Mgr Lefebvre entouré de Spiritains du Brésil - 1966 |
Mes bien chers Confrères,
Le 26 juillet, les membres du Chapitre général me désignaient comme successeur du TRP Griffin dans la charge de Supérieur général. Le soir même de Rome me parvenait la réponse officieuse du Saint-Père qui bénissait le vote des capitulants.
Ainsi, en moins de vingt-quatre heures, m’apparaissait, par des voies qui s’imposaient comme providentielles, et la douloureuse séparation d’avec le diocèse de Tulle auquel j’étais déjà profondément attaché et qui ne méritait pas d’avoir un évêque éphémère, et s’ouvrait désormais l’horizon de cette grave responsabilité de diriger une famille religieuse dont la vitalité et la sainteté ont une répercussion si importante auprès de millions d’âmes qui lui sont confiées par la Sainte Église.
Heureusement ! Saint Paul a maintes fois affirmé que nous ne pouvons rien par nous-mêmes, et que nous pouvons tout en Dieu. Fiduciam talem habemus per Christum ad Deum, non quod sufficientes simus cogitare aliquid a nobis quasi ex nobis, sed sufficientia nostra ex Deo est… (2 Co 3,4- 5). « Si nous avons une telle confiance en Dieu, c’est précisément que nous ne sommes pas capables de quoi que ce soit par nous-mêmes comme si cela venait de nous, mais que tout ce dont nous sommes capables vient de Dieu… »
Et le Chapitre nous a manifesté cette aide constante de Notre Seigneur, vous en aurez des échos sans tarder. Nous souhaitons vivement que les effets des résolutions qui ont été adoptées se fassent sentir rapidement. Il serait trop long de vous donner ici un résumé succinct de tous les voeux et les projets formulés au cours de ces semaines de travail en commun. Je vous en ferai part dans mes prochaines lettres.
Mais ce qui nous réconfortera sera de savoir que la plus grande charité et union s’est manifestée au cours de ces journées importantes pour la Congrégation. Que Dieu en soit loué et que nos prédécesseurs en soient félicités.
Ayant fait, il y a deux jours mes adieux définitifs aux diocésains de Tulle à l’occasion du pèlerinage de Rome où j’ai eu la satisfaction de les accompagner, je me vois désormais tout entier adonné à ma nouvelle charge.
En l’assumant, j’éprouve deux désirs qui apparaissent un peu contradictoires : l’un d’être tout à tous et tout à chacun d’entre vous, d’apporter à chacun l’aide et le réconfort dont il sent le besoin suivant son état, sa fonction. Et, d’autre part, je pense qu’il est nécessaire de me libérer des détails, trop individuels et trop particuliers, pour m’adonner principalement aux tâches essentielles et primordiales de la Congrégation : poursuivre sans relâche la sanctification des apôtres pour le salut de leurs âmes et de celles qui leur sont confiées ; rechercher à multiplier les envoyés et à leur donner toute la formation nécessaire pour l’accomplissement de leur apostolat, tel qu’il se présente aujourd’hui dans les régions où ils auront à se dévouer ; adapter l’organisation de la Congrégation à l’obtention de ces buts essentiels, étant donné le nombre actuel de ses membres, la diversité de ses tâches et les originalités des Provinces.
Pour arriver à ces fins, je ne doute pas que je puisse compter sur la bonne volonté de tous et, en particulier, de mes proches collaborateurs. C’est pourquoi, comme l’Église, qui est à l’image de Dieu, nous en montre l’exemple au cours de son histoire, nous devons, avec fermeté, maintenir les principes fondamentaux et absolus qui conditionnent la vie même de la Congrégation, c’est-à-dire notre foi en Notre Seigneur, en Pierre, en l’Église, en l’oeuvre de nos fondateurs approuvée par l’Église, et nous devrons résolument regarder le présent et l’avenir pour entretenir et développer des relations vitales avec les âmes incarnées dans les circonstances de temps, de lieu, de vie familiale, sociale, politique, qui ne sont pas celles d’hier. Je suis cependant persuadé que l’accomplissement de ces tâches essentielles de la Congrégation sera une occasion fréquente d’être plus proche de vous. Ce sont là de grandes préoccupations et grandes tâches.
Un premier moyen d’être auprès de chacun d’entre vous c’est la feuille imprimée et parvenant à tous. Le Bulletin général a toujours diffusé les avis du mois du Supérieur général. Cependant je n’hésiterai pas à faire paraître la lettre du Supérieur général en des tirés à part, traduits dans les diverses langues afin que tous puissent profiter des exhortations et directives qui s’y trouveront, et qui, avec la grâce de Dieu, pourront être utiles.
C’est un premier moyen de vous être présent, il y en a d’autres comme les contacts réguliers pris avec ceux qui sont placés par la Providence pour vous guider : les évêques, les Supérieurs provinciaux et principaux. Des réunions seront prévues et des entretiens seront toujours suggérés à ces Supérieurs, afin d’aider dans leur tâche tous les ouvriers apostoliques qui nous sont confiés.
Enfin, c’est surtout dans la prière incessante et dans la charité qui nous vient de l’Esprit Saint que nous serons constamment unis pour travailler à la gloire de Dieu et au salut des âmes chacun à notre place.
Je me recommande à la prière de tous, afin d’obtenir de Notre Seigneur par le Coeur Immaculé de Marie, les grâces nécessaires pour accomplir ma tâche selon les désirs de Dieu. Que les pères n’oublient pas de célébrer la messe mensuelle aux intentions du Supérieur général. Que nos chers Frères se joignent aux prêtres dans le Saint Sacrifice de la messe pour intercéder en faveur de ces intentions.
Parmi ces intentions nous indiquerons tout spécialement en témoignage d’affectueuse et fraternelle reconnaissance : que Dieu daigne bénir le RP Griffin, notre prédécesseur, et les membres du Conseil général précédent pour tout le dévouement qu’ils ont manifesté à notre chère Congrégation au cours des douze années dernières. Que le Seigneur vous bénisse et que la Vierge Marie vous garde.