SOURCE - Les Nouvelles Calédoniennes - Mgr Fellay, fsspx - 27 décembre 2010
Le supérieur général de la Fraternité Saint-Pie X a fait un saut en Calédonie pour Noël. Il a célébré la messe, à minuit et en latin, à Katiramona, dans le local de cette communauté qui revendique un retour au traditionalisme.
Les Nouvelles calédoniennes : Vous avez débarqué le 23 décembre à Tontouta. Vous souhaitiez être là pour Noël ?
Mgr Bernard Fellay : Ma visite est fortuite. J’étais en tournée en Australie et en Nouvelle-Zélande pour ordonner des prêtres. Et comme j’ai eu du temps libre à Noël, j’ai décidé de venir encourager notre petite communauté (*) ici, qui vient de construire une chapelle, même si elle n’a pas encore de prêtre à plein-temps. Mais ça viendra.
La Fraternité Saint-Pie X se qualifie de traditionaliste quand on la taxe d’intégriste. Vous vous opposez pourtant à toutes les avancées progressistes de l’Eglise depuis 1962...
Notre situation est controversée, mais elle est aussi liée à ce qui se passe dans l’Eglise catholique. La vie de l’Eglise a changé avec le concile [Vatican II]. Et le bilan est dévastateur. La quantité de prêtres et de religieuses a baissé. Il y a une perte de vitesse religieuse généralisée. Il faut faire quelque chose pour restaurer la situation. La liberté totale démolit la société. Les hommes ont besoin d’une aide spéciale pour connaître le chemin de Dieu et le salut des âmes. D’ailleurs, le pape revient aux idées traditionnelles. Il voit très bien qu’il y a une déviation et qu’il faut la corriger. On est peut-être beaucoup plus proche du pape qu’il n’y paraît.
Avez-vous été supris par Benoît XVI qui a dit tolérer le port du préservatif, dans des cas exceptionnels, pour lutter contre le sida ?
J’ai été un peu déçu par le livre. Mais je suis très heureux du changement intervenu depuis : on voit bien que Rome veut éclaircir cette question du préservatif qui a semé la confusion. Le préservatif n’est pas le moyen pour résoudre ce problème de la santé. Il va contre la nature de l’acte de mariage car il empêche le fruit normal de cet acte. La famille est très importante. L’acte doit se faire dans le mariage. Il y a une discipline à respecter qui avait beaucoup de valeur autrefois, et qui aujourd’hui est dépréciée.
Sentez-vous que vous êtes à contre-courant de l’évolution de la société ?
Oui je m’en rends bien compte. Mais, ça ne me gêne pas. Des fois, je dis même qu’on nous prend pour des Martiens. Mais nous ne sommes pas des Martiens.
Le but de votre communauté est toujours d’intégrer l’Eglise catholique ?
Oui, on a toujours soutenu qu’on ne veut pas faire bande à part. On maintient qu’on est catholiques et qu’on le reste. Nous souhaitons que Rome nous reconnaisse comme de vrais évêques. D’ailleurs, on n’ose plus le mot schismatique à notre encontre. Alors si on n’est pas schismatiques, ni hérétiques, c’est qu’on est sacrément catholiques. D’ailleurs le pape dit qu’il y a seulement un problème d’ordre canonique. Il suffit d’un acte de Rome pour dire que c’est fini et nous rentrons dans l’Eglise. Ça viendra. Je suis très optimiste.
Vous accepteriez alors les décisions de Vatican II ?
Non, pas comme ça. Nous demandons que les grandes ambiguïtés de Vatican II soient dissipées.
Qu’est ce que vous appelez les grandes ambiguïtés ?
D’abord, la liberté religieuse : est-ce que ça veut dire que tout homme a droit de choisir sa religion ? Non, le bon Dieu n’en a fondé qu’une. Ensuite, l’œcuménisme : est-ce qu’un homme peut être sauvé dans d’autres religions que celle catholique ? Non, il n’y a que l’Eglise qui sauve.
Pourtant plusieurs religions existent de par le monde. Quelle légitimité avez-vous pour les nier ?
Je vois qu’elles existent, mais elles n’arrivent pas à produire les effets de la religion catholique. Pour l’affirmer, on se repose sur ce que dit l’Eglise ancienne. La démarche de l’Eglise est bien expliquée dans Vatican I. Il existe tout un tas de signes extérieurs qui permettent de reconnaître que la religion catholique est la vraie. C’est une science que l’on apprend. L’idéal serait bien sûr de prouver l’existence de Dieu. On s’en approche.
Propos recueillis par Bérengère Nauleau
(*) En Calédonie, la Fraternité Saint-Pie X compterait quelque 200 fidèles, selon l’abbé Laisney qui fait les voyages entre la Nouvelle-Zélande et ici.