25 août 2000

[Abbé Bouchacourt, fsspx - Le Chardonnet] "On est les champions !"

Abbé Bouchacourt, fsspx - Le Chardonnet - août 2000

Comme elle était impressionnante cette liesse du dimanche 2 juillet à l'instant du but en or ! On chantait, on dansait, on cassait ... dans les rues de Paris et de province. La France venait de remporter une deuxième timbale. Après celle de la coupe du monde, voilà celle de l'Euro 2000. La France a enfin trouvé ses héros, ils se nomment Zidane, Deschamps, Barthez ... Adieu saint Louis, sainte Jeanne d'Arc, saint Vincent de Paul ... La France exulte, elle est aux anges! En fait, les empereurs romains avaient raison : avec du pain, et des jeux, on endort une nation tout entière. La France s'enivre pour ne pas entendre le remords de la conscience. Cette France, fille aînée de l'Église, est devenue championne du monde de l'apostasie entraînant dans son sillage des nations entières et confirmant ainsi la formule connue : Quand la France s'enrhume, le monde éternue.
 
En effet, depuis 1976, année du vote de l'avortement par le parlement français, un peu plus de 7 millions d'enfants ont été tués dans le sein de leur mère (environ 300.000 par an). Les dernières statistiques montrent que, dans notre pays, un mariage sur 3 se termine par un divorce, et qu'un enfant sur deux naît hors mariage. C'est à Paris que la Gay Pride, l'infernale parade des homosexuels, a le plus de succès après l'Allemagne. C'est encore chez nous que se trouve le taux le plus élevé des personnes atteintes du sida, et que le suicide se révèle être la première cause de mortalité chez les 16-25 ans, avant même les accidents mortels de la route.
 
La France catholique à 95% il y a encore 50 ans, a vu la pratique religieuse des baptisés chuter à 10%. Elle qui envoyait des missionnaires sur tous les continents, n'en envoie pour ainsi dire plus. Les Pères Blancs, les Missions Africaines, les Spiritains, ne recrutent aucune vocation chez nous; Il ne se passe pas un mois sans qu'on lise dans la presse que tel carmel est à vendre, telle maison religieuse à fermé ou que telle église a été rasée; Ah ! Pour être des champions, nous sommes vraiment des champions ! Et pour clore cette triste litanie, il a fallu qu'un évêque, le redoutable Mgr Gaillot, se fasse le défenseur de la Gay Pride organisée à Rome. Tandis que le Vatican lui interdisait de faire une conférence dans la Ville Sainte sur ce sujet, ce misérable mitré faisait l'apologie de l'homosexualité sans aucune pudeur dans la presse française, oubliant totalement le chapitre I de la Lettre de saint Paul aux Romains. Non, vraiment, il n'y a pas de quoi pavoiser. Corruptio optima, pessima : la corruption des meilleurs et la pire. La France, comblée de grâces pendant son histoire, souille ostensiblement son âme chrétienne.
 
Certes, le bilan de ces dernières décennies est alarmant, mais nous avons quand même des motifs pour garder l'espérance chrétienne. Dieu est le seul à tirer d'un mal un plus grand bien. En effet, dans cette France championne du blasphème et de l'apostasie, s'est levé un évêque, Monseigneur Lefèbvre, qui a fait barrage par sa fidélité à l'impiété déferlante. Grâce à lui, la messe tridentine n'a pas été engloutie et c'est ainsi que l'on trouve sur notre sol un nombre inégalé de congrégations, de communautés traditionnelles, de prieurés résistant aux erreurs et annonçant la sainte vérité. La parole de saint Paul : "Là où le mal abonde la grâce surabonde" se trouve vérifiée.
 
Nous n'avons pas le droit de nous relâcher dans le combat ; aucun signe d'amélioration ne nous autorise à nous reposer; il nous faut combattre jusqu'au bout. Ne cédons pas aux sirènes des tièdes et des mondains qui se réjouiraient trop de nous voir abandonner le combat.
 
Un autre signe d'espérance réside dans la publication (intégrale ?) du troisième secret de Fatima. Le journal LA CROIX nous annonçait un texte réconfortant loin de toute rumeur alarmiste. N'en déplaise à ce journal et au cardinal Sodano, la vision décrite par Soeur Lucie n'a rien de particulièrement réjouissante. Ce pape, qui monte sur une montagne escarpée, dans une ville à moitié en ruine et qui prie pour les âmes des cadavres qui l'entourent, ces évêques, prêtres et laïcs qui sont tués avec lui, ne peuvent que nous inciter une nouvelle fois à répondre à l'appel de Notre-Dame demandant la communion réparatrice des cinq premiers samedis du mois (premier secret) et la consécration de la Russie au Coeur Immaculé de Marie (deuxième secret) qui n'a toujours pas été réalisé contrairement à ce que les autorités vaticanes peuvent dire. De quel droit, le cardinal Sodano et Mgr Bertone peuvent-ils affirmer que ces événements appartiennent au passé et non à l'avenir ? Comme le disait Mgr de Galareta aux ordinations, à Ecône, nous touchons au domaine de la science fiction.
Aussi, avec saint Paul, "combattons le bon combat". Le chapelet récité en famille pendant les vacances sera notre arme. Une bonne retraite purifiera nos âmes et les sacrements reçus avec ferveur fortifieront notre enthousiasme. Nous ne sommes pas nombreux, c'est vrai ! Mais les douze apôtres l'étaient-ils le jour de la Pentecôte ? Nous avons la foi, nous avons la grâce, nous avons l'aide de Dieu, alors qu'avons-nous à craindre ? Soyons-en bien certains, un jour nous aurons la victoire, la vraie. Au ciel, peut-être dans un autre langage, nous pourrons dire avec les anges : "On est les champions !"; Vainqueurs avec le Christ et par le Christ.
 
