SOURCE - summorum-pontificum.fr - 3 décembre 2010
La Nef fête en ce mois de décembre son vingtième anniversaire (cf. son site). En 20 ans, cette publication, au carrefour du magazine et de la revue, s’est imposée, non seulement dans le monde traditionnelle, mais plus largement dans le monde catholique français et romain. Son fondateur, Christophe Geffroy, en est toujours le directeur.
Venu du monde de l’industrie, après des études d’ingénieur et Science-po Paris, Christophe Geffroy s’était essayé au journalisme en lançant quelques fanzines religieusement catholiques et politiquement à droite. Il collabora également à Itinéraires. Auparavant, il avait retrouvé la foi catholique au contact de la Fraternité Saint-Pie X qu’il refusa de suivre en 1988. C’est alors qu’il voulut fonder une publication, carrefour de toutes les tendances traditionalistes.
Le projet devait voir le jour en 1990 avec La Nef, nom repris d’une revue littéraire plutôt ancrée à gauche. Très vite, l’idée d’être une publication carrefour se heurta à la réalité des affrontements. Dès le premier numéro, Jean-Marie Paupert, décédé cet été, écrivait un article sur Mgr Lefebvre qui devait attiser la méfiance envers la jeune publication. Malgré tout, celle-ci continua sa route et s’imposa par les qualités de ses articles et son ouverture. Lors de l’affaire des signataires de la Fraternité Saint-Pierre puis des responsa du cardinal Medina, La Nef eut à subir de fortes critiques de la part des milieux traditionalistes les plus attachés à la défense de la pureté de l’ancien rite. C’est à ce moment que dom Basile devint peu à peu le « théologien » de la revue, lui fournissant les armes théologiques nécessaires dans les controverses du moment.
Au fil des années, La Nef subit une véritable évolution dont la dernière en date est constituée par la récupération d’anciens éléments de la revue Immédiatement. L’un d’entre eux, Jacques de Guillebon devint directeur délégué de La Nef, ce qui donna un nouveau style à la revue. Peu favorable au milieu traditionaliste, la présence de Jacques de Guillebon marqua une nouvelle rupture avec le « public » d’origine de la revue. En revanche, sa présence s’inscrivait parfaitement dans la ligne « souverainiste » défendue par Christophe Geffroy dès l’origine et symbolisaée d’ailleurs par l’inventeur du terme, Paul-Marie Coûteaux.
Sur le site de la revue, on trouve les hommages de plusieurs personnalités dont voici la liste :
Jacques de Guillebon, Paul-Marie Coûteaux, Mgr Éric Aumonier, Michel Toda, T. Rde Mère Gabrielle de Trudon, Aymeric Pourbaix, Mgr Antoine de Rochebrune, Chantal Delsol, Mgr Jean-Pierre Batut, TRP Dom Antoine Forgeot, François-G. Dreyfus, Mgr Dominique Rey, P. Thierry-Dominique Humbrecht, Anne Coffinier, Jacques Trémolet de Villers, Mgr Marc Aillet, P. Martin,TRP Dom Louis-Marie, Mgr Fernando Arêas Rifan, Marc Fromager,Jean-Pierre Denis, Jean Madiran, TRP Dom Hervé Courau, Émile Poulat,Mgr Gilles Wach, Jean-Marie Le Méné, abbé François Pozzetto,abbé Emeric de Rozières, abbé Thomas Diradourian
Bien évidemment, la vertu de cette sorte d’exercice est un « unanimisme » bienveillant, tout à fait normal d’ailleurs. On s’interrogera, en revanche, sur plusieurs absences. Si le supérieur de l’Institut du Christ-Roi est bien là, on ne trouve ni les supérieurs de la Fraternité Saint-Pierre (général et du district de France), ni le supérieur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier avec lequel la revue fut liée dans les premières années. Autre absence : les confrères de la presse catholique sont réduits à Aymeric Pourbaix (Famille Chrétienne), Jean Madiran (Présent) et Jean-Pierre Denis (La Vie). Des revues comme France Catholique, Monde & Vie ou l’Homme Nouveau ne sont pas représentés, ni Le Baptistère, ni Kephas, pourtant sur une ligne assez proche. Concernant L’Homme Nouveau, son président, Denis Sureau, fut pourtant un collaborateur de La Nef et il publia même le premier et le seul livre d’une éphémère collection « La Nef » chez DMM.
