1. Dans une conférence donnée le 18 juillet 2018 à Licheń en Pologne [1] , Mgr Guido Pozzo, s’est à nouveau [2] exprimé sur les problèmes suscités par la mise en application du concile Vatican II, spécialement dans le domaine de la liturgie. «L’antique liturgie romaine et la crise contemporaine de la foi»: tel était en effet l’intitulé de son propos.
2. Avec une persévérance certainement digne d’un
meilleur objet, le secrétaire de la Commission Pontificale
Ecclesia Dei expose ce qui serait selon lui le véritable
motif de la débâcle post-conciliaire. S’il faut bien reconnaître
qu’après Vatican II «une déchirure» s’est produite
dans la liturgie et le culte, «le danger ne vient pas des
livres liturgiques ou du nouveau rite mais du paraconcile,
climat de l’époque servant à la fois d’inspiration à la
constitution Sacrosanctum concilium mais aussi à des
déviations». Autrement dit, ni le concile Vatican II, avec
la constitution sur la liturgie, ni la réforme liturgique de
Paul VI, avec le Novus Ordo Missæ, ne sauraient être
tenus pour responsables de la crise qui sévit encore dans
l’Église, spécialement au double niveau de la profession
de la foi et de la célébration du culte.
3. Reprenant à son compte les réflexions de Joseph
Ratzinger, à propos du lien observable entre cette crise
ecclésiale et la décadence liturgique, Mgr Pozzo insiste
avec force sur cette grille de lecture, à ses yeux fondamentale: «Encore une fois, le problème essentiel n’est
pas le renouveau ordonné par le Concile, mais sa réception
et la manière de l’appliquer dans la pratique». […]
«Les contrastes qui sont apparus dans la réalité ne viennent
pas du Concile. Je veux le souligner. Dans la constitution
conciliaire Sacrosanctum Concilium il est dit que
le latin doit être conservé avec large place pour les
langues vernaculaires. On demande donc de conserver le
latin. Sommes-nous donc vraiment fidèles au Concile en
causant l’abandon presque total du latin?» Non seulement
la constitution conciliaire devrait être absolument
disculpée de toutes ces dérives, mais le rite postérieurement
réformé en 1969 devrait rester lui aussi indemne de
tout reproche: «Il est évident, qu’il n’y a pas de telles
dérives dans les livres liturgiques, mais on les retrouve
surtout dans la manière de former la conscience chrétienne
du peuple de Dieu, ainsi que des prêtres. Le manque
d’équilibre apparaît aussi dans la manière de comprendre,
d’interpréter, et enfin de pratiquer concrètement
la célébration.»
4. Tous les déboires de la nouvelle liturgie s’expliqueraient
donc en raison d’un «contexte culturel marqué par
la sécularisation». De telle sorte que, dans un contexte
différent, dans un climat doctrinal où la formation catéchétique
et liturgique eût été correcte, «les nouveaux
livres seraient compris et appliqués conformément au
mystère de la foi». Si le culte de la sainte Église a subi une éclipse dans sa dimension sacrée, dans la présence
réelle et dans la nature sacrificielle de la Messe, il faudrait
en imputer la responsabilité profonde à la sécularisation
de la théologie et de la vie chrétienne, qui a
«changé la liturgie en activisme». À cet égard,
Mgr Pozzo va jusqu’à évoquer une «protestantisation de
la liturgie catholique», qui viendrait du fait que l’on en
est venu, dans les différentes célébrations, à «souligner
unilatéralement la signification de la communauté et de
la cène, non pas comme un banquet sacré (le sacrum
convivium thomiste), mais comme simple repas fraternel». Pour avérée qu’elle soit, et dénoncée comme telle
par les plus hautes instances dans l’Église, cette protestantisation
ne viendrait pas du nouveau rite, pris en tant
que tel. Elle procéderait de trois racines profondes: la
sécularisation de la foi, de la liturgie et de la charité. La
sécularisation de la foi consiste à imprégner la culture
catholique du relativisme doctrinal, religieux et moral,
réduisant la foi chrétienne «à une opinion subjective,
égale à d’autres convictions subjectives parallèles». La
sécularisation de la liturgie consiste à remplacer la catégorie
du sacré par la catégorie de profane, la liturgie
devenant ainsi avant tout un évènement social et communautaire.