Bonnes et saintes vacances à tous!
 
Cet article a été publié dans le n°160 du Chardonnet, journal paroissial de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, à Paris. Abonnement: 120 F/10 numéros. Chèque à l'ordre de "Le Chardonnet" (23, rue des Bernardins / 75005 Paris)

15 août 2000

[Abbé Michel Simoulin, fsspx - Fideliter] "La bonté du pape Jean ?"

SOURCE - abbé Michel Simoulin, fsspx - Fideliter juillet-août 2000

synthèse: « Le pape bon a-t-il été un bon pape ? » se demandait en 1988 le cardinal Oddi, avant de répondre : oui, bien sûr! Toute révérence gardée, je me permets de n'être pas de cet avis. N'étant guère sentimental, un sourire perpétuel ne m'émeut pas, et je persiste à préférer cette charité qui sait sourire mais aussi gronder, à ce sourire conciliaire qui trahit l'ordre de la charité en se distribuant également aux docteurs de vérité et à ceux de l'erreur.
Je souhaite au pontife bon d'être aujourd'hui en Paradis, mais je ne peux approuver sa béatification, par laquelle il nous serait proposé comme modèle de toutes les vertus, et donc exemple à imiter. J'affirme même que le « salut » de l'Église passera nécessairement par l'abandon de la route sur laquelle Jean XXIII a voulu l'orienter et qu'ont poursuivie ses successeurs avec acharnement : amour uni­versel du monde et de tout homme, fût-il saint ou pécheur, catholique ou idolâtre (tous étant de bonne volonté, nul n'est plus ou moins digne qu'un autre), ouverture à tous et à tout, sans regard pour ce qui peut opposer ou diviser, au péché, à l'erreur, auxquels il ne faut adresser ni reproche ni condamnation — admiration pour le nouvel ordre des choses, auquel il convient de s'adapter et dont il faut adopter le langage — nouveau plein de promesses pour l'avenir — collaboration avec tous ceux qui disent travailler pour l'humanité, etc.
Deux textes
Tout cela, Jean XXIII l'a vécu tout au long de sa carrière, par des gestes et des attitudes, par des mots et des petites phrases demeurées célèbres, devenues quasi proverbiales. Mais il les a aussi léguées comme pensée et doctrine à l'Église dans deux textes qui constituent son plus grand péché, péché de mensonge et de trahison : mensonge aux hommes sur l'état du monde et de l'Église ; trahison de l'Église et du monde livrés sans défense aux plus grands ennemis du genre humain, les idéologues du socialisme marxiste et communiste, et ceux du mondialisme maçonnique dans une ONU religieuse dominée par la synagogue.

Ces deux textes sont l'allocution Gaudet mater Ecclesia prononcée à l'ouverture du Concile le 11 octobre 1962, et l'encyclique Pacem in terrisdu 11 avril 1963 (baptisée à l'époque l'anti-Syllabus) deux textes mensongers et félons, pétris de sophismes.

Le premier sophisme consiste à proclamer qu'aujourd'hui tout va bien mieux qu'hier, qu'un nouvel ordre des choses est en train de s'instaurer, porteur de promesses et d'espérances, qu'il faut donc que se taisent ces « prophètes de malheur » qui ne voient que le mal et le danger, et que finalement l'Église est aujourd'hui libre de toute entrave et de tout obstacle de nature profane.

Oserai-je dire que c'était se moquer du monde ? Et pourtant, tout le monde (hormis un petit groupe d'évêques plus sensés) a trouvé cela émouvant et admirable. Quel bon pape nous avons là !

Outre que ces « prophètes de malheur » pourraient être tous les papes depuis Pie VI jusqu'à Pie XII, il faut nous souvenir que nous étions en 1962. En septembre 1961, les Soviétiques avaient construit à Berlin le mur de la honte, le rideau de fer allait s'épaississant chaque jour, la guerre froide manquera de devenir brûlante une semaine plus tard dans les Caraïbes (crise de Cuba) et Jean XXIII lui-même devait déplorer que plusieurs évêques eussent été empêchés de venir au concile.
Trahison politique et spirituelle
Mais voilà : il tenait tellement à voir au concile des observateurs de l'Église russe orthodoxe qu'un accord, préparé durant l'été entre le cardinal Tisserant et le métropolite Nikodim, avait été conclu à Moscou par le cardinal Willebrands entre le 27 septembre et le 2 octobre : assurance était donnée à Moscou que le concile ne lancerait pas d'attaque directe contre le communisme. De fait, le mot lui-même ne sera pas prononcé une seule fois, la pétition signée par 454 pères conciliaires sera égarée... et les millions de martyrs du communisme seront ignorés de nos bons pères qui avaient fièrement déclaré que « l'Église est, plus que jamais, nécessaire au monde moderne pour dénoncer les injustices et les inégalités criantes » (Message au monde du 20 octobre 1962). De qui se moquait-on ? Cet accord secret restera vraiment la honte et le déshonneur du Saint-Siège au vingtième siècle. Et comment osait-on nous parler de la liberté de l'Église, alors que le pape lui-même l'avait assujettie au veto de Moscou ?

