SOURCE  - Lettre à nos frères Prêtres (Lettre trimestrielle de liaison de la Fraternité Saint-Pie X avec le clergé de France)  - Mise en ligne par "La Porte Latine" - décembre 2010
De  même que nous n’avons jamais dit que Vatican II est la cause unique et  exclusive de la crise, de même nous n’avons jamais affirmé que le Concile était  illégitime dès le départ, ou qu’à son terme il était entièrement vicié  et inacceptable. Bref, nous n’avons jamais soutenu que Vatican II se serait  trompé en tous points. C’est faux, et même ridicule, puisqu’en de  nombreux textes, par exemple, ce concile a simplement rappelé la doctrine déjà  infailliblement enseignée par l’Église.    
Le  coup de force du 13 octobre 1962    
Vatican  II a été un concile de l’Église catholique régulièrement convoqué, qui a  regroupé les évêques du monde entier sous l’autorité du Souverain Pontife.  Jamais Mgr Lefebvre n’a remis en cause a priori ce concile : au  contraire, il a été membre de la Commission centrale préparatoire.     
Certes,  Mgr Lefebvre a toujours pointé du doigt le « coup de force » du cardinal Liénart  du 13 octobre 1962, qui a entraîné la mise au rebut de presque tous les schémas  préparés, au profit des thèses de la « nouvelle théologie » et du  catholicisme libéral soutenues par l’Alliance européenne.     
Pourtant,  aucun concile dans l’histoire n’avait bénéficié d’une préparation «  aussi vaste, menée avec une telle diligence, et aussi profonde » comme on  l’a justement dit à l’époque, et Jean XXIII, qui avait suivi ces travaux,  a témoigné que ceux-ci avaient été exécutés « avec précision et soin ».    
Mgr  Lefebvre a estimé que ce coup de force et ses conséquences avaient été un désastre  pour l’orientation du Concile, sa fiabilité doctrinale, son esprit. Cette  situation a entraîné que les défenseurs de la Tradition se sont trouvés dans  une situation inextricable, face à des textes imprégnés d’un esprit  nouveau, peu en harmonie avec la doctrine traditionnelle, esprit nouveau qu’il  était très difficile, voire impossible, de changer ou de faire disparaître à  coup d’amendements.    
L’influence  des groupes de pression    
Par  ailleurs, lorsqu’il a parlé de Vatican II, Mgr Lefebvre a souligné le rôle  très important des « groupes de pression » divers, parmi lesquels il citait  en particulier les médias. Vatican II a été, sans doute, le premier concile  de l’histoire à se dérouler sous l’oeil de journaux très puissants, qui  impressionnaient les Pères conciliaires, faisaient campagne pour telle thèse,  orientaient les votes.    
De  la même façon, Mgr Lefebvre a noté que certaines conférences épiscopales  (celles des bords du Rhin, à l’orientation nettement progressiste), organisées  bien avant le Concile, bénéficiaient de moyens humains et financiers considérables  (à la fin de la troisième session, une de leurs officines, l’IDOC, se  vantait d’avoir distribué aux Pères plus de quatre millions de feuilles).    
Enfin,  Mgr Lefebvre a déploré l’influence d’autres groupes de pression extrêmement  actifs sur certains sujets : la franc-maçonnerie pour la liberté religieuse ;  les protestants pour l’oecuménisme ; les organisations israélites pour les  relations avec le judaïsme ; l’Union Soviétique pour la noncondamnation du  communisme, etc.    
Une  critique sur la base de textes précis    
Cependant,  jamais Mgr Lefebvre n’a condamné en bloc Vatican II comme un concile intrinsèquement  illégitime. Même s’il a souvent rappelé les faits regrettables voire  scandaleux qui ont entaché son déroulement, il connaissait trop bien  l’histoire de l’Église pour ne pas savoir que d’autres conciles, dans le  passé, avaient connu eux aussi de graves vicissitudes humaines. Comme le disait  dom Guéranger : « On oublie trop que l’histoire ecclésiastique est belle en  perspective, mais que les détails vus de trop près ne sont pas toujours  attrayants ». Lors donc qu’il a critiqué, voire « accusé » le Concile,  Mgr Lefebvre ne l’a pas fait pour une illégitimité de principe, a priori,  mais sur la base de textes précis, en opposition claire avec la Tradition et  l’enseignement constant de l’Église.