La sécularisation de la charité remplace la charité
évangélique (l’amour de Dieu et du prochain) par la
réalisation de la fraternité humaine, dans laquelle le rôle
principal revient à l’activité humaine: cette sécularisation
de la charité représente «une nouvelle forme du
pélagianisme, qui élevant l’activité humaine prive l’action
chrétienne de la force et de la primauté de la grâce».
Selon Mgr Pozzo, cette triple sécularisation serait la
cause (ou du moins l’occasion prochaine) de la désacralisation
observable dans la nouvelle liturgie, et non point
l’effet propre et immédiat de la réforme du Novus Ordo
Missæ.
5. Le moyen d’échapper à cette sécularisation serait
alors de susciter un autre climat, dans lequel le nouveau
rite réformé par Paul VI pourrait enfin donner toute sa
mesure. Pour ce faire, «le Motu proprio Summorum
Pontificum de Benoît XVI a joué un rôle primordial». Et
pour bien caractériser, une fois pour toutes, ce rôle,
Mgr Pozzo commence par rappeler quel est le principe
de base de ce Motu Proprio: «La réforme liturgique du
Concile Vatican II ne peut pas être considérée comme
une rupture avec la tradition liturgique, mais il faut la
comprendre comme un renouvellement en continuité
avec ce qui est essentiel.» Par conséquent, il ne saurait
être question de mettre en évidence quelque opposition
doctrinale ou liturgique entre l’Ordo traditionnel de saint
Pie V, qui correspond désormais à une «forme extraordinaire» du rite romain, et le nouvel Ordo réformé par
Paul VI, qui correspond à la «forme ordinaire» de ce
même rite. «Les formes extraordinaires et ordinaires du
rite romain ne doivent pas être considérées comme étant
une exception d’un côté, une règle de l’autre, mais
comme des formes d’égale valeur, même si la forme
ordinaire est plus répandue et plus courante, et la forme
extraordinaire plus spéciale et exceptionnelle, c’est pourquoi
on lui dédie une législation propre qu’il faut respecter
en la célébrant.» En vertu de ce principe de base,
avec la réforme de Paul VI (cf. l’Institutio generalis,
n° 3) «la doctrine catholique n’a pas été changée dans le
rite romain de la Messe, car la liturgie et la doctrine sont
inséparables et par nécessité indivisibles». Ce qui a pu
changer entre les deux formes du rite romain, «ce sont
des accents qui n’influent pas sur l’unité essentielle de la
liturgie». Car «le Concile voulait réformer la liturgie de
façon à garder l’unité avec la Tradition».
6. Fort de ce principe, Mgr Pozzo croit découvrir dans
le Motu proprio Summum Pontificum le remède grâce
auquel le véritable esprit du Concile, sa «mens», pourrait
enfin prévaloir sur toutes les dérives du paraconcile,
du moins en matière liturgique. Le remède ne doit pas
consister à désavouer les principes de la réforme liturgique,
tels qu’ils se sont exprimés à travers la constitution
Sacrosanctum concilium de Vatican II et le Novus
Ordo de Paul VI. Le remède consiste à «reprendre à
nouveau ces principes et à les appliquer aussi dans la
célébration de la forme ordinaire», mais à la condition
de dissiper les fausses interprétations du paraconcile. Et
c’est justement pour remplir cette condition que le
recours à la forme extraordinaire, que Mgr Pozzo qualifie
d’«usus antiquior de la liturgie», s’avère «un trésor précieux
qu’il faut ouvrir pour tout le monde afin de garder
la foi authentique, la liturgie et la charité». L’usage du
Missel de saint Pie V serait en effet le moyen de restaurer
dans l’usage du nouveau rite de Paul VI «la signification
et la sacralité de la liturgie catholique, qui doit s’exprimer
par des gestes et exprimer l’intégralité de la saine doctrine
liturgique». Bref: «Les deux formes de la liturgie
romaine, l’ordinaire et l’extraordinaire, représentent un
exemple de développement et d’enrichissement mutuel».