Mais cela n'était que le premier sophisme, mensonge diplomatique et trahison politique. Allait venir encore la trahison spirituelle et doctrinale, avec trois sophismes bien liés entre eux : il s'agit en effet, puisque tout va bien et que tous les hommes sont de bonne volonté, de regarder toujours ce qui peut nous unir en ignorant ce qui peut faire difficulté, de s'adapter au monde actuel et d'adopter son langage, sans rester enfermé dans les antiques formules de la foi, et d'user enfin de la miséricorde, sans anathèmes ni reproches à quiconque.

Tout cela est très attendrissant, mais n'a jamais été le discours de l'Église ni de la théologie catholique.

Il est bien vrai qu'entre personnes en état de grâce et de charité, et qui sont donc en accord sur les biens essentiels, c'est-à-dire les réalités de la foi, le dissentiment sur des points de détail n'est compté pour rien et doit être négligé, car cela provient de diversités d'opinions et n'empêche pas la charité (Cf. saint Thomas d'Aquin, 2-2, q.29, a-3, ad 2). Mais si cet accord sur les biens essentiels n'existe pas, comme c'est le cas avec les autres confessions ou avec les incroyants, peut-il être négligé dans le but d'établir une union relative dans les opinions secondaires, sur laquelle rien de solide ne peut être édifié ? Ce serait là l'obstacle majeur à la paix véritable, laquelle n'est compatible qu'avec le désir commun d'un bien véritable et essentiel, et n'existe donc que dans le bien et entre les bons (in bonis et bonorum). Le seul cas où l'on puisse tirer parti d'un accord qui ne serait que partiel ou minime serait lorsque ce point d'accord est utilisé pour convaincre l'incroyant, et l'amener à admettre toute la vérité, ou bien pour le combattre.

S'il s'agit ensuite d'abandonner les antiques formules de la foi au profit de celles de la pensée moderne - outre que cela a été explicitement condamné par les trois syllabus (celui de Pie IX, celui de saint Pie X Pascendi et celui de Pie XII Humani generis) - qui (hormis un moderniste chevronné) peut nier le lien radical qui existe entre la pensée et la parole, entre le concept et le mot chargé de l'exprimer? Mais, nous dit-on, l'Église n'est pas un musée, bien fermé sur ses trésors, elle est un jardin, ouvert à tous. Alors il convient d'abandonner toutes ces paroles trop fermées, qui marquent des limites, et d'adopter des paroles plus ouvertes : au lieu de foi catholique, parlons plutôt de doctrine chrétienne, de pensée de l'Église ou de l'opinion des chrétiens. Au lieu de charité, parlons d'amour, de solidarité ou de fraternité universelle. Au lieu d'Église catholique, société des fidèles de Jésus-Christ, parlons de communion, d'assemblée ou du peuple de Dieu.

Ainsi se dilue dans un magma sans forme et sans fond toute la sainte doctrine de la foi et la prédication évangélique.

Enfin, nous dira-t-on que les papes du passé n'ont pas su ce qu'était la miséricorde, et que seul Jean XXIII mérite d'être dit « bon » ? Qu'on relise donc ce passage si beau de la lettre sur le Sillon où saint Pie X rappelle ce que nous dit l'Évangile sur la bonté de Jésus-Christ : « Il a été aussi fort que bon. ». Et le catéchisme ne compte-t-il pas parmi les sept œuvres de la miséricorde spirituelle la cor­rection des égarés (œuvre curieusement oubliée dans le catéchisme de 1992) ? N'est-elle pas un moyen, quand tous les autres moyens s'avèrent inefficaces, de venir en aide à la misère d'autrui, dont la plus grande est l'erreur et le péché ?

Non, tout cela n'est encore que sentimentalisme ou romantisme, souci de plaire et d'être aimé, et n'a rien à voir avec le beau zèle de la charité qui brûle de détruire le mal pour sauver ses victimes. « Qui aime la vérité déteste l'erreur ».
Erreur et errant
Ces sophismes, hélas, seront encore aggravés par l'encyclique Pacem in terris. Il nous y est d'abord indiqué de ne pas confondre l'erreur et l'errant. Tout être sensé comprendra aisément que ce sont là pourtant deux réalités indivisibles : l'erreur fait partie de l'errant, et n'existe pas hors des esprits qui errent. L'erreur n'est autre qu'une connaissance fausse, acte de l'intelligence qui erre, elle est le mal de l'intelligence, sa maladie, et la prive d'un bien, d'une perfection et donc d'une dignité. Comment ne pas les confondre alors que l'un fait partie de l'autre et en est inséparable ? Sans erreur, il n'y a plus d'errant, et sans errant il n'y a plus d'erreur. Il eût été plus juste de nous apprendre à distinguer ceux qui professent l'erreur ou les docteurs de l'erreur, et ceux qui la pratiquent sans la professer, ceux qui la subissent ou en sont victimes (et c'est le plus grand nombre), ou encore l'erreur et le péché ou le crime. Ce sont là distinctions plus catholiques, plus réelles et certainement plus fécondes pour le progrès de la vérité et du bien.