Encore plus étonnant, les anciens assistants de Christophe Geffroy brillent par leur absence. Thomas Grimaux n’est pas là, alors qu’il fut le cofondateur de la revue, ni Isabelle Roure, devenue depuis Isabelle Solari, épouse de l’éditeur Grégory Solari (également absent), ni Philippe Maxence, passé à l’Homme Nouveau mais qui tient toujours la chronique littéraire de La Nef, ni Bruno Nougayrède, fondateur de La Librairie Catholique et des éditions Artège.
Dans son éditorial, Christophe Geffroy ne cache pas l’évolution de sa revue. Il écrit notamment :
Venu du monde de l’industrie, après des études d’ingénieur et Science-po Paris, Christophe Geffroy s’était essayé au journalisme en lançant quelques fanzines religieusement catholiques et politiquement à droite. Il collabora également à Itinéraires. Auparavant, il avait retrouvé la foi catholique au contact de la Fraternité Saint-Pie X qu’il refusa de suivre en 1988. C’est alors qu’il voulut fonder une publication, carrefour de toutes les tendances traditionalistes.
Le projet devait voir le jour en 1990 avec La Nef, nom repris d’une revue littéraire plutôt ancrée à gauche. Très vite, l’idée d’être une publication carrefour se heurta à la réalité des affrontements. Dès le premier numéro, Jean-Marie Paupert, décédé cet été, écrivait un article sur Mgr Lefebvre qui devait attiser la méfiance envers la jeune publication. Malgré tout, celle-ci continua sa route et s’imposa par les qualités de ses articles et son ouverture. Lors de l’affaire des signataires de la Fraternité Saint-Pierre puis des responsa du cardinal Medina, La Nef eut à subir de fortes critiques de la part des milieux traditionalistes les plus attachés à la défense de la pureté de l’ancien rite. C’est à ce moment que dom Basile devint peu à peu le « théologien » de la revue, lui fournissant les armes théologiques nécessaires dans les controverses du moment.
Au fil des années, La Nef subit une véritable évolution dont la dernière en date est constituée par la récupération d’anciens éléments de la revue Immédiatement. L’un d’entre eux, Jacques de Guillebon devint directeur délégué de La Nef, ce qui donna un nouveau style à la revue. Peu favorable au milieu traditionaliste, la présence de Jacques de Guillebon marqua une nouvelle rupture avec le « public » d’origine de la revue. En revanche, sa présence s’inscrivait parfaitement dans la ligne « souverainiste » défendue par Christophe Geffroy dès l’origine et symbolisaée d’ailleurs par l’inventeur du terme, Paul-Marie Coûteaux.
Sur le site de la revue, on trouve les hommages de plusieurs personnalités dont voici la liste :
Jacques de Guillebon, Paul-Marie Coûteaux, Mgr Éric Aumonier, Michel Toda, T. Rde Mère Gabrielle de Trudon, Aymeric Pourbaix, Mgr Antoine de Rochebrune, Chantal Delsol, Mgr Jean-Pierre Batut, TRP Dom Antoine Forgeot, François-G. Dreyfus, Mgr Dominique Rey, P. Thierry-Dominique Humbrecht, Anne Coffinier, Jacques Trémolet de Villers, Mgr Marc Aillet, P. Martin,TRP Dom Louis-Marie, Mgr Fernando Arêas Rifan, Marc Fromager,Jean-Pierre Denis, Jean Madiran, TRP Dom Hervé Courau, Émile Poulat,Mgr Gilles Wach, Jean-Marie Le Méné, abbé François Pozzetto,abbé Emeric de Rozières, abbé Thomas Diradourian
Bien évidemment, la vertu de cette sorte d’exercice est un « unanimisme » bienveillant, tout à fait normal d’ailleurs. On s’interrogera, en revanche, sur plusieurs absences. Si le supérieur de l’Institut du Christ-Roi est bien là, on ne trouve ni les supérieurs de la Fraternité Saint-Pierre (général et du district de France), ni le supérieur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier avec lequel la revue fut liée dans les premières années. Autre absence : les confrères de la presse catholique sont réduits à Aymeric Pourbaix (Famille Chrétienne), Jean Madiran (Présent) et Jean-Pierre Denis (La Vie). Des revues comme France Catholique, Monde & Vie ou l’Homme Nouveau ne sont pas représentés, ni Le Baptistère, ni Kephas, pourtant sur une ligne assez proche. Concernant L’Homme Nouveau, son président, Denis Sureau, fut pourtant un collaborateur de La Nef et il publia même le premier et le seul livre d’une éphémère collection « La Nef » chez DMM.