En ce sens, «le Motu proprio Summorum Pontificum
promulgué par Benoît XVI, grâce auquel la richesse de la
liturgie romaine est devenue accessible à l’Église universelle,
constitue la continuation du magistère de ses prédécesseurs». Car le recours à la forme extraordinaire du
Missel de saint Pie V, aussi élargi et normalisé soit-il, ne
saurait remettre en cause la légitimité et la bonté foncière,
sur le double plan doctrinal et liturgique, du Novus
Ordo de Paul VI. «Les observations critiques sur les
manières discutées d’appliquer le renouvellement liturgique
ne doivent pas remettre à nouveau en question le
Missel publié par Paul VI, puis, édité pour la troisième
fois avec l’approbation de Jean-Paul II, et qui demeure la
forme ordinaire de liturgie eucharistique. En revanche, la
célébration de la Sainte Messe selon l’usus antiquior aide
sans doute à saisir et rendre visibles avec plus de clarté et
précision certains aspects, certaines vérités doctrinales,
qui peuvent être éclipsées par une manière banale ou
incorrecte de célébration du rite nouveau.» Les différences
qui peuvent exister entre les deux formes du
même rite tiendraient donc à des manières diverses de
mettre en relief les mêmes principes, mais il n’y aurait
pas «deux manières contradictoires d’être catholique ou
de célébrer la gloire et le sacrifice du Seigneur»; les
deux formes doivent être appréciées «comme un héritage
commun», même s’il comporte «des accentuations
différentes de la même foi». L’enrichissement mutuel
consisterait alors à «retrouver l’unité fondamentale du
culte catholique au-delà de la diversité des formes».
Telle est l’intention principale du Motu proprio de Benoît XVI, selon l’explication qu’en donne Mgr Pozzo.
7. En définitive, cette intention est de conserver l’unité
de l’Église, telle qu’elle doit nécessairement reposer sur
les réformes doctrinales et disciplinaires, entreprises par
le concile Vatican II et par Paul VI. La conclusion du discours
tenu par Mgr Pozzo est très claire sur ce point.
«Aujourd’hui d’une manière particulière je dirais que
face aux abus et erreurs, qui défigurent la liturgique telle
que l’a voulue Paul VI, telle que l’a voulue le Concile, et
qui sont souvent un effet de la crise de la foi qui éclipse
la dimension surnaturelle de l’existence chrétienne et du
mystère de l’Église même, nous devrions être reconnaissants
pour le Motu Proprio Summorum Pontificum et
l’instruction Universæ Ecclesiæ qui l’accompagne, car
ces deux textes ont restauré l’antique forme de la liturgie
de l’Église à la vie de l’Église, comme un don qui sert à
renforcer tout le corps de Christ, dont nous sommes tous
membres et serviteurs selon le mode qui convient à chacun
d’entre nous.»
8. Peut-on alors dire que le Motu proprio de Benoît
XVI a redonné, véritablement, droit de cité dans l’Église
à la liturgie catholique traditionnelle? Les propos récemment
tenus par le secrétaire de la Commission Pontificale
Ecclesia Dei, même s’ils vont jusqu’à dire que la forme
extraordinaire ne doit pas être considérée comme «une
exception», obligent tout de même à nuancer considérablement
une pareille appréciation. Il est clair que, dans
l’intention de Benoît XVI, assez fidèlement explicitée ici
par Mgr Pozzo, l’initiative de Summorum Pontificum
intervient plutôt pour renforcer la mise en pratique du
Novus Ordo Missæ de Paul VI. En somme l’ancien rite
de la Messe de toujours serait mis à contribution pour
purifier des abus qui en ternissent l’usage le nouveau rite
de Paul VI et de Vatican II, nouveau rite que
Mgr Lefebvre n’hésitait pourtant pas à qualifier de
«Messe de Luther». La résurgence des messes célébrées
selon l’ancien Ordo de saint Pie V a pour but avéré de
créer le climat favorable à l’éclosion des bons fruits du
nouvel Ordo, jusqu’ici censés occultés ou empêchés à
cause du climat défavorable suscité par le paraconcile.