Mais le plus grand péché de l'encyclique n'est pas celui-là, qui n'en est que la prémisse. Il nous fau­drait en effet distinguer les fausses théories philosophiques sur le monde et l'homme, et les mouvements historiques qui en sont issus, lesquels évolueraient d'eux-mêmes, indépendamment des doctrines-mères. C'est encore ignorer le lien interne entre la pensée et l'action, entre ce que font les masses et ce qu'elles pensent, où ce que pensent ceux qui les mènent. Toute action suit une pensée, un vouloir, à moins d'être insensée. Si la pensée n'évolue pas, comment le vouloir et l'action pourraient-ils évoluer, sinon en étant irréfléchis, insensés, stupides ?

Ce sont là encore propos de rêveurs dont je crains, hélas ! qu'ils ne soient pas innocents. Car l'encyclique poursuit en disant que, cela étant admis, on peut envisager quelque approbation et même quelque collaboration pratique avec ces mouvements.

A qui pensait ainsi Jean XXIII, de quels mouvements pouvait-il s'agir ? Le libéralisme ? Le fascis­me ? Le monarchisme ? Vous n'y pensez pas. « Suivez plutôt son regard, nous dit Madiran : l'Église a condamné la doctrine marxiste, et ni cette doctrine ni sa condamnation ne peuvent désormais changer ; mais le mouvement communiste lui, évolue » (en bien, c'est évident). Une certaine collaboration avec lui n'est donc pas exclue. Ainsi, Jean XXIII annulait subrepticement la recommandation pontificale, renouvelée par lui en 1959 et 1960, de ne collaborer en rien avec le communisme.

Que conclure, sinon à la trahison ? A l'ouverture du concile, il a suffi à Jean XXIII de 35 minutes pour retirer à l'Église toutes ses armes face à ses adversaires, ne lui laissant que le droit de « mettre en valeur les richesses de sa doctrine ». C'était briser ainsi l'élan multiséculaire de son zèle apostolique, par lequel elle avait su porter Jésus-Christ et Jésus-Christ crucifié au milieu des ténèbres de l'erreur pour les dissiper et en délivrer les âmes.

Dans son ultime encyclique, non content de contraindre l'Église au silence sur l'hérésie la plus sanglante du siècle, celle-ci se voit décorée d'un brevet de bonne conduite et autorisée à franchir les portes du sanctuaire.

Le « bon » pape Jean trahissait ainsi l'Église mais aussi le monde, livré sans aucune défense à tous les plus grands maux de l'esprit et de l'âme : libéralisme, modernisme, socialisme, maçonnerie, judaïsme, etc.

« C'est un sceptique », disait l'abbé Berto à Jean Madiran (1). Mais ce sceptique n'était ni neutre ni indifférent. Il savait, il est vrai, manifester quelque respect pour les grands serviteurs de l'Église (Pie IX, saint Pie X, Pie XII ou le cardinal Pie), mais son cœur était ailleurs. Il était auprès des « errants », auprès des esprits éloignés du dogme catholique par choix personnel ou par condamnation, tous les anti-dogmatiques, présumés victimes de la précision trop rigoureuse du dogme catholique et de l'impitoyable rigueur des anathèmes de l'erreur. Il était auprès d'eux, hommes de bonne volonté, pour leur ouvrir son cœur et ses bras, les accueillir, les protéger et les réhabiliter quand l'heure serait venue. Ce qui fut inauguré dès 1958, avec l'élévation au cardinalat de J.B. Montini, premier sur la liste de son premier consistoire, le 15 décembre, en attendant l'appel au concile des théologiens éloignés de l'enseignement par Pie XII.
De Pie IX à Jean XXIII
Sa béatification sera celle de son concile et l'autobéatification de l'Église telle qu'il a voulu la réformer et de son œuvre actuelle. En outre, il sera demandé à Pie IX, le pape de Vatican I et de l'Immaculée, mais aussi pape du Syllabus et de la première condamnation du communisme (1846) de prendre dans son saint sillage Jean XXIII, le pape de Vatican Il et du refus de révéler le message de la Madone à Fatima, le pape de l'anti-Syllabus et du premier silence sur le communisme, pour en bénir l'œuvre et ses fruits. Comment pourrait-il ain­si sanctifier ce qu'il a combattu tout au long de son pontificat ?

Si l'Église conciliaire se doit de « confesser » les « péchés » des catholiques pour asseoir sa légitimité, comment l'Église catholique pourrait-elle pour sa part béatifier l'Église conciliaire?

