28 août 2018

[Le Sel de la Terre] Des évêques pour défendre la foi (éditorial)

SOURCE - Le Sel de la Terre - Été 2018
Le 30 juin 1988, Mgr Lefebvre accomplit l’acte le plus important de sa vie, «l’opération survie», afin de maintenir un foyer vivant au milieu des ténèbres qui se répandent dans l’Église et dans le monde. Ce jour-là il consacrait quatre évêques. Voici le rôle qu’il leur assignait:
Le rôle des évêques consacrés: les ordinations, les confirmations et le maintien de la foi [1] à l’occasion des confirmations [2].
Lors de leur consécration épiscopale, les quatre candidats ont émis la «profession de foi» demandée par l’Église (can. 1406).
Cette profession de foi se termine ainsi:
Cette vraie foi catholique, hors de laquelle personne ne peut être sauvé, que maintenant je professe spontanément et tiens véritablement, moi untel, je promets, voue et jure de la garder et de la confesser constamment, avec l’aide de Dieu, intégrale et immaculée jusqu’à la fin de ma vie, et de prendre soin, autant qu’il dépend de moi, qu’elle soit gardée, enseignée et prêchée par ceux qui me sont soumis, ou par ceux dont le soin concernera ma personne ou ma charge [3].
L’évêque est un docteur et un pasteur [4]. Il fait partie de l’Église enseignante. Il est donc capital qu’il professe et enseigne la vraie foi catholique.
C’est d’autant plus important que le modernisme est entré dans l’Église et a atteint les plus hauts sommets.
En 1849, le pape Pie IX dénonçait déjà ceux qui tentaient de pervertir, dans Rome même, «la sainteté de la Religion catholique et la règle irréformable de la foi»:
Qui donc ignore que maintenant, ô douleur ! la ville de Rome, siège principal de l’Église catholique, est devenue une forêt pleine de monstres frémissants, puisque les hérétiques, les apostats de toutes les nations, les maîtres de ce qu’on appelle le socialisme ou le communisme, animés contre la vérité catholique d’une haine profonde, s’efforcent par leurs discours, par leurs écrits, par tous les moyens en leur pouvoir, d’enseigner, de propager leurs fatales erreurs, et de corrompre les esprits et les cœurs, afin que dans Rome même, si cela était possible, la sainteté de la Religion catholique et la règle irréformable de la foi soient perverties [5]?
Les ennemis de l’Église ont réussi «l’attentat suprême» d’atteindre jusqu’au trône de Pierre pour y installer «un pape selon leur besoin [6]»:
«On a chargé nos épaules d’un lourd fardeau, cher Volpe. Nous devons faire l’éducation immorale de l’Église, et arriver, par de petits moyens bien gradués quoique assez mal définis, au triomphe de l’idée révolutionnaire par un pape.
Dans ce projet, qui m’a toujours semblé d’un calcul surhumain, nous marchons encore en tâtonnant [7].»
«Calcul surhumain», dit Nubius, il veut dire calcul diabolique ! car c’est calculer la subversion de l’Église par son chef lui-même, ce que Mgr Delassus [8] appelle l’attentat suprême, parce qu’on ne peut imaginer rien de plus subversif pour l’Église qu’un pape gagné aux idées libérales, qu’un pape utilisant le pouvoir des clefs de saint Pierre au service de la contre-Église ! Or, n’est-ce pas ce que nous vivons actuellement, depuis Vatican II, depuis le nouveau droit canon? Avec ce faux œcuménisme et cette fausse liberté religieuse promulgués à Vatican II et appliqués par les papes avec une froide persévérance malgré toutes les ruines que cela provoque depuis plus de vingt ans ! Sans que l’infaillibilité du magistère de l’Église ait été engagée, peut-être même sans que jamais une hérésie proprement dite n’ait été soutenue, nous assistons à l’autodémolition systématique de l’Église.
Autodémolition est un mot de Paul VI, qui dénonçait implicitement le véritable coupable: car qui peut «autodémolir» l’Église, sinon celui qui a pour mission de la maintenir sur le roc? […] Et quel acide plus efficace pour dissoudre ce roc, que l’esprit libéral pénétrant le successeur de Pierre lui-même [9]!
Plus que jamais, nous avons besoin d’évêques «qui gardent et confessent constamment la vraie foi catholique, intégrale et immaculée, et qui prennent soin qu’elle soit gardée, enseignée et prêchée par ceux qui leur sont soumis», condamnant sans ambiguïté les erreurs opposées, notamment le libéralisme qui en est la source [10]. Merci donc, à Mgr Lefebvre et à ceux qui poursuivent son « opération survie».
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1 — Souligné dans les notes originales. (NDLR.)
2 — Recommandations de Mgr Lefebvre aux quatre candidats à l’épiscopat, le 12 juin 1988, voir Le Sel de la terre 28, p. 165.
3 — «Hanc veram Catholicam fîdem, extra quam nemo salvus esse potest, quam in praesenti sponte profiteor et veraciter teneo, eamdem integram et immaculatam usque ad extremum vitae spiritum constantissime, Deo adjuvante, retinere et confiteri ; atque a meis subditis, seu illis quorum cura ad me in munere meo spectabit, teneri, et doceri, et praedicari, quantum in me erit, curaturum. Ego idem N. spondeo, voveo, ac juro.»
4 — Voir le schéma préparé par le cardinal Ottaviani pour Vatican II, Le Sel de la terre 29, p. 40
5 — Quibus Quantisque 20 avril 1849, allocution du pape PIE IX prononcée dans le consistoire secret.
6 — «Ce que nous devons demander, ce que nous devons chercher et attendre, comme les juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins» (Instruction permanente de la Haute-Vente de 1820). Ce texte et le suivant proviennent de l’ouvrage de J. C RÉTINEAU -JOLY , L’Église romaine en face de la Révolution, Paris, Cercle de la Renaissance française, 1976.
7 — Extrait d’une lettre de Nubius à Volpe , du 3 avril 1824.
8 — Le Problème de l’heure présente, DDB., 1904, t. 1. p. 195.
9 — Mgr M. LEFEBVRE , Ils l’ont découronné, 2e édition, Escurolles, Fideliter, 1987, p. 148.
10 — Voir l’éditorial du Sel de la terre 14: «A liberalismo, libera nos Domine».