Les deux rites seraient donc l’expression également
bonne et légitime d’une même orthodoxie catholique,
doctrinale et cultuelle. Le droit de cité, s’il en est un,
reconnu à la messe de toujours, fût-il même donné à part
entière, et non à titre d’exception, passe donc par la reconnaissance
de principe de l’incontestable orthodoxie doctrinale
et liturgique de la nouvelle messe. Et voilà justement
pourquoi ce supposé «droit de cité» ne peut guère satisfaire,
dans son fondement même, un catholique soucieux
de préserver l’intégrité de sa foi et de la Tradition de l’Église.
Car la doctrine, si elle est vraiment orthodoxe, ne
saurait aller de pair avec un rite ouvrant la porte à la diminution
et à la perte de la foi. Encore moins se mettre à son
service, dans un enrichissement réciproque.
9. Nous en revenons hélas toujours au même subterfuge.
En dépit des meilleures dispositions personnelles qui
peuvent animer ici ou là les représentants du Saint-Siège
à l’égard de l’ancienne messe (et nous sommes bien
conscients qu’elles sont aujourd’hui meilleures qu’il y a
seulement vingt ans), cette conférence donnée aujourd’hui
par Mgr Pozzo n’est qu’un écho de plus de tous les
Discours tenus par le Pape Benoît XVI pour disculper le
Concile et ses réformes. Cette explication tient en une
distinction, que Joseph Ratzinger n’a cessé d’élucider et
de mettre en avant comme principe de solution, durant
toute son activité de théologien et de Pape, depuis les
Entretiens sur la foi en 1984, jusqu’au Discours de 2005
en passant par le Discours à la conférence épiscopale du
Chili en 1988. Distinction entre le Concile et le paraconcile,
entre le concile réel et le concile virtuel, entre le
concile des pères et le concile des médias. L’on trouve la
synthèse parfaite de cette démarche dans l’un de ses derniers
discours, le 14 février 2013, quelques jours avant
que le Pape bavarois renonce au Souverain Pontificat.
«Nous savons combien», disait-il, «ce Concile des
médias fut accessible à tous. Donc, c’était celui qui
dominait, le plus efficace, et il a créé tant de calamités,
tant de problèmes, réellement tant de misères: séminaires
fermés, couvents fermés, liturgie banalisée… et le
vrai Concile a eu de la difficulté à se concrétiser, à se réaliser
; le Concile virtuel était plus fort que le Concile réel.
Mais la force réelle du Concile était présente et, au fur et
à mesure, il se réalise toujours plus et devient la véritable
force qui ensuite est aussi vraie réforme, vrai renouvellement
de l’Église. Il me semble que, 50 ans après le
Concile, nous voyons comment ce Concile virtuel se
brise, se perd, et le vrai Concile apparaît avec toute sa
force spirituelle. Et voilà notre tâche: travailler pour que
le vrai Concile, avec sa force de l’Esprit Saint, se réalise
et que l’Église soit réellement renouvelée.» Comme le
souligne clairement aujourd’hui Mgr Pozzo, le Motu proprio
Summorum Pontificum de 2007 voudrait s’inscrire
dans cette tâche. Le concile des Pères (ou réel) ayant été
éclipsé par le concile des médias (ou virtuel), il faudrait
accuser le second pour disculper le premier. Et pareillement,
la réforme liturgique réelle de Paul VI ayant été
éclipsée par le climat délétère de la triple sécularisation,
il faudrait accuser le second pour disculper la première.
10. Cette tâche est impossible, et elle procède d’une
illusion profonde. Illusion que déjà, au moment même de
la promulgation officielle de la réforme de la Messe, les
cardinaux Ottaviani et Bacci s’étaient efforcés de dissiper,
en présentant au Pape Paul VI leur Bref Examen critique
du Novus Ordo Missæ. Ce texte n’a pas vieilli, car
il est l’expression d’une analyse théologique définitive. À
l’appui de cette analyse, nous constatons [3] que le nouveau
rite «s’éloigne de manière impressionnante, dans l’ensemble
comme dans le détail» [4] de la définition catholique
de la Messe, considérée dans ses quatre causes:
matérielle (la Présence réelle), formelle (la nature sacrificielle),
finale (le but propitiatoire) et efficiente (le sacerdoce
du prêtre). Cette défaillance grave interdit de regarder
ce nouveau rite comme légitime et autorise même à
douter de la validité des célébrations dans plus d’un cas.