Abbé Michel Simoulin, in Fideliter n° 136 de juillet-août 2000
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[Aletheia n°2] Revue de presse sur le troisième secret de Fatima - Une lettre du Cal Ricardo Vidal

Aletheia n°2 - 15 août 2000

I. Revue de presse sur le troisième secret de Fatima
La troisième partie du secret n’était pas encore révélée - seule l’annonce de sa prochaine révélation avait été faite par le cardinal Sodano, le 13 mai, à Fatima - que le dominicain Cardonnel, dans le Monde (3 juin 2000) la contestait. Sur quatre colonnes, son article dénonçait “le faux troisième secret de Fatima” : “Il m’est intolérable d’entendre que la sainte Mère de dieu ait pu détourner les balles faites pour tuer le pape alors qu’elle n’aurait pas lever le petit doigt pour arrêter l’extermination de millions de juifs et la traite ignoble de millions de noirs”.
Le “silence” de la Vierge Marie, à Fatima, sur la Shoah devient, ainsi, un critère nouveau pour juger de la réalité de l’apparition... Avant l’article, emporté et haineux, du père Cardonnel, un théologien laïc, Enzo Bianchi, avait, dans le quotidien italien La Repubblica, employait un argument similaire : “Un Dieu qui pense révéler en 1917 que les chrétiens seront persécutés et qui ne parle pas de la Shoah et des six millions de juifs n’est pas un Dieu crédible.”
Jean Madiran qui, dans Présent (17 mai 2000), rapportait ce dernier jugement, commentait : “Une question de cette sorte n’est pas inattendue par le temps qu’il fait, et elle va poser un problème à la congrégation romaine chargée de commenter officiellement le 3e secret.”
De fait, dans le “commentaire théologique” que le cardinal Ratzinger, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, a donné, le 26 juin, de la troisième partie du secret , il n’emploie pas le mot “Shoah”mais il y fait implicitement référence quand il écrit :
“On peut trouver représentée dans ces images l’histoire d’un siècle entier. De même que les lieux de la terre sont synthétiquement représentés par les deux images de la montagne et de la ville, et sont orientés vers la croix, de même aussi les temps sont présentés de manière condensée : dans la vision, nous pouvons reconnaître le siècle écoulé comme le siècle des martyrs, comme le siècle des souffrances et des persécutions de l’Eglise, comme le siècle des guerres mondiales et de beaucoup de guerres locales, qui en ont rempli toute la seconde moitié et qui ont fait faire l’expérience de nouvelles formes de cruauté”1 . L’allusion au génocide est transparente.
Le texte publié est-il complet ?
Le directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, Joaquin Navarro-Valls, avait averti, dès le 21 mai : “La publication de la prophétie ne comportera aucun soutien papal au traditionalisme anti-oecuménique, qui s’était abusivement emparé de certains aspects du message de Fatima...” De fait, l’interprétation donnée par le cardinal Ratzinger contredit complètement l’hypothèse communément admise d’un troisième secret se référant à la crise de l’Eglise et à la perte de la foi dans plusieurs pays. Les deux études les plus approfondies sur le sujet sont celles du père Joaquin Maria Alonso, La vérité sur le secret de Fatima (Téqui, 1979, 107 pages), traduction d’un ouvrage paru en 1976, et, à sa suite, celle de frère Michel de la Sainte Trinité, Toute la vérité sur Fatima, t. III “Le troisième secret” ( Maison Saint-Joseph, 10260 Saint-Parres-lès-Vaudes, 1985, 594 pages). Le cardinal Ratzinger lui-même, dans diverses déclarations sur Fatima, semblait avoir été convaincu par cette thèse d’une troisième partie du secret portant sur la crise de l’Eglise . D’où l’étonnement ou la déception voire la colère de certains commentateurs.
Déjà, après la déclaration du cardinal Sodano à Fatima, le 13 mai, l’abbé de Tanoüarn, avait donné comme titre à son éditorial dans Pacte (numéro de mai 2000, 23 rue des Bernardins, 75005 Paris) : “Fatima, la désinformation”. Après la publication du troisième secret et du commentaire officiel, l’abbé Laguérie, dans le bulletin de son prieuré, Mascaret (n° 221, juillet-août 2000, 19 avenue de Gaulle, 33520 Bruges) a titré : “Fatima : le brigandage” ; l’abbé Delestre, dans une longue étude paru dans le Bulletin Saint Jean Eudes (n° 56, juin-juillet 2000, 1 rue des Prébendes, 14210 Gavrus) parle de “révélation tronquée” et frère Bruno de Jésus , dans la Contre-Réforme catholique au XXe siècle (n° 369, août 2000, Maison Saint-Joseph, 10260 Saint-Parres-lès-Vaudes) parle de”formidable imposture” tandis que Mgr Williamson, un des évêques de la Fraternité Saint-Pie X, dans sa lettre mensuelle (numéro de juillet 2000, Saint Thomas Aquinas Seminary, Road 1 - Box 97 A-1, Winona - Minnesota 55987, USA) estime que le texte révélé le 26 juin n’est pas l’ ”authentique secret”.
Ces contestations se font à des niveaux différents. Il y a ceux qui tiennent le texte publié pour authentique et complet mais qui estiment que l’interprétation officielle donnée est entièrement erronée (l’abbé de Nantes et la C.R.C.). D’autres, en revanche, estiment que l’interprétation donnée par le Vatican non seulement est fausse mais qu’en outre, à dessein, tout n’a pas révélé du troisième secret. C’est ce que l’abbé Laguérie appelle “le brigandage” : “nous n’avons que la vision précédant le 3ème secret et non pas le 3ème secret, et tout - absolument tout - a été orchestré pour nous faire croire le contraire et mettre un point final au terrible message de Fatima.”
Cette position est également celle de l’abbé Delestre, l’auteur de l’étude la plus longue parue à ce jour en France sur les documents publiés par le Vatican. Il estime : “Le 26 juin dernier nous fut présenté un troisième secret tronqué, volontairement amputé de sa première partie constituée de paroles de Notre-Dame qui seules permettent l’interprétation correcte et authentique de la vision que l’on nous a présentée.”