Encore plus étonnant, les anciens assistants de Christophe Geffroy brillent par leur absence. Thomas Grimaux n’est pas là, alors qu’il fut le cofondateur de la revue, ni Isabelle Roure, devenue depuis Isabelle Solari, épouse de l’éditeur Grégory Solari (également absent), ni Philippe Maxence, passé à l’Homme Nouveau mais qui tient toujours la chronique littéraire de La Nef, ni Bruno Nougayrède, fondateur de La Librairie Catholique et des éditions Artège.
Dans son éditorial, Christophe Geffroy ne cache pas l’évolution de sa revue. Il écrit notamment :
« Lorsque nous avons créé La Nef en décembre 1990, nous avions publié une charte en cinq points qui exprimait notre « ligne » (1). Aujourd’hui, nous la rédigerions certainement différemment, mais sans renier en rien son esprit qui demeure celui de La Nef et qui a animé nos prises de position tout au long de ces vingt années de combat journalistique. Certes, à l’évidence, on pourra trouver ici ou là des inflexions – n’est-ce pas normal durant une si longue période, le contexte ayant lui-même évolué ? – mais non pas un changement de positionnement sur l’essentiel. Justement, quel est-il cet essentiel ? Je le résumerai en trois points.
1.Un enracinement ecclésial dans une optique d’union des forces vives de l’Église derrière le pape et les évêques, pour éclairer et soutenir le Magistère dans l’esprit de « l’herméneutique de la réforme, du renouveau dans la continuité » qui nous a toujours animés, bien avant 2005. La Nef s’inscrit ainsi sans ambages dans la ligne des pontificats de Jean-Paul II et Benoît XVI.
2.Une liberté de ton et d’esprit qui permet d’aborder tous les sujets sans tabou, notamment tout ce qui concerne les débats d’idées (aussi bien dans l’Église que dans la Cité) avec une exigence intellectuelle minimum qui permet seule d’apporter formation et réflexion – ce qui tend à disparaître totalement dans la presse, même catholique, tout allant de plus en plus dans le sens de la « simplification » et du manichéisme « bon-méchant ».
3.Un souci marqué pour la belle et grande liturgie – « sommet et source de la vie de l’Église » (2), elle est un élément central de notre religion –, pour sa resacralisation et pour la liberté d’usage de la forme extraordinaire du rite romain – vénérable patrimoine que l’on ne peut brader –, non dans un esprit partisan de contestation de la forme ordinaire, mais dans un souci de service de l’Église et des fidèles. Si la liturgie est essentielle, la question des rites est plus secondaire, notamment au regard de l’urgence de l’unité et de la mission. La Nef n’est donc pas un journal « traditionaliste », mais, dès l’origine, nous avons eu la volonté – hélas assez peu partagée dans l’Église – d’être un pont entre le monde « tradi » et les autres catholiques – comme l’illustre la publication, dès le n°1, des deux calendriers liturgiques en vigueur dans le rite romain. »
L’existence d’une telle publication, malgré les controverses existantes, montre l’existence d’un public catholique cultivé, et notamment intéressé par les questions liturgiques. C’est pourquoi je me permets de souhaiter à La Nef un heureux anniversaire.