que Mgr Lefebvre n’hésitait pourtant pas à qualifier de «Messe de Luther». La résurgence des messes célébrées selon l’ancien Ordo de saint Pie V a pour but avéré de créer le climat favorable à l’éclosion des bons fruits du nouvel Ordo, jusqu’ici censés occultés ou empêchés à cause du climat défavorable suscité par le paraconcile. Les deux rites seraient donc l’expression également bonne et légitime d’une même orthodoxie catholique, doctrinale et cultuelle. Le droit de cité, s’il en est un, reconnu à la messe de toujours, fût-il même donné à part entière, et non à titre d’exception, passe donc par la reconnaissance de principe de l’incontestable orthodoxie doctrinale et liturgique de la nouvelle messe. Et voilà justement pourquoi ce supposé «droit de cité» ne peut guère satisfaire, dans son fondement même, un catholique soucieux de préserver l’intégrité de sa foi et de la Tradition de l’Église. Car la doctrine, si elle est vraiment orthodoxe, ne saurait aller de pair avec un rite ouvrant la porte à la diminution et à la perte de la foi. Encore moins se mettre à son service, dans un enrichissement réciproque.
    
9. Nous en revenons hélas toujours au même subterfuge. En dépit des meilleures dispositions personnelles qui peuvent animer ici ou là les représentants du Saint-Siège à l’égard de l’ancienne messe (et nous sommes bien conscients qu’elles sont aujourd’hui meilleures qu’il y a seulement vingt ans), cette conférence donnée aujourd’hui par Mgr Pozzo n’est qu’un écho de plus de tous les Discours tenus par le Pape Benoît XVI pour disculper le Concile et ses réformes. Cette explication tient en une distinction, que Joseph Ratzinger n’a cessé d’élucider et de mettre en avant comme principe de solution, durant toute son activité de théologien et de Pape, depuis les Entretiens sur la foi en 1984, jusqu’au Discours de 2005 en passant par le Discours à la conférence épiscopale du Chili en 1988. Distinction entre le Concile et le paraconcile, entre le concile réel et le concile virtuel, entre le concile des pères et le concile des médias. L’on trouve la synthèse parfaite de cette démarche dans l’un de ses derniers discours, le 14 février 2013, quelques jours avant que le Pape bavarois renonce au Souverain Pontificat. «Nous savons combien», disait-il, «ce Concile des médias fut accessible à tous. Donc, c’était celui qui dominait, le plus efficace, et il a créé tant de calamités, tant de problèmes, réellement tant de misères: séminaires fermés, couvents fermés, liturgie banalisée… et le vrai Concile a eu de la difficulté à se concrétiser, à se réaliser ; le Concile virtuel était plus fort que le Concile réel. Mais la force réelle du Concile était présente et, au fur et à mesure, il se réalise toujours plus et devient la véritable force qui ensuite est aussi vraie réforme, vrai renouvellement de l’Église. Il me semble que, 50 ans après le Concile, nous voyons comment ce Concile virtuel se brise, se perd, et le vrai Concile apparaît avec toute sa force spirituelle. Et voilà notre tâche: travailler pour que le vrai Concile, avec sa force de l’Esprit Saint, se réalise et que l’Église soit réellement renouvelée.» Comme le souligne clairement aujourd’hui Mgr Pozzo, le Motu proprio Summorum Pontificum de 2007 voudrait s’inscrire dans cette tâche. Le concile des Pères (ou réel) ayant été éclipsé par le concile des médias (ou virtuel), il faudrait accuser le second pour disculper le premier. Et pareillement, la réforme liturgique réelle de Paul VI ayant été éclipsée par le climat délétère de la triple sécularisation, il faudrait accuser le second pour disculper la première.
    