Deux arguments, principalement, permettent, selon l’abbé Delestre, de considérer le texte publié comme tronqué :
1. La célèbre phrase du troisième secret, la première, et la seule connue jusqu’au 26 juin, : “Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi etc.”ne se trouve plus dans le texte officiel du troisième secret publié par le Vatican. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi se contente de signaler, en note, que la phrase figure dans le IVe mémoire, achevé de rédiger par soeur Lucie le 8 décembre 1941. Or, la phrase servait de lien entre la deuxième partie du secret, que soeur Lucie venait de rédiger, et la troisième qu’elle n’avait pas encore mis par écrit. Pourquoi la Congrégation pour la Doctrine de la Foi n’a-t-elle pas commenter cet ajout puis son omission?
2. La forme elle-même est en rupture avec les deux premières parties du secret. Après la vision de l’enfer (première partie du secret), la Vierge Marie avait parlé “avec bonté et tristesse” en expliquant et en formulant des demandes, tout en faisant des prophéties sur la guerre à venir et la Russie (deuxième partie du secret). Cette fois, il n’y aurait eu qu’une vision mais aucune parole de la Vierge pour l’expliquer. D’où une des conclusions de l’abbé Delestre : “il apparaît clairement que nous fut révélé le 26 juin dernier, un troisième secret volontairement tronqué, amputé de sa première partie constituée de paroles de Notre-Dame nous donnant la grande clé d’interprétation de la vision publiée. Sans cette clé, la vision reste très obscure et difficile à interpréter.”
Si le texte du troisième secret publié par le Vatican est incomplet, on aurait là une imposture, de même nature que, selon les commentateurs cités, celle qui consiste à dire que la consécration effectuée par Jean-Paul II en 1984 correspond bien à ce qu’a demandé la Sainte Vierge.
Double imposture donc ? Mais, soeur Lucie, lorsqu’elle a a rencontré Mgr Bertone, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 27 avril, puis lorsqu’elle a rencontré Jean-Paul II, le 13 mai, n’a pas contesté l’authenticité du document qui allait être publié, ni les grandes lignes de l’interprétation qui allait en être donnée, ni non plus n’a demandé qu’une consécration, enfin complète, soit faite. Si elle l’a fait, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi s’est bien gardé d’en informer les fidèles. De cette forfaiture se seraient rendus coupable toute la hiérarchie de l’Eglise, jusqu’au pape ... Est-ce pensable ?
A supposer que soeur Lucie ait participé à cette imposture - quelle grave accusation ! -, encore faut-il expliquer son attitude. Certains commentateurs laissent le lecteur libre de soupçonner le pire : une voyante trompée sinon trahie par la hiérarchie ecclésiastique et par son entourage-même. D’autres avancent des explications. L’abbé de Nantes, dans une explication “apaisante” que rapporte frère Bruno de Jésus, estime : “dans sa sagesse, Dieu peut permettre qu’un de ses inspirés s’égare sans L’offenser, afin que la masse des fidèles, qui auraient suivi le pape sans comprendre, soient excusés de leur égarement.” William Morgan dans sa lettre d’informations News ans views (La Guerche, Monks Kirby, Warwickshire CV23 OQZ, Grande-Bretagne) rapporte l’explication du “sedevacantist writer and Fatima commentator, Arai Daniele” : “the conciliarist sister Lucia (seen on Portuguese television on May 13 actively assisting at John Paul II’s Fatima New Mass) is part of the very apostasy which, he believes, the authentic Third Secret warns against. For him, Sister Lucia has an exaggerated concept of religious obedience, which makes her accept implicitly whatever she is told by her putative superiors, ans in particulary by the putative Pope.”
Ce n’est que pour information, et sans rabaisser les explications précédentes à cette élucubration, qu’il faut encore citer l’explication fournie par le Marianisches Schriftenwerk (CH - 4632 Trimbach, Suisse) : s’appuyant sur une comparaison de photographies de soeur Lucie à différentes époques et sur un prétendu exorcisme qui s’est déroulé le 4 août 1982, Bonaventur Meyer, dans un feuillet diffusé en allemand, estime que c’est un sosie de l’authentique voyante des apparitions qui apparaît désormais en public lors de rares cérémonies publiques ! La “vraie” soeur Lucie, séquestrée, n’approuve pas, bien sûr, tout ce qui se dit et se fait au nom de Fatima ...
Persécution de l’Eglise ou crise de la foi ?
Soeur Lucie, si l’on en croit le compte-rendu de sa rencontre avec Mgr Bertone, le 27 avril, compte-rendu publié par la Congrégation pour la doctrine de la Foi, “réaffirme sa conviction que la vision de Fatima concerne avant tout la lutte du communisme athée contre l’Eglise et les chrétiens, et elle décrit l’immense souffrance des victimes de la foi du vingtième siècle.” Elle estime aussi que le personnage principal de la vision est le Pape.
Cette interprétation qui, comme l’écrivait Rémi Fontaine dans Présent (le 28 juin 2000), est “la lecture de l’Eglise”, est contestée.
On remarquera d’abord que le cardinal Ratzinger, dans son “commentaire théologique”, reconnaît proposer seulement ”une tentative d’interprétation du “ secret ” de Fatima”. Il est donc permis aux fidèles de l’interpréter, en toute prudence, différemment.
Un postulat a guidé, semble-t-il, toute l’interprétation des autorités de l’Eglise, postulat énoncé dès le 13 mai, à Fatima, par le cardinal Sodano, Secrétaire d’Etat : “Les situations auxquelles fait référence la troisième partie du secret de Fatima semblent désormais appartenir au passé.” Le cardinal Ratzinger fait sien ce postulat. Et c’est ce postulat qui, en fait, permet de comprendre pourquoi le Vatican a attendu aujourd’hui pour révéler cette dernière partie du message de Fatima.