Les messes célébrées en conformité avec le Novus Ordo
ne sont pas seulement moins bonnes que celles célébrées selon l’Ordo traditionnel de saint Pie V ; elles sont mauvaises,
du fait de l’éloignement signalé. Dans
l’interrogatoire des 11 et 12 janvier 1979, à la question
posée par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi:
«Soutenez-vous qu’un fidèle catholique peut penser et
affirmer qu’un rite sacramentel en particulier celui de la
messe approuvé et promulgué par le Souverain Pontife
puisse être non conforme à la foi catholique ou favens
hæresim?», Mgr Lefebvre a répondu: «Ce rite en lui-même
ne professe pas la foi catholique d’une manière
aussi claire que l’ancien Ordo Missæ et par suite il peut
favoriser l’hérésie. Mais je ne sais pas à qui l’attribuer ni
si le pape en est responsable. Ce qui est stupéfiant c’est
qu’un Ordo Missæ de saveur protestante et donc favens
hæresim ait pu être diffusé par la curie romaine [5].»
11. La «crise contemporaine de la foi» ne se réduit
pas à une simple question de climat. La diminution et la
perte de la foi ne sont pas les éléments d’un contexte qui
entraverait l’expression des fruits supposés bénéfiques du
Concile et de la réforme de Paul VI. Cette diminution et
cette perte de la foi sont les effets qui découlent directement
de la nouvelle messe, car elles sont inscrites comme
dans leur cause dans l’affaiblissement considérable de la
définition de la messe, qui constitue pour une part importante
la substance même du nouvel Ordo. La «protestantisation» dénoncée par Mgr Pozzo est l’œuvre même de
la nouvelle liturgie, et cela s’explique du fait que le nouveau
rite de 1969 est déjà en lui-même un rite protestantisé.
Tous les discours les plus bienveillants du Secrétaire
de la Commission Pontificale Ecclesia Dei n’y changeront
jamais rien. Le «climat» de la triple sécularisation
existe sans doute. Mais il ne fait qu’aggraver cette protestantisation,
qui sévit déjà en elle-même, en raison du
Novus Ordo de 1969. C’est pourquoi, comme le paraconcile,
il ne saurait représenter qu’une fausse excuse
12. Excuse d’autant plus fausse que cette triple sécularisation
résulte logiquement - si on les pousse jusqu’au
bout - des amoindrissements introduits dans la nouvelle
liturgie. La praxis postconciliaire ne fait, ici comme
ailleurs, que tirer les conséquences vraiment ultimes de
l’aggiornamento, de cette ouverture au monde voulue
par le Pape Jean XXIII et reconnue par le cardinal Ratzinger.
En 1984, celui-ci ne déclarait-il pas que le Concile
a été réuni pour faire entrer dans l’Église des doctrines
qui sont nées en dehors d’elle, doctrines qui viennent du
monde [6]? La nouvelle liturgie a fait de même. Le Motu
proprio Summorum Pontificum ne saurait donc appeler à
une «fécondation mutuelle des deux rites» sans maintenir
dans sa racine profonde cette «crise contemporaine
de la foi».
----------
1. Je tiens à remercier ici mon ami Wojtek Golonka, grâce auquel j’ai eu connaissance de cette conférence et qui m’en a donné une substantielle version française.
2. Sauf précision contraire, toutes les citations figurant entre guillemets sont tirées de la conférence de Mgr Pozzo. La video de cette conférence est disponible sur https://gloria.tv/video/9HzsYwPQQyCd21jwxh8sUYMEC3. Cf. ABBÉ JEAN-MICHEL GLEIZE, Vatican II en débat, Courrier de Rome 2012, p. 59-65.
4. CARDINAUX OTTAVIANI ET BACCI, «Préface au pape Paul VI» dans Bref examen critique du Novus ordo missæ, Écône, p. 6.
5. «Mgr Lefebvre et le Saint-Office», Itinéraires n° 233 de mai 1979, p. 146-147.
6. CARDINAL JOSEPH RATZINGER, Entretiens sur la foi, Paris, Fayard, 1985, p. 38.