10. Cette tâche est impossible, et elle procède d’une illusion profonde. Illusion que déjà, au moment même de la promulgation officielle de la réforme de la Messe, les cardinaux Ottaviani et Bacci s’étaient efforcés de dissiper, en présentant au Pape Paul VI leur Bref Examen critique du Novus Ordo Missæ. Ce texte n’a pas vieilli, car il est l’expression d’une analyse théologique définitive. À l’appui de cette analyse, nous constatons [3] que le nouveau rite «s’éloigne de manière impressionnante, dans l’ensemble comme dans le détail» [4] de la définition catholique de la Messe, considérée dans ses quatre causes: matérielle (la Présence réelle), formelle (la nature sacrificielle), finale (le but propitiatoire) et efficiente (le sacerdoce du prêtre). Cette défaillance grave interdit de regarder ce nouveau rite comme légitime et autorise même à douter de la validité des célébrations dans plus d’un cas. Les messes célébrées en conformité avec le Novus Ordo ne sont pas seulement moins bonnes que celles célébrées selon l’Ordo traditionnel de saint Pie V ; elles sont mauvaises, du fait de l’éloignement signalé. Dans l’interrogatoire des 11 et 12 janvier 1979, à la question posée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi: «Soutenez-vous qu’un fidèle catholique peut penser et affirmer qu’un rite sacramentel en particulier celui de la messe approuvé et promulgué par le Souverain Pontife puisse être non conforme à la foi catholique ou favens hæresim?», Mgr Lefebvre a répondu: «Ce rite en lui-même ne professe pas la foi catholique d’une manière aussi claire que l’ancien Ordo Missæ et par suite il peut favoriser l’hérésie. Mais je ne sais pas à qui l’attribuer ni si le pape en est responsable. Ce qui est stupéfiant c’est qu’un Ordo Missæ de saveur protestante et donc favens hæresim ait pu être diffusé par la curie romaine [5].»
    
11. La «crise contemporaine de la foi» ne se réduit pas à une simple question de climat. La diminution et la perte de la foi ne sont pas les éléments d’un contexte qui entraverait l’expression des fruits supposés bénéfiques du Concile et de la réforme de Paul VI. Cette diminution et cette perte de la foi sont les effets qui découlent directement de la nouvelle messe, car elles sont inscrites comme dans leur cause dans l’affaiblissement considérable de la définition de la messe, qui constitue pour une part importante la substance même du nouvel Ordo. La «protestantisation» dénoncée par Mgr Pozzo est l’œuvre même de la nouvelle liturgie, et cela s’explique du fait que le nouveau rite de 1969 est déjà en lui-même un rite protestantisé. Tous les discours les plus bienveillants du Secrétaire de la Commission Pontificale Ecclesia Dei n’y changeront jamais rien. Le «climat» de la triple sécularisation existe sans doute. Mais il ne fait qu’aggraver cette protestantisation, qui sévit déjà en elle-même, en raison du Novus Ordo de 1969. C’est pourquoi, comme le paraconcile, il ne saurait représenter qu’une fausse excuse
    
12. Excuse d’autant plus fausse que cette triple sécularisation résulte logiquement - si on les pousse jusqu’au bout - des amoindrissements introduits dans la nouvelle liturgie. La praxis postconciliaire ne fait, ici comme ailleurs, que tirer les conséquences vraiment ultimes de l’aggiornamento, de cette ouverture au monde voulue par le Pape Jean XXIII et reconnue par le cardinal Ratzinger. En 1984, celui-ci ne déclarait-il pas que le Concile a été réuni pour faire entrer dans l’Église des doctrines qui sont nées en dehors d’elle, doctrines qui viennent du monde [6]? La nouvelle liturgie a fait de même. Le Motu proprio Summorum Pontificum ne saurait donc appeler à une «fécondation mutuelle des deux rites» sans maintenir dans sa racine profonde cette «crise contemporaine de la foi». 
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1. Je tiens à remercier ici mon ami Wojtek Golonka, grâce auquel j’ai eu connaissance de cette conférence et qui m’en a donné une substantielle version française.
2. Sauf précision contraire, toutes les citations figurant entre guillemets sont tirées de la conférence de Mgr Pozzo. La video de cette conférence est disponible sur https://gloria.tv/video/9HzsYwPQQyCd21jwxh8sUYMEC3. Cf. ABBÉ JEAN-MICHEL GLEIZE, Vatican II en débat, Courrier de Rome 2012, p. 59-65.
4. CARDINAUX OTTAVIANI ET BACCI, «Préface au pape Paul VI» dans Bref examen critique du Novus ordo missæ, Écône, p. 6.
5. «Mgr Lefebvre et le Saint-Office», Itinéraires n° 233 de mai 1979, p. 146-147.
6. CARDINAL JOSEPH RATZINGER, Entretiens sur la foi, Paris, Fayard, 1985, p. 38.