Soeur Lucie, dans une lettre adressée le 12 mai 1982 au Saint-Père (lettre citée dans les documents publiés par la Congrégation de la Doctrine de la Foi, le 26 juin dernier), écrivait : “si nous ne constatons pas encore la réalisation totale de la fin de la prophétie [ la Russie répandra ses erreurs dans le monde entier ], nous voyons que nous nous y acheminons à grands pas.” Entre 1982 et aujourd’hui, nous aurions donc, selon le commentaire officiel du Vatican, vu “la réalisation totale de la prophétie”.
L’interprétation de la Congrégation de la Doctrine de la Foi est radicalement contestée aussi bien par l’abbé de Nantes et frère François de Marie des Anges, de la C.R.C., que par les abbés Delestre et Laguérie, de la Fraternité Saint-Pie X, mais avec des analyses divergentes sur des points importants.
L’abbé de Nantes interprète la dernière vision du 13 juillet selon une double clé. Premièrement, selon l’hypothèse la plus répandue et la plus solidement argumentée, il interprète la “grande ville à moitié en ruine” décrite par soeur Lucie comme “la Cité sainte, l’Eglise catholique, apostolique et romaine, en état d’autodémolition, en proie aux fumées de Satan, de l’aveu même de Paul VI, depuis que ce Pape en a lui-même ébranlé les fondements, abattu les remparts, profané et dévasté le sanctuaire.” Vision tragique, si l’on suit cette interprétation, puisqu’elle se termine par la description suivante : “Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s’approchaient de Dieu.” Vision que frère Bruno de Jésus, faisant sienne l’analyse de l’abbé de Nantes, interprète ainsi : “le secret s’achève sur un tableau de l’Eglise où la grâce ne passe plus que par le sang des martyrs” (souligné par nous). On a alors envie de demander au commentateur : et les sacrements ?
L’abbé Laguérie propose une interprétation différente de cette description finale de la vision : “Une croix qui ne fournit plus le sang qui irrigue les âmes ! Ce ministère strictement sacerdotal qui n’est plus exercé que par des anges ! Qui, ne pouvant livrer le sang de Jésus-Christ, récupère celui des martyrs : la hiérarchie catholique assassinée ...”
Qui est l’ “évêque en blanc” ?
Le cardinal Ratzinger, dans sa “tentative d’interprétation”, estime que l’”Évêque vêtu de blanc (...) tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches” représente Jean-Paul II qui, suite à l’attentat dont il a été victime le 13 mai 1981, “a été très proche des portes de la mort”.
Cette interprétation , formulée déjà le 13 mai par le cardinal Sodano, a été contestée très tôt. Au lendemain des cérémonies de Fatima, l’agence de presse Ru (UNEC, BP 114, 95210 Saint-Gratien), a posé, la première, la question : “ “L’évêque vêtu en blanc” ? Il y en a deux : Jean-Paul Ier et Jean-Paul II. Pourquoi Jean-Paul II est-il officiellement désigné ? Ceci changerait d’ailleurs totalement l’interprétation du secret !”
L’abbé de Nantes s’est lancé, lui aussi, sur cette piste. L’évêque en blanc tué ne serait pas Jean-Paul II mais bel et bien Jean-Paul Ier, saint pape assassiné. Dès la parution de l’ouvrage du journaliste anglais David Yallop, Au nom de Dieu (Paris, Christian Bourgois, 1984), l’abbé de Nantes avait fait sienne la thèse d’une mort non naturelle de Jean-Paul Ier, victime de la maffia vaticane et d’éminents prélats. Aujourd’hui, cette thèse, historiquement peu sérieuse2 , sert de clé d’interprétation du troisième secret de Fatima !
L’abbé Delestre n’interprète pas de la même manière la mort du pape que décrit la vision. Selon lui, il s’agit d’une mort spirituelle qui ne s’applique pas uniquement au pape Jean-Paul II. Et il estime que rapporter cette scène tragique de la vision à l’attentat du 13 mai relève d’une sorte d’ “illuminisme prophétique” et même d’une “inversion vraiment perfide” :
glorifier la personne de Jean-Paul II implique aussi de glorifier les orientations d’un pontificat qui n’a eu de cesse de faire appliquer en tous domaines, les “nouvelles orientations conciliaires” et nous arrivons ainsi à la glorification du Concile Vatican II lui-même, à l’aide d’un troisième secret tronqué auquel on donne un sens exactement opposé au vrai sens de ce que doit être celui du troisième secret intégral” (souligné par l’auteur).
Bernard de Kerraoul, dans le Bulletin d’information de l’Entente catholique de Bretagne (n° 144, juillet-août 2000, 12 rue des Promenades, 22000 Saint-Brieuc) avait fait une analyse proche mais plus prudente : “Il [ le Pape ] est tué au pied d’une grande croix par un groupe de soldats avec une arme à feu et des flèches. L’arme à feu correspond à l’attentat mais ni le lieu, ni les soldats, ni les flèches. Cela concerne peut-être un événement à venir se rapportant à un autre pape. Cette vision présente de curieuses analogies avec une vision de saint Jean Bosco, voyant le pape sortir du Vatican à la tête d’un long cortège et souffrant beaucoup. Il faut peut-être interpréter la vision dans un sens symbolique et alors elle représenterait les souffrances et les déchirements que l’Eglise connaît depuis trente ans. Les flèches symboliseraient les atteintes portées à l’autorité pontificale. On ne peut que faire des suppositions.”
Je fais volontiers mienne cette dernière remarque. En ajoutant cette précision que soeur Lucie a donnée avant la publication du secret et son interprétation officielle et que le cardinal Ratzinger rapporte dans son “commentaire théologique” :
“Soeur Lucie a tout d’abord observé qu’elle avait reçu la vision, mais pas son interprétation. L’interprétation, disait-elle, ne revient pas au voyant, mais à l’Eglise.”
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Le secret de Fatima ne parle ni de bombes atomiques, ni de têtes nucléaires, ni de missiles Pershing ou SS 20. Son contenu ne concerne que notre foi. Identifier le secret avec des annonces catastrophiques ou avec un holocauste nucléaire, c’est déformer le sens du message. La perte de la foi d’un continent est pire que l’anéantissement d’une nation ; et il est vrai que la foi diminue continuellement en Europe.
Mgr Alberto Cosme do Amaral, évêque de Leiria-Fatima, le 10 septembre 1984

II. UNE LETTRE DU CARDINAL RICARDO VIDAL
Le cardinal Ricardo J. Vidal, archevêque de Cebu, aux Philippines, est un des protagonistes des fameux entretiens avec soeur Lucie, publiés en français sous le titre : Fatima. Soeur Lucie témoigne (éditions du Chalet, 1999, 117 pages). La retranscription de ces entretiens, réalisée par Carlos Evaristo, a été mise en cause (cf. Alètheia, n° 1). Certains commentateurs jugent cette retranscription inauthentique, notamment parce que soeur Lucie y affirme que la consécration faite en 1984 par Jean-Paul II correspond à ce qu’avait demandé la Sainte Vierge.
Le cardinal Padiyara, qui a rendu possible l’entretien de 1992, est décédé il y a peu de temps. Pour obtenir certaines précisions et confirmations, j’ai donc écrit au cardinal Ricardo Vidal, qui a rendu possible celui de 1993. En date du 25 juillet, j’ai reçu une réponse écrite dans laquelle il confirme qu’il existe bien un enregistrement vidéo de l’entretien avec soeur Lucie auquel il a pris part le 11 octobre 1993. A propos de la transcription qu’en a faite Carlos Evaristo il précise :
“I could not really give you any comment regarding the veracity of what Carlo Evaristo has written regarding the meeting with Sister Lucia for the simple reason that I have not received a copy of the said book nor have I read its content.”
Le cardinal Vidal ne connaît donc pas la retranscription des entretiens qui a été réalisée par Carlo Evaristo. Donc il ne la conteste pas ni n’en confirme l’authenticité. En revanche, dans cette lettre, il ne s’élève pas contre une des affirmations centrales de cet entretien du 11 octobre 1993 : la consécration faite en 1984 correspond à ce qu’avait demandé la Vierge.
Je livre ce document supplémentaire aux lecteurs de bonne foi.

Prochain numéro, le 3 septembre : Une double béatification pontificale.