Le vendredi 6 décembre 1963, à 11 heures du matin, j’avais la joie d’être reçu par Notre Saint-Père le pape Paul VI en audience privée. Il m’est bien agréable de vous faire part de la paternelle sollicitude et du vif intérêt que le Saint-Père a manifesté pour la Congrégation du Saint-Esprit. Il a gardé un souvenir ému de sa visite de nos missions en Nigeria. Il s’est intéressé au développement de nos Provinces, à la situation de nos Missions. Il a fait allusion aux Frères, aux Soeurs du Saint-Esprit. Après ce tour d’horizon sur la Congrégation, le Saint-Père a bien voulu m’entretenir du Concile, de la session récente et de celles à venir. La confiance que me manifestait le Saint- Père par cette ouverture sur un sujet bien délicat me causa une intime satisfaction et une grande édification. Je ne pouvais m’empêcher de constater que le Bon Dieu nous a donné le pilote dont l’Église a besoin et que le gouvernail était bien tenu. Les promesses de Notre Seigneur à Pierre continuent de se réaliser. Patientia et doctrina (2 Tm 4,2). C’étaient les termes de saint Paul qui revenaient souvent sur ses lèvres. La paix, la sérénité du successeur de Pierre au milieu de tous les bruits de la Presse, de toutes les agitations du monde nous rapprochent singulièrement de la sagesse divine.
Après une demi-heure d’entretien, me mettant à genoux pour recevoir la bénédiction du Vicaire du Christ, le Saint-Père me dit qu’il bénissait la Congrégation, tous ses membres, ses Missions, ses oeuvres, les Soeurs du Saint-Esprit. Je l’en remerciai vivement et partais comblé d’une joie profonde et désireux de vous la faire partager.
Une allusion du Saint-Père à son pèlerinage aux lieux saints me fait penser à Jérusalem, à Bethléem et au message de paix qui en est sorti. La paix, ne l’oublions pas, est la tranquillité de l’ordre, et l’ordre se réalise par l’exercice de la vertu de justice. Opus justitiæ pax. C’est cette oeuvre de la justice que Notre Seigneur est venu réaliser ici-bas. Rorate Coeli desuper et nubes pluant justus. Il est le juste par excellence. C’est-à-dire qu’il est dans l’ordre d’une manière parfaite. Il ne connaît pas le désordre de l’intelligence qui est l’erreur. Il est la vérité. Il est le bien. Puissions-nous obtenir de l’Enfant Jésus et de sa Sainte Mère la grâce de nous justifier toujours davantage, d’aimer la justice et de haïr l’iniquité. Dilexisti justitiam et odisti iniquitatem propterea benedixit te, Deus, in ætenum (Ps 44 ; He 1,9). Si nous vivons dans l’ordre, dans la véritable paix, nous serons bénis de Dieu.
Demandons cette grâce non seulement pour nous, mais pour tous ceux qui nous sont proches, pour tous ceux vers lesquels nous sommes envoyés, afin qu’ils jouissent du bonheur promis par Notre Seigneur à ceux qui ont faim et soif de